CHAPITRE XX

Le mini-submersible qui entra dans le port artificiel de Récif-Cristal était en piteux état.

Avant que ses occupants posent un pied sur le quai, le Yarin se précipita vers eux en poussant des exclamations horrifiées. À la grande surprise de Zekk, il apparut que le capitaine du port s’inquiétait davantage pour les passagers que pour son sous-marin.

Son expression catastrophée était vraiment comique. Sans réclamer d’explication, il emmena les cinq rescapés dans son bureau et commanda des boissons chaudes et des peignoirs de bain.

— Je ne saurais vous dire à quel point je suis désolé que votre expérience sous-marine n’ait pas été à la hauteur de vos attentes.

Paniqué, il examina leurs blessures : les ampoules et les coupures qui couvraient les mains de Zekk, la bosse sur le front de Jacen, l’éraflure sur la joue de Tenel Ka à l’endroit où elle avait heurté un morceau de glace flottante…

— Je vais m’assurer qu’on vous dispense tous les soins médicaux nécessaires, et si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas à me le demander. Je ne sais comment vous dédommager de cette expérience affreuse…

— Je vous en prie, coupa gentiment Cilghal. C’est nous qui devrions nous répandre en excuses. Dans notre enthousiasme, nous avons négligé de prendre en compte l’appétit de certains habitants des fonds marins.

Le Yarin écarquilla les yeux et se pencha vers elle.

— Dites-moi ce qui s’est passé…

Cilghal lui raconta leurs démêlés avec le monstre marin en se gardant de faire allusion à la réserve d’andris.

Le Yarin écouta d’un air fasciné, posa une rafale de questions et parut se délecter des réponses qu’il obtint.

— Ainsi, c’est la vérité, soupira-t-il. Vous avez rencontré un Grand Skra’akan et survécu. Vous n’auriez pas filmé cet événement, par hasard ?

— Pas intentionnellement, répondit Tenel Ka.

— Nous étions plutôt occupés, renchérit Jacen.

— Nous n’avons pas du tout réalisé que ce document pourrait avoir de la valeur, ajouta Anja, toujours pragmatique.

Zekk réfléchit quelques instants.

— L’Elfa n’est-il pas équipé d’une micro-holocaméra qui enregistre tout au cas où un accident se produit ?

Le visage du Yarin s’illumina.

— Si, bien entendu ! Comment n’y ai-je pas pensé ? J’ai hâte de visionner l’enregistrement ! Vous savez, ça porte chance de voir un Grand Skra’akan !

Anja eut un sourire forcé.

— Nous avons eu la chance de survivre. C’est déjà ça.

Jacen se demanda s’ils devraient effacer les images de la réserve d’épice ou si l’ambassadrice ferait classer le film top secret.

— Le… Skra’akan… ne s’est pas montré très amical, dit-il.

Une lueur d’appréhension passa dans le regard du capitaine du port.

— Vous ne l’avez quand même pas…

— … tué ? acheva Zekk. Non. En fait, la dernière fois que nous l’avons vu, il devait s’imaginer en train de nous gober pour son dîner.

Le Yarin soupira de soulagement.

— Dans ce cas, tout va bien.

Cilghal but une longue gorgée de liquide chaud et dit :

— Il ne reste plus qu’à régler la question de votre dédommagement…

— Ne vous en faites pas pour ça. Si vous avez réellement rapporté des images du Grand Skra’akan, l’Elfa deviendra une attraction touristique permanente sur Récif-Cristal.

Il baissa la voix :

— L’administration m’a promis que si maître Skywalker, la présidente Organa Solo ou la famille dirigeante de Hapès nous rendaient une visite officielle suite à votre passage, elle me récompenserait en m’offrant deux mini-submersibles de mon choix.

— Génial. On va voir ce qu’on peut faire…

Après que les droïdes médicaux de Récif-Cristal eurent pansé leurs blessures, les cinq amis remercièrent encore le Yarin.

Promettant à Jacen et à Tenel Ka de les retrouver sur Kessel, Zekk et Anja saluèrent Cilghal une dernière fois et allèrent dans le hangar où la jeune femme avait laissé le Bâton de Foudre.

Zekk fut soulagé de s’installer de nouveau aux commandes de son vaisseau.

À bord de son rase-flots, Cilghal ramena Tenel Ka et Jacen vers la cité flottante où les attendait le Dragon de Pierre.

— Jacen, il y a longtemps que je veux te poser une question, dit la jeune fille pendant que la petite embarcation filait sur les flots. Consentirais-tu à devenir mon… copilote ?

— Je pensais que tu ne me le demanderais jamais !

Le voyage de retour vers Kessel passa beaucoup trop rapidement à leur goût. Ils bavardèrent à bâtons rompus et Tenel Ka encouragea même son compagnon à lui raconter quelques blagues.

Jacen ne cessa de l’asticoter en l’appelant « capitaine » ; chaque fois, la jeune fille sourit.

— Rappelle-moi que j’ai quelque chose à te donner quand nous arriverons sur Yavin 4, fit Jacen au moment où le Dragon de Pierre entrait dans l’atmosphère raréfiée de Kessel et se dirigeait vers l’aire de stationnement que la tour de contrôle venait de lui attribuer.

Tenel Ka haussa un sourcil.

— Que dois-tu me donner ?

— Juste une bricole que j’ai fabriquée pour toi. J’attendais une occasion de te l’offrir.

Ils lancèrent les procédures d’atterrissage. Jacen, qui n’avait pas souvent vu piloter sa compagne, fut agréablement surpris par son habileté.

Ils se posèrent sans incident.

— De retour sur la très ennuyeuse Kessel, dit Jacen en étouffant un bâillement. Une petite sieste ne me fera pas de mal.

Le Bâton de Foudre était déjà arrivé. Jacen fut stupéfait de découvrir Jaina, Lowie, Zekk et Anja en train de se congratuler.

Nien Nunb se tenait un peu en retrait. DTM lévitait au-dessus du petit groupe, le bombardant de traductions dont plus personne n’avait besoin.

Quand Jacen et Tenel Ka s’approchèrent, Zekk leva les yeux vers le jeune garçon et haussa les épaules.

— Je me suis déjà excusé auprès de ta sœur pour n’être pas venu à sa rescousse.

— De quoi voulais-tu la sauver ? D’un ennui en phase terminale ?

Lowie rugit d’indignation. Jaina flanqua un coup de poing dans le bras de son jumeau.

— Qui s’est ennuyé ? Pendant que vous faisiez votre petite croisière, dit-elle, nous étions occupés à protéger la moitié des industries de la galaxie d’une attaque du Soleil Noir.

Lowie approuva.

— Vous n’avez absolument aucune idée de ce que nous venons de vivre, ajouta DTM.