LE «E 605»

Qu'est-ce que le « E 605 » ? Le lecteur nourri de romans d'espionnage peut imaginer une réponse de ce genre : le « E 605 » est une invention diabolique, mise au point par un chimiste allemand en 1939, perfectionnée sous le régime nazi, réalisée par les laboratoires Bayer, le trust allemand de la chimie, confisquée en 1945 par l'armée américaine...

Or, le « E 605 », c'est exactement cela. Voici son dossier.

Christa Lemann, de la petite ville de Worms en Allemagne, a vingt-neuf ans ce matin du 27 septembre 1952, lorsque son mari la quitte quelques instants pour aller chez le coiffeur se faire raser : il n'arrive pas à le faire lui-même, car il est alcoolique et sa main tremble. A part cela, il est carreleur de son métier. Il a trente-neuf ans, donc dix ans de plus que Christa, et c'est un homme spontané. Il n'y a en lui ni calcul, ni fourberie. Très spontanément, il a à moitié assommé Christa le soir de ses noces. Il faut dire qu'elle lui reprochait d'avoir trop bu.

A vingt et un ans, elle l'a épousé pour avoir enfin une famille à elle. Trois enfants, coup sur coup, auraient dû la satisfaire sur ce point. Mais le mari a continué à boire... Aussi, ce matin du 27 septembre 1952, lorsqu'il la quitte pour aller chez le coiffeur, Christa rentre dans la cuisine, songeuse. Elle mijote une décision.

Les photographies de Christa la montrent ni brune ni blonde, ni petite ni grande, ni jolie ni laide. Elle serait banale si elle n'était, malgré ses malheurs, une jeune femme enjouée, optimiste, aimant la vie facile et les distractions. Elle est surtout, comme on va le voir, pragmatique, résolue, prompte dans ses décisions.

Elle rentre dans sa cuisine pour préparer le petit déjeuner de son mari. Comme beaucoup d'alcooliques, celui-ci éprouve le besoin de boire du lait en quantité... raisonnable. Le lait n'est-il pas le plus naturel, le plus sûr, le plus efficace des contre-poisons. Sauf dans un cas précis : quand il y a du poison dedans.

Or, c'est justement l'intention de Christa Lemann : mettre du poison dans le verre de lait de son mari. Et son hésitation tient exclusivement au fait qu'elle ne sait pas exactement quelle quantité y verser. Pour le reste, elle a été au plus simple, c'est-à-dire à la droguerie principale de la ville. Elle a acheté un paquet de six ampoules de « E 605 », produit antiparasites pour les plantes. Elle n'avait jamais entendu parler de ce produit. Sur l'emballage, elle a vu le mot « poison », accompagné d'un croquis de tête de mort qui lui a semblé une garantie d'efficacité. Elle a été rassurée par le mode d'emploi qui accompagnait le produit, assorti d'une mise en garde suffisamment explicite, pour qu'elle en déduise qu'une bonne moitié d'ampoule dans un verre de lait devrait suffire. D'ailleurs, si ça ne suffit pas, il ne sera pas difficile de recommencer. Le poison versé, elle remue le lait avec une petite cuillère qu'elle passe ensuite longuement sous le robinet. Puis elle arrose les fleurs de son balcon, ayant ajouté à l'eau une dose de « E 605 », cette fois parcimonieuse ainsi que le recommande la notice.

Son mari revient, l'air légèrement bestial, il faut le dire, d'autant qu'il a les cheveux rasés sur les tempes, et que le rasoir vient d'aviver sa couperose d'alcoolique. C'est alors que Christa prononce une phrase qui va devenir quasiment historique :

« Tiens, voilà ton truc. »

Il y a là de l'honnêteté. Elle ne peut plus dire que c'est seulement du lait. Elle ne peut pas dire que c'est du poison. Elle dit : « Tiens, voilà ton truc. » Cela fera l'enchantement des chroniqueurs judiciaires.

Pour l'heure, le carreleur de Worms ne dit rien. Il boit son « truc ». Il ne fait aucune observation, ne trouve aucun goût particulier à son lait. Christa, qui s'en est tenue à la dose raisonnable d'une demi-ampoule de crainte qu'il ne s'aperçoive de quelque chose, commence à regretter. Il fallait, pour une telle brute, une ampoule entière de « E 605 »...

Lorsque l'homme a fini, il repose le verre sur la table de la cuisine, reprend son blouson et s'en va, gaillard, où le carrelage l'appelle.

