Nous arrivions alors au mois d’avril, et de jour en jour on s’attendait à lire dans les journaux, que notre expédition d’Angleterre était en route. Rien ne nous manquait plus, le seul pillage de Berne avait rapporté plus de vingt-cinq millions au Directoire, soit en lingots d’or et d’argent, soit en canons, munitions et réquisitions de toute sorte.
Le docteur Schwân, de Strasbourg, ancien président du club des Frères et Amis, et grand camarade de Chauvel, passa dans ce temps à Phalsbourg, et vint nous voir ; il déjeuna chez nous. C’était un savant homme, informé de tout ce qui se faisait en France et en Allemagne, non seulement pour ce qui regardait la politique, mais encore pour la médecine et les nouvelles découvertes en tous genres. Il nous donna le détail des forces de l’expédition, et nous en fûmes bien étonnés ; nos meilleures troupes des armées du Rhin et d’Italie devaient en être, avec les plus vieux marins des côtes de Bretagne et du Midi ; en outre, nos meilleurs généraux : Kléber, Desaix, Reynier, Lannes, Murat, Davoust, Junot, Andréossy, Caffarelli du Falga, Berthier, enfin tout ce que nous avions de plus ferme, de plus éprouvé, de plus capable dans l’infanterie, la cavalerie, l’artillerie, et le génie. Schwân allait à Paris, parce que l’un de ses anciens camarades, Berthollet, l’avait fait prévenir que s’il voulait être de l’expédition, il le présenterait à Bonaparte ; que déjà Monge, Geoffroy Saint-Hilaire, Denon, Larrey, Desgenettes, étaient engagés, avec une foule d’autres :
– À quoi bon tant de savants ? lui demandait Chauvel. Est-ce que les Anglais en manquent ? Est-ce que nous allons dans un pays de sauvages ?
– Ma foi ! je n’en sais rien, répondit Schwân, c’est inconcevable. Il faut autre chose dans tout cela, que nous ne connaissons pas.
– Mais, s’écria Chauvel, si toutes nos meilleures troupes, nos meilleurs généraux et les premiers savants du pays partent, qu’est-ce qui nous restera donc en cas de malheur ? Le congrès de Rastadt dure trop longtemps, ça n’annonce rien de bon. On devrait aussi penser qu’un coup de vent comme celui de 96 peut disperser notre flotte ; que les Anglais peuvent l’attaquer en nombre supérieur et la détruire ; que, pendant cette expédition, les Allemands, nous voyant sans généraux, sans vieilles troupes, sans argent, peuvent nous envahir. Ce serait d’autant plus naturel, que notre invasion en Suisse et à Rome indigne toute l’Europe ; qu’on nous traite de voleurs, et que le peuple de Vienne, comme nous l’avons vu hier au Moniteur, est en pleine révolte contre nous ; qu’il a cassé les vitres du palais de l’ambassade française à coups de pierres, et fait tomber notre drapeau. Et c’est dans un moment pareil qu’on nous dégarnit de tout ! Il ne s’agit pas ici de royalisme, de républicanisme seulement ; il s’agit de patrie, il s’agit de notre indépendance. Ce Directoire n’est donc pas français ! Tout autre gouvernement, quand ce serait celui de Calonne, ne nous exposerait pas à ce danger. Et pour qui, pour quoi ? Pour donner un beau commandement à Bonaparte. Ces gens sont donc fous ?
– Non, dit Schwân, mais la place de directeur est bonne à prendre, et, si Bonaparte reste, il n’y aura bientôt plus de place que pour lui.
Chauvel ne dit plus rien, il savait cela depuis longtemps ; et Schwân ayant suivi sa route, pour tâcher de s’embarquer aussi, nous attendîmes le départ de l’expédition avec une sorte d’inquiétude.
La masse des troupes se réunissait à Toulon, le mouvement à l’intérieur et le long des côtes était immense ; on dégarnissait Gênes, Civita-Vecchia ; nous n’étions pas sûrs si la 51e n’allait pas être aussi de l’entreprise.
