DICTIONNAIRE DES AUTEURS

 

BLISH (James). – 1921-1975. Après des études de biologie, James Blish renonça à la carrière de chercheur scientifique pour celle d’agent en relations publiques et de conseiller littéraire. Cette dernière activité, qui l’obligeait à distinguer puis à expliquer les faiblesses des textes qui lui étaient soumis, eut une influence certaine sur sa propre production de science-fiction : celle-ci fut d’abord marquée par une sorte d’intellectualisme distant, puis par le développement prudent des personnages sur les plans de la vraisemblance et de la psychologie. James Blish s’est signalé en particulier par son traitement du conflit entre la science et la religion dans A Case of Conscience (1958, Un cas de conscience), conflit qu’il présente du point de vue de l’agnosticisme alors même que son personnage central est un ecclésiastique. Il est également l’auteur du cycle Cities in Flight (Aux hommes les étoiles, Villes nomades, La Terre est une idée, Un coup de cymbales), 1956-1970. Sous le pseudonyme de William Atheling Jr., James Blish fit paraître des essais critiques sur des auteurs et des œuvres de science-fiction ; ces essais ont été réunis en livres (The Issue at Hand, More Issues at Hand). Un numéro spécial lui a été consacré, en avril 1972, par The Magazine of Fantasy and Science Fiction, dans lequel il écrit irrégulièrement des chroniques sur les livres nouveaux depuis plusieurs années.

La quête du savoir est-elle un péché ? Cette question préoccupait Blish, et il l’a approfondie dans une sorte de cycle qui se compose d’un roman historique (Doctor Mirabilis, une biographie de Roger Bacon) et de trois récits de science-fiction (Black Easter, The Day after Judgement et A Case of Conscience). Passionné par les écrits d’Ezra Pound, de James Joyce et de James Branch Cabell, et aussi par la musique de Richard Strauss, principalement connu comme auteur de S.-F. – rationnel et intellectuel, mais ouvert aux préoccupations métaphysiques –, Blish estimait cependant que Doctor Mirabilis était son meilleur livre. Il a passé les dernières années de sa vie en Angleterre, et ses manuscrits se trouvent à la Bibliothèque Bodléienne à Oxford.

 

BRAND (Thomas). – L’histoire figurant dans ce volume représente l’unique apparition de cette signature à un sommaire de science-fiction, en l’occurrence celui de l’anthologie Eros in Orbit publiée par Joseph Elder en 1973.

 

EKLUND (Gordon). – Né en 1945, vivant de sa plume depuis 1968, Gordon Eklund est un auteur qui cultive la diversité – de thèmes et de tons. Son premier roman, The Eclipse of Dawn (1971) exprime ses préoccupations sur la décomposition et l’ennui qui lui paraissent menacer la société dans un avenir rapproché. All Times Possible (1974) présente une suggestion ambiguë de renaissance à travers la vision d’un personnage qui va devenir la cible d’une balle. En collaboration avec Gregory Benford, il a écrit If the Stars are Gods (1977), où un astronaute vieillissant est à la recherche d’une libération cosmique. Parfois diffus, occasionnellement contradictoires, les récits de Gordon Eklund possèdent une sorte de pessimisme visionnaire qui stimule l’imagination à travers les questions qu’il suggère.

 

