III
Le sergent Bourrelier poussa la porte du café des Amis et il entra, suivi du soldat Brû. Ils s’installèrent à leur place habituelle et, sans qu’ils lui eussent rien demandé, Didine leur apporta le tapis vert, les cartes grises, un pernod pour Arthur et le vin blanc gommé du soldat Brû. Arthur et Brû tapèrent comme ça la belote pendant une bonne heure et, de même que les autres jours, le sergent gagna. Ils supèrent alors leur apéro, à petits coups, Brû d’autant plus précautionneusement que, depuis la colonie, avec ses maladies hépatiques et ses coups de bambou, il craignait toujours qu’un peu trop d’alcool ne lui fît tourner la tête.
Lorsqu’ils eurent fini, ils se regardèrent avec sympathie et, comme à l’accoutumée, le sergent proposa :
— Un autre ?
— Tu y tiens ?
— On joue la tournée.
Ils jouèrent et Brû de nouveau perdit. Le second verre, il le buvait avec encore plus de lenteur que le premier. Après en avoir aspiré trente gouttes, il le reposa et, sans regarder son camarade, il lui annonça qu’il ne rengagerait pas.
— Tu y es bien décidé ? demanda Bourrelier.
— À ne pas rengager, oui.
— Et, dis-moi, qu’est-ce que tu vas faire dans le civil ?
— Voilà.
— Tu n’as pas de métier, hein ?
— Bin non.
— Alors ?
— J’ai pensé à balayeur.
— Ça n’a pas beaucoup d’avenir, le balayage. Surtout avec les progrès du machinisme.
— Tout de même, il y aura toujours le fignolage : les petites rues, les petits coins, les endroits difficiles. Par exemple, si une auto est arrêtée, une machine ne peut rien faire, tandis que moi, je pourrai toujours donner un coup dessous, et ça sera tout de même plus propre. Je crois qu’il y a encore de beaux jours pour le balayage à bras.
— Peut-être. Mais tout de même, la mécanique, ça a plus d’avenir.
— J’y connais rien.
— Tu rengagerais dans le train ou le génie, tu sortirais avec un bon métier, comme ils disent sur les affiches.
— Je t’ai dit que je ne voulais pas rengager.
Le sergent Bourrelier soupira :
— Tu pourras jamais nourrir une femme et des enfants, avec ton balayage.
— Je t’ai jamais dit que je voulais nourrir une femme et des enfants.
— Tu préférerais peut-être que ce soit ta femme qui te nourrisse ?
Brû leva les yeux, très surpris.
— Ça existe ?
Arthur s’esclaffa. Puis, sérieux :
— Je t’en ai même trouvé une.
— Toi ? Une quoi ?
— Tiens, on remet ça. C’est trop marant.
— Non. merci. Ça me suffit.
— Tu me refuseras pas ça.
— Alors.
Ils attendirent en silence que Didine leur apportât les verres, toujours un peu plus pleins ceux de la troisième tournée. Le sergent cogna le sien contre celui de Bru en disant :
— À tes amours !
— Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?
Le soldat Brû demandait ça pour faire plaisir à Bourrelier, mais ça ne l’intéressait pas réellement.
— C’est simple, tu as une touche.
— Pas possible, dit Brû. Et qui est-ce ?
Il s’en foutait, bien sûr, mais l’autre se serait vexé si on lui avait pas posé de questions.
— Tu vois la boutique de mercerie qui se trouve rue Gambetta, un peu avant de tourner dans la rue Jules-Ferry, entre la caserne et le burlingue ?
— Non.
— Il y a des piles de ruban, des boutons, des bricoles, quoi, en devanture, comme dans toutes les devantures de mercerie, j’irai même à dire.
— Je ne vois pas.
— Moi, j’avais remarqué.
— Moi, pas.
— Enfin, tant pis. Tu la remarqueras maintenant.
— Pourquoi que je la remarquerais ?
— Tu vas voir.
Le soldat Brû prit la position de l’auditeur attentif assis.
— Eh bien, voilà, commença Bourrelier, c’est la patronne de cette boutique qui en pince pour toi.
— Je la connais pas.
— Tu la connaîtras.
— Pourquoi que je la connaîtrais ?
Le sergent tapa sur la table :
— Tu vas me laisser causer à la fin ?
— Mais je t’écoute, je t’écoute.
Brû sentait le vin blanc gommé qui lui montait à la tête.
— Je te dis donc, reprit Bourrelier, que la mercière a le béguin et qu’elle se propose de t’épouser.
— Comment sais-tu ça ?
— C’est sa sœur qui me l’a dit.
— Tu connais sa sœur ?
— Tu me laisses raconter, oui ou merde ?
