IV
Soleil d’automne
Aujourd’hui, tout s’en est allé.
Le vieux moulin banal de Beaumont a suivi le sort du manoir seigneurial ; il est abandonné. La route par où nous filions vers la grève fait partie de la prairie, et le rivage lui-même n’est plus fréquenté que par de rares pêcheurs aux bars qui, au mois d’octobre, viennent allumer leurs feux sur les crans du petit Cap.
Seul je reste encore debout, au milieu de ces souvenirs d’enfance qui s’en vont ; car le père Michel a suivi la loi commune.
Depuis longtemps il dort son dernier somme sans nul souci des choses de ce monde, et pourtant il m’a semblé qu’en ce jour de fête, cela ferait plaisir aux os verdis de mon vieil ami, si je pensais à lui, et si je faisais une place à sa pauvre âme frileuse, tout à côté de la mienne qui, en ce moment, se réchauffe doucement au contact des derniers rayons de son soleil d’automne.