CHAPITRE III
C’était le début d’une matinée idéale pour Zekk. Un soleil éclatant déversait ses rayons sur l’Académie Jedi, et une brise fraîche s’infiltrait par les fenêtres de la pyramide.
Les jeunes Jedi avaient l’habitude de se lever tôt. Ils avaient une raison supplémentaire de le faire ce jour-là, puisque Peckhum devait repartir dans la matinée.
Quand elle entra dans le réfectoire, Jaina étreignit chaleureusement Zekk. Une lueur de fierté dansa dans son regard quand elle vit l’arme accrochée à la ceinture du jeune homme.
— Félicitations, Zekk. Si tu cherches une partenaire pour t’entraîner, je suis à ta disposition.
— Je veux d’abord montrer mon sabre laser à maître Skywalker.
— Salut ! s’exclama Jacen en les rejoignant. J’en ai une bonne à vous raconter. Deux gardes gamorréens sont en train de marcher dans un canyon désert quand un rancor jaillit de nulle part et se lance à leur poursuite. L’un des gardes s’arrête pour mettre ses baskets.
« C’est inutile, lui crie l’autre, tu sais bien qu’il est impossible de distancer un rancor !
« Ce n’est pas le rancor que je veux distancer, réplique le premier garde, mais toi.
Un chœur de gloussements et de grognements salua la blague.
Jacen était dans une forme éblouissante. Il enchaîna les histoires avec maestria, et ses amis rirent si fort qu’ils faillirent s’étrangler.
Tenel Ka proposa de porter un toast à leur amitié. Lowie, d’ordinaire peu loquace, les surprit en se lançant dans un long discours que DTM traduisit à grand renfort de tournures alambiquées.
Tout le long du repas, Jaina ne cessa de plaisanter avec Peckhum en tenant la main de Zekk sous la table. Même le départ imminent de son vieil ami ne réussit pas à assombrir l’humeur du jeune homme.
— Je suis désolé que tu n’aies pas pu rencontrer Anja. J’ai tapé à sa porte ce matin, mais elle n’a pas répondu. Je crois qu’elle préfère rester seule en ce moment. Elle a… des problèmes à surmonter, et elle n’aime pas trop en parler. De toute façon, elle n’est pas toujours très agréable en société.
Tandis qu’ils sortaient du réfectoire et se dirigeaient vers la piste d’atterrissage, le vieux Peckhum jeta à Zekk un regard faussement sévère.
— Ton amie Anja n’est pas la seule à faire des cachotteries, on dirait. Si je n’avais pas échangé mon emploi du temps avec celui d’un autre pilote, je n’aurais pas entendu parler de tes progrès avant un bon mois. Quand nous nous sommes parlé, la dernière fois, tu ne m’as pas dit que tu te fabriquais un nouveau sabre laser !
— Désolé… J’avais peur d’échouer et je ne voulais pas te décevoir. Il y avait un risque que mon arme ne fonctionne pas. Et je craignais d’en fabriquer une qui tente de m’attirer de nouveau vers le Côté Obscur de la Force.
— Je comprends, mais n’oublie pas que tu peux me faire confiance. Je préfère savoir quand il se passe quelque chose d’important dans ta vie. Je peux toujours déplacer mes missions pour partager les moments importants avec toi.
Jaina hocha la tête.
— Et arrête de penser que tu risques de retourner vers le Côté Obscur de la Force. Tu l’as laissé derrière toi pour de bon !
— Merci de votre soutien à tous, dit Zekk à voix basse. C’est lui qui m’a donné la force de renoncer au mal.
— La confiance et l’amitié sont deux choses essentielles, dit Tenel Ka.
Lowie poussa un grognement approbateur.
Plusieurs soldats de la Nouvelle République étaient occupés à examiner des traces de brûlure récentes sur le sol. Sur le seuil du hangar, au niveau le plus bas de la pyramide, un groupe d’enquêteurs parlait avec le garde qui était de service la veille.
Préoccupés par le départ du vieux Peckhum, les jeunes Jedi traversèrent la piste. Mais Zekk s’immobilisa et se tourna vers l’emplacement vide qu’inspectaient les soldats.
— Tu n’avais pas besoin de rentrer mon vaisseau, Jaina. Je l’aurais fait moi-même. Je sais bien que piloter n’est jamais une corvée pour toi, mais…
— Je n’ai pas touché au Bâton de Foudre depuis hier, le détrompa la jeune fille.
Jacen fronça les sourcils.
— Je n’aime pas ça du tout.
Le vieux Peckhum jeta un regard curieux vers l’endroit où son ancien vaisseau devait se trouver.
Le Bâton de Foudre avait disparu.
— Ah, dit Tenel Ka, impassible.
— J’ai un très mauvais pressentiment, avoua Jacen.
Luke Skywalker s’excusa auprès des enquêteurs et se dirigea vers Zekk. Le jeune homme sentit un nœud se former dans son estomac. Le Maître Jedi le regarda droit dans les yeux.
