Six vaisseaux achuultani maintenaient leur formation autour du gigantesque bolide tandis qu’il fonçait sur le monde bleu et blanc qui constituait sa cible. Les bâtiments de guerre avaient été détachés pour protéger leur arme contre les misérables efforts des habitants de ce saphir aux nuages tourbillonnants. Leur tâche touchait à sa fin.
Ils se déployèrent puis s’éloignèrent de l’astéroïde, leurs phaseurs prêts à ouvrir le feu tandis que les premiers missiles sortaient de l’atmosphère. De maladroites fusées alimentées en combustible chimique s’élancèrent, coiffées de leurs pathétiques têtes nucléaires, et les destroyers les abattirent avec la plus grande aisance. Dans un dernier sursaut de désespoir, la planète condamnée épuisait son arsenal pour contrer l’assaut de ses bourreaux… sans parvenir au moindre résultat.
Boule d’énergie assoiffée d’immolation, le corps céleste déchirait l’espace, et les vaisseaux firent demi-tour tandis qu’il pénétrait dans l’air et que ses contours se modifiaient. L’espace d’un très court instant, le météore ne fut plus une sphère de pierre et de métal emprisonnée sous la glace ; il était vivant, sorte d’incandescence glorieuse et sonore enceinte de la mort.
Le projectile frappa, régurgita son cortège de flammes en direction des cieux, dénuda l’atmosphère en un cataclysme de feu. Pendant un moment encore, les unités des Achuultani restèrent immobiles devant le spectacle de la croûte terrestre qui se rompait et se fissurait. Le magma jaillit de plaies béantes qui s’étendirent et gonflèrent comme des fêlures se propageant sur la glace. Puis l’instabilité géologique fit exploser ce monde en furie.
Les vaisseaux n’attendirent plus. Ils tournèrent le dos au désastre à peine provoqué et s’éloignèrent à la vitesse de l’éclair. A vingt et une minutes-lumière de la planète principale, ils passèrent le seuil de l’hyperespace et disparurent comme des bulles de savon, pressés de retrouver leurs camarades au prochain rendez-vous.