CHAPITRE X

QUI NE FAIT QUE PRÉCÉDER LE CHAPITRE XI


En cours de route, je sursois à ce projet et je décide d’améliorer le score une autre fois car j’ai une hâte compréhensible d’interviewer le contrebassiste suspect. Entre nous et le square Louis XV, les potes, vous conviendrez que le fameux San-Antonio a le nez aussi creux que le corsage d’une vieille fille. J’avais reniflé au départ que les trafiquants de vent devaient être tenus à l’œil. M’est avis que bien m’en a pris de brancher le fougueux Béru sur cette piste.
Il est une heure du mat’ plus quelques poussières lorsque je stoppe ma troïka devant l’hôtel de Julia.
— Tu viens, mon amour ? gazouille la mignonne en me roulant un regard à rayons infrarouges.
— Je passerai demain, fais-je, humilié de me démettre (si j’ose cette image hardie).
— Tu es fatigué ? s’étonne la pépée.
C’est le genre de réflexion qui me porte à l’incandescence plus vite que ne le ferait un chalumeau oxhydrique.
— Y a de ça, rigolé-je.
Je lui mets la claque de l’amitié sur le porte-bagages et je défile sans épiloguer.
A mon hôtel, j’apprends que le sieur Bérurier, poulet de profession et tas d’immondices par vocation, n’est pas encore rentré. Ce brave ami est encore par les chemins fangeux de la gloire et de l’honneur.
Je fonce donc en direction de la Pinède brûlée dans l’espoir de l’y dénicher. Le populo s’est clairsemé. Il ne reste plus qu’une douzaine de clients schlass. Une table de jeunes où l’on chahute ferme, puis un couple démarrant une grande passion au whisky en se regardant le blanc de l’œil jusqu’à ce qu’ils aient des étourdissements.
De Béru, point ! Du moins à première vue.
Les musicographes sont à leur poste. Ils semblent avoir sommeil et jouent sur leur lancée un succès d’avant la prochaine guerre intitulé « Houx, squelette, amer » ce qui, au refrain, donne un truc à double sens et signifie « Où c’ qu’elle est ta mère ? », vous avez mordu l’astuce ?
Je m’assieds à ma table dorénavant habituelle et le non moins habituel pingouin chauve s’annonce. Je lui dis que ce sera encore du Haig’s et il hoche la tête en faisant craquer ses vertèbres cervicales.
Près de moi, à la tablée voisine, il y a une douairière pleine de rides et de bijoux qui fait des mignardises à un jeune bœuf athlétique. Beau couple. Elle, c’est lady Tumbross ou sa cousine germaine ; lui, il a joué avant-centre dans l’équipe de Bécon-les-Bruyères avant de se faire une situation façon castor. Il donne ses vingt ans et les accessoires à la dame qui, elle, donne son flouze (la plus tarderie des vioques ayant ceci de commun avec la plus belle fille du monde qu’elle ne peut donner que ce qu’elle a).
Je suis abîmé dans des réflexions moroses concernant l’humanité et ceux qui la constituent lorsque la table des jeunes bruyants s’évacue. Le maître d’hôtel commence à diminuer les lumières pour faire comprendre à son aimable reliquat de clientèle qu’il a hâte d’aller foutre sa viande dans les torchons et que « ces messieurs dames » seraient bien bons de douiller leurs boissons fermentées et de s’emmener promener sur leur matelas Simmons.
Ce qu’ils font. Du coup l’orchestre qui interprétait « Ferme-la, je crains les courants d’air », extrait du film « La garde-barrière frileuse » (Avec Jacques Dufilho dans le rôle de la garde-barrière) ; du coup l’orchestre, disais-je, plie bagage. Je balance des images tarifées au chef loufiat et je vais griller une cousue dans l’ombre odoriférante de la campagne côte-d’azuréenne.