Les gazettes criaient qu’il faudrait livrer bataille, que les Anglais gardaient le détroit de Gibraltar. Brune venait de recevoir le commandement de l’armée d’Italie ; de notre côté, rien ne bougeait, tous les yeux regardaient là-bas ; et tout à coup, le 26 ou le 27 mai 1798, on apprit que la flotte avait levé l’ancre et qu’elle était en route pour l’Égypte. Les proclamations arrivèrent :
– Allons, dit Chauvel, le citoyen Bonaparte aime mieux combattre quelques poignées de sauvages en Égypte, que les Anglais. Je vois, mon pauvre Michel, que la vraie campagne sera par ici, sur le Rhin, comme en 1792 et 93. Qu’avons-nous à faire en Égypte ? Il est vrai que cinq ou six brigands fameux, Cambyse, Alexandre, César et Mahomet, se sont donné rendez-vous dans ce pays ; c’est en quelque sorte leur patrie, comme la patrie des tigres c’est le Bengale ; ils tournent tous les yeux de ce côté, et ne sont bien que là. Mais notre intérêt à nous, l’intérêt de notre république en Égypte, je ne le vois pas. Nous avons déjà bien assez de mal à nous soutenir en Europe contre toutes les monarchies, sans nous mettre encore le Grand-Turc sur les bras.
Et, prenant une des cartes que nous vendions, il restait penché dessus durant des heures. D’autres patriotes venaient le voir et causaient avec lui de l’expédition. Déjà le bruit se répandait que nous allions attaquer les Anglais aux Indes ; c’était la pensée de Raphaël Manque et du vieux Toubac, l’ancien maître d’école de Diemeringen. Les journaux disaient aussi que nous allions aux Indes, le pays d’où l’on tire le poivre et la cannelle. Chauvel, les lèvres serrées, ne riait pas en écoutant ces affreuses bêtises, seulement il criait d’un air de désolation :
– Que les peuples sont bornés, mon Dieu ! Quel affreux malheur !
Un jour Toubac, un gros bouquin allemand sous le bras, vint nous raconter que le pays du poivre et de la cannelle était aussi celui des diamants et des mines d’or, qu’il avait découvert ça dans son livre. Il nous montrait du doigt le passage et s’écriait :
– Comprenez-vous maintenant, citoyen Chauvel, comprenez-vous pourquoi Bonaparte veut aller aux Indes ?
– Oui, lui dit Chauvel indigné, je comprends que vous, et malheureusement beaucoup d’autres, vous êtes des ânes qu’on mène par la bride, en attendant l’occasion de leur mettre un bât sur le dos. Savez-vous la distance de l’Égypte aux Indes ? Elle est de plusieurs centaines de lieues, à travers des fleuves, des montagnes, des déserts, des marais et des peuplades plus sauvages que nos loups. Rien que pour aller de l’Égypte à la Mecque, ce qui ne fait pas la moitié du chemin, les Arabes, sur leurs chameaux, passent des semaines et des mois ; il en périt de faim, de soif et de chaleur un tel nombre, que leurs ossements marquent leur route à travers les déserts. Et vous croyez que Bonaparte ne sait pas cela, qu’il n’a pas regardé la carte et qu’il veut aller aux Indes chercher de la poudre d’or et des diamants ? Non, Toubac, il sait ces choses mieux que nous, mais il prend la masse du peuple pour une espèce d’engrais nécessaire à faire pousser les généraux, et je commence à croire qu’il n’a pas tort. Depuis que la constitution de l’an III sépare les intérêts du peuple de ceux des bourgeois, le peuple n’a plus de tête et les bourgeois n’ont plus de cœur ni de bras. C’est entre eux que pousse le pouvoir militaire, qui fera périr les uns et les autres. Si Bonaparte voulait attaquer les Anglais, il n’avait pas besoin d’aller si loin, il n’avait qu’à passer le détroit ; les Anglais l’attendaient sur leurs côtes, à quinze ou vingt lieues de chez nous, aussi bien que dans les Indes ; sans compter qu’il pouvait leur faire terriblement plus de mal chez eux qu’à l’autre bout du monde.
