170: Le 6 février 1806, à Santo-Domingo, capitale de la partie espagnole de l'île de Saint-Domingue, cédée à la France par le traité de Bâle et où le général Ferrand s'était maintenu après le triomphe de l'insurrection dans l'ancienne colonie française. L'amiral de Leissègues, parti de Brest le 13 décembre 1805 avec cinq vaisseaux, deux frégates et une corvette, avait porté mille hommes de renfort au général Ferrand.
171: L'escadre de l'amiral Duckworth se composait de 7 vaisseaux, 2 frégates et 2 bâtiments légers. Voyez, sur le combat, Fr. Chassériau, Précis historique de la Marine française, t. I, p. 338.
172: Dans le comté de Glocester, à quatorze kilomètres N.-E. de Glocester.
173: Dans le comté de Somerset, à dix-sept kilomètres E. de Bristol.
174: Petit pieu en fer dont on se sert pour attiser le feu de charbon de terre dans les cheminées anglaises.
175: À trente-quatre kilomètres N.-E. de Winchester.
176: En 1807, Georges III avait sept fils, le prince de Galles, plus tard Georges IV, le duc d'York, le duc de Clarence, le futur Guillaume IV, le duc de Kent, père de la reine Victoria, le duc de Cumberland qui devint en 1837 roi de Hanovre sous le nom d'Ernest-Auguste, le duc de Sussex, le duc de Cambridge.
177: Louis-Jean-Marie-Népomucène Rousseau, né à Angerville, près d'Étampes, le 18 avril 1787, appartenait à une très honorable famille de l'Orléanais. Il entra dans la Marine en qualité de novice, vers le milieu de l'an XII, à l'âge de seize ans, et devint successivement aspirant de 2me, puis de 1re classe. Lorsque, le 13 décembre 1805, la division du contre-amiral de Leissègues réussit à tromper la vigilance de la croisière anglaise et à sortir de Brest, Louis Rousseau était embarqué sur un des vaisseaux de cette division, l'Alexandre, commandant Garreau. Doué d'une grande intelligence et d'une merveilleuse énergie, le jeune aspirant vit sa carrière brisée par le combat du 6 février 1806, dans lequel il se signala, du reste, par sa valeur. Prisonnier avant d'avoir atteint l'âge de dix-neuf ans, il fit vingt-deux tentatives d'évasion, dont M. de Bonnefoux raconte quelques-unes, d'une audace singulière. Nous aurons l'occasion de retrouver la belle et attachante figure de Louis Rousseau. Son fils, Armand Rousseau, inspecteur général des Ponts et Chaussées, né à Treflez (Finistère), le 24 août 1835, mort gouverneur général de l'Indo-Chine, à Hanoï, le 10 décembre 1896, tenait de lui «son imagination ardente, son caractère entreprenant et énergique, et ce courage qui ne reculait devant aucune tâche et n'en entreprenait aucune sans espérer la mener à bien». M. C. Colson, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, le constate avec raison dans sa Notice sur la vie et les travaux d'Armand Rousseau (Annales des Ponts et Chaussées, 1er trimestre 1897).
178: Chatham. Ville, port et arsenal d'Angleterre, comté de Kent, sur la Medway, à 17 kilomètres de son embouchure.
179: À 16 kilomètres E. N. E. de Chatham.
180: En 1835.
181: La Medway débouche dans l'estuaire de la Tamise.
182: Deal, ville maritime dans le comté de Kent, sur le Pas-de-Calais.
183: Samuel Johnson, célèbre écrivain anglais, né à Lichfield le 18 septembre 1709, mort à Londres le 13 décembre 1784.
184: À vingt-sept kilomètres nord-ouest de Leicester.
185: Ville du comté de Sussex, à 13 kilomètres nord-est de Hastings.
186: Ce fut pendant cette période, au commencement de 1814, que M. de Bonnefoux épousa une belle et charmante jeune fille qu'il adorait, Mlle Pauline Lormanne, fille du colonel Lormanne, directeur d'artillerie à Rochefort. Un fils leur naquit bientôt, mais mourut à l'âge de six mois. Ils en eurent un second en 1816, celui auquel s'adresse l'auteur de ces Mémoires. Enfin, l'année suivante, M. de Bonnefoux eut la douleur de perdre sa femme.
187: Mme Lormanne, femme du colonel Lormanne.
188: Dans les pages suivantes, l'auteur parlait à son fils de son second mariage; il nous a paru préférable de les supprimer. Ce second mariage qui fit le bonheur de sa vie eut lieu à Paris à la fin de 1818. M. de Bonnefoux épousa Mlle Nelly La Blancherie, fille d'un officier de marine, mort jeune. De ce mariage naquit en 1819 Mlle Nelly de Bonnefoux, qui devint plus tard Mme Pâris. Sa mère Mme de Bonnefoux lui survécut neuf ans et mourut seulement au mois de décembre 1879.
189: Angerville-la-Gate, commune du département de Seine-et-Oise, arrondissement d'Étampes, canton de Méréville.
190: Cette lettre est datée du 15 mai 1836, en rade de Brest.
191: Louis Rousseau partit pour la Bretagne, dans les premiers jours de 1823, sur les indications d'un de ses anciens amis, M. du Beaudiez. Il acquit des héritiers de M. Soufflès-Desprez, ancien chirurgien de marine, la plaine de Treflez, concédée à ce dernier, en 1789, par le duc de Penthièvre, et formée à peu près en totalité de sables volants qui se déplaçaient à chaque coup de vent. Il acheta aussi l'étang du Louc'h, qu'il réussit à dessécher, et enfin entreprit de conquérir sur la mer des terrains que celle-ci couvrait à chaque marée. La digue de Goulven, destinée à réaliser ce dernier projet, fut commencée au printemps de 1824. L'œuvre ne s'accomplit pas sans difficultés et entraîna de gros sacrifices d'argent. Les travaux de Louis Rousseau ont eu néanmoins pour résultat d'ouvrir des voies de communication entre des régions qui en étaient privées, d'assainir des marais, de livrer à l'agriculture de vastes espaces et de fixer des sables qui dévastaient la contrée. Pendant les vingt dernières années de sa vie, Louis Rousseau rêva de fonder une «tribu chrétienne», sorte de phalanstère chrétien, dont les membres devaient se livrer en commun et à titre d'associés aux travaux agricoles. Il développa ses idées dans un livre intitulé, la Croisade au XIXe siècle. Louis Rousseau mourut le 24 septembre 1856, moins d'un an après son ami, le commandant de Bonnefoux.
192: Belle promenade de Bayonne.
