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Matt avait déjà vu des bouches d’égout plus étroites que le canon du pistolet caricatural braqué devant son visage.

« Okay, Tex, je t’écoute », répondit-il, toujours résolu à ne pas céder à la panique.

Ces gens savaient manier la douleur en situation virtuelle, bégaya une petite voix terrifiée au fond de sa tête. Ça faisait quoi, de se sentir touché par une balle virtuelle d’arme de poing ?

Dans le même temps, la grenouille géante se métamorphosa soudain, pour se transformer en un jeune gentilhomme des siècles passés. L’allure désinvolte, de longs cheveux bruns retenus par un catogan, il portait une culotte serrée de cuir pâle, une chemise de soie froissée – et le sourire dessiné sur ses traits fins semblait acéré comme l’épée qu’il pointait sur la gorge de Matt.

Quant à M. Bijou, bien entendu, il n’avait pas besoin d’arme. Il se contentait de dominer les deux autres de toute sa masse, serrant ses poings luisants, dont chacun était gros comme la tête de Matt.

« Je dois vous le concéder, les mecs », dit Matt au trio menaçant – mais aussi à l’intention de la jeune fille inquiète, « Vous êtes bons… vraiment bons. Au début, j’arrivais pas à en croire mes oreilles quand j’ai eu vent de ce qui s’était passé à Baltimore. Et puis j’ai visionné image par image la séquence-holo prise durant la partie, et j’ai fait une recherche sur le Net pour voir s’il s’était déjà passé un truc analogue dans la région de Washington.

– Et moi, j’aimerais bien savoir comment cela t’a mené jusqu’à elle… et nous ! » insista M. Bijou, curieux. Ses yeux brillants comme des gemmes lorgnaient Caitlin avec un éclat mauvais.

« Eh, les gars, vous pouvez toujours vous planquer derrière vos masques », observa Caitlin d’une voix aigre, en se tournant vers ses complices. « Comme on peut être à peu près sûr qu’il n’a pas pu me localiser par le Net. Il a dû y arriver par quelqu’un de mon lycée, qui m’aura remarquée dans le monde réel. Alors, vous n’avez pas à vous faire de bile, ricana-t-elle. On ne s’est pas rencontrés une seule fois en chair et en os depuis le début de cette histoire ! »

M. Bijou semblait prêt à lui trouer la peau, et Matt banda ses muscles, se préparant à une défense désespérée. Mais Tex, le cow-boy de cartoon agita son six-coups surdimensionné pour faire reculer le colosse brillant : « Hep, là ! s’pèce de gros balourd. J’te signale qu’on bosse pas sur la même rive du Pecos… »

Une fois encore, Matt releva le soupçon de décalage entre le mouvement des lèvres et le dialogue d’holo-Western. S’il s’agissait bien du programme Idiome savant, il fonctionnait encore plus laborieusement que l’avait signalé David. À moins… à moins qu’il ne se contente pas de transformer l’anglais en ce patois crétin, mais ait à le traduire depuis une tout autre langue !

Mais il avait toutefois d’autres chats à fouetter pour l’instant. Convaincre ce ramassis de riches oisifs qu’il pouvait leur être utile… et les distraire.

« Mes recherches ont fait ressortir toutes sortes de rumeurs sur des gens qui auraient vu leur Ervé saccagée, voire se seraient fait malmener. Eh bien, je sais moi aussi jouer un certain nombre de tours en virtuel… comme mademoiselle pourra vous le confirmer.

– On est au courant », coupa le gentilhomme, glacial. Matt remarqua qu’il ne semblait même pas se formaliser de parler anglais avec un accent. À moins justement qu’il s’agisse d’un camouflage allant avec son avatar…

Non, se dit Matt. Comme pour le cow-boy, il constata un léger manque de synchro avec le mouvement des lèvres.