FARMER (Philip José). – Né en 1918, Philip José Farmer travailla pour une compagnie d’électricité, puis pour une entreprise métallurgique, après avoir terminé son collège. Suivant des cours du soir, il obtint en 1950 une licence ès lettres et se lança alors dans une carrière littéraire. Dans le monde de la science-fiction, il apparaît comme une sorte de Janus, regardant simultanément dans deux directions opposées. Il s’est courageusement attaqué, d’une part, à des sujets naguère tabous dans le récit d’anticipation : dans The Lovers (Les Amants étrangers) écrit en 1952 et profondément remanié en 1961, il évoque des rapports sexuels entre êtres d’espèces différentes ; dans Attitudes (1952) et dans d’autres récits rattachés au même cycle, il a considéré la place du missionnaire dans une civilisation dominée par le voyage spatial. D’autre part, Philip José Farmer a donné une dimension nouvelle au récit d’aventures dans la science-fiction, en concevant des univers créés littéralement sur mesure par des héros-dieux qu’il a mis en scène dans le cycle s’ouvrant par The Maker of Universes (1965, Créateur d’univers). Animé par un même souci de pousser aussi loin que possible les limites de son décor, il a imaginé dans le cycle de Riverworld (1965, Le Fleuve de l’éternité) la résurrection de tous les hommes de toutes les époques sur une planète géante. Philip José Farmer a également écrit la biographie suivie de quelques personnages romanesques, qu’il s’est diverti à reconstituer d’après les récits où ces héros avaient été mis en scène : Tarzan et Doc Savage furent les premiers sujets de ces biographies para-romanesques. Farmer s’est aussi amusé à mettre en présence des personnages créés par des auteurs différents – Sherlock Holmes avec Tarzan, Hareton Ironcastle avec Doc Savage, Phileas Fogg avec le professeur Moriarty. Il a justifié ses libertés en inventant la chute d’une météorite dans le Yorkshire en 1795, météorite qui aurait provoqué des mutations chez les cochers et les passagers de deux diligences qui se trouvaient alors dans le voisinage immédiat du point de chute : Farmer a fait de nombreux personnages littéraires célèbres les descendants de ces voyageurs. Ce goût de l’écrivain pour l’interpénétration du réel et du fabulé se distingue aussi par l’introduction de ses alter ego dans l’action, généralement reconnaissables par leurs initiales identiques à celles de l’écrivain : Paul Janus Finegan, alias Kickaha, dans le cycle de The Maker of Universes, Peter Jairus Frigate dans celui de Riverworld. De même, Farmer s’est amusé à utiliser pour son roman Venus on the Half-Shelf (1971) la signature de Kilgore Trout – lequel Trout est un écrivain imaginé par Kurt Vonnegut Jr.

 

GARRETT (Randall). – Né en 1927. Fut pendant plusieurs années le polygraphe de service dans Astounding (et dans d’autres revues aussi, utilisant une bonne quinzaine de pseudonymes) avec des récits correctement construits mais sans originalité mémorable. Est resté par la suite un professionnel compétent plutôt qu’inspiré, mais il écrivit au moins un cycle notable, commençant avec The Eyes Hâve it (1964), où il présente un univers parallèle dans lequel la magie et la sorcellerie obéissent à des lois précises et sont utilisées par un détective pour ce qui serait l’équivalent d’enquêtes policières.

 

GUNN (James Edwin). – Né en 1923. Diplômé en journalisme puis en lettres de l’Université du Kansas où il est chargé de cours, puis professeur, depuis 1970. Il a écrit plusieurs études sur divers aspects de la science-fiction, dont Alternate Worlds : An Illustrated History of Science Fiction (1975). Il a édité une excellente anthologie en quatre volumes reflétant l’évolution du genre, The Road to Science Fiction (1977-1982). Dans ses propres récits, James E. Gunn s’intéresse souvent à la réaction des humains devant l’évolution de la technologie, The Listeners et The Burning (1968-1972) étant représentatifs à cet égard.

 

JORGENSON (A.K.). – Le récit présenté dans ce volume est le seul ayant été accompagné de cette signature.

