SANS AUTRE FORME DE PROCÈS
« Vous avez devant vous un être immonde, vicieux, monstrueux. Un personnage révoltant, abominable et corrompu ! »
Le procureur qui parle ainsi accuse un homme sur qui ne pèse pourtant que la dénonciation d'un autre. Dans ce dossier, pas la moindre preuve de culpabilité. Seulement voilà : les moeurs de l'accusé, Pierre Gaspard sont de celles qui, aujourd'hui, ne scandalisent plus personne...
Le décor : un hôtel particulier, très cossu, celui d'un agent de change parisien, que nous appellerons M. Lény. M. Lény est riche ; il porte avec autorité le poids de ses quatre-vingts ans, et un physique à la Balzac. C'est un homme qui possède beaucoup de choses. Une femme tout d'abord, de vingt ans plus jeune que lui. Cette légère différence autorise Mme Lény à se montrer parfois acariâtre et à trépigner pour obtenir ce qu'elle veut. M. Lény a aussi un fils, qui n'a aucun intérêt dans l'histoire, une nièce qui n'en a pas non plus, mais un neveu qui en a beaucoup. Suit une domesticité nombreuse, dont nous ne retiendrons que deux éléments : le valet de chambre, Pierre Gaspard, et le petit valet Courtois.
La scène se passe la veille du crime, c'est-à-dire le 6 juin 1908, à midi. On peut la reconstituer avec exactitude.
Nous sommes dans la salle à manger, autour d'une table copieuse. La famille déjeune. Pierre Gaspard, le valet de chambre, sert à table. Avec une délicate onctuosité, il dépose dans l'assiette de Henri, neveu de Monsieur, une part de dessert. En réalité, d'ailleurs, c'est le neveu de Madame, supporté par Monsieur. Le ton de la conversation à ce sujet, ne fait aucun doute. C'est M. Lény qui parle :
« Ma chère, inutile d'insister. J'ai décidé que ce jeune godelureau irait à la campagne, il ira ; que cela vous plaise ou non. J'en suis désolé d'avance.
— J'aimerais savoir pourquoi ? Cette décision est injuste ! Vous l'envoyez chez sa grand-mère, sans tenir compte de mon attachement pour lui ! Si c'est une punition, dites pourquoi ! »
Quand Mme Lény tape du pied, la scène est irrésistible, il faut s'y résigner. Son mari la connaît suffisamment pour céder.
« Entendu, entendu. Et bien, disons ceci : vu les renseignements que l'on m'a donné sur la conduite de ce jeune monsieur, j'estime qu'un séjour chez sa grand-mère lui fera le plus grand bien. Il n'a que dix-sept ans; Pour tout dire, ses relations sont plus que douteuses, et le mot est faible !
— Douteuses ? Mon neveu Henri, des relations douteuses ?
— Henri a des relations douteuses ! Ne m'obligez pas à plus de détails, ma décision est prise, qu'on n'en parle plus ! »
Scène. Crise, menaces, Mme Lény, orfèvre en la matière, fait une démonstration remarquable mais inutile de ses qualités persuasives. Elle quitte la table en annonçant qu'elle fait ses malles, qu'elle quitte cette maison, qu'elle a besoin de réfléchir, etc. Les portes claquent. Un grand silence pèse sur la table, après son départ. Il est indubitable, en passant au crible les déclarations des témoins, que M. Lény est à ce moment extrêmement furieux. Et que Henri, le neveu, est devenu tout rouge. Le nez dans son assiette, son maigre corps d'adolescent tassé sur sa chaise, on l'imagine à ce moment tel qu'il ressort de l'ensemble du dossier : le regard en dessous.
Quant au valet de chambre, Pierre Gaspard, il est sans aucun doute blanc d'émotion. Pourquoi prend-il à cœur cette dispute familiale, qui en principe ne le concerne pas ? Même s'il est depuis plusieurs années le domestique-roi de cette maison, celui qui gère et qui décide de tout avec dévouement ?