« Donc, reprit-il, vous devez savoir que mes trucs peuvent embêter les gens, voire les effrayer. Mais ils ne possèdent pas le genre de… d’autorité que vous semblez capables de mobiliser. »

Matt étendit ses mains en fil de fer. « Malgré tous les éléments que j’avais pu rassembler, je ne savais toujours pas avec certitude si vous étiez réels ou s’il s’agissait d’une vague rumeur courant sur le réseau. Alors, j’ai décidé d’essayer de vous retrouver. J’ai estimé que vous deviez être riches – ce genre de bidouille électronique exige pas mal de ressources. » Il frotta le gras du pouce contre l’index, symbole immémorial de l’argent. « J’ai également déduit que vous deviez vivre assez près de l’endroit où vous commettiez vos forfaits. Donc, il s’agissait de trouver une connexion avec tous les sites virtuels fréquentés par les enfants de familles aisées vivant dans le District fédéral. »

Matt dessina un sourire sur les traits approximatifs de son avatar avant de poursuivre : « Bref, j’avais déjà le sentiment que je n’allais pas tomber sur une bande de fondus d’informatique quinquagénaires. »

Il haussa les épaules. « Et vous savez quoi ? J’avais raison. Donc, le premier site que je visite, c’est Maxim’s. Et là, je tombe sur qui ? Mais sur cette adorable Ci-Ci, qui bavarde un peu, puis se met à tabasser la vraie Courtney Vance quand celle-ci vient à râler. J’ai entendu arriver le coup, j’ai vu la réaction de douleur de Courtney… j’ai su alors que j’avais trouvé ce que je cherchais. »

Matt leva la main de son avatar. « Je ne vais pas vous dire comment j’ai fait le rapport entre Ci-Ci et Caitlin Corrigan. Dans toute relation, il faut garder une part de mystère. Mais ce que je veux que vous sachiez, c’est que je suis vachement impressionné… et que je veux entrer dans le club.

Coûte voir, pèlerin », commença le cow-boy d’opérette, avec son jargon crétin, « J’ai pas vraiment l’impression qu’tu réalises qui tient vraiment les rênes, dans ce patelin. Tu nous as retrouvés, la belle affaire. Un coup de mon fidèle 45, et tu te retrouves six pieds sous terre. Les morts sont pas bavards.

– Au risque de me répéter, reprit Matt, en espérant que sa voix restait ferme, je n’ai pas l’intention de vous dénoncer, je ne cherche pas à vous faire chanter. Tout ce que je désire, c’est me joindre à votre équipe… et apprendre comment vous procédez.

– Auquel cas t’en sauras plus qu’aucun de nous », grommela la grenouille.

La remarque le confondit, même s’il ne devait rien en laisser paraître. Il fallait absolument qu’il gagne leur confiance. Mais comment ?

Les mots jaillirent de ses lèvres presque avant même qu’il s’en soit rendu compte. « Vous avez peur que je bavarde ? Si je me retrouvais dans votre bande, je courrais autant de risques que vous.

– Peut-être », fit M. Bijou, d’une voix traînante, comme pour mieux goûter ce mot, tout en pesant, dubitatif, la proposition de Matt. « J’admets volontiers que tu as montré ton savoir-faire en informatique, pour être parvenu si près de nous. Mais si tu veux marcher avec nous, tu devras encore faire tes preuves.

– À savoir ? s’enquit Matt, prudent.

– Faudra que tu apportes ta quote-part. » Le monstre cristallin inclina sa masse monolithique, son débit s’accéléra : « Introduis-nous là où nous avons été jusqu’ici incapables de pénétrer. »

Un test, songea Matt. Dans un sens, c’était logique. Mais au moins cela lui donnerait-il la possibilité de quitter cette chambre blanche et vide sans se faire descendre.