 

LAFFERTY (Rafael Aloysius). Né en 1914, R. A. Lafferty donna à Judith Merril (dans The Year’s Best S. F., 11e série) les notes suivantes en guise d’esquisse d’autoportrait : « Si j’avais eu une biographie intéressante, je n’écrirais pas de la science-fiction et du fantastique pour l’intérêt de remplacement. Je suis, dans le désordre, quinquagénaire, célibataire, ingénieur électronicien, corpulent. » S’étant mis tardivement à l’activité d’écrivain, Lafferty a rapidement montré qu’il ne ressemblait à aucun autre auteur. Ses idées n’appartiennent qu’à lui, et il en va de même de son style narratif, qui peut paraître bâclé et mal équilibré de prime abord, mais qui possède en réalité une vivacité et une souplesse rythmique peu communes. Dans les univers de Lafferty, l’absurde et l’impossible peuvent se succéder sans attirer l’attention des personnages, ni heurter le lecteur. Ils suffisent, avec les étincelles d’une imagination infatigable, à justifier des récits où il n’y a ni message, ni confession. Parmi ses romans, Past Master (1968) met en scène Thomas More, appelé dans le futur pour résoudre les problèmes d’une société qui devrait être utopique – thème qui donne un aperçu de la manière dont agit la « logique » de l’auteur. Ce dernier est cependant encore plus à l’aise dans le genre de la nouvelle, dont Dœs Anyone Here Have Something Further to Add (1974, Lieux secrets et vilains messieurs) offre un bon recueil R. A. Lafferty ne fera certainement pas école – il est trop inimitable pour cela – mais sa conversion tardive de l’électronique à la littérature s’est traduite pour la science-fiction par un enrichissement aussi substantiel qu’imprévisible : une nouvelle forme de la rationalisation de la démence.

 

LEIBER (Fritz). – Fils d’un acteur de théâtre et de cinéma qui eut son heure de célébrité dans les années vingt, et qui portait le même prénom que lui, Fritz Leiber Jr naquit en 1910 et découvrit très tôt le théâtre de Shakespeare dans les tournées de son père. Il obtint une licence de philosophie en 1932, essaya divers métiers dont celui de prédicateur religieux et celui d’acteur dans la troupe de son père. Débute en 1939 dans Unknown, l’excellente mais éphémère revue de fantastique que John W. Campbell Jr dirigeait parallèlement à Astounding et où il publia les premières aventures héroïques du Grey Mouser et de Fafhrd (Le Cycle des épées, Le Livre de Lankhuiar). En même temps paraissaient dans Weird Tales des nouvelles fantastiques comme The Hound (1940) sur « les êtres surnaturels d’une cité moderne ». Enfin il passa au roman avec Conjure Wife (Ballet de sorcières, 1943) puis Gather Darkness ! (À l’aube des ténèbres, 1943) et Destiny Times Three ; dans ces deux derniers livres, il se convertit à la science-fiction, mais comme à regret et en conservant de nombreuses références à la sorcellerie. En 1945, il devient co-rédacteur en chef de Science Digest et s’arrête d’écrire. De 1949 à 1953, il signe une série de nouvelles sarcastiques pour Galaxy, dont Corning Attraction (1951) et The Moon is Green (La Lune était verte, 1952). Cette double activité professionnelle finit par le mener à la dépression ; il se met à boire, et tout finit par une cure de désintoxication. Enfin il quitte Science Digest en 1956 et recommence à publier en 1957. Cette troisième carrière est de beaucoup la plus brillante, avec notamment deux romans qui obtiennent le prix Hugo : The Big Time (La Guerre dans le néant, 1958) et The Wanderer (Le Vagabond, 1964). Fritz Leiber est peut-être, avec Theodore Sturgeon, l’auteur le plus original de sa génération : son ton inimitable, où l’horreur et l’humour font pour une fois bon ménage, lui a souvent valu d’être incompris dans le passé et ce n’est que depuis les années soixante qu’on lui rend pleinement justice. Le numéro de juillet 1969 de The Magazine of Fantasy and Science Fiction lui a été consacré.