« Raté », pense Christa en rinçant soigneusement le verre vide, tandis qu'elle voit par la fenêtre son mari s'éloigner de la maison. M. Schroder, l'homme qui a inventé le « E 605 », pourrait expliquer à Christa que ce n'est pas du cyanure, et qu'il y a lieu de patienter.

Vingt minutes plus tard, d'ailleurs, Christa éprouve enfin la satisfaction de voir son mari réapparaître, titubant, grimaçant, se plaignant de fortes douleurs et de vertiges. « Ça marche », pense-t-elle. Le carreleur s'étend sur son lit, gémit très fort, réclame un docteur et perd connaissance.

A partir de ce moment-là, tout se déroule très vite. Christa va chercher le Dr Bayer. Ce n'est qu'une coïncidence, s'il porte le nom de l'usine qui fabrique le « E 605 » et cette particularité ne doit pas le rendre particulièrement méfiant : il soigne habituellement Lemann pour une maladie d'estomac. De toute façon, pour l'heure, il est absent. Christa retourne chez elle pour chercher son vélo et demande à une voisine de rester auprès de son mari, toujours évanoui.

Elle pédale jusque chez son beau-frère, qui tient un magasin à quelques kilomètres de là. Elle lui explique que son mari souffre beaucoup et qu'il est « tout bleu ». On va chercher le Dr Watrin, qui arrive juste à temps pour constater la mort du carreleur. Il se fait décrire ses douleurs. Quand il entend Christa lui parler des abcès gastriques dont son mari souffrait, il fait une déclaration de décès « causé par éclatement d'abcès et écoulement dans le ventre ». Un peu plus tard, devant Christa éplorée, qui gémit : « Que vais-je devenir, seule avec mes enfants », son voisin le Dr Bayer confirme paisiblement ce diagnostic. Il pense que les ulcérations d'estomac de l'alcoolique ont fini, malgré ses soins, par l'emporter.

Christa vêtue de noir, est une veuve très digne pendant trois mois. Puis, avec sa camarade Anna Amann, elle commence à fréquenter les lieux de plaisirs de la ville et connaît plusieurs hommes.

Toutefois, elle garde dans son armoire à vêtements les cinq ampoules de « E 605 » qui lui restent. « On ne sait jamais ! » commentera plus tard le procureur.

Il est des femmes à qui le noir va bien. C'est sans doute le cas de Christa, car l'agent de police Strup ne rate pas une occasion, lorsqu'il passe devant la maison, de la lorgner par la fenêtre, de lui faire un petit signe ou de lui adresser la parole. Son uniforme n'inquiète pas Christa. Strup est un ami. Il lui fait la cour. Il n'est pas le seul. Christa a eu plusieurs amants et, de ce fait, quelques soucis : elle est enceinte. Une personne de sa connaissance, à qui elle vient de demander de la faire avorter, lui a refusé.

Ce jour-là, l'agent de police Strup, passant devant la maison de la veuve, s'arrête et frappe aux carreaux. « Pourrais-je vous voir ? » demande-t-il. Quelques instants plus tard, installé dans le salon, Strup, après un échange de banalités, se décide à faire à Christa la confidence qui, pense-t-il, va lui attirer ses bonnes grâces.

« Christa, j'ai quelque chose à vous dire... Mais c'est confidentiel... Il faut me promettre de n'en parler à personne.

— C'est promis.

— Il s'agit de Valentin », dit l'agent de police Strup à voix basse, en regardant le plafond.

Valentin habite au-dessus. C'est le frère du carreleur victime du « E 605 », donc le beau-frère de Christa.

« Alors, qu'est-ce qu'il a fait, Valentin ? demande Christa sans élever la voix.

— Il est venu me voir.

— Qu'est-ce qu'il voulait ?

— Vous ne devinerez jamais !

— Parlez, voyons !

— Il m'a demandé s'il n'était pas possible de vous faire surveiller par la police des mœurs.

— Et alors ?

— Je lui ai dit qu'à mon avis ce n'était pas possible... mais qu'il pouvait toujours aller voir mon chef.

— Et alors ?

— C'est tout ce que je sais. »

Quelques minutes plus tard, Christa se retrouve seule. Elle a eu vite fait d'expédier l'agent de police Strup, car l'instant est sérieux. Plus question de gaudriole. Christa est convaincue que Valentin, son beau-frère, n'ignore pas qu'elle est enceinte, connaît son projet de se faire avorter et qu'il va la dénoncer. Il faut faire quelque chose. Elle ouvre son armoire à vêtements. Les cinq ampoules de « E 605 » sont là : dix fois plus qu'il n'en faut.