« Je suis prêt à tenter le coup, leur promit Matt. Tant que ce n’est pas franchement irréalisable, comme s’introduire au Pentagone ou à la Maison Blanche…

– Oh, c’est bien plus facile, s’esclaffa M. Bijou avec un rire grinçant. On voudrait pénétrer l’Ervé de Sean McArdle – c’est le fils de l’ambassadeur d’Irlande. Je suis sûr que je n’ai pas besoin de t’en dire plus. Tu pourras trouver tout ce dont tu as besoin avec une recherche de données…

– Je m’y mets tout de suite. » Matt hésita avant de poursuivre, « Vous voulez tous y aller ? »

Rire des trois autres. « Et tomber tous dans un putain de piège. Je pense pas, ricana M. Bijou. Non, tâche juste d’aller y voir toi-même… avec notre amie Ci-Ci. » Il s’inclina, ironique, vers une Cat Corrigan visiblement hors d’elle.

« Étant la seule que tu connaisses dans notre petit groupe, tu pourras la contacter dès que tu auras mis au point quelque chose. » M. Bijou braqua ses yeux d’onyx vers Matt. « Si nous n’avons pas de nouvelles de toi d’ici… oh, mettons une semaine, nous assumerons simplement que tu n’es plus intéressé. Mais si jamais nous entendons des rumeurs sur nos activités – ou détectons un quelconque intérêt des pouvoirs publics pour Caitlin, alors nous serons à notre tour obligés de nous intéresser à toi… » Il tourna un regard menaçant vers l’avatar évanescent de Matt. « Et j’ai peur que t’apprécies pas, mec. Mais alors, pas du tout. »

* * *

Matt fut reconnaissant à Caitlin de le tirer de ce piège. Mais en ressortant de son Ervé, il ne fila pas directement chez lui : il avait programmé un itinéraire complexe qui le fit rebondir de site en site à une vitesse vertigineuse. Il avait fait de même lorsqu’il avait quitté la soirée de Lara Fortune, effectuant une série de ricochets sur le Net pour déjouer les éventuels mouchards qu’on aurait pu lui coller. Il avait même pris la précaution supplémentaire d’emprunter encore une route différente de celle du vendredi soir.

Sa dernière étape le conduisit devant une immense pyramide toute flamboyante d’impulsions électriques – la représentation virtuelle d’une société de vente en ligne. Le crépitement frénétique symbolisait le flot permanent des demandes de prix et de bons de commande.

Matt fonça sans ralentir pour se fondre dans la chaleur de l’activité télématique entourant la structure. Si les vandales vidéo avaient réussi à le pister jusqu’ici, le simple volume de données en transit allait décourager toute poursuite.

Il visa un minuscule point noir au flanc de la pyramide – représentant quelques giga-octets de mémoire que Matt avait détournés du catalogue de la société pour y placer des programmes destinés à s’assurer qu’il n’était pas filé.

La niche minuscule s’épanouit soudain dans un éclair éblouissant, tandis que les programmes anti-pisteur lui donnaient le feu vert avant de s’auto-effacer. Il fit encore un tour de la pyramide, puis, s’accrochant à un paquet d’appels sortants, il s’éclipsa enfin pour rentrer chez lui.

***

 

Matt se sentait les jambes en coton quand il sortit de son siège d’interface. Peut-être que son itinéraire de fuite au départ de la base des vandales avait décrit un peu trop de détours. Son seul regret était de n’avoir pas été capable d’introduire un mouchard dans l’Ervé où l’avait conduit Caitlin.

Mais le problème était que ce genre de bug était une arme à double tranchant : certes, il lui révélerait le nœud où s’étaient réunis les vandales virtuels, mais la transmission le désignerait également à ses adversaires. Or, pour l’heure, son seul lien avec eux s’opérait via Caitlin Corrigan et son identité cachée.

Il chassa ses fourmis en marchant pour se diriger vers le téléphone du couloir.

C’est mon tour à présent d’essayer de démasquer un certain nombre d’avatars, songea-t-il en composant le numéro du capitaine Winters à son bureau. Par chance, le capitaine était là, consacrant son samedi à classer sa paperasse.

« Mon capitaine, c’est Matt Hunter, dit-il dans le combiné. Pourrais-je passer vous parler ? Il se pourrait que j’aie établi une connexion avec cette affaire de Camden Yards.

– Tu ne préfères pas m’en parler tout de suite ? Ou m’envoyer un rapport par mail ? » demanda l’officier.