Brû l’ayant bouclé, Bourrelier reprit :
— En sortant du burlingue à midi, toi t’as tourné à droite et moi je me suis dirigé vers le mess. J’étais justement en train de me demander ce qu’on aurait à croûter, j’espérais qu’il y aurait du gras-double aux pointes d’asperge, je me disais même comme ça que ça nous changerait des fonds d’artichaut Soubise. c’est marant tu vois, c’est juste au moment où je trouvais comme ça qu’on commençait à en avoir assez des fonds d’artichaut Soubise, cinq fois la semaine dernière, tu t’imagines, alors à ce moment-là, il y a une bonne femme qui m’a accosté, mais quelqu’un tu sais, une bathe, tout à fait du premier choix. Merde que je me suis dit, c’est pas une heure pour faire la retape, mais c’était pas du tout ça qu’elle voulait. Elle m’a parlé tout de suite de toi, tu entends ?
Brû hocha légèrement le chef, pour dire que oui, il entendait.
— On a été boire un verre ensemble et là elle m’a demandé de lui raconter tout ce que je savais de toi et alors je lui ai raconté tout ce que je savais de toi.
— Et qu’est-ce que tu sais de moi ?
— C’est un brave garçon, m’a-t-elle demandé. Ça pour ça oui, que j’ai répondu. Il a quel âge qu’elle m’a demandé. Vingt-cinq ans, ai-je répondu. Alors elle m’a demandé : C’est un soldat de carrière ? Je lui ai répondu : Il va être démobilisé dans un mois. Et j’ai ajouté : Mais ça se pourrait bien qu’il rempile. Oh ! qu’elle s’est écriée, dites-lui bien, monsieur le Sergent, qu’il fasse pas cette connerie-là, parce que ma sœur elle en pince pour lui, c’est du sérieux, il tiendra la boutique avec elle, ils feront de bonnes affaires et ils pourront même s’offrir plus tard une maison près des champs. Et puis elle m’a secoué en me suppliant de t’empêcher de remettre ça dans l’armée.
— Et c’est tout ce que t’as dit sur moi ?
— Oh, ça lui a suffi. T’étais sérieux, pas ivrogne, surtout ça : pas ivrogne, ça lui a plu. T’étais orphelin natif du Vésinet, t’en avais pris pour cinq ans et tu revenais de Madagascar. Voilà. Elle était très contente avec ça. Surtout que tu sois pas soiffard. Ça a fait une très bonne impression.
— Elle t’a pas demandé si j’avais pas une poule ?
Le sergent Bourrelier réfléchit.
— Non, dit-il, elle a pas du tout causé de ce chapitre-là.
Cette constatation les laissa rêveurs.
— Dis donc, reprit le soldat Brû, ce ne sont pas les femmes qui font ça d’habitude.
— Qui font quoi ?
— Qui se documentent sur les hommes.
— Si donc. Les parents font toujours une petite enquête. C’est régulier. Et ses parents à elle, c’est sa sœur, une chouette gonzesse, je ne te dis que ça, comme je te l’ai déjà dit. Elles ont une mère aussi, mais elle habite la capitale. Alors c’est sa sœur qui s’occupe du service de renseignements.
— Tout de même, en général, c’est toujours l’homme qui fait les premiers pas.
— À Madagascar peut-être, mais en France, ça a changé. Pourquoi les filles courraient-elles pas après les garçons ?
— Je ne sais pas.
— En France, ce sont souvent les demoiselles qui font la demande en mariage.
— Alors c’est officiel ?
— Attends un peu. La sœur va rapporter à sa sœur tous les tuyaux qu’elle a récoltés sur toi grâce à moi et, s’ils lui paraissent bons, la mercière ira te trouver. Tu n’as pas de famille, hein ?
— Non. Mais tout de même, moi, dit le soldat Brû en baissant les yeux, je ne peux pas me renseigner sur la mercière ?
— Un petit commerce, ça ne se refuse pas. Elle a pignon sur rue, ta future. Tu peux la prendre les yeux fermés.
— C’est justement ça. Elle est peut-être moche.
— Tu vas faire le difficile ? Toi qui n’as même pas un métier. Je te laissais causer tout à l’heure. Balayeur ! Voilà tout ce que tu avais trouvé ! Et tu vas faire la petite bouche parce qu’on t’offre un petit commerce qui marche ?
— Oui mais, tu te figures, si c’était une cul-de-jattesse ?
— Alors ? D’abord c’est pas plus laid qu’autre chose, et ensuite, tout de même, sa sœur me l’aurait dit.
— J’aimerais mieux être sûr.
— On ne te mettra pas un bandeau sur les yeux à la mairie.
Le soldat Brû, d’un air songeur, vida son troisième vin blanc gommé. La tête lui tournait un peu.
— C’est marant, murmura-t-il.
— T’es un bidard, affirma le sergent Bourrelier en lui foutant une bonne tape sur l’épaule. Juste au moment où t’allais être sur le sable, on t’offre un petit foyer. T’as pas à te plaindre, non ?
Le soldat Brû ne répondit rien.
— Qu’est-ce qui ne va pas encore ? dit Bourrelier.
L’autre hésitait un peu.
— Rien, dit Brû. Rien.
Ce qui le tourmentait, il fallait qu’il rende à Bourrelier sa tournée et, s’il buvait un quatrième vin blanc gommé, ça l’enivrerait. Non seulement les usages le voulaient, qu’il réponde au verre par le verre, mais encore à un homme qui venait vous apporter un riche mariage tout cuit et pour ainsi dire sur un plat, il devait témoigner sa reconnaissance au risque même de l’ébriété.