C'est Christa, malgré son antagonisme, qui assure le ravitaillement de Valentin et lui porte chaque jour, notamment, un pot de yaourt. Ce soir-là, le 10 octobre 1953, elle frappe à la porte de son beau-frère, qui lui répond hargneusement comme d'habitude (précisera-t-elle plus tard) :

« Voilà, j'arrive ! »

La porte ouverte, ils se regardent « en chien de faïence » pendant quelques secondes. Puis, Christa lui tend le pot de yaourt :

« Tiens, voilà ton " truc " ! »

Valentin, pas plus que son frère, n'est frappé par cette précaution oratoire. Le lendemain à son réveil, il absorbe son yaourt, saute sur son vélo pour se rendre à l'usine et tombe à terre, secoué par de terribles crampes. Les passants l'étendent sur le trottoir, et voient « un liquide blanc » se déverser de sa bouche : le yaourt qu'il rend, avec son dernier soupir.

Une amie de Christa, quelques minutes plus tard crie par la fenêtre : « Ton beau-frère est mort dans la rue ! » Pour Christa, d'ailleurs, la mort de son beau-frère est un événement si bénin, qu'il ne lui vient pas à l'idée qu'on puisse l'en prévenir ! A tel point qu'elle croit que son amie lui annonce la mort de son père ! Elle se précipite affolée dans la rue et court jusqu'au trottoir où l'homme est allongé au milieu des badauds. Elle se penche sur le cadavre, reconnaît son beau-frère et se redresse aussitôt en disant :

« Ah bon, c'est Valentin ! »

Sur ce, elle rentre tranquillement chez elle.

Le médecin de Valentin l'a soigné en 1946 pour une angine de poitrine. Il conclut à une mort naturelle, due aux suites de la maladie. Christa n'est pas inquiétée. Mais cela n'est rien encore : c'est maintenant que l'affaire du « E 605 » va devenir digne de ces dossiers extraordinaires.

Après la mort de son beau-frère, Christa continue sa vie de débauche en compagnie d'une veuve de guerre de son âge, cette Anna Amann qui est devenue son amie. Ensemble elles vont danser. Comme Christa est de plus en plus enceinte, Anna est très mécontente à l'idée que sa compagne ne pourra plus sortir et s'amuser avec elle. Christa, de son côté, est très ennuyée à l'idée de perdre la compagnie d'Anna, qui continuera certainement à sortir alors qu'elle-même devra rester à la maison. Comment faire pour obliger Anna à rester avec elle ?

Christa considère le problème. Au fond, il est simple. Si Anna peut sortir, c'est parce qu'elle vit avec sa petite fille et ses deux frères chez sa mère, Éva Ruth, une veuve de soixante-quinze ans qui s'occupe de tout dans la maison, y compris de garder l'enfant. Christa se rappelle qu'il lui reste du « E 605 ». Son amie Anna pouvant se permettre de sortir grâce à sa mère qui s'occupe de tout, il suffit de supprimer la mère pour qu'elle ne puisse plus sortir. Logique d'Aristote. Reste à l'appliquer.

Le samedi 13 février 1954, Christa va acheter avec Anna, dans un grand magasin de la ville, cinq bouchées de chocolat en forme de champignons. De retour chez elle, elle fait un trou à l'aide de ciseaux dans le fond d'un des champignons de chocolat pour en sortir un peu de liqueur, qu'elle remplace par la moitié d'une ampoule de « E 605 ». Puis elle referme le trou en fondant le chocolat à l'aide d'une lame de couteau chauffé sur le gaz. Vers 21 heures elle se rend chez son amie Anna, pour l'emmener danser comme chaque samedi. Elle bavarde quelques instants avec les deux frères et la vieille dame, qui est d'ailleurs charmante et s'est toujours conduite avec elle comme une véritable mère. Mais le problème n'est pas là. Ce n'est qu'avant de sortir que Christa distribue les fameux champignons de chocolat. Elle se donne beaucoup de mal pour que la mère d'Anna prenne celui qui lui est destiné.

Malheureusement celle-ci, qui vient de dîner, pose la bouchée sur le buffet de la cuisine, dans une assiette.

Christa, qui s'apprêtait à sortir, voit les deux frères, la fillette, et même Anna, manger leur champignon de chocolat... et la grand-mère ne touche pas au sien. Alors, Christa traîne, traîne, et trouve un nouveau sujet de conversation chaque fois qu'Anna, qui est habillée pour sortir la pousse vers la porte. Enfin, ne trouvant plus aucun prétexte, elle va droit au buffet, prend l'assiette et tend le champignon de chocolat à la grand-mère.