193: Lancerotte (Lanzarotte) une des îles Canaries.
194: Fortaventure (Fuerteventura) une des îles Canaries.
195: (Note de l'auteur empruntée à son Précis historique sur la Guyane française inséré dans les Nouvelles Annales de la Marine et des Colonies, t. IX, 1852, p. 47 et suiv., p. 184 et suiv.) Quoique la Guyane nous eût été rendue par les traités de 1814 et de 1815, cependant ce ne fut qu'en 1817 que la France se décida à en envoyer reprendre possession. Je n'ai jamais pu connaître le véritable motif d'un délai aussi prolongé, seulement j'ai entendu dire que cela avait tenu à des difficultés diplomatiques. Peut-être était-ce à cause des délimitations? Quoiqu'il en soit, les rapports officiels qui furent envoyés en France à cette époque, ne faisaient monter la population de la colonie qu'à sept cents blancs, huit cents affranchis, et quinze mille esclaves, ce qui formait seulement un total de seize mille cinq cents âmes.
Ce fut le général Carra Saint-Cyr qui fut chargé de la reprise de possession et du gouvernement de la Guyane: ses actes les plus remarquables y furent la destruction d'une bande de nègres marrons qui, sous les ordres d'un chef nommé Cupidon, désolaient le pays, et l'introduction de vingt-sept chinois qu'à grands frais on alla chercher à Manille, dans l'espérance de naturaliser à Cayenne la culture du thé. Il paraît que cette tentative fut fort mal dirigée: ces hommes d'abord, trop peu surveillés, au lieu de se livrer à un travail sérieux, vécurent entre eux de la manière la plus honteuse, et presque tous périrent au bout de quelque temps: nous en avons vu, un peu plus tard, cinq ou six, triste débris de cette expédition, employés comme ouvriers ordinaires aux travaux de la direction d'artillerie.
À tort ou à raison, les colons se plaignirent bientôt des exigences des employés de l'administration, et ces plaintes parvinrent à Paris; le général Carra Saint-Cyr fut rappelé, et M. le baron de Laussat fut nommé pour le remplacer.
196: Le baron Pierre-Bernard Milius, maître des requêtes au Conseil d'État, était capitaine de vaisseau depuis le 1er juillet 1814. Il était né à Bordeaux en 1773. Il avait montré beaucoup de bravoure pendant les guerres maritimes de la Révolution. Ce fut lui qui ramena en France après la mort de son chef, le capitaine Nicolas Baudin, l'expédition du Géographe qui avait exploré les côtes sud de la Nouvelle-Hollande. Il devait plus tard se distinguer à Navarin et y gagner les épaulettes de contre-amiral. Le baron Milius mourut en 1829 à Bourbonne-les-Bains.
197: Note de l'auteur empruntée à son Précis historique sur la Guyane française. Ce fut au commencement de 1823 que le bâtiment qui le portait fut signalé sur la côte; j'appareillai aussitôt pour aller à sa rencontre et je rentrai avec lui; il était accompagné de Mme Milius qu'il venait d'épouser, et qui était aussi remarquable par sa jeunesse que par son amabilité. La cérémonie de la réception du nouveau gouverneur par M. de Laussat, fut noble et de bon goût, et les paroles qu'il prononça sur l'état présent de la colonie firent une vive impression. Je n'oublierai jamais, car j'en fus profondément touché, que quand il passa devant moi, il eut la bonté de me présenter une main affectueuse, et qu'à portée de voix de M. Milius, il me dit, lui qui était sobre de compliments: «Je vous remercie du concours actif et éclairé que vous m'avez prêté, et je vous ferai valoir au ministre comme vous le méritez!» Le ton de cette phrase était un peu bien administratif; mais, de la part de M. de Laussat, elle avait beaucoup de prix.
198: Note de l'auteur empruntée au même article que la précédente.—Quelque temps auparavant, un fonctionnaire que je respectais et que j'estimais infiniment, avait laissé un grand vide, tant sa maison, dont sa femme et lui faisaient les honneurs, avec une grâce parfaite, était recherchée par tout le monde. C'était M. Boisson, commissaire de marine, qui était chargé des détails administratifs, et qui avait été nommé contrôleur à la Martinique. M. Mézès, trésorier de la Colonie, fut encore de ma part, l'objet de bien des regrets, il était chéri de tous; c'était un ancien ami de MM. de Martignac et de Peyronnet, deux des ministres les plus éloquents ou les plus marquants de la Restauration, et il aimait beaucoup à recevoir; il avait une fille qui était appelée la «Rose de la Guyane» et lui, je l'en avais surnommé le Lucullus. Que de belles parties de bouillotte ou de whist, que de beaux et agréables dîners ou soupers on faisait chez lui! Il avait l'heureux don des vers; les siens respiraient une légèreté, une finesse charmantes; c'était du Boufflers et du Parny tout purs; en un mot, il était homme de bien, de cœur et d'esprit. Il succomba plus tard sur cette terre et je n'ai pas eu la douceur de le revoir en France comme nous nous l'étions si bien promis.
199: Voyez la note précédente et à la fin du volume l'Appendice sur Victor Hugues.
200: Le directeur du personnel était alors le comte d'Augier, contre-amiral, conseiller d'État. François, Henri, Eugène d'Augier avait été préfet maritime en même temps que M. de Bonnefoux et il lui avait succédé à Rochefort en 1815.
201: Aimé-Marie-Gaspard, marquis puis duc de Clermont-Tonnerre, pair de France, lieutenant général, né à Paris, le 27 novembre 1779 était un ancien élève de l'École Polytechnique. Après avoir quitté le ministère de la Marine pour celui de la Guerre, il tomba du pouvoir en décembre 1827 avec le cabinet Villèle. Après la Révolution de 1830, M. de Clermont-Tonnerre donna sa démission de pair de France et rentra dans la vie privée. Il mourut le 8 janvier 1865.
202: André-Jean-Christophe, comte de Chabrol de Crousol, né à Riom le 16 novembre 1771 était le frère du préfet de la Seine de Napoléon et avait été lui-même préfet sous l'Empire. Sous-secrétaire d'État au ministère de l'Intérieur en 1817, élu député en 1821, il devint pair de France en 1823 et ministre de la Marine le 4 août 1824.
203: Louis-Victor-Antoine-Marie, vicomte de Gallard de Terraube, capitaine de vaisseau honoraire, ancien émigré.
204: Ce Dictionnaire abrégé de Marine parut en 1834. C'est un volume in-8o de 338 pages.