 

MERRILL (Judith). – Née Judith Zissman en 1923, Judith Merrill fut mariée à Frederik Pohl. Ayant fait du travail de documentaliste pour un romancier, puis pour un historien, elle se mit à écrire à son tour. Son premier récit de science-fiction fut publié en 1948. Plusieurs de ses nouvelles se distinguent par un point de vue féminin, voire féministe. En 1956, Judith Merrill fit paraître une anthologie de récits parus en 1955 (S. F. : The Year’s Best) qui fut suivie de onze autres. Les premières rassemblèrent effectivement plusieurs des meilleurs récits de l’année ; la qualité baissa cependant par la suite, au fur et à mesure que Judith Merrill puisait toujours plus largement ses récits hors des magazines spécialisés, dans son désir de faire ressortir la diffusion toujours plus grande du genre. Judith Merrill fut aussi critique de livres, dans The Magazine of Fantasy and Science Fiction notamment, et elle fut dans une large mesure responsable de la vogue aux États-Unis de ce qu’on appela la « Nouvelle Vague » de la science-fiction, illustrée en particulier par James G. Ballard et Harlan Ellison.

 

POHL (Frederik). – Né en 1919, Frederik Pohl a pratiquement tout fait dans le domaine de la science-fiction (à l’exception, semble-t-il, du travail d’illustrateur). Il a été, successivement ou simultanément, agent littéraire, rédacteur en chef de magazines (notamment de Galaxy, entre 1961 et 1969), critique de livres, éditeur d’anthologies, conférencier et auteur. Dans cette dernière activité, il s’est longtemps caractérisé par sa verve satirique et par une efficience méthodique qui l’a poussé à toujours exploiter aussi totalement que possible les implications d’un thème, d’une situation – d’une idée en général. Il collabora souvent avec C. M. Kornbluth, et a signé avec lui en 1953 le plus célèbre roman auquel son nom reste attaché, The Space Merchants (Planète à gogos). The Magazine of Fantasy and Science Fiction lui a consacré un numéro spécial en septembre 1973. En tant que romancier, Pohl donna ses meilleures œuvres relativement tard. Il obtint en 1977 le prix Nebula pour Man-Plus (Homme-Plus), où il raconte sans complaisance l’histoire d’un humain transformé pour pouvoir survivre sur Mars. En 1978, il obtint le Nebula et le Hugo pour Gateway, qui combine les motifs de l’exploration interplanétaire, de la psychanalyse et de la survie stochastique. Il a été président des Science Fiction Writers of America en 1974-1976. Frederik Pohl a évoqué ses mémoires d’écrivain dans un chapitre de Hell’s Cartographers (1975), publié par Brian W. Aldiss et Harry Harrison, ainsi que dans une autobiographie, The Way the Future Was (1978).

 

RUSS (Joanna). – Née en 1937, Joanna Russ fit des études de lettres et enseigna dans plusieurs universités. Elle publia sa première nouvelle de science-fiction en 1959. Ses récits ultérieurs firent connaître son attitude féministe, exprimée à travers des variations sur des thèmes classiques. Une héroïne nommée Alyx apparut d’abord comme une guerrière d’heroic fantasy, puis Joanna Russ en fit la protagoniste d’un roman de science-fiction, Picnic on Paradise (1968), montrant les réactions de personnages issus de milieux civilisés en face d’une culture primitive qu’ils prétendent admirer. Dans And Chaos Dies (1970), Joanna Russ utilise les motifs des pouvoirs parapsychiques, de l’utopie et de la critique sociale. The Female Man (1975) est la confrontation d’une femme avec ses autres « moi » issus d’univers parallèles. Joanna Russ a en outre écrit des critiques de livres dans The Magazine of Fantasy and Science Fiction.

 

SARGENT (Pamela). – Née en 1948, diplômée en philosophie, Pamela Sargent se signala à l’attention en éditant Women of Wonder (1972, Femmes et Merveilles) et d’autres anthologies éclairant des préoccupations féministes dans la science-fiction moderne. Dans son roman Cloned Lires (1976) elle examine, loin de toute sensiblerie, le problème des relations entre membres d’une « famille » de clones.