La scène suivante se passe dans les cuisines. Il est environ 20 heures, nous sommes toujours la veille du crime. Courtois, le petit valet, dix-sept ans, l'air malin, est assis devant la grande table. Il astique soigneusement, un par un, les couteaux. Cela fait partie de ses attributions normales. Il n'y a là rien d'insolite, ni de mystérieux. Sinon qu'il faut se souvenir, pour la suite, que le dénommé Courtois astiquait des couteaux la veille du crime, c'est tout.
Ce soir-là, le dîner familial se déroule dans une certaine morosité. Autour du potage servi par Pierre Gaspard se trouvent réunis M. Lény, son fils et son neveu. La conversation n'est pas des plus brillantes. La chaise de Mme Lény est vide, et pour cause, elle a maintenu sa décision, a bouclé ses malles, et s'est réfugiée à la campagne avec sa nièce.
Le dîner terminé, Pierre Gaspard regagne la cuisine pour y prendre son repas. Il monte ensuite dans sa chambre pour y coucher sa petite fille de huit ans. Car Pierre Gaspard est marié, et père de famille. Une fois l'enfant couchée, il redescend, se rend dans la chambre du neveu Henri, y reste peu de temps, et va se coucher.
Courtois, le petit valet, est toujours dans la cuisine. Il entend le fils de la maison sortir. Il est dix heures et demie du soir. Quelques minutes après, M. Lény père sonne pour qu'on lui monte une carafe d'eau et du sucre. Courtois s'en occupe et va se coucher.
En somme, jusqu'à 22 h 30, la veille du crime, sont présents dans la maison : M. Lény père (il dort), M. Henri le neveu (il dort), Pierre Gaspard, le valet de chambre (il est censé dormir), Courtois le petit valet (il est censé dormir). Les autres domestiques sont sortis, pour des raisons diverses, et la petite fille du valet de chambre n'a pas d'importance.
La nuit s'écoule. Le troisième acte se situe le lendemain matin 7 juin, jour de Pentecôte. Il est presque 6 heures du matin. L'un des domestiques, sorti pour la nuit, rencontre dans la cuisine Courtois, le petit valet. Celui-ci est en train de se cautériser un doigt avec la lame rougie d'un couteau. Ce garçon a toujours quelque chose à faire avec les couteaux.
Pierre Gaspard, le valet de chambre, levé à 6 heures comme chaque matin, commence son service par le petit-déjeuner du neveu. Cette cérémonie, quotidienne pour le valet de chambre, est plus importante aujourd'hui que d'habitude : c'est qu'il s'agit de préparer les bagages du jeune homme, selon les ordres de Monsieur. Le départ est inévitable.
Cela fait, Pierre Gaspard monte le grand escalier qui mène à la chambre de M. Lény, portant sur un plateau d'argent le café et les biscottes. Il est suivi quelques marches plus bas par une femme de chambre. Il frappe. On ne répond pas. Peu importe, il a l'habitude. Tenant le plateau d'une main, il ouvre la porte qui résiste un peu, comme s'il y avait quelqu'un derrière, puis s'ouvre avec difficulté.
« Oh, pardon Monsieur... c'est votre petit-déjeuner ! Monsieur? »
Pierre Gaspard a eu l'impression de heurter son maître en ouvrant la porte. Mais il n'a rien heurté du tout. Ah si ! A terre. M. Lény est à terre. Machinalement, Pierre Gaspard allume l'électricité, puis la referme. La scène a duré une dizaine de secondes, Pierre Gaspard se retourne vers la femme de chambre qui arrive à sa hauteur, et dit sans avoir l'air de la voir :
« Mon Dieu, Monsieur est mort ! »
Puis il perd son calme stylé et dévale l'escalier en hurlant.
« Monsieur est mort, il a eu une congestion. Venez vite ! »
Monsieur est mort, c'est vrai ; pas d'une congestion ; mais du vilain travail d'un petit couteau à dessert, à manche de corne, que l'on découvrira après l'affolement des premières minutes. De même que l'on découvrira un beau désordre dans le petit salon contigu à la chambre, où un secrétaire a été fracturé. Des bijoux ont disparu — pour une grande valeur — et un peu d'argent.