Au bout d’une vingtaine de minutes, les musicos se pointent, en costard de ville. Ils s’empilent dans la calèche de la flûte, une M.G. lumière familiale à autosuggestion instantanée, freins à tambour (c’est l’auto d’un musicien, ne l’oublions point) et suspension renouvelable par tacite reconduction.
Il ne me reste plus qu’à leur emboîter le pneu, ce que je ne manque pas de faire avec le brio dont auquel vous savez que je suis costumier.
Ils s’arrêtent devant le casino pour larguer la batterie, puis au carrefour de la gare pour mouler le saxo. Un peu plus loin, dans l’avenue du vice-sous-président Chprountz (administrateur des cafés-comptoirs des Indes de 1900 jusqu’à plus ample informé) c’est enfin mon contrebassiste qui est éjecté de la bagnole.
J’attends que la tire du collègue ait démarré et je stoppe mon quatre-roues enveloppé de tôle à la hauteur du musicien.
— Mais je ne me trompe pas, fais-je avec un brin d’humour à la boutonnière et des réserves d’esprit dans le tiroir du haut de ma cravate ; c’est bien la contrebasse à cordes de la Pinède !
Il ouvre ses vasistas comme pour voir passer le défilé du 14 Juillet.
— Tiens ! M. le commissaire… En chasse ?
— Tout juste !
— Et… ça rend ?
— Ça commence…
— Vous avez du nouveau au sujet de la mort de Gueulasse ?
— Peut-être…
Je lui souris comme celle de l’abbé Jouvence.
— Vous aimeriez que je vous raconte ça, vieux ?
Un peu surpris, il murmure :
— Mais oui.
— Alors montez, j’adore bavarder en conduisant au clair de lune.
De plus en plus éberlué, le gratteur de boyaux de chat obtempère. Je démarre et rejoins le bord de la mer. La lune est en plein boum. A croire que les Popofs viennent de la frotter à la peau de chamois. La mer scintille à l’infini.
— C’est beau, hein ? fais-je en découvrant l’horizon d’un geste aussi auguste que celui du semeur.
— Ouais, convient le contrebassiste mal à l’aise.
— Si on respirait la brise nocturne ? C’est sain pour les soufflets.
Je descends de bagnole et il me rejoint sur le littoral.
— Dites donc, bonhomme, murmuré-je, suave, vous ne m’aviez pas dit que vous connaissiez Gueulasse avant son arrivée ici ?
Il tourne vers moi un visage crispé.
— Vous ne me l’avez pas demandé !
— Donc, vous reconnaissez ?
— Pourquoi ne le reconnaîtrais-je pas ? Il y a du mal à ça ?
Après tout, il a raison, le collègue. Y a pas de mal.
— Vous l’avez connu comment ?
— A Marseille, dans une agence de placement pour musiciens. Je venais de trouver un engagement ; lui en cherchait un et paraissait déprimé.
Ça corrobore bien les dires de Bancaut. Je suis perplexe.
— Vous êtes sûr de ne pas avoir trempé dans le meurtre ?
— Dites donc, s’insurge-t-il, qui vous permet de…
Et le voilà qui, soudain, se fiche en rogne. Ça m’a l’air d’un drôle de petit sanguin dans son genre.
— C’est pas parce que vous êtes flic que vous m’intimidez. Je suis honnête ; j’ai mon casier aussi blanc que le vôtre…
Je lui cramponne une aile.
— Te fais pas sauter le porte-parapluies, gars ! Tout ce que je remarque, moi, c’est que tu connaissais Gueulasse. Que tu te trouvais à côté du piano lorsqu’il a gobé son extrait de naissance et que tu as eu la possibilité de le fader au cyanure. Voilà pourquoi je m’intéresse à ton cas…
— Je proteste
— C’est ça, proteste… Mais laisse-moi compléter mon exposé. Gueulasse, le soir de sa mort, m’a reconnu dans l’assistance. Il m’a adressé un message, tu n’as pas pu ne pas t’en rendre compte ?
En effet, je l’ai vu écrire quelque chose sur la page d’un carnet et remettre le feuillet à Alonzo.