 

SHECKLEY (Robert). – Né en 1928, Sheckley fit ses débuts en 1952 et s’imposa, au cours des années suivantes, comme l’auteur-vedette de Galaxy qui, à certaines époques, publiait une nouvelle de lui tous les mois et parfois plus (les nouvelles excédentaires étant signées de pseudonymes, tels que Phillips Barbee et Finn O’Donnevan). Il contribua plus qu’aucun autre à donner du rythme au récit de science-fiction en éliminant tout ce qui ralentissait l’action et notamment les références scientifiques – ce qui rapproche beaucoup ses nouvelles des contes merveilleux. En outre, il excelle dans l’art du sous-entendu ironique à la manière de Voltaire, tirant des effets brillants de contraste entre la lettre et l’esprit d’une situation. Sheckley est avant tout un auteur de nouvelles (plus d’une centaine), mais il a écrit quelques bons romans comme The Status Civilization (1960, Oméga), Mindswap (1965, Echange standard) et Dimension of Miracles (1968, La Dimension des miracles), sans oublier ses incursions dans le roman noir comme Dead Run (1961, Chauds les glaçons). Sa nouvelle The Seventh Victim (1953, La Septième Victime) ayant été adaptée au cinéma par Elio Pétri sous le titre de La Décima Vittima, il en tira un roman de ce titre (1965). Depuis plusieurs années, la signature de Sheckley apparaît moins souvent dans les revues spécialisées ; mais les récits qu’il publie dans des magazines comme Playboy prouvent que son talent satirique ne s’est nullement émoussé.

 

SILVERBERG (Robert). – Né en 1935. De son passage à l’Université Columbia, il a gardé des goûts littéraires classiques (Eliot, Yeats). Débuts en 1954. Très fécond, il se spécialise dans la production en série (plus de deux cents titres publiés jusqu’en 1960, sans compter les nouvelles signées de pseudonymes), ce qui ne l’empêche pas de recevoir en 1956 le prix Hugo décerné au « jeune auteur le plus prometteur ». DE 1960 À 1965, il tourne le dos à la science-fiction et devient résolument polygraphe : romans pornographiques, livres pour la jeunesse, vulgarisation scientifique et historique, tout sort de sa machine à écrire, y compris un livre sur la fondation de l’Etat d’Israël, If I Forget Thee, O Jérusalem. Il revient à la science-fiction en 1965 et joue un rôle important dans la « Nouvelle Vague » comme critique de livres à la revue Aniazing, président des Science Fiction Writers of America (1967-1968) et anthologiste (New Dimensions, à partir de 1971). Ses œuvres les plus importantes sont surtout des romans : Thorns (1967, Un jeu cruel), The Man in the Maze (1968, L’Homme dans le labyrinthe), Nightwings (1968-1969, Roum, Pérris, Jorslem ou Les Ailes de la nuit), The World Inside (1971, Les Monades urbaines), Son of Man (1971, Le Fils de l’homme), The Book of Skulls (1972). Les rééditions récentes de plusieurs de ces livres comportent des introductions originales de Silverberg, lesquelles font connaître les modes de pensée d’un auteur qui a su passer de l’état de polygraphe à celui d’écrivain authentique. Elles portent aussi, sur leur couverture, un jugement d’Isaac Asimov : « Là où Silverberg va aujourd’hui, le reste de la science-fiction suivra demain ». En avril 1974, The Magazine of Fantasy and Science Fiction consacra un numéro spécial à Robert Silverberg.