Bien entendu, c'est là que tout commence pour Pierre Gaspard : exactement à l'arrivée du commissaire Dala, à qui il ouvre la porte. Le valet de chambre, s'incline, prend le chapeau du commissaire, celui de son adjoint, et disparaît.
Le commissaire se penche à l'oreille de son adjoint et chuchote :
« Ce type a une tête d'homosexuel... »
C'est un commentaire dont le commissaire Dala se souviendra plus tard, qu'il répétera même à la barre au cours du procès en ajoutant :
« Je me suis dit, c'est lui qui a fait le coup ! »
On imagine le parti que tirerait d'un tel témoignage l'avocat de la défense de nos jours : il soulèverait une tempête et « démolirait » le commissaire...
Pourtant, malgré ce soupçon déclaré, basé sur un coup d'œil, le valet de chambre n'est pas inquiété par ies enquêteurs. Enfin, pas outre mesure.
Pierre Gaspard est d'ailleurs, d'après Mme Lény, un serviteur de toute confiance, qui dirige la maison avec efficacité et probité. Il a quarante-huit ans, une femme brave et honnête, un petit garçon et une petite fille. Il va à la messe tous les dimanches, et fait même partie d'une congrégation de quelque chose, ce qui fait de lui un chrétien plus que pieux... L'enquête avance peu. Y-a-t-il eu un assassin ou deux ? S'agit-il de cambrioleurs ou des domestiques ? Pourquoi n'a-t-on pas tout volé, notamment une somme d'argent importante en billets de banque ? Et pourquoi un petit couteau à dessert, arme peu maniable, et pas très efficace ? Amateur ou professionnel ?
Les témoignages recueillis au début sont maigres. L'un dormait, l'autre était sorti, celui-ci pas encore rentré, Mme Lény absente... Reste qu'il pourrait s'agir de domestiques renvoyés, venus se venger. Personne n'accuse personne, ne soupçonne personne. Jusqu'au 26 juin.
Ce jour-là, une dame « de petite vertu » se présente chez le juge d'instruction.
« Monsieur le juge, j'ai la preuve que Pierre Gaspard se conduit mal. J'ai trouvé ça chez moi. C'est Henri, le neveu de M. Lény qui l'a jeté chez moi. C'est une lettre qu'il a déchirée. Je l'ai recollée. »
A la lecture de cette lettre, le juge d'instruction se sent très gêné. Le voilà obligé de convoquer le neveu et de l'interroger. Beau scandale en perspective, car l'interrogatoire du jeune Henri peut se résumer ainsi : « Le valet de chambre, est-il amoureux de vous ? Et si oui, êtes-vous amoureux de lui ? » Le juge est franchement scandalisé quand le jeune Henri répond « oui » en rougissant à peine et que le valet de chambre répond « oui » en pâlissant beaucoup.
En 1908, dans la bonne société, on n'avoue pas facilement ce genre de choses. Rappelons-nous, par exemple, pour restituer l'époque que les femmes mariées viennent tout juste d'obtenir le droit de disposer elles-mêmes de leur salaire. La loi de juillet 1907 ! Alors ce valet de chambre qui avoue sans se cacher, des moeurs équivoques, et qui ajoute : « J'étais très malheureux, M. Lény voulait éloigner Henri... finalement sa mort a empêché notre séparation. »
Alors il est coupable. Même s'il nie avoir tué. Il avait un mobile : il a pu tuer M. Lény pour que le jeune Henri ne soit pas éloigné de Paris, donc de lui.
