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Plus vite que les loups, courait le bruit de leur présence.

D’un village à un autre, la nouvelle faisait son chemin semant à la fois la terreur et l’envie. Car si les chasseurs se plaisaient à effrayer le monde, ils jubilaient à l’idée des grandes aventures qui se préparaient. La montagne et la forêt qui la recouvrait en partie portaient le souvenir des époques où ces monstres avaient terrorisé le pays. L’approche de l’hiver augmentait l’angoisse. Des récits s’étaient forgés au cours des siècles et l’on aimait à revivre ces veillées de jadis où, durant des heures, on reprenait les mêmes propos de coins du feu. Le vent, à cette époque, ne chantait pas la même chanson. Il poussait une plainte qui semblait faire écho aux hurlements des loups. La peur qui hantait les bergeries gagnait les demeures des humains. Ces voix venues du fond des clairières vernies de lune glaçaient le sang dans les veines des adultes comme dans celles des enfants. La haine du loup prenait sa place dans la vie des hommes. Elle y entrait pour toujours.

C’est qu’en ces époques reculées, l’homme était plus faible. Il ne disposait pas des mêmes armes. Et les loups plus nombreux n’hésitaient pas à s’approcher des maisons, à venir gratter le sol à la porte des étables. Certains allaient jusqu’à égorger les chiens attachés près de leur niche.

Même habités par la peur que ces récits coulaient en eux, les enfants rêvaient aussi de livrer bataille à des bandes de loups. À l’école, ils jouaient à tuer le loup.