205: Les pages 325 à 337 sont consacrées à ce sujet. Le Dictionnaire abrégé de Marine repose donc déjà sur l'idée qui devait plus tard donner naissance au Dictionnaire de la Marine à voiles et de la Marine à vapeur.
206: L'admission de Léon de Bonnefoux aux examens de sortie de l'École de Saint-Cyr.
207: Je me borne à rappeler ici que cette Notice, écrite en 1836, du vivant de l'ancien préfet maritime, et qui n'a jamais été publiée, forme le complément naturel des Mémoires. Voyez la Préface.
208: Baptiste-François-Casimir de Bonnefoux.
209: D'après son acte de baptême, que nous avons eu entre les mains, Casimir de Bonnefoux naquit le 4 mars 1761 à Marmande, de messire Léon de Bonnefoux, écuyer et de dame Catherine de Faget. Il eut pour parrain l'abbé Faget de Cazaux. Son père qui, comme on l'a vu dans les Mémoires, était un officier retiré du service avec la croix de Saint-Louis fut, l'année même de sa naissance, nommé par l'intendant de Bordeaux adjoint à M. Faget de Cazaux subdélégué de Marmande. M. Philippe Tamizey de Larroque relève le fait dans sa Notice sur la ville de Marmande, p. 115. Sous l'ancien régime, le subdélégué était le mandataire de l'intendant, qui le choisissait et le révoquait. Il différait, à cet égard, du sous-préfet actuel.
210: Aspirant-garde de la marine à Rochefort le 1er avril 1779, garde de la marine le ler juillet 1780, sa nomination d'enseigne de vaisseau date du 14 septembre 1782.
211: Voyez dans les Mémoires les notices consacrées à Bruix et à de Crès.
212: Casimir de Bonnefoux navigua d'abord comme garde de marine, puis comme enseigne de vaisseau sur la frégate la Fée, du 11 avril 1782 au 26 décembre 1783. Ce fut à la suite d'un combat dans lequel il s'était distingué que le roi le nomma enseigne de vaisseau le 14 septembre 1782.
213: En qualité d'enseigne il servit sur le vaisseau le Réfléchi et sur la frégate la Danaë. Promu lieutenant de vaisseau le 1er mai 1786, il commanda en 1791 l'aviso le Sans-Soucy.
214: D'après les États de service de M. de Bonnefoux il fut nommé capitaine de vaisseau le 1er janvier 1793, et chef de division le 20 mars 1796. Son incarcération au château de Brest date de la fin de 1793 ou des premiers jours de 1794. Sa destitution comme noble eut sans doute lieu en même temps que celle de son chef Morard de Galle, c'est-à-dire le 30 novembre 1793 et il fut réintégré dans le corps un peu après lui.
215: M. de Bonnefoux commanda le vaisseau le Terrible du 25 mai 1793 au 26 octobre de la même année. En qualité de lieutenant de vaisseau il avait exercé une première fois les fonctions de chef du pavillon du contre-amiral Morard de Galle sur le vaisseau le Républicain, du 6 juillet 1792 au 3 décembre de la même année. Le 10 novembre 1792 (an 1er de la République française), Monge, ministre de la Marine, écrivait la lettre suivante au citoyen Morard de Galle, contre-amiral commandant l'escadre de Brest: «Les bons témoignages que vous me rendez de la conduite et du patriotisme du citoyen Bonnefoux ne peuvent que me donner une bonne opinion de cet officier et me porter à lui procurer une marque de confiance. J'en saisirai l'occasion avec plaisir et je vous prie d'être persuadé que je n'oublierai point tout le bien que vous m'avez dit de lui, je vous invite même à l'assurer de mes dispositions à son égard.» Nous avons eu entre les mains l'original autographe de cette lettre.
216: Justin Bonaventure Morard de Galle de la Bayette, né le 30 mars 1741 à Goncelin (Dauphiné) servit successivement sous l'ancien régime dans l'armée de terre et dans l'armée de mer. Il avait pris part d'une façon distinguée à la guerre de l'Indépendance d'Amérique, pendant laquelle il fut blessé deux fois. La Révolution le trouva capitaine de vaisseau et le nomma contre-amiral le 1er janvier 1792, vice-amiral le 1er janvier 1793. Destitué comme noble par mesure de sûreté générale le 30 novembre 1793, réintégré dans la marine le 3 mars 1795, il devint commandant des armes à Brest (chef militaire du port) le 3 avril 1796. Devenu membre du Sénat après le 18 brumaire, le vice-amiral Morard de Galle mourut en 1809. Il avait assisté à quinze combats.
217: Antoine-Jean-Marie Thévenard, né à Saint-Malo le 7 décembre 1733, entra en 1745 au service de la Compagnie des Indes et s'éleva successivement de grade en grade jusqu'à celui de capitaine de vaisseau. Entré dans la marine royale en 1770 comme capitaine du port de Lorient il devint capitaine de vaisseau en 1773, chef d'escadre en 1784. La Révolution le nomma ministre de la Marine et des Colonies le 16 mai 1791, puis vice-amiral en 1793. Le vice-amiral Thévenard, après avoir commandé la marine à Brest et à Toulon, devint préfet maritime à Lorient et membre du Sénat. Retraité en 1810, il mourut le 9 février 1815.
218: M. de Bonnefoux fut adjudant général au port de Brest du 5 août 1798, au 17 septembre 1800.
219: Une note du dossier de M. Casimir de Bonnefoux, contemporaine, semble-t-il, de l'époque où il était adjudant général, au port de Brest résume ainsi l'opinion de ses chefs sur son compte: «De l'honneur, du courage et des moyens.»
220: Sur la campagne de l'amiral Bruix, voyez les Mémoires, liv. ii, ch. II.
221: Sur Caffarelli, voyez ces Mémoires, p. 87, note 1.
222: Son titre officiel fut inspecteur des classes dans le VIe arrondissement maritime.
223: Nommé préfet maritime du Ier arrondissement le 20 septembre 1803, M. de Bonnefoux conserva ce titre jusqu'au 15 avril 1812. Par décision du 24 janvier 1804 il reçut en outre celui d'amiral de la flottille, avec ordre d'exercer les fonctions attribuées à l'amiral Bruix.
224: La colonne Napoléone fut en outre inaugurée le 15 août 1841. Sur la construction de la flottille de Boulogne on peut consulter P. J.-B. Bertrand, Précis de l'histoire physique, civile et politique de la ville de Boulogne-sur-Mer et de ses environs depuis les Morins jusqu'en 1814. Boulogne-sur-Mer 1828, 1829, 2 volumes in-8o.