— Tu n’as pas demandé à Gueulasse ce qu’il faisait ?
Sa moustache blonde frémit.
— J’en avais rien à foutre. Si j’avais su que quelques minutes plus tard il allait s’écrouler, probable que j’aurais surveillé ses agissements, mais là…
Très pertinent, ce qu’il bannit, le moustachu.
— Gueulasse avait un secret à me confier, rêvé-je tout haut. Et quelqu’un a su qu’il allait me le confier… Ce quelqu’un l’a tué ! Le crime a été décidé et accompli en quelques minutes. Là est la clé du mystère.
Je repense à Alonzo Gogueno. Ne l’ai-je pas blanchi un peu trop vite ? Il serait l’assassin idéal : c’est lui qui a véhiculé le message et le verre fatal ! Peut-être a-t-il agi pour le compte de quelqu’un ; d’un quelqu’un qui, par la suite, en le supprimant, a voulu lui faire porter le chapeau tout seul ?
Le contrebassiste me regarde sans crainte. Il a sa conscience pour lui, ou alors un culot phénoménal.
— Je comprends, dit-il ; j’ai beaucoup pensé à tout cela, moi aussi.
— Gueulasse fréquentait quelqu’un de la Pinède en particulier ?
Il réfléchit.
— Non, franchement, je crois que j’étais son meilleur copain.
— Quelles étaient ses ambitions ?
— A lui ?
Il hausse les épaules.
— Il n’avait plus beaucoup de ressort. Quelque chose s’était brisé en lui depuis longtemps… Il se droguait, d’ailleurs…
Je bondis.
— Tu es sûr ?
— Oh ! il n’en faisait pas mystère. Combien de fois je l’ai vu se bourrer le pif devant moi.
— Où s’approvisionnait-il ?
— Je ne sais pas.
Il a l’air aussi franco qu’un marchand de fourrures.
— Si tu ne parles pas, il va t’arriver des turbins regrettables.
— Je n’ai rien à me reprocher.
— Ben justement, tu te reprocheras de ne pas avoir parlé à ton petit copain le commissaire au moment où il fallait.
— Je crois, fait le contrebassiste-à-cordes ; je crois, mais c’est sous toutes réserves, que c’est Finfin Dubois qui lui procurait de la chnouf…
Ce nom nouveau lancé sur mon échiquier me fait joindre les sourcils.
— Inconnu au bataillon.
— Le flûtiste !
Je souris. Nouvelle ironie du sort. J’entreprends la contrebasse et c’est à la flûte qu’il fallait en jouer un air.
— Il renifle, l’homme aux petits trous ?
— Oui…
— Tu penses qu’il ferait un coupable convenable ?
— M’étonnerait ; c’est un doux.
— Justement : ce sont les doux qui empoisonnent. Où habite-t-il ?
— Sa mère a une petite villa qu’elle lui laisse lorsqu’il fait des saisons sur la Côte.
— Tu sais où elle se trouve ?
— Oui, j’ai déjeuné chez lui.
Il paraît salement emmouscaillé, maintenant qu’il s’est laissé glisser. Il regrette d’avoir une langue et de savoir s’en servir.
— Allons lui souhaiter une bonne nuit, décidé-je.
— Mais…, bêle le blond moustachu…
— Mais quoi ?
— Qu’est-ce qu’il va penser !
— Justement, nous le lui demanderons…
Ça n’est pas à proprement parler une villa, mais plutôt un minuscule cabanon niché dans un maigre lotissement où végètent quelques buissons de lentisques.
De la lumière brille à la fenêtre. L’auto scintille sous un appentis attenant à la construction.
— En tout cas, fais-je, nous sommes sûrs de ne pas le réveiller, c’est toujours ça…
Je m’avance à la lourde et je fais toc-toc.
Personne ne répond. Je tabasse fortement sans résultat.
— Il est peut-être allé chez un voisin ? suggère le contrebassiste.