« Allons, maman, il faut manger votre " truc "1 »

La grand-mère a pris l'assiette :

« Tout à l'heure, mon petit, tout à l'heure... »

Deux heures du matin. Anna et Christa rentrent du bal. Christa jette un coup d'œil sur le buffet de la cuisine. La bouchée est toujours là, trônant dans son assiette. Christa ne peut pas la reprendre en présence d'Anna. Elle retourne donc chez elle.

Le lendemain dimanche, elle revient plusieurs fois chez Anna. Chaque fois elle aperçoit, dans son assiette sur le buffet, le champignon de chocolat. Le lundi, vers 15 heures, Anna et sa mère sont dans la cuisine.

« Je vais sortir avec Christa, déclare Anna, pour aller acheter un landau d'occasion. »

Le chien de la maison, qui a reniflé la bouchée de chocolat, est assis devant le buffet.

« Tu ne veux pas manger ta bouchée de chocolat, maman ? demande Anna.

— Je n'en ai pas envie, ma fille... »

Le chien s'appelle Click. Anna prend la bouchée, la lève au-dessus d'elle et dit :

« C'est pour Click ça ! »

Le chien frétille, se dresse sur les pattes de derrière, se lèche les babines.

« Mais la liqueur, c'est pas bon pour les toutous ! » ajoute Anna. Et elle mord dans le champignon pour sucer la liqueur. Aussitôt elle regarde sa mè re :


« Pouah... c'est amer!

— Recrache-le, dit la mère, et donne le reste au chien. »

Pendant que le chien avale goulûment la bouchée de chocolat, Anna va cracher dans l'évier. Mais comme l'amertume s'avère tenace, la vieille dame prépare une tasse de thé pour sa fille.

Anna boit la tasse de thé et va dans sa chambre pour se coiffer. Brusquement, la vieille dame entend sa fille lui crier :

« Je deviens aveugle, maman ! Aide-moi ! »

Elle se précipite pour voir sa fille, qui n'a même pas eu le temps de gagner son lit, s'écrouler sur le parquet. Le médecin ne met pas plus de quelques minutes pour arriver. Il fait aussitôt une injection à la jeune femme. Il est trop tard, elle meurt.

Il est 15 h 18. Le « E 605 » a mis moins de dix-huit minutes pour accomplir son ouvrage. Et pourtant, Anna en a recraché une partie. Cette fois, le docteur ne peut faire autrement que diagnostiquer un empoisonnement. Et Christa est arrêtée.

Mais l'affaire du « E 605 » ne s'arrête pas là. Après quelques dénégations, Christa finit par avouer. Bien entendu, on la suspecte d'avoir empoisonné bien d'autres personnes, notamment sa belle-mère, un commerçant de Francfort, un hôtelier de Worms et même l'un de ses trois enfants. Dans le même temps, des consignes rigoureuses sont données aux journalistes allemands pour qu'ils ne mentionnent pas le nom du poison dans leurs articles. Il ne faut pas qu'on sache que ce poison, qui, rappelons-le, est en vente libre à ce moment dans toutes les drogueries allemandes et américaines comme insecticide, agit avec une promptitude fantastique ne provoquant que des douleurs fulgurantes extrêmement brèves. Mais il devient impossible d'empêcher quelques fuites. Avant que le « E 605 » soit retiré du commerce de vente libre, on évalue à plus d'une centaine les personnes qui se donnent la mort en Allemagne avec ce produit, à l'époque du procès de Christa Lemann.

Un dernier détail éclairera la logique particulière de cette femme.

Elle propose à son père le marché suivant : « Ou bien tu m'envoies à la prison les ampoules qui me restent dans l'armoire à vêtements pour que je me suicide, ou bien tu te suicides toi-même pour que je puisse te charger des trois meurtres. »

Le père ayant refusé l'un et l'autre, elle paraîtra aux assises habillée d'une robe « giftgrün ». C'est le nom d'une couleur qui veut dire « vert poison ». Reconnue mentalement responsable, elle s'entendra, sans émotion apparente, condamner aux travaux forcés à perpétuité. Devant un public énorme, presque exclusivement composé de femmes et de jeunes filles, elle dira simplement :

« Je regrette que la peine de mort n'existe plus en Allemagne. »

Peut-être aurait-elle aimé qu'un matin, comme on le fit pour Socrate, un geôlier ouvre la porte de sa cellule et lui dise en lui tendant un verre :

« Tenez, voilà votre " truc " ! »

Les dossiers extraordinaires T2
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