225: Au nombre des officiers attachés à la personne de M. de Bonnefoux à Boulogne, fut le lieutenant de vaisseau Duperré dont il ne tarda pas à reconnaître le mérite, et dont il voulut se séparer pour le mettre sur la route qui devait le conduire à ses belles actions de l'Île de France et de Santi-Petri! Après ce dernier fait d'armes, M. Duperré fut élevé à la dignité de vice-amiral, et ensuite nommé préfet maritime. On connaît la glorieuse part qu'en 1830, il a prise à la conquête d'Alger, et qui lui a valu la pairie et le bâton de maréchal de France. Il fut ensuite nommé ministre de la Marine en 1834. À son retour d'Alger, M. l'amiral Duperré avait pensé à son ami, et il retarda son retour à Paris et auprès de sa famille, pour aller passer quelques jours à la campagne chez M. de Bonnefoux. (Note de l'auteur.)
226: Les fatigues du commandement de la flottille achevèrent d'altérer la santé déjà affaiblie de l'amiral Bruix, qui, un jour, exprima à Napoléon la crainte de ne pouvoir longtemps lui rendre des services. «Mais, lui répondit l'empereur, vous vivrez bien encore six mois; alors la descente sera faite et nous n'aurons plus besoin de vous.» L'Amiral Bruix avait contribué au renversement du Directoire, et ses talents mêmes ou son amabilité parfaite à part, il devait être cher à Napoléon; ainsi, tout dit que ces paroles n'eurent d'autre tort que d'être irréfléchies; mais qu'un souverain doit être circonspect! et l'on en peut juger par le chagrin profond qu'en conçut l'amiral qui succomba peu de temps après. (Note de l'auteur.)
227: Légionnaire du 6 février 1804, M. de Bonnefoux fut créé officier de la Légion le 15 juin de la même année.
228: Le 15 décembre 1809.
229: Le ministre de la Marine demanda familièrement un jour à M. de Bonnefoux ce qui lui était revenu des intérêts qu'il avait pu prendre dans ces opérations; il eut même l'imprudence d'ajouter que l'Empereur serait bien aise de le savoir. M. de Bonnefoux lui répondit aussitôt. «Dites à l'Empereur qu'il ne sait pas plus gouverner que vous ne savez administrer, en laissant en place un homme à qui vous supposez une telle conduite.» Le ministre ne voulant pas se charger de la commission, M. de Bonnefoux ajouta: «Eh bien, voici ma démission, et je vais le lui dire moi-même.»—Il fallut que le ministre prétextât avoir tout pris sur lui dans cette question, pour empêcher la démission et la démarche qui en aurait été la suite. (Note de l'auteur.)
230: Jean-Baptiste Hubert, né le 1er mai 1781 à Chauny (Aisne), devenu directeur des constructions navales à Rochefort.
231: Lesson-René-Primevère, voyageur et naturaliste français, né à Rochefort le 20 mars 1794, mort en 1849.
232: Ce jet d'eau existe actuellement. (Note de l'auteur.)
233: M. de Bonnefoux qui, dès sa première jeunesse, avait été attaché comme garde de marine au port de Rochefort, racontait agréablement une petite aventure qui y était arrivée à quelques-uns de ses camarades et à lui. L'entrée du jardin était permise, pendant le jour, sous la surveillance d'un Suisse qui avait un baragouinage fort divertissant, surtout pour des jeunes gens; nos étourdis voulurent s'en procurer la récréation; mais pour ne pas effaroucher le Suisse, le gros de la troupe, se mettant à l'écart, expédia le jeune Bonnefoux qui passait pour le plus espiègle d'entre eux: l'apprenti préfet s'en donnait à cœur joie et le dialogue amusait beaucoup ses camarades, lorsque M. le comte de Vaudreuil, commandant de la Marine, et qui à travers ses jalousies entendait tout de son cabinet, ouvre la porte, traverse la terrasse, cueille une rose, et lui dit très poliment: «Monsieur, vous demandez une rose et je suis heureux de pouvoir vous l'offrir; mais souvenez-vous, si jamais vous occupez cet hôtel, que le roi n'y paie pas un Suisse pour qu'on se moque de lui.» (Note de l'auteur.)
234: M. de Cazenove de Pradines. Voyez p. 2.
235: M. Ancelot, alors employé à Rochefort dans les bureaux du préfet maritime. (Note de l'auteur.) François Ancelot, l'un des derniers classiques, l'auteur de Louis IX et de Fiesque, naquit au Havre en 1794 et mourut en 1854.
236: Voyez la description des préparatifs de défense de la place de Rochefort en 1814 dans J.-E. Viaud et E.-J. Fleury, Histoire de la ville et du port de Rochefort. Rochefort, 1845, t. II, p. 502.
237: L'hôpital maritime de Rochefort passe pour un des plus beaux de l'Europe.
238: On laissa dans l'hôpital seulement quelques malades dont le transport était impossible, en les confiant aux soins de l'officier de santé Fleury, l'un des auteurs de l'histoire de Rochefort citée plus haut.
239: Je me rappelle à ce sujet que M. de Bonnefoux, me demanda si je me souvenais de lui avoir expédié du cap de Bonne-Espérance, deux alévrammes de vin de Constance, et il ajouta que le bâtiment qui les portait ayant été pris, le capitaine anglais capteur avait trouvé de bon goût de lui écrire que, comme son adresse était inscrite sur les barils, le vin avait été bu à sa santé: «Je veux, dit-il alors, me venger de cette fanfaronnade», et il s'en vengea en effet, mais avec noblesse, en donnant une très belle fête à l'amiral Neale, à ses capitaines et aux officiers qu'ils jugèrent convenable de s'adjoindre. L'anecdote du vin de Constance fut rapportée au dessert, mais avec beaucoup de finesse, et nul n'eut le droit de s'en fâcher. L'amiral Neale eut le chagrin, en s'entretenant avec moi, d'apprendre que j'avais été sur une frégate dont un boulet avait tué, à bord d'un vaisseau qu'il commandait, un de ses neveux qui lui tenait lieu de fils: ce souvenir inattendu lui fut très pénible, mais il n'en partit pas moins pénétré de sentiments affectueux pour son hôte, dont il dit qu'il suffisait de l'avoir vu une fois pour ne jamais l'oublier. Telle avait été l'opinion qu'en avaient déjà conçue d'illustres étrangers, entr'autres: un ambassadeur des États-Unis d'Amérique qui fut reçu par lui à Boulogne, et qui depuis a été élevé aux premières dignités de l'État, le savant amiral Massaredo qui commanda l'armée navale espagnole à Brest, et surtout son vice-amiral Gravina, chambellan du roi, qu'on vit toujours si doux, si conciliant, si sage et cependant si terrible au combat de Trafalgar, où il périt avec tant de courage et de dévouement, en donnant des ordres pour le salut de son escadre. (Note de l'auteur.)