— C’est pas l’heure des visites, gouaillé-je en tournant le loquet de la lourde.
Le panneau s’ouvre sans opposer de résistance et nous entrons dans un petit living style préfabriqué.
Mon compagnon pousse un grand cri. Moi qui ai, comme Charles Quint, plus d’empire sur moi-même, je me contente de sortir un canif de ma poche et de grimper sur une chaise pour couper la corde avec laquelle Dubois s’est pendu.
Il a décroché la suspension et l’a remplacée au pied levé. Il tournique doucement, les pinceaux en flèche à quelques centimètres du plancher.
Je scie la corde avec mon maigre coutelet.
— Tiens-le ! crié-je au contrebassiste.
Il a l’habitude de manœuvrer de gros instruments et il ceinture la carcasse de son collègue. La corde se rompt enfin. Floc ! M. Du Pipeau choit. Son pote le soutient et nous l’étendons sur un canapé opportun (les plus confortables !)
— C’est épouvantable, larmoie le moustachu.
Au lieu de renchérir, je pratique la respiration artificielle. Mais je ne tarde pas à comprendre que mes efforts sont vains et que j’aurais plus de chance à ranimer la statue équestre de Louis XVI que ce musicien. Il est mort. De peu, mais quand on l’est, c’est pour un bout de temps, tout le monde vous le dira.
J’abandonne.
— Terminé ? fait le copain.
— Oui. Il s’en est fallu de cinq minutes, il est tout chaud.
— Vous croyez que c’est vraiment un suicide ? doute mon compagnon.
Je bigle autour de moi. Je suis sensible aux impondérables. A la qualité de l’air, je suis à même de déterminer si je suis dans une affaire criminelle ou dans un simple fait divers. D’accord, quelquefois j’ai le nez bouché, mais en général ça rend.
— Oui, mon gars, c’est bel et bien un suicide…
Sur la table, il y a trois mots écrits. Très brefs, très vrais. Trois mots qui ne trompent pas ; trois mots qui expriment toute la détresse du désespéré, toute sa détermination :
Pardon, Maman.
Finfin.
Il en a eu classe, le flûtiste. Il s’était trop mouillé et il a compris que ça allait craquer, alors dans un dernier sursaut d’énergie…
— Bon, caltons, on n’a plus rien à fiche ici, décidé-je.
Je sors après avoir lourdé à clé et je dépose mon contrebassiste devant sa porte, après je vais alerter mes aminches du commissariat. L’homme de barre est un nouveau, un pète-sec corse au regard chafouin. Je me fait connaître et lui explique qu’on continue de défunter de façon peu banale à Juan-les-Pins cette année. Je lui donne l’adresse et la clé du flûtiste Dubois (du bois dont on fait les flûtes ; vous pensez bien que je n’allais pas le laisser passer, celui-là) et je fonce à mon hôtel pour y déguster un sommeil amplement mérité.
Cette fois, le gros Béru est rentré. Je l’entends ronfler depuis l’extrémité du couloir. Il n’y a que lui pour émettre ce bruit de quadrimoteur en difficulté. Je joue Ramplanplan sur sa porte jusqu’à ce qu’il s’éveille après un ultime gargouillis évoquant le vidage d’une chasse d’eau mal réglée.
Il m’ouvre, hirsute, barbu, les yeux collés.
D’instinct, il a coiffé son bitos pour être plus présentable. Avec son pyjama découpé dans de la toile à matelas, il fait croquignolet. Vous le verriez, vous en retiendriez un de la prochaine couvée à n’importe quel prix.
— C’est toi ! bougonne-t-il. Tu pourrais le dire.
— C’est moi, dis-je.
J’entre et vais m’asseoir dans un fauteuil pelucheux. Le Gros se gratte tour à tour le front et la raie des fesses, après quoi il s’extirpe d’une dent creuse une parcelle d’aliment non identifiable qu’il dépose avec soin sur son traversin.
