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Les services de gestion d’urgence à travers tout le nord-est du Maine se sont rendus à Bedford hier soir, alors qu’un mystérieux gouffre est apparu sous le théâtre local qui accueillait une collecte de fonds lycéenne. On nous a signalé des dizaines de blessés. Il y a au moins douze morts, et beaucoup de personnes restent introuvables alors que les autorités ont engagé le déblaiement et les opérations de secours. Ces derniers temps, Bedford a été le théâtre de nombreux enlèvements…
Je me réveille. Il y a cette odeur d’homme dans la pièce : chaude et vive. La chaleur d’un feu balaie ma peau, et je la sens sur mon visage avant même d’ouvrir les yeux.
Je m’éclaircis la gorge et prends conscience que des doigts se trouvent sur les miens, me serrent tendrement la main par-dessus une couverture douce et duveteuse. Mes poumons se remplissent. Je parviens à relever les épaules, et les doigts qui m’enserrent effectuent une petite pression rassurante.
— Je suis restée inconsciente longtemps ?
Le simple fait d’ouvrir les yeux me demande un réel effort, mais ça en vaut la peine. Car il est là, devant moi. Il est magnifique et tout étincelant d’or. Ça peut paraître gnangnan, mais c’est vraiment comme ça que je le vois. C’est ma chaleur. Et il me tient la main. Et il me gratifie d’un regard plein d’amour. Et il a des larmes au coin des yeux.
— Tu es là.
J’ai la voix rauque et pleine de larmes.
— Tu es mort aussi ? Est-ce que le monde a survécu ?
— Oui, il a survécu. Le gouffre s’est refermé lorsque tu es tombée dedans. Il y a un énorme trou maintenant. Ils appellent ça une doline.
— Mais Issie, Betty… et tous les autres ?
— Ils ont survécu.
— Cassidy ?
— Elle est dans un hôpital de Boston, mais elle est en vie.
Derrière Astley, une fenêtre au cadre orné et doré donne sur un paysage de glace et de givre qui pend des arbres et recouvre le sol. Je suis à Hel.
— Je suis morte ?
Il se penche un peu plus vers moi, me cachant complètement la vue extérieure.
— C’est discutable. Techniquement, tu es à moitié morte, mais on va faire une entorse à la règle pour toi, car tu as énormément risqué pour nous sauver. À ton signal, Hel t’autorise à rentrer à la maison. Elle a un faible pour toi, on dirait.
C’est bon à savoir. Mes lèvres sont sèches, mais je parviens à sourire. Je songe alors à une autre éventualité.
— Attends. Tu es mort ?
Les yeux d’Astley clignent avant de s’écarquiller, puis il se penche vers moi et m’embrasse le front. Ses lèvres douces rafraîchissent ma peau. Puis il se rassoit sur sa chaise sans me lâcher la main, les yeux fixés sur moi. Une minuscule larme lui coule sur la joue, s’acheminant lentement vers ses lèvres.
— Je ne suis pas mort. Et, cette fois, Zara White, dit-il, cette fois, c’est à mon tour de te sauver.