240: Le duc d'Angoulême arriva à Rochefort le 1er juillet 1814. (Viaud et Fleury, Histoire de Rochefort, t. II, p. 505.)
241: Le brevet du baron de Bonnefoux est daté du 5 juillet 1814.
242: Comparez dans l'Histoire de Rochefort de MM. Viaud et Fleury, t. 1, p. 509 la description de la cérémonie de l'arrivée des Aigles qui eut lieu, elle aussi, dans le jardin de la préfecture maritime et qui se passa le 26 juin 1815, huit jours après la bataille de Waterloo encore ignorée.
243: Nicolas Léonard Beker, général de division, comte de l'Empire.
244: Au moment où l'auteur écrit, en 1836.
245: Napoléon arriva à Rochefort le 3 juillet 1815. Le général Gourgaud s'exprime à cet égard de la façon suivante: «J'arrivai à Rochefort le 3 juillet, à 6 heures du matin; je descendis à l'hôtel du Pacha et me rendis de suite chez le préfet maritime, M. de Bonnefoux, pour lui communiquer mes instructions. L'empereur arriva à huit heures et descendit à la Préfecture où j'étais encore avec le Préfet.» Général baron Gourgaud, Sainte-Hélène, Journal inédit de 1815 à 1818 avec préface et notes par MM. le vicomte de Grouchy et Antoine Guillois, Paris 1899, t. I, p. 27.
246: Philibert (Pierre-Henry), né le 26 janvier 1774 à l'île Bourbon était le fils d'un ancien contrôleur et ordonnateur de la Marine. En 1786 il entra dans la Marine royale en qualité de volontaire. La Révolution le nomma enseigne de vaisseau le 16 novembre 1793. Il devint successivement lieutenant de vaisseau en 1803, capitaine de frégate en 1811 et enfin capitaine de vaisseau de seconde classe en 1814. Le capitaine de vaisseau Philibert avait les plus beaux états de services; c'était un des meilleurs officiers de la Marine impériale et il mérite d'être défendu contre d'injustes attaques. Il s'était distingué à la bataille de Trafalgar et avait, après le combat, repris le vaisseau l'Algésiras capturé par les Anglais. Il avait déjà exercé plusieurs commandements importants et en dernier lieu celui d'une division composée des frégates l'Étoile et la Sultane qui se signala, au cours d'une croisière dans l'Océan, par deux combats contre les Anglais. Blessé plusieurs fois, le commandant Philibert était en 1815 chevalier de la Légion d'honneur et chevalier de Saint-Louis. Nommé officier de la Légion d'honneur en 1821, capitaine de vaisseau de première classe en 1822, il mourut en 1824.
247: La seconde frégate était la Méduse, commandée par le capitaine de frégate Ponée. Ponée (François) né à Granville le 9 décembre 1775, s'engagea comme matelot en 1790. Aspirant de marine en 1793, enseigne en 1794, lieutenant de vaisseau en 1802, il était capitaine de frégate depuis le 3 juillet 1811. François Ponée avait assisté à de nombreux combats, en particulier à celui d'Algésiras. Il était tombé trois fois entre les mains des Anglais. Devenu capitaine de vaisseau en 1820 il prit sa retraite en 1831.
248: Comme on le voit, le témoignage de notre auteur, témoin absolument désintéressé, justifie de la façon la plus complète le capitaine Philibert. Les éditeurs de Sainte-Hélène, journal inédit de 1815 à 1818 par le général baron Gourgaud attaquent au contraire cet officier. «Ponée, commandant de la Méduse, disent-ils p. 29, note 1, offrit à l'empereur de combattre le Bellérophon, pendant que la Saale (capitaine Philibert) passerait; mais Philibert refusa de jouer le rôle glorieux qui lui était réservé». L'inexactitude de ce récit résulte du silence de Gourgaud lui-même qui note cependant les événements jour par jour et même heure par heure. Ajoutons-le, M. de Bonnefoux, aide de camp et cousin germain du préfet maritime et que ce dernier traitait comme son fils n'eût pas ignoré cet incident, s'il se fût produit. Enfin, il convient de ne pas l'oublier, Philibert était capitaine de vaisseau et commandant de la division composée des deux frégates. On doit considérer comme absolument invraisemblable l'attitude attribuée à son subordonné, le capitaine de frégate Ponée. M. de Bonnefoux ne nomme même pas ce dernier et se borne à signaler les entrevues du chef de la division avec l'empereur.
249: Pierre Martin naquit à Louisbourg (Canada), le 29 janvier 1752 d'un père originaire de Provence. Il fut élevé à Rochefort où son père avait obtenu une place de gendarme maritime après la conquête du Canada par les Anglais. Après avoir suivi les cours de l'École d'hydrographie de cette ville, il s'engagea comme mousse en 1764 à bord de la flûte le Saint-Esprit commandée par le chevalier de la Croix, lieutenant de vaisseau. Comme second pilote, il servit sous les ordres de M. de Guichen et perdit l'œil gauche dans une de ses campagnes. Il assistait à la bataille d'Ouessant en qualité de premier pilote entretenu. Le comte d'Estaing le nomma lieutenant de frégate, c'est-à-dire officier auxiliaire. La paix conclue, il redevint pilote. On lui donna cependant le commandement d'un petit bâtiment la Cousine, en station sur la côte du Sénégal et ce fut là qu'il connut le chevalier de Boufflers. La Révolution nomma Pierre Martin lieutenant de vaisseau en 1791, capitaine de vaisseau le 10 février 1793, contre-amiral le 17 novembre de la même année. Au lendemain du siége de Toulon, il prit le commandement des forces navales de la Méditerranée. Il sut montrer les qualités d'un chef d'escadre et se distingua notamment au combat des îles d'Hyères le 19 prairial an III. Vice-amiral le 1er germinal an IV (2 mars 1796), le Directoire le nomma en 1797 commandant des Armes à Rochefort et après la création des préfectures maritimes il devint préfet du 5e arrondissement. Il exerçait encore ces fonctions en 1809 au moment du désastre de l'escadre de l'amiral Allemand sur la rade de l'île d'Aix. Remplacé par l'amiral Truguet il prit sa retraite et ne rentra dans l'activité que pendant les Cent-Jours. La seconde Restauration le raya des listes de la Marine. Le vice-amiral Martin mourut à Rochefort le 1er novembre 1820. Voyez Précis historique sur la vie et les campagnes du vice-amiral comte Martin, par le comte Pouget, capitaine de frégate (petit-fils de l'amiral), Paris, 1853.
