Je ne comprends pas
qu’il y ait des gens qui dorment tranquillement
Nous ne pourrons jamais couronner la Roumanie d’une auréole historique si nous ne vivons pas chacun, avec une passion orageuse et douloureuse, toutes les humiliations qui ont rempli notre triste histoire. Si nous ne tentons pas une régression subjective dans le désastre et la tragédie de notre histoire, nous serons malheureusement perdus pour la transfiguration future de cette nation, parce qu’elle sera perdue elle-même. Je ne comprends pas qu’il y ait des gens qui dorment tranquillement après avoir pensé à l’existence souterraine d’un peuple persécuté, à ses siècles d’obscurité, de terreur et de servage. Lorsque je vois la Transylvanie, je vois se dérouler une configuration plastique de douleurs muettes, un drame clos, étouffé…
N’arrive-t-il pas quelquefois que toutes les humiliations endurées vous brûlent comme un poison concentré et que rejaillissent toutes les envies de vengeance accumulées au fil des siècles ?
Il n’a rien compris au problème de la Roumanie, celui pour qui elle n’est pas une obsession douloureuse.