Matt toussota. « J’aimerais mieux vous l’exposer de vive voix, mon capitaine. Quand vous l’aurez entendu, je pense que vous serez d’accord avec moi. » Il était hors de question qu’il bavarde sur une ligne non protégée – ou envoie un courrier électronique transiter sur le réseau, devenu terrain de jeu des vandales virtuels.

Il entendit soupirer au bout du fil. « Je comptais rentrer bientôt… quand peux-tu être ici ?

– Je pars tout de suite. »

***

Durant le trajet en bus jusqu’au bureau du capitaine, au siège du Pentagone, Matt avait essayé d’ordonner ses expériences de la semaine écoulée en un compte rendu cohérent. Malgré ses efforts, le résultat lui parut bien peu convaincant lorsqu’il dut affronter l’impatience du capitaine Winters.

Pourtant l’officier était bien moins impatient et infiniment plus soucieux dès que Matt eut terminé son exposé. « Tu es en train de suggérer que la fille de l’Honorable Sénateur du Massachusetts a partie liée avec un groupe de jeunes gens fortunés avides de sensations fortes sur le réseau ? Et que plusieurs membres de cette bande seraient des étrangers – sans doute apparentés au milieu diplomatique ?

– Je pense… » commença Matt.

Mais le capitaine Winters finit pour lui. « Ce que je pense, moi, c’est que t’aurais intérêt à avoir des preuves bougrement convaincantes pour étayer de telles accusations. Nous n’avons aucun mandat officiel dans cette affaire – elle est toujours sous la responsabilité de la police de Baltimore. Il roula des yeux. Et ils vont positivement adorer ta théorie…

– Je persiste à croire que l’hypothèse de la connexion avec l’étranger vaut le coup qu’on l’examine, insista tranquillement Matt.

– Tant que tu ne fais pas trop de vagues », répondit Winters en jetant un coup d’œil à sa montre. « Je te laisse en juger. » Puis il se tourna vers sa console. « Ordinateur, identification par commande vocale.

– Voix identifiée comme celle du capitaine James Winters, répondit la machine.

– Ouverture recherche sur base de données, matériel classé non-confidentiel, Corrigan, Caitlin, – associés connus, en particulier ressortissants étrangers.

– Sur les six derniers mois ? suggéra Matt. Je ne crois pas qu’ils se soient réunis récemment. »

Le capitaine acquiesça. « Variable temporelle étendue à six mois avant le présent. Copier le résultat sur plaque-mémoire pour Matthew Hunter, présentement identifié.

– Matthew Hunter, énonça Matt.

– Exécution, ordonna le capitaine Winters. Il regarda Matt. Je suis sûr que tu vas devoir attendre. Même pour notre système informatique, la recherche risque de s’avérer longue. Il se dirigea vers la porte. Je la laisse verrouillée. Tu n’auras qu’à la refermer en sortant. Et préviens-moi si jamais il ressort quoi que ce soit d’intéressant. »

Resté seul dans le bureau, Matt attendit, impatient, que les moteurs de recherche de la Net Force aient parcouru tous les sites d’information publique – journaux imprimés, bulletins électroniques, HoloNet et services gouvernementaux – à la recherche de liens entre Caitlin et la vaste communauté étrangère de Washington.

Mais l’impatience se mua bien vite en désarroi quand l’ordinateur annonça des centaines d’occurrences.

« Les classer par noms, ordonna-t-il, en les rangeant par fréquences de corrélation décroissantes. »

Même ainsi, la plaque-mémoire laissée par le capitaine Winters eut tôt fait d’être remplie.

Je parie qu’il l’avait deviné, et qu’il a fait ça pour me donner une leçon.

Il s’apprêtait à retirer la plaque du lecteur quand il interrompit son geste, frappé par une nouvelle idée. Il n’avait pas réussi à identifier l’accent de deux des trois personnages masqués qu’il avait rencontrés aujourd’hui. Mais il avait un soupçon concernant M. Bijou.