Le général de brigade Bonaparte commandant l'artillerie de l'armée des Alpes avait eu des rapports de service avec le contre-amiral Martin, chef de l'escadre de la Méditerranée. Ces deux officiers généraux appartenaient du reste l'un et l'autre au parti républicain. Il ne semble pas que l'empereur s'en soit souvenu avec plaisir. MM. Viaud et Fleury paraissent avoir raison lorsqu'ils disent dans leur Histoire de Rochefort, t. 2, p. 412, à propos de l'amiral Martin: «Napoléon n'avait pu lui pardonner ses sentiments démocratiques, sa raideur de caractère.»
250: Cette propriété s'appelait la Brûlée.
251: Dans un compte rendu très étendu et fort remarquable, à notre avis, du livre du comte Pouget cité plus haut (Nouvelles annales de la Marine et des Colonies, t. X, 1853 p. 378 et suiv.), M. de Bonnefoux s'exprimait de la façon suivante: «La classe des pilotes, dont il est ici question, n'existe plus en France; mais il y a encore quelque chose d'analogue dans la marine anglaise. Ces pilotes, que l'on qualifiait de la dénomination d'hauturiers et dont les fonctions furent supprimées en 1791 étaient destinés à faire des campagnes de long cours; ils devaient être très versés dans l'astronomie pratique et dans toutes les sciences mathématiques ayant trait à l'hydrographie ou à la route des navires dont ils étaient spécialement chargés; il est vrai qu'ils ne commandaient jamais la manœuvre à bord des bâtiments, mais le plus souvent ils devaient indiquer au commandant quelle était celle qu'ils croyaient plus convenable de faire. On voit, par là, de quelle importance un premier pilote était à bord et combien il devait posséder de connaissances, d'expérience et de jugement.»
252: Dans le compte rendu mentionné plus haut, M. de Bonnefoux rend hommage aux éminentes qualités de l'amiral Martin. «Prisonnier de guerre sur parole à cette époque et ne pouvant, par conséquent, servir activement sur nos bâtiments armés, j'étais un des aides de camp de ce préfet (le baron Casimir de Bonnefoux). Ce fut pour moi une excellente occasion de connaître l'amiral Martin dont j'avais tant entendu parler et de m'approcher de lui. J'en saisissais tous les prétextes avec empressement car tout, en cet homme extraordinaire, m'attirait et me fascinait. Il s'aperçut bien vite du charme et du plaisir que j'éprouvais à le voir et il avait la bonté de me retenir auprès de lui toutes les fois que j'allais lui rendre mes devoirs et que, par discrétion, je voulais abréger mes visites. Je me convainquis alors que tout ce que j'avais ouï dire de son grand cœur, de son esprit pénétrant, de son caractère ferme et décidé, de sa valeur incomparable, était encore au-dessous de la vérité, et jamais je ne quittais sa présence sans être pénétré pour lui d'une admiration toujours plus vive, d'un respect toujours croissant. Jamais aucun autre amiral n'a produit en moi une impression aussi profonde; de tous ceux que j'ai connus, c'est lui certainement que j'aurais suivi à la mer avec le plus de confiance, de dévouement et d'abandon, s'il avait repris le commandement d'une escadre.»
253: Le roi Joseph arriva le 5 juillet à Rochefort.
254: Joseph partit sur un bâtiment américain qui vint le prendre vers l'embouchure de la Gironde. Chateaubriand, comme on le verra ci-après, dit que ce bâtiment était danois; cette question de nationalité ne présente bien entendu aucune importance.
255: Rapprochez le passage suivant des Mémoires d'Outre-tombe de Chateaubriand, édition Biré, t. IV, p. 67: «Depuis le 1er juillet, des frégates l'attendaient (Napoléon) dans la rade de Rochefort; des espérances qui ne meurent jamais, des souvenirs inséparables d'un dernier adieu l'arrêtèrent... Il laissa le temps à la flotte anglaise d'approcher. Il pouvait encore s'embarquer sur deux lougres qui devaient joindre en mer un navire danois (c'est le parti que prit son frère Joseph), mais la résolution lui faillit en regardant le rivage de la France. Il avait aversion d'une république; l'égalité et la liberté des États-Unis lui répugnaient. Il pensait à demander un asile aux Anglais: «Quel inconvénient trouvez-vous à ce parti? disait-il à ceux qu'il consultait.» «L'inconvénient de vous déshonorer, lui répondit un officier de Marine, vous ne devez pas même tomber mort entre les mains des Anglais. Ils vous feront empailler pour vous montrer à un schelling par tête.»
256: Baudin (Charles), né à Paris, le 21 juillet 1784, était le fils du Conventionnel Baudin (des Ardennes). Il entra dans la Marine comme novice en 1799 et passa ensuite l'examen d'aspirant. Enseigne de vaisseau en 1804, lieutenant de vaisseau en 1809, il était capitaine de frégate depuis le 22 août 1812. Aspirant de Marine sur la corvette le Géographe, il prit part à une campagne de découvertes de 1800 à 1804. Enseigne de vaisseau, il perdit le bras droit dans le combat soutenu le 15 mars 1808 par la frégate la Sémillante. En 1812, il commandait la Dryade au moment de son combat. Mis à la retraite à l'âge de trente-deux ans le 18 avril 1816, Charles Baudin demanda l'autorisation de commander pour le commerce et s'inscrivit au port de Saint-Malo comme capitaine au long cours. Plus tard, il fonda une maison de commerce au Havre. Rappelé à l'activité après la Révolution de 1830 en qualité de capitaine de frégate, il fut promu capitaine de vaisseau le 6 janvier 1834, contre-amiral le 1er mai 1838, vice-amiral le 22 janvier 1839. Il commanda l'escadre du Mexique en 1838 et 1839 et se signala par la prise du Fort de Saint-Jean d'Ulloa. Enfin Napoléon III l'éleva le 27 mai 1854 à la dignité d'amiral. L'amiral Baudin mourut le 7 juin de la même année. Il était sénateur et Grand-Croix de la Légion d'honneur.
