Fin mars de cette année, je fus invité à me joindre à cinquante mille hommes et femmes, venus de tous les coins des États-Unis, qui marchaient vers le bastion du fanatisme, le capitole de la corruption : Montgomery, en Alabama. Je participai à la marche de la liberté, revendiquant dignité et droits civils pour un peuple honteusement opprimé et maltraité depuis plus de deux siècles. Ce fut une marche à travers le pays des aveugles. Il y a un maléfice dans le racisme, si diaboliquement hideux dans ses manifestations que le jugement sain de l’homme du peuple ne peut le conjurer, ni le considérer sous une perspective rationnelle, dans un univers qui prêche le bon sens et l’ordre. Parlez-moi de Dieu ! Dites-moi qui Il est, pourquoi Il permet que les hyènes les plus puantes de notre société deviennent amok, tandis que des hommes et des femmes honorables croupissent dans la terreur ! Parlez-moi de Lui ! Mettez en équation la théologie et le monde dans lequel nous vivons ! Alors ? « Dieu dans son infinie sagesse… » dites-vous ? La foi qui m’est nécessaire ? J’ai toujours été croyant, parce que je ne connais rien d’autre. Mais peut-être la foi n’est-elle pas suffisante ? Peut-être le doute sert-il la cause plus honnêtement, plus franchement ? S’il en est ainsi, je vous soumets à titre d’éclaircissement :