CHAPITRE XX

Marc et Ray pénétrèrent dans je hall d'un immense building qui s'élevait dans un des quartiers les plus élégants de New York. Débarqué le matin même sur Terre, Marc avait appelé Elsa qui l'avait invité à dîner et... sans doute un peu plus...

De passage à son appartement, il avait trouvé un carton d'invitation libellé : « Le capitaine Marc Stone et son ami Ray sont priés d'assister au cocktail d'inauguration du Zamas Club. Culture physique. Musculation. Arts Martiaux. Centre exclusivement réservé à la clientèle féminine. »

Curieux, il avait décidé de s'y rendre, d'autant que l'appartement d'Elsa se trouvait dans le building voisin. Ainsi il ne serait pas en retard au rendez-vous tant attendu. Un panneau précisait que les locaux du Zamas Club se trouvaient au dernier étage.

Une Vingtaine de femmes, plus ou moins jeunes, étaient agglutinées devant les ascenseurs. Elles lancèrent des regards étonnés sur les deux hommes.

-Marc! Quelle surprise!

Elsa se dégagea du groupe féminin et vint vers lui, élégante, svelte, merveilleusement désirable.

-Comment es-tu ici? Ne dis pas que tu veux t'inscrire.

-J'ai reçu une invitation et je suis venu, poussé par la curiosité.

-Il doit y avoir une erreur. La directrice, une maîtresse femme, n'aime pas du tout les hommes, si tu vois ce que je veux dire.

-Quel est ce Zamas Club ?

-Il vient de s'ouvrir. C'est un club sportif très sélect, ne recrutant ses membres que dans la haute société. Dès le premier entretien, la directrice nous a expliqué que nous devions améliorer notre forme physique pour être capable d'affronter les hommes en toute occasion.

-J'espère qu'elle ne te donnera pas de mauvais conseils, grimaça Marc. Moi, je suis pour la coexistence pacifique entre les sexes.

-Surtout si c'est toi qui a le dernier mot !

L'ascenseur les déposa à l'entrée d'une grande salle. Une solide brune à l'allure de catcheuse, vérifiait les invitations.

-Au cas très probable où tu ne serais pas autorise à entrer, attends-moi à l'appartement. Le scotch est toujours au même endroit. Je ne compte rester qu'une demi-heure.

La virago releva la tête. Poussant une exclamation, elle s'élança vers Ray. Ses deux bras, puissants, énormes, ceinturèrent le torse de l'androïde.

-Ray, je suis contente de te revoir. Quand m'accorderas-tu une revanche?

-Jamais, Michka, j'aurais trop peur de perdre, répondit-il avec diplomatie.

-Cela froisserait ton orgueil de mâle!

-Ce sont mes côtes plus que mon orgueil qui risqueraient d'être froissées! J'ai l'impression que ta force a encore augmenté.

Avec un grand rire, l'ancienne détenue relâcha son étreinte et regarda Marc.

-Entrez, capitaine Stone, vous êtes le bienvenu.

Un buffet couvert de bouteilles et de victuailles était dressé au centre de la pièce éclairée par le soleil couchant pénétrant par les grandes baies vitrées qui perçaient les murs.

Les appareils de musculation les plus modernes avaient été poussés pour laisser un grand espace pour accueillir les invités. Une rouquine au visage souriant, portant un plateau chargé de verres, approcha.

-Alors, les astronautes, toujours aussi cinglés?

-Disons seulement que nous avons la tête dans les étoiles.

Une grande jeune femme blonde apparut, vêtue d'une robe longue très moulante. Avec assurance, elle traversa la salle, souriante, saluant au passage ses invités. Elle arriva devant Marc et allongea le bras. Une poignée de main ferme, musclée, sympathique.

-Je suis très heureuse de vous accueillir, capitaine Stone.

-Magda! Voici une agréable surprise. Je vois que vous n'avez pas perdu votre temps et que vous vous êtes occupée de vos amies.

-Après notre libération, j'ai pensé qu'il me fallait les aider à se réinsérer dans la société.

Avec un regard amusé, elle ajouta :

-Disposant d'un certain capital, j'ai eu l'idée de monter ce centre.

-Je ne doute pas qu'il soit promis à un brillant avenir.

Elsa, fort surprise, ne put s'empêcher de demander :

-Vous connaissiez Marc?

-Très chère amie, vous savez mon opinion sur la gent masculine. Dans ma classification des espèces animales, je la situe très nettement en dessous des putois. Vous comprenez ce que je veux dire. Toutefois, il existe de rares exceptions. Le capitaine Stone est l'une d'elles, probablement la seule! J'ai appris avec plaisir qu'il avait retrouvé son ami et réussi à regagner New York.

-Je suis arrivé au très bon moment... grâce à vos conseils.

-Plonger dans un enfer sans nom, juste pour aider un ami, est un des traits de caractère du capitaine Stone.

Se tournant vers Elsa, de plus en plus étonnée, Marc ajouta :

-Maintenant, je suis pourvu d'un neveu. Je te raconterai l'histoire ce soir.

Magda, le regard soudain rêveur, murmura :

-Chère Elsa, vous avez beaucoup de chance d'avoir un ami comme le capitaine.

-Je le pense. Grâce à lui, j'ai retrouvé une joie de vivre alors que je désespérais du genre humain.

Appelant la rouquine, Magda lança :

-Buvons un verre puis nous ferons le tour des installations.

Marc hésitant, elle ajouta :

-C'est la moindre des choses de vous les présenter puisque vous êtes propriétaire de la moitié des parts de ce club.

Il manqua de s'étrangler avec le contenu de son verre.

-Mais... jamais je n'ai... C'était pour vous seule... Une dette de reconnaissance que je réglais.

Magda l'interrompit avec un sourire: -Je sais que votre geste était totalement désintéressé. C'est pour cela qu'il m'a touchée, mais je ne pouvais accepter un tel cadeau... d'un homme. Aussi j'ai pensé qu'une association commerciale serait logique. Venez, vous serez le premier et le dernier homme admis dans ce local !