L'ennui, c'est qu'il n'avoue pas, et qu'il n'a ni les bijoux volés, ni l'argent chez lui ! Mais qu'à cela ne tienne. Mme Lény, apprenant « l'inconduite » de son valet de chambre, jure qu'il est coupable. Les domestiques le haïssent tout à coup ; il était « autoritaire, méchant, faisait renvoyer tout le monde, volait Madame sur les comptes du marché ». D'ailleurs il cherchait une autre place. « Il avait peur d'être découvert ! Il a corrompu le jeune Henri, c'est un monstre, ce doit être un assassin. »
En fait, la seule phrase imprudente de Pierre Gaspard, est celle où il reconnaît que M. Lény voulait le séparer de Henri. Pour le reste, on chercherait vainement des preuves. L'instruction piétine jusqu'au 20 juillet.
Quatrième acte : le flagrant délit.
Pierre Gaspard n'avouant toujours pas, la police surveille de près les domestiques. Or, voici qu'apparaît le jeune valet Courtois. Celui qui nettoyait les couteaux la veille du crime et qui, le lendemain, passait au rouge la lame d'un couteau pour cautériser une plaie qu'il avait au doigt.
Le jeune souffreteux est richement habillé tout à coup. Il offre à boire et sort les demoiselles. Il a de l'or dans les mains, semble-t-il.
L'inspecteur qui le suit depuis quelques semaines sans résultats est enfin récompensé. Le jeune fêtard, appréhendé dans la rue, n'a pas le temps de vider les poches de son costume neuf, pleines de pièces d'or. Et chez lui on trouve les bagues de Mme Lény et sa rivière de diamants.
« Alors ? » dit le juge d'instruction.
« C'est Pierre Gaspard, monsieur le juge. C'est lui qui a tout combiné ! C'est lui qui a tué M. Lény. Je croyais qu'il voulait simplement voler. Il m'a entraîné. Moi, j'ai seulement caché les bijoux dans la cave... »
Et Courtois ne se fait pas prier pour ajouter à ses aveux une multitude de détails. Selon lui, le valet de chambre serait venu lui proposer de voler, la veille du 7 juin, à minuit. C'est Pierre Gaspard qui aurait choisi le couteau qui aurait tué M. Lény. Lui, Courtois n'aurait fait que fracturer le secrétaire aux bijoux. Il aurait été « dévergondé », si l'on peut dire, par l'infâme Gaspard. D'ailleurs l'infâme voulait se venger de leur maître qui avait découvert sa coupable attirance pour le jeune Henri.
C'est ainsi que s'ouvre le cinquième acte : le procès. Cinq jours pénibles, en février 1909. Pénibles pour plusieurs raisons : tout d'abord les détails sordides rapportés par l'accusation sur la vie et les moeurs de Pierre Gaspard, cible facile pour le procureur, dont les tirades méprisantes font le plus grand effet sur le jury :
« Ce monstre ignoble, de quarante-huit ans, dont la perversion s'est attaquée à un jeune de dix-sept ans. Cet impur qui vivait dans la boue, depuis son plus jeune âge, et voulait y faire vivre les autres. Cet être abject, dont vous avez supporté les immondes confidences durant le huis clos. »
Pour le procureur, les preuves matérielles de la culpabilité du valet de chambre découlent de l'évidence de sa perversité. Avant tout, c'est la chasse aux sorcières.
Quant au jeune Courtois, il est coupable certes, puisqu'il avoue, et qu'il est le seul à avouer : coupable de vol et de complicité de crime mais repentant ; coupable d'amoralité, de mauvaises mœurs, mais innocent de par son jeune âge et son inexpérience.
Pour le jeune Henri, la discrétion bourgeoise veut qu'on ignore l'égarement dont il n'est pas responsable, et qu'on tienne compte de sa « franchise ».
Finalement Pierre Gaspard, un perverti de quarante-huit ans qui avoue effrontément un amour coupable comme celui-là est indéfendable. Son avocat fait une plaidoirie si mesurée qu'on l'écoute à peine. D'autant plus qu'il s'en tient aux faits, réclame des preuves. S'obstinant à vouloir ignorer les adjectifs malsonnants que le procureur déverse sur son client, avec une efficacité redoutable.