– Mais, s’écria Toubac, alors qu’est-ce qu’il va donc faire en Égypte ?
– Il va faire parler de Bonaparte !… Il va tranquillement, avec nos meilleures troupes et nos meilleurs généraux, attaquer des gens qui n’ont ni fusils, ni munitions, ni organisation. Il les écrasera, cela va sans dire ; il enverra des bulletins magnifiques, on parlera de lui : c’est tout ce qu’il veut, en attendant mieux. Pendant ce temps, nous autres, nous aurons des armées de cent et deux cent mille hommes de bonnes troupes sur les bras ; nous appellerons le ban et l’arrière-ban de la jeunesse, pour sauver la patrie. Si nous obtenons le dessus, les envieux crieront, pour rabaisser Jourdan, Bernadotte ou Moreau : « Victoire en Égypte, victoire ! Vive Bonaparte l’invincible ! »
» Si nous éprouvons quelque échec, comme c’est probable, n’ayant plus guère de vieilles troupes, Bonaparte, sur sa flotte, viendra sauver la république, et les flagorneurs crieront : « Victoire ! victoire ! Vive Bonaparte l’invincible ! » Les envieux se tairont, ce sont des lâches ! et Bonaparte vainqueur leur fermera la bouche tout de suite, car il sera le maître. Il aura chez nous le poivre, la cannelle, les diamants, les mines d’or, et ne s’inquiétera plus des Indes, je vous en réponds !
Toubac ouvrait de grands yeux et bégayait :
– Ah ! je comprends !
Et qu’on ne se figure pas que Chauvel seul avait la clairvoyance de ces choses ; des milliers d’autres voyaient aussi clair que lui ; tous les vieux jacobins disaient :
– Bonaparte est un ambitieux… il ne pense qu’à lui… nous sommes volés !
Mais de voir ce qui se passe, et de se mettre en travers du courant, cela fait une grande différence ; on a des intérêts, on veut se marier, on est père de famille ; on se rappelle les bassesses et les trahisons de tous les partis, et l’on s’écrie :
« Bah ! qu’est-ce que cela me fait ? s’il est le plus fort, le plus rusé ; si le peuple, le Directoire, les conseils, les généraux se mettent à plat ventre devant lui, à quoi me sert de rester debout ? On m’écrasera, et pour qui ? Pour des égoïstes, des lâches, qui diront : « C’était un fou » et qui profiteront sans honte de mes dépouilles. Moi mort, mes enfants traîneront la misère ; il faut se soumettre. Ceux qui se sacrifient pour la justice et les droits de l’homme sont des bêtes ; on ne leur en a point de reconnaissance. »
Plusieurs ajoutent :
« Mettons-nous avec les flagorneurs, nous aurons des places, des honneurs, des pensions, et nos descendants vivront grassement aux dépens de ceux qui sont trop fiers pour se traîner sur les genoux. »
Mais continuons, car tout cela n’est pas gai, quand on y pense.
Après le départ de Bonaparte, durant quelques jours il ne fut question que des affaires du pays, de l’occupation du Haut-Valais par nos troupes, de la nomination de Bernadotte comme ambassadeur en Batavie ; mais tout le monde pensait à la flotte, aux dangers de la mer, à la poursuite des Anglais, qui ne pouvaient manquer de nous livrer bataille. Aucune nouvelle n’arrivait. Ce grand silence, en songeant à tant de mille hommes et de bons citoyens hasardés dans une pareille entreprise, vous serrait le cœur. On parlait des recherches de nos commissaires à Zurich, pour découvrir de nouveaux trésors ; de la sortie des ports de Crimée d’une flotte russe de douze vaisseaux et de quatorze frégates, pour attaquer la nôtre en route ; du blocus par les Anglais de la rade de Flessingue ; de l’arrestation du citoyen Flick, rédacteur de la Gazette du Haut-Rhin, par ordre de Schawembourg, général en chef de notre armée en Suisse, et d’autres choses pareilles, sans grande importance après tous les mouvements, toutes les agitations qui nous tourmentaient depuis si longtemps.