« Classer les fichiers, ordonna-t-il à l’ordinateur. Les dix premiers individus sur la liste – triés par nationalité. Si ce sont des sujets britanniques, leur donner la priorité. »

La plaque se remit à ronronner. « Trente-sept derniers noms de la liste principale effacés pour laisser de la place, avertit la machine.

– Accepté, dit Matt. Afficher le tri par nationalité. »

Un écran holographique se matérialisa au-dessus de la console d’ordinateur. Matt examina les lettres scintillantes et murmura : « Un sujet britannique… Et une flopée de citations dans la presse. »

Matt décida de forcer sa chance. « Ordinateur, existe-t-il un dossier officiel concernant… Il plissa les paupières, déchiffra le nom du gars. Gerald Savage ? »

Le silence retomba sur le bureau, le temps que la machine parcoure les fichiers de la Net Force. « Affirmatif.

– Le dossier est-il classé confidentiel ?

– Négatif.

– Ouverture dossier Gerald Savage. »

En un clin d’œil, l’image d’un jeune homme au visage dur mais assez beau, apparut au-dessus de la console. Le menton et le nez étaient un peu forts, et les cheveux bruns d’une longueur provocante.

« Hmm, marmonna Matt. C’est un dossier des Affaires étrangères, pas de la Net Force. »

Fronçant les sourcils, il commanda le défilement du fichier texte. Gerald Savage était, semblait-il, du genre à donner mauvaise réputation à l’immunité diplomatique. Il avait à son actif plusieurs agressions physiques qui lui avaient valu le sobriquet de « Gerry le Sauvage ».

L’intérêt de Matt s’accrut quand il découvrit que les bagarres de Savage avaient une origine politique.

Son père était un politicien britannique extrémiste, partisan farouche d’une politique anti-irlandaise. Matt savait qu’il y avait un lourd contentieux historique entre l’Angleterre et l’Irlande. Les Irlandais avaient combattu durant des siècles pour s’affranchir du joug britannique.

Mais cet antagonisme avait pris un tour nouveau depuis la fin des années 90 du siècle écoulé, quand l’économie irlandaise s’était mise à dépasser celle du Royaume-Uni. Dans les domaines où naguère encore les Britanniques prétendaient à la suprématie, ils éprouvaient désormais de l’envie. Et Cliff Savage, le père de Gerald, avait surfé sur cette vague pour s’assurer bien vite un grand poids politique.

Il semblait apparemment que le gouvernement lui avait attribué un poste à l’étranger pour l’éloigner de la métropole.

Matt hocha la tête. Mais pourquoi l’avoir envoyé aux États-Unis ? Ils ne pouvaient pas ignorer l’influence ici de la communauté américano-irlandaise… Ou bien, justement… ? Peut-être qu’à Londres, on comptait secrètement sur les Savage pour créer un quelconque incident international.

« Fermeture du fichier », ordonna Matt. Mais il plissa le front, frappé soudain par une nouvelle idée : Caitlin Corrigan. Ce devait être un nom d’origine irlandaise. Que faisait-elle avec un type qui aimait casser du sucre sur le dos des Irlandais ?

Peut-être que c’était inhérent à la société de Washington. Il était toujours incroyable de constater à quel point la fonction diplomatique réunissait régulièrement des individus censés être des ennemis mortels. Parfois, on pouvait tirer des avantages politiques en se jouant le grand amour.

Oui mais encore une fois, il s’agissait de deux gamins dont les parents étaient en permanence sous les feux du public. Peut-être qu’ils trouvaient amusant de mettre en rogne leurs vieux en allant se chercher les copains les plus impossibles.

Matt avala sa salive. En cours d’anglais, ils avaient étudié Roméo et Juliette, la célèbre tragédie de Shakespeare dans laquelle deux gamins issus de familles rivales tombent amoureux.

L’un ou l’autre de ces scénarios pouvait expliquer pourquoi Caitlin et Gerry le Sauvage avaient pu s’entendre. Mais c’était surtout la preuve qu’il allait devoir bien mieux connaître Cat Corrigan avant de pouvoir définir ce qui la motivait.