— Qu’est-ce que t’as maquillé jusqu’à ces heures induses ? questionné-je.
— Parle-moi z’en pas, jubile l’Enflure, pour un coup de pot, j’ai eu un coup de pot. Est-ce que je me suis pas fait une Anglaise ?
— Toi !
— Ça te la coupe, hein ? A la terrasse d’un troquet. Elle était à une table à côté. Une personne bien : la soixantaine, mais réparée par un crack. Elle m’a souri. On a engagé la conversation. Moi, c’est pas que je cause couramment l’english, mais avec les dames j’en sais assez pour me faire comprendre.
« Brèfle, je te me la suis embarquée en quarante minutes de baratin : mon record ! Je m’ai proposé de la raccompagner à son hôtel. Là, elle m’a payé le champagne, mon vieux : textuel ! et alors on a polissonné. Une affaire. Quand elle a commencé d’ôter son râtelier, ses lunettes, sa perruque, ses faux seins et ses bas à varices j’ai cru qu’il allait plus en rester. Mais il en est resté assez pour que je lui joue mon concerto en si bémol galvanisé ! »
— Bravo, ça te réussit, les enquêtes sur la Côte. Mais à propos de concerto, tu t’es occupé des musicos ?
— J’ai commencé, fait le Gros. J’ai déjà vu le batteur et le flûtiste et je leur ai fait le baratin convenu. Le batteur voulait me fout’ sur la gueule : dame, la batterie !
Il rigole très fort ; tellement fort qu’un locataire de l’hôtel se met à martyriser la cloison avec ses godasses.
— Et le flûtiste, Grosse Pomme ? Comment a-t-il réagi, lui ?
Le Mahousse hausse ses épaules de lutteur de foire sous son ignoble pyjama.
— Pff, mec, c’est le genre pâlichon. Il était sans nerfs. Il m’a dit qu’il ne comprenait rien à ce que je lui bonnissais et que si j’arrêtais pas mes charres il allait prévenir la Poule. J’ai tout de suite pigé qu’il était blanc comme neige…
La perspicacité de l’Enflure me fait ricaner.
— La neige, en effet, ça le connaissait… Il était tellement blanc, ton petit camarade, qu’il vient de se pendre.
Béru émet un de ces cris qui tiennent à la fois du barrissement de l’éléphant, du rugissement du lion et du curage d’une fosse d’aisances…
— Pendu ! récite le Gravos.
— Il a trouvé qu’il était plus décoratif que sa suspension…
— Alors tu crois qu’il s’est buté pour échapper à la justice ?
— Sinon à la justice, du moins au maître chanteur qu’il croyait voir en toi. Au fait, quel genre de baratin lui avais-tu balancé ?
Fatty se recueille. Il passe deux doigts par un accroc de sa jambe de pyjama, se fait craquer un bouton blanc qui lui décorait la brioche, examine le produit de l’éclatement et s’essuie les doigts dans ses cheveux…
— Je lui ai dit comme ça que j’en avais long à bonnir sur la mort de son collègue. Que j’avais surpris certaines choses… Et que s’il m’aboulait pas deux cents tickets aujourd’hui je crachais le morceau aux poulets…
— C’est tout ?
— Tu trouves que c’est pas suffisant ?
Je secoue la tête.
— Triste, Gros. Je m’attendais pas à une réaction de ce genre. Je pensais que le meurtrier de Gueulasse était un type plus endurci. Maintenant on est marron pour ce qui est de découvrir les mobiles…
Messire Béru au fier visage s’arrache un poil du nez et le jette sur le plancher où il tombe avec un bruit mat.
— Ecoute, San-A. Mon english m’a fiché sur les roulements, ça t’ennuierait de me laisser pioncer ? Le sommeil, c’est la santé ! Moi quand j’ai pas mon taf de ronflette, je suis juste bon à faire des mots écrasés.
— Alors, repose en paix, brave homme.
Je le quitte et gagne ma chambre.
Moi aussi, j’ai besoin de dormir.