— Zekk, Anja a volé ton vaisseau.
Après avoir assisté au départ du vieux Peckhum, les jeunes Jedi se rassemblèrent dans le bureau de maître Skywalker. Jaina frémit en voyant l’expression de Zekk.
— Anja a volé le Bâton de Foudre ! Elle s’est enfuie de l’Académie Jedi !
— Elle a réussi à sortir de l’atmosphère avant que les forces orbitales ne puissent l’arrêter, dit Luke.
— Anja est une voleuse et je veux récupérer mon vaisseau. Qu’allons-nous faire ? Nous devons la retrouver !
— Nous pourrions demander à nos parents d’envoyer quelqu’un pour pister le Bâton de Foudre, dit Jaina sans conviction.
— Ou de communiquer un avis de recherche aux autorités de toutes les planètes…, ajouta Jacen.
— Pour ce qui est de quitter l’Académie, Anja en avait parfaitement le droit, dit Luke. Elle est majeure et ce n’est pas une de mes étudiantes. Nous ne pouvons pas l’empêcher de partir.
— Mais elle n’avait pas le droit de le faire dans mon vaisseau, dit Zekk.
— C’est exact. Maintenant… à vous de me dire si vous la considérez comme une criminelle ou comme une amie. Voulez-vous qu’on l’arrête ?
Mal à l’aise, Zekk s’agita sur son siège.
— Dommage qu’on ne puisse plus envoyer les gens dans les mines d’épice de Kessel, grommela-t-il.
— L’emprisonner ne servirait à rien, intervint Tenel Ka. Je pense qu’elle était désespérée.
— Et nous savons tous pourquoi, dit Jaina.
— À cause de l’épice, fit Jacen à voix basse.
— Elle était en manque, dit Zekk, soutenant le regard bleu de maître Skywalker.
— Crois-tu qu’elle ait l’intention de conserver ton vaisseau ou de le vendre ? demanda Luke.
— Certainement pas ! s’exclama DTM.
— Elle ne ferait pas une chose pareille, affirma Jacen. Je suis sûr qu’elle va le ramener.
— J’ai l’impression qu’elle a plus d’ennuis que nous ne le soupçonnions, dit Jaina.
Luke se leva.
— Dans ce cas, cela ne concerne pas les forces de sécurité de la Nouvelle République. C’est le genre de situation que les amis d’Anja – cinq Chevaliers Jedi et un droïde très talentueux – peuvent gérer eux-mêmes.
Maître Skywalker les laissa seuls pour réfléchir aux détails.
— Au moins, il nous reste le Dragon de Pierre, dit Jaina. Un vaisseau suffisamment fiable et rapide pour donner la chasse à Anja.
— Mais où la chercher ? s’exclama Jacen. Nous ne pouvons pas nous balader dans la galaxie avec un hologramme géant, en demandant à tous les gens que nous croiserons : « Avez-vous vu cette fille ? »
Lowie grogna.
— Maître Lowbacca suggère que nous pourrions nous entretenir avec les forces de sécurité de Yavin, traduisit DTM.
— Il se peut qu’elles aient identifié le vecteur initial de déplacement du Bâton de Foudre, approuva Jaina.
Zekk haussa les épaules.
— Je suis prêt à tout essayer.
Cinq minutes plus tard, ils entrèrent dans le centre de communication de l’Académie Jedi. Le visage d’un officier encore bouffi de sommeil occupait la moitié droite de l’écran et une carte stellaire s’affichait sur la gauche.
— Je suis désolé. Nous avons essayé de scanner l’ordinateur de navigation du vaisseau avant qu’il ne plonge dans l’hyperespace. La seule chose que nous ayons déterminée, c’est que le Bâton de Foudre se dirigeait vers un des systèmes de ce secteur. Ce qui nous laisse le choix entre des centaines de planètes.
Des lignes blanches apparurent sur la carte stellaire, délimitant une zone d’investigation.
— J’ai mis une équipe sur cette affaire.
— Merci beaucoup, dit Jacen en s’efforçant de ne pas montrer sa déception.
Soudain, Tenel Ka plissa ses yeux gris comme si elle venait de penser à quelque chose.
— Jacen, mon ami, te souviens-tu de la plaisanterie qu’Anja a tenté de faire hier quand tu as senti qu’elle était en manque ?
Le jeune garçon haussa les épaules.
— Pas de ses paroles exactes… Un truc à propos de Kessel, mais je ne vois pas ce que… Oh.
Jaina hocha lentement la tête.
— Quand ils sont sous pression, les gens ont tendance à se trahir.
— Zekk aussi a mentionné les mines d’épice tout à l’heure, dit Tenel Ka. Peut-être à cause de la dépendance d’Anja…
Un sourire flotta sur les lèvres du jeune homme, qui désigna la carte stellaire.
— Et comme par hasard, Kessel est au centre de cette zone.