257: Besson Jean, dit Victor, né à Angoulême, le 28 janvier 1781, s'engagea comme mousse et passa plus tard l'examen d'aspirant. Enseigne auxiliaire en 1804, enseigne entretenu en 1811, il était lieutenant de vaisseau depuis le 6 janvier 1815. Le général Rapp l'avait au mois de juin 1813, nommé lieutenant de vaisseau provisoire pour sa belle conduite au siège de Dantzick. Il s'était également distingué lors du combat livré par la frégate la Minerve. Rayé des cadres de la Marine en 1816, M. Besson entra plus tard au service du Pacha d'Égypte. Il devint vice-amiral de la Marine égyptienne et mourut à Alexandrie le 12 septembre 1837.
258: Ce bâtiment de commerce danois était un brick appelé la Magdeleine. Il appartenait à F. F. Frühl d'Oppendorff. Le gendre de ce dernier, le jeune lieutenant de vaisseau Besson le mit à la disposition de l'empereur.
259: Genty (Benoît), né à Bordeaux, le 21 décembre 1771, commença par naviguer au commerce. Il était lieutenant de vaisseau entretenu depuis le 11 juillet 1811. Attaché pendant la campagne de 1814 à l'artillerie du 6e corps d'armée, il servit avec la plus grande distinction.
260: Doret (Louis-Isaac-Pierre-Hilaire), né le 13 janvier 1789, s'engagea comme mousse en 1801. Aspirant de 1ère classe en 1811, enseigne en 1812, le Gouvernement de la seconde Restauration le raya des listes de la Marine le 23 août 1815. C'était également un excellent officier qui avait montré la plus haute intrépidité dans le combat livré en 1813 par la Dryade, que commandait Charles Baudin. Après la Révolution de 1830, il rentra dans le Corps, devint lieutenant de vaisseau en 1831, prit part à l'expédition du Mexique et à la prise de Saint-Jean d'Ulloa en qualité de chef d'état-major de l'ancien commandant de la Dryade le contre-amiral Baudin. M. Doret fut promu capitaine de frégate en 1839 et capitaine de vaisseau en 1844.
261: MM. le vicomte de Grouchy et Antoine Guillois dans leurs notes sur les Mémoires de Gourgaud, p. 37, note 1 parlent de Mme la comtesse Bertrand dans les termes suivants: «Mme de Montholon, dans ses Souvenirs, dit qu'elle était fille de l'Anglais Dillon, nièce de Lord Dillon et qu'elle avait été élevée en Angleterre. Parente par sa mère de Joséphine, ce fut l'empereur qui la maria à Bertrand et la dota.»
262: Le général Beker avait épousé la sœur du général Desaix.
263: Voyez le récit de Gourgaud à la date du 8 juillet: «À quatre heures on part. Sa Majesté est dans la voiture du préfet. À 5 h. 10, Napoléon quitte la France au milieu des acclamations et des regrets des habitants accourus sur la rive. La mer est très forte; nous courons quelques dangers. À sept heures et quelques minutes, Sa Majesté aborde la Saale.»
264: Le préfet maritime fit l'observation, car tout se remarque, dans l'existence d'hommes comme Napoléon, que deux membres de sa famille avaient vu: l'un le colonel de Campagnol, les débuts militaires du futur empereur dans son régiment d'artillerie, l'autre, lui-même, préfet maritime à Rochefort, le terme de sa carrière politique. Comparez Mémoires, p. 19, note 1. (Note de l'auteur.)
265: Si la tentative de Joseph avait réussi, c'est que le lougre sur lequel il s'était embarqué pouvait, en raison de son faible tirant d'eau, longer la côte et se soustraire aux poursuites des navires anglais. Le projet du lieutenant de vaisseau Genty et de l'enseigne de vaisseau Doret reposait sur la même idée. Comp. Gourgaud p. 29.
266: Dans l'entourage de Napoléon les avis étaient partagés. À la date du 12 juillet, Gourgaud déclare qu'il a donné à l'empereur le conseil de se rendre à la nation anglaise. Déjà le 10 juillet Las Cases et Rovigo avaient été envoyés à bord du Bellérophon.
267: La comparaison de Thémistocle n'a pas paru juste à tous les esprits; car Thémistocle n'avait pas été vaincu par les Perses, et il était exilé de sa patrie. Napoléon, au contraire, était fugitif après la bataille de Waterloo; il était bloqué à Rochefort, et il ne se livrait aux Anglais que parce qu'il croyait impossible d'échapper à une croisière à laquelle son frère Joseph sut pourtant se dérober. En position, à peu près semblable, Annibal préféra s'empoisonner. (Note de l'auteur.)
268: D'après MM. Viaud et Fleury, Histoire de Rochefort, t. II, p. 513: «Napoléon fit donner aux deux frégates l'ordre d'appareiller, mais le capitaine Philibert répondit froidement qu'il lui était défendu de tenter le passage si les bâtiments devaient courir le moindre danger.» L'ordre n'a pas été donné. Les Mémoires de Gourgaud ne peuvent plus laisser aucun doute à cet égard. Quant aux instructions et aux sentiments du capitaine Philibert, la réponse invariable qu'il fit à Napoléon jette sur eux tant de lumière qu'elle nous dispense d'insister.
269: La lettre au prince Régent porte la date du 13 juillet. Napoléon s'embarqua le 15 sur le brick, l'Epervier, pour se rendre au Bellérophon.
270: L'opinion de M. de Bonnefoux paraît avoir été celle de tous les officiers de marine. Gourgaud rapporte, p. 38 que le 13 juillet il remit au nom de l'empereur une paire de pistolets, à titre de souvenir, aux capitaines Philibert et Ponée. Il ajoute: «Ils me remercièrent en s'écriant: Ah! vous ne savez pas où vous allez! Vous ne connaissez pas les Anglais. Dissuadez l'empereur d'un tel projet.» En 1853, dix-sept ans après avoir écrit la présente Notice, M. de Bonnefoux rendant compte dans les Nouvelles Annales de la Marine du livre du comte Pouget sur la vie de son grand-père le vice-amiral Martin s'exprimait de la façon suivante: «L'amiral Martin eut connaissance de tous les projets qui furent proposés. Un seul eut l'assentiment du préfet maritime qui fut consulté et le sien: tous les autres furent écartés comme irréalisables ou compromettants: ce projet consistait à décider l'empereur à partir avec son frère, le roi Joseph, qui était également à Rochefort et qui s'était assuré un passage sur un bâtiment qui l'attendait dans un autre port que Rochefort. Le roi Joseph, le préfet maritime, l'amiral Martin s'épuisèrent à cet égard, en instances des plus pressantes; mais ainsi que le dit M. le comte Pouget, «d'autres avis prévalurent et Napoléon courut à sa perte».
271: Il fut nommé ministre le 8 août 1829, mais il refusa de s'adjoindre à l'administration de Polignac: après la Révolution de 1830 il a exercé, pendant plusieurs années, ces hautes fonctions. (Note de l'auteur.)