Fin du cinquième acte, qui n'est pas le dernier. Pierre Gaspard, travaux forcés à vie. Courtois, vingt ans de la même peine. Tout n'est pas joué pourtant. Un vice de forme que nous ignorons casse ce jugement, et l'affaire revient dix mois plus tard devant les assises.
Sixième acte, très-court : il n'y a plus sur le banc des accusés qu'un seul homme. Toujours le même, toujours ignoble, immonde, indéfendable. Pierre Gaspard est le seul à entendre la confirmation du verdict. Travaux forcés à vie. Il a manqué d'une voix l'acquittement. Courtois est mort de tuberculose au dépôt de l'île de Ré. Mort en accusant toujours Gaspard.
Qu'est-ce qui fait que le jury de Versailles, en quittant le tribunal est pris à parti par les journalistes, avec violence? Qu'est-ce qui fait que l'opinion publique réclame la révision du procès ? Ce n'est pas l'impression d'avoir vu juger un homme sur ses mœurs et sur une simple dénonciation sans preuves. C'est que les témoignages concernant l'accusateur Courtois, au fond de sa prison, amènent d'énormes soupçons.
Pendant son incarcération, par exemple, il s'était plaint d'avoir été l'objet de propositions suspectes, de la part de l'aumônier. Le médecin de la prison l'ayant examiné, déclare dans un rapport officiel :
« Ce garçon est un mythomane dangereux, un menteur chronique, et un hystérique de l'accusation. Je demande la présence de deux gardiens au moins, à chaque examen médical. Il est parfaitement capable d'accuser même les gens qui le soignent. »
Aussi invraisemblable que cela nous paraisse de nos jours, le témoignage de ce médecin n'eut aucun poids lors du procès. Bien qu'il ait déclaré « honteux de condamner Gaspard sur le seul témoignage de Courtois ! » Un autre témoignage eut le même insuccès : celui d'un forçat nommé Deliot affirmant que Courtois, pris de remords, lui avait avoué :
« J'ai tué M. Lény seul. J'ai accusé Gaspard parce qu'il était injuste avec les domestiques, je voulais me venger. »
Rien de tout cela ne modifia la rigueur du jugement. Et Pierre Gaspard est resté pour l'accusation le monstre sadique et perverti qui ne pouvait pas ne pas être coupable.
Toute l'accusation reposait sur cette hypothèse :
« Pierre Gaspard ne voulait pas être séparé de son jeune ami. Il a tué pour cela avec l'aide d'un complice, Courtois, à qui il avait promis le bénéfice du vol des bijoux. »
Très malade en Guyane, Pierre Gaspard met des années avant de s'adapter. Sur la fin de sa vie, il a réussit à redevenir maître d'hôtel, chez le gouverneur de la Guyane. Il a sous ses ordres une dizaine de jeunes valets. Inévitablement, il éprouve pour l'un d'eux ce que le procureur appelait des « sentiments coupables ». Mais en Guyane personne ne se préoccupe des mœurs qui règnent entre forçats.
Pierre Gaspard finalement est un sentimental incorrigible. La preuve : le jeune forçat quittant la Guyane, il tente de se suicider, en se coupant la gorge à l'aide d'une lame de rasoir.
Pour le procureur de 1908, Pierre Gaspard fait partie des « anormaux pour lesquels il n'y a ni excuse pathologique ou physiologique, et chez qui l'on trouve la plupart des assassins »... Soixante-dix ans plus tard, on reste confondu que de telles âneries aient pu faire condamner un homme à vie.
Imaginons simplement une autre hypothèse que celle du procureur : Le jeune neveu chassé et le jeune valet se seraient mis d'accord, et la demoiselle de « petite vertu » qui dénonça les mœurs de Pierre Gaspard leur aurait rendu ce petit service. C'est d'autant plus plausible qu'ils la connaissaient tous les deux! Détail que l'accusation se gardera bien de souligner! Hypothèse aussi sordide que l'autre, mais pourquoi pas ? Personne ne s'est avisé de la creuser.
A posteriori, il est évident qu'on a condamné... sur un a priori. Sans autre forme de procès.