Et de la flotte rien, toujours rien !
Rapinat seul faisait alors autant de bruit et tenait autant de place dans les gazettes que Bonaparte ; il n’avait jamais assez d’argent, et les Suisses criaient comme une poule en train de pondre ; mais l’idée de la flotte dont personne n’apprenait rien, vous rendait inquiet. Enfin, le 8 juillet, six semaines après le départ de Toulon, on apprit que notre expédition s’était rendue maîtresse de Malte, et que cela ne nous avait coûté que trois hommes ; que le ministre russe, avec quatre-vingts commandants de Malte, avait reçu l’ordre d’évacuer l’île sous trois jours, ce qui nous fit penser que nous pourrions bien avoir bientôt les Russes sur le dos, avec les Autrichiens et les Anglais.
Les conférences de Rastadt continuaient toujours. On nous avait cédé la rive gauche du Rhin et livré Mayence en échange de Venise, mais nos plénipotentiaires demandaient encore Kehl et Cassel sur la rive droite ; ils demandaient aussi la démolition d’Erenbreitstein, que nos troupes continuaient de bloquer pendant les conférences.
Les Allemands, de leur côté, ne voulaient pas consentir à l’abolition des biens nobles et des biens ecclésiastiques sur la rive gauche, que l’Autriche nous avait déjà cédée ; nous aurions eu deux espèces de lois dans la république, celles d’avant et celles d’après 89, chose contraire au bon sens. En outre, il fallait régler les droits de péage et de douanes, l’établissement de nouveaux ponts entre les deux Brisach, et tout cela traînait tellement en longueur, qu’on n’en voyait pas la fin.
Comme ces affaires se réglaient à quelques lieues de chez nous, et que l’abolition des anciens droits de péage, la libre navigation du fleuve, le partage des eaux et des îles devaient profiter à notre commerce, toute l’Alsace et la Lorraine y prenaient part ; Bonaparte n’avait pas voulu s’en occuper ; c’étaient de trop petites affaires pour un si grand génie : sa vue s’étendait alors aux Indes !… Metternich, un des plus grands finauds de l’Allemagne, tenait tête à nos plénipotentiaires.
Le congrès se prolongea toute cette année ; à chaque instant le bruit courait que les conférences étaient rompues. Cette fameuse paix de Campo-Formio, la gloire du général Bonaparte, ne valait pas la belle armée, la belle flotte et la masse de généraux qu’il avait emmenés.
Qu’est-ce qu’une paix, sans forces pour la soutenir ? Aussi le Directoire n’avait pas l’air de s’y fier beaucoup ; le rétablissement de l’impôt sur le sel, la création de contributions sur les portes et fenêtres, l’autorisation qu’il venait d’obtenir des conseils, de vendre encore pour cent vingt-cinq millions de biens nationaux, le décret que les conseils avaient rendu sur le rapport de Jourdan, qu’on recruterait à l’avenir nos armées par la conscription forcée des citoyens de vingt à vingt-cinq ans, tout montrait qu’il fallait des hommes et de l’argent bien vite. Ce n’est pas en se conduisant avec bassesse qu’on peut compter sur l’enthousiasme de la nation ; le Directoire le savait bien ; le temps des volontaires et des sacrifices patriotiques était passé. Quand le peuple n’est rien dans la constitution, il faut le conduire se battre, la corde au cou ; la patrie, c’est alors l’homme qui remporte des victoires et vous fait des pensions.