272: Sur M. de Fleuriau, voyez les Mémoires, p. 174, note 1, 190, 321.
273: Le baron Casimir de Bonnefoux fut destitué le 26 juillet 1815. Il avait été près de treize ans préfet maritime. Sa mise à la retraite date du 1er janvier 1816.
274: M. de Bonnefoux ne réfléchissait pas, alors, que les pensions de retraite des marins ne coûtent rien à l'État ni aux contribuables, car elles sont soldées par leur caisse des Invalides qui leur appartient en toute propriété. (Note de l'auteur.)
275: Ces paroles se vérifièrent à la lettre, car peu après sa destitution, je fus mis en réforme; je fus rappelé plus tard, il est vrai, au service actif, mais relégué dans les rangs des officiers les moins favorisés; depuis lors, malgré mes efforts et ma bonne volonté, je ne pus acquérir aucun grade, si ce n'est à l'ancienneté. (Note de l'auteur.)
276: En faisant les ventes, cadeaux ou distributions de ses équipages, de ses meubles particuliers et de sa cave, il pensa à son ami Baudry qui avait ses biens aux environs de Rochefort, il lui donna donc un très beau cheval appelé Milord qui avait appartenu au général Joubert. On assure que Sieyès avait fait obtenir à ce général le commandement de l'armée d'Italie, pendant que Bonaparte était occupé de son expédition plus brillante que vraisemblablement fructueuse en Égypte, afin de le mettre à même, à défaut de Bonaparte, de s'emparer du pouvoir en France, après quelques victoires; mais il fut tué sur ce même cheval que M. de Bonnefoux avait fait acheter, et qu'il affectionnait beaucoup. «Il est vieux, dit M. de Bonnefoux au colonel Baudry, mais pour vous dédommager du peu d'usage que vous en ferez, je vous l'enverrai avec sa bride, sa selle et sa chabraque.» On voit que, même en faisant un présent, et c'en était un de quelque importance, à cause des harnais qui étaient fort beaux, il voulait encore paraître recevoir un service, afin, sans doute, de diminuer le poids de la reconnaissance. En pareille position, lorsqu'il quitta Boulogne, il avait voulu faire accepter un envoi de vin précieux, et il avait écrit à celui à qui il le destinait: «Je suis le légataire universel du préfet maritime; vous êtes porté sur son testament pour tels et tels objets: c'est donc un devoir pour moi de vous les adresser, et j'y trouve le plaisir d'y ajouter l'expression de mon amitié.»—Rien, en général, si ce n'est peut-être l'agrément de sa conversation, n'égalait celui de sa correspondance, et le ton cordial qu'il savait y faire régner. (Note de l'auteur.)
277: Dans une lettre datée de Bayonne le 3 mai 1834 et adressée à sa fille Nelly, alors âgée de 15 ans, plus tard Mme Pâris, M. de Bonnefoux décrit de la façon suivante les propriétés habitées aux environs de Marmande par des membres de sa famille: «Rolde, sur la droite, entre Tonneins et Marmande, est une propriété de ton cousin de Cazenove (V. Mémoires p. 2), où il s'est plu à rassembler les constructions, distributions, gentillesses des jardins dits anglais. Le Bédart est plus près de Marmande; tout y est de rapport; il appartient à Mme de Réau. En tirant vers l'est, sur la première chaîne des collines, qui, de ce côté, encaissent le riant bassin de la Garonne se trouvent, sur un plateau dominant une superbe plaine, le village et le château de Sainte-Abondance. M. de Cazenove, père, avait acheté celui-ci pendant la Révolution, pour le restituer à l'aîné des émigrés Bonnefoux et cette œuvre généreuse fut noblement exécutée. Le jeune Réau en jouit à présent, c'est un séjour charmant. En continuant vers le Nord, on laisse Navarre propriété perdue pour la famille pendant l'émigration, et l'on arrive sur la seconde chaîne de collines à Peyssot, où demeure ton oncle l'ancien préfet maritime et qui réunit un peu d'agréable à beaucoup d'utile.»
278: Laurent comte de Gouvion-Saint-Cyr, maréchal de France, fut ministre de la Marine du 23 juin au 12 septembre 1817, entre le vicomte du Bouchage et le comte Molé.
279: Le baron Casimir de Bonnefoux, qui ne s'était pas marié, mourut le 15 juin 1838 dans sa propriété de Peyssot, près de Marmande, à l'âge de 77 ans. Son cousin lui avait en 1837 communiqué la présente notice, écrite l'année précédente. Tout en l'engageant par modestie à la détruire, il n'avait pu méconnaître son exactitude.
280: Nous reproduisons ici ces quelques pages empruntées au Précis historique sur la Guyane française, que publia notre auteur dans les Nouvelles Annales de la Marine et des Colonies, t. VIII (1852). Elles complètent en effet d'une façon intéressante la partie des Mémoires consacrée à la campagne de M. de Bonnefoux en Guyane, pendant qu'il commandait la Provençale.
281: Victor Hugues, né à Marseille en 1770.
282: Les deux commissaires de la Convention, Chrétien et Victor Hugues quittèrent Rochefort à la fin de pluviôse an II (février 1794) avec une division commandée par le capitaine de vaisseau, plus tard amiral de Leissègues. La division se composait des frégates la Thétis et la Pique, de la flûte la Prévoyante et de cinq navires de transport. En arrivant à la Guadeloupe, la division trouva l'île occupée par les Anglais. Ce fut grâce à l'admirable énergie de Victor Hugues que l'attaque fut décidée. Comme le disent MM. Viaud et Fleury dans leur Histoire de Rochefort t. II, p. 425:
«Après six mois et vingt jours de luttes acharnées entre une poignée de Français décimés par les maladies et huit mille Anglais, maîtres de la mer et soutenus par une flotte de trente voiles, les Français reprirent la Guadeloupe et en chassèrent les ennemis. Ils leur enlevèrent six drapeaux, huit caisses pleines de lingots d'argent et leur firent beaucoup de prisonniers.»
283: Cet article de notre auteur parut dans les Nouvelles Annales de la marine et des Colonies, t. III, 1850, p. 164 et suiv. Il développe un passage des Mémoires et donne des renseignements nouveaux sur le Collège royal de la Marine et l'École préparatoire de la Marine, créés l'un et l'autre à Angoulême. M. de Bonnefoux y fit une partie de sa carrière et y rendit des services signalés. Cet article se rattache donc à ces Mémoires de la façon la plus étroite et nous avons cru utile de le reproduire ici.