 

STURGEON (Theodore). – Pseudonyme d’Edward Hamilton Waldo, né en 1918 d’une famille installée en Amérique depuis le XVII  et comptant beaucoup de membres du clergé. Mère divorcée en 1927 et remariée en 1929 avec un homme très autoritaire qui interdit les magazines de science-fiction à son beau-fils. Débuts en 1939 ; publie surtout du fantastique dans Unknown, accessoirement de la science-fiction dans Astounding. Lancé par It (1940, Unknown), il reste pourtant un auteur maudit à cause de ses tendances morbides : le célèbre Bianca’s Hands (Les Mains de Bianca), écrit en 1939, ne parut qu’en 1947. La mobilisation, puis le divorce (1945), le réduisirent au silence. John W. Campbell Jr. l’ayant aidé à sortir de la dépression, il reprend sa collaboration à Astounding et confie ses textes fantastiques à Weird Tales ; il n’écrit plus alors que des « histoires thérapeutiques », c’est-à-dire centrées sur un personnage de malade et cherchant comment on peut le guérir. Surtout connu comme auteur de nouvelles, il a néanmoins écrit deux excellents romans, The Dreaming Jewels (1950, Cristal qui songe) et More Than Human (1954, Les Plus qu’humains). Malheureusement, il reste psychologiquement vulnérable : un deuxième divorce l’ébranlé à peine en 1951, mais la rupture de son troisième mariage l’atteint plus profondément à la fin des années 50 ; il cesse d’écrire de la science-fiction, vit à l’hôtel et travaille pour la télévision, ne répondant ni à son courrier ni au téléphone. À la suite d’un quatrième mariage en 1969, il reprend espoir et se remet à écrire. Bien qu’il soit un auteur instinctif, écrivant d’un seul jet sans se corriger, il est fort admiré par la « Nouvelle Vague » pour son sens du bizarre et son désir de comprendre et surtout de ressentir les émotions les plus singulières de ses personnages. Il a été critique de livres pour la National Review et Galaxy notamment. The Magazine of Fantasy and Science Fiction lui a consacré un numéro spécial en septembre 1962.

 

VONNEGUT (Kurt. Jr). – Né en 1922. Refuse d’être classé parmi les écrivains de science-fiction, bien que plusieurs de ses premiers récits – Report on the Barnhouse Effect (1950) et le roman satirique Player Piano (1952) – se rattachent clairement à ce domaine. Souvent considéré comme une figure de proue de la contre-culture américaine des années 60, il est avant tout un satiriste dont la sûreté d’écriture s’est adaptée au roman en évoluant vers une expression assez saccadée, délibérément répétitive parfois. Le plus connu de ses romans de science-fiction, The Sirens of Titan (1959, Les Sirènes de Titan), a l’allure de l’amplification sardonique d’un thème : celui de la vanité de toutes choses, la technologie et l’histoire humaines comprises.

WOLFE (Gene). – Né en 1931. Ingénieur diplômé, rédacteur d’un magazine professionnel spécialisé. Ses récits unissent une minutieuse attention envers la science à une écriture précise, évitant les effets brutaux. Sa trilogie de nouvelles, The Island of Doctor Death and Other Stories (1970, L’Ile du docteur Mort et autres histoires), The Death of Doctor Island (1973, La Mort du docteur ile) et The Doctor of Death Island (1978, Le Docteur de l’île de la Mort) joue sur les relations entre le monde réel et l’imaginaire, à travers un emprisonnement suggéré par les permutations de mots dans les titres. The Fifth Head of Cerberus (1972, La Cinquième Tête de Cerbere) réunit trois textes en un récit de colonisation planétaire utilisant extra-terrestres, ethnologie et clones. Gene Wolfe est un auteur original, profond, qui mériterait d’être plus largement lu, comme en témoigne également le cvcle de Severian le Bourreau (1980-1982, L’Ombre du bourreau, La Griffe du demi-dieu, L’Epée du licteur, La Citadelle de l’autarque).

 

ZEBROWSKI (George) – Né en 1945 en Autriche de parents polonais, élevé en Angleterre et aux Etats-Unis. Se signala en 1972 par son roman Oméga Point, où le thème de la quête spatiale est traité avec des résonances métaphysiques. Ashes and Stars (1977) se rattache au même cvcle, tandis que The Star Web est un space opera plus conventionnel.