De jour en jour, et de semaine en semaine, trente mille familles attendaient des nouvelles d’Égypte. On commençait à croire que tout était englouti, quand, le 19 septembre 1798, quatre mois après le départ de l’expédition, on lut dans le Moniteur que le général Bonaparte, après avoir débarqué le 23 messidor à Alexandrie, avait fait un traité d’amitié avec les chefs arabes, qu’il avait dirigé ses colonnes vers le Caire, où il était entré le 5 thermidor, à la tête de l’armée, et qu’enfin, maître de toute la basse Égypte, il continuait sa marche ; que l’escadre de l’amiral Brueys, mouillée sur la côte d’Aboukir, se disposait à retourner en France, lorsqu’une escadre anglaise, supérieure à la nôtre par le nombre et le rang de ses vaisseaux, l’avait attaquée ; que de part et d’autre le combat s’était soutenu avec une opiniâtreté sans exemple dans l’histoire ; que pendant l’action le vaisseau amiral avait sauté ; que deux ou trois autres avaient coulé ; que d’autres tant anglais que français avaient échoué sur la côte, et qu’enfin d’autres vaisseaux français étaient restés totalement désemparés sur le champ de bataille. »
Je n’ai pas besoin de vous peindre la figure des gens en lisant cet article.
– Tout cela, dit Chauvel, signifie que nous n’avons plus de flotte, que notre meilleure armée est à six cents lieues d’ici, dans les sables au milieu des Arabes et des Turcs, sans aucun moyen de revenir en France, ni de recevoir des secours, et que les Anglais, les Italiens et les Allemands vont tirer profit de l’occasion, pour nous accabler ensemble. Pendant la Constituante, la Législative et la Convention, nous n’avons vu que la première coalition ; nous allons voir la seconde : nous allons jouir des bienfaits du citoyen Bonaparte.
Peu de temps après cette terrible nouvelle, on sut que le fameux Nelson, en revenant d’Aboukir avec sa flotte, avait été reçu par le roi de Naples à bras ouverts ; qu’il avait réparé ses vaisseaux dans le port et passé son temps au milieu des fêtes et des triomphes.
Bientôt on apprit que les Russes traversaient la Pologne, et que le roi de Naples attaquait la république romaine ; que le Piémont et la Toscane se mettaient en insurrection. Championnet qui commandait à Rome, partit à la rencontre des Napolitains ; il battit et poussa ces misérables troupes jusqu’à Naples ; des quantités de mendiants, qu’on appelle des lazaroni, sortirent de la ville à leur secours. Championnet, fut obligé de mitrailler cette canaille et de mettre le feu dans ses bicoques. Le père Gourdier, qui se trouvait là, m’a raconté plus tard que ces êtres abrutis dorment en plein soleil sur les marches des églises, et qu’ils se nourrissent d’un peu de macaroni. Je le crois. C’est à cet état que nos anciens rois, nos seigneurs et nos évêques auraient voulu nous réduire, pour vivre sans crainte. La fierté de l’homme, l’instruction, le courage, tout les gêne ; sous de pareils maîtres, le genre humain tomberait tout doucement à l’état de limaces, de chenilles et de lazaroni. Qu’est-ce que cela leur ferait ? Ils seraient alors tranquilles ; et la profonde misère, l’abaissement de leurs semblables ne les empêcheraient pas de se dire les représentants de Dieu sur la terre.
Enfin ces lazaroni furent balayés solidement, et le roi Ferdinand, qui représentait leur bon Dieu, la reine de Naples, sœur de Marie-Antoinette, qui nous haïssait jusqu’à la mort, toute cette cour se sauva lâchement, emportant ses trésors et laissant les mendiants défendre leur vermine comme ils pourraient.
Alors Championnet créa la république Parthénopéenne ; cela faisait la cinquième que nous créions en Italie, toutes aussi solides les unes que les autres.
Pendant que Championnet marchait sur Naples, le Directoire, pour empêcher le roi de Sardaigne d’inquiéter ses derrières, avait envoyé l’ordre à Joubert d’envahir le Piémont. Le roi s’était sauvé dans l’île de Sardaigne, nous avions occupé toutes les places fortes, incorporé son armée dans la nôtre, et nous restions maîtres de tout ce pays, depuis les Alpes jusqu’à la mer de Sicile.
Nous étions alors en décembre ; ainsi finit l’année 1798.