— Didine, appela-t-il.
— Laisse, dit Bourrelier, c’est pour moi. La dernière seulement. Les deux autres, tu les as perdues.
— On remet ça.
— Non. mon vieux, ça suffit. Je vais être en retard au mess et je veux pas louper le début. Tu penses, y a du potage Dubarry pour commencer et je ne voudrais pas le rater. Et encore tous mes compliments. Sacré bidard.
Il lui administra avant de s’en aller une énergique et amicale bourrade, tandis que Brû attendait sa monnaie.
— Vous avez gagné à la loterie ? demanda Didine.
— Moi ? non. Je n’achète jamais de billets.
— Moi, je prends toujours un dixième.
— Et tu as gagné ?
— Vous occupez pas de moi, meussieu Brû. Mais pourquoi que meussieu Bourrelier vous a dit comme ça que vous étiez un sacré veinard ?
— Ça t’intéresse ?
— Oui, je suis curieuse tout plein.
— Eh bien, je vais me marier.
— Oh ! comme c’est triste.
— Parce que toi, tu trouves ça triste ?
— Bin oui, je vous verrai plus.
— Ça ne m’empêcherait pas de venir.
— Ça sera plus la même chose.
— Tu n’aurais pas la monnaie de cinq francs ?
Il lui aurait bien laissé cent sous de pourboire au lieu de dix, mais il sentit vaguement que cette extravagance constituerait un grand manque de tact de sa part.
— Y a un truc curieux, dit Bourrelier qui était rentré, il faut que je te le dise, il paraît que tu ne comptes pas dans l’effectif de la Place.
— Ça ne m’étonne pas autrement, dit le soldat Bru.
— Je tenais à te prévenir, dit Bourrelier. Adieu, je me tire en vitesse.
— Adieu, dit le soldat Brû. Eh ! comment sais-tu ça ?
— La bonne femme me l’a dit. Adieu.
— Eh ! tu sais comment elle s’appelle ?
— Ma foi, non.
— Et l’autre ?
— Non plus. T’auras qu’à regarder le nom sur la boutique quand tu passeras devant. Adieu. Je vais rater le potage Dubarry.
— Adieu, dit le soldat Brû.
— Alors qui allez-vous épouser comme ça, meussieu Brû ?
— Est-ce que je sais, dit Valentin placidement.
— C’est des choses qu’on sait.
Elle restait là, debout près de lui à côté, avec ses dix-huit ans et tout ce qu’elle avait appris au café des Amis.
— En principe, répondit cette fois Valentin, avec, tiens, quelqu’un dont je ne sais même pas le nom, c’est vrai, j’ai même oublié de demander comment elle s’appelle, cette personne qui se destine à moi.
— Elle a peut-être un prénom ridicule, dit Armandine.
Il rit avec elle. Il avait fini de boire et de payer, il restait là sans faire mine de s’en aller.
Didine s’assit à côté de lui. Le café s’était vidé, le patron descendait à la cave pour trafiquer ses boissons, des odeurs tabageuses, aniques et vinacées traînaient sur le bois meurtri des tables. Brû examinait le verre qui contint son vin blanc gommé. Il avait un peu chaud dans les tuyaux de la tête et son visage exprimait une inexpression totale.
— C’est une commerçante ? demanda Didine.
— Paraît. Elle veut me courir après et me marier.
— Elle vous connaît alors, vous.
— Faut croire. Tiens c’est encore quelque chose que j’ai oublié de demander à Bourrelier.
— Vous avez tout de même bien une petite idée qui c’est.
— Oui. C’est une mercière de la rue Gambetta, un peu avant d’arriver à la rue Jules-Ferry. C’est mon chemin pour aller de la caserne au burlingue, mais j’ai jamais remarqué.
— Oh là là, s’exclama Didine. Je vois. C’est mademoiselle Ségovie.
— Tu la connais ?
— Je veux. Oh là là.
Brû sourit gentiment et demanda :
— Qu’est-ce qu’il y a ? C’est une catastrophe ?
Didine sursauta, mit sa main sur sa bouche et rougit.
— Eh bien quoi ? demanda Brû.
— Je vous demande pardon. Je ne veux dire du mal de personne. Je veux me moquer de personne non plus.
— Tu ne t’es moquée de personne, Didine, et tu n’as dit du mal de personne.
— Non, mais j’allais.
— Je ne suis pas encore marié avec cette demoiselle, comment dis-tu ?
— Ségovie.
— C’est espagnol ça.
— Sais pas.
— Dis-moi tout ce que tu sais ?
— Vous vous fâcherez pas ?
— Elle se renseigne sur moi, je peux bien me renseigner sur elle.
— Bien sûr.
— Alors, dis.
— J’ose pas.
— Allez, vas-y. Dis-moi.
— C’est sûr que vous m’en voudrez pas ?
— Juré…
— Eh bien…
— Courage !
— Eh bien, c’est une vieille fille.
— Et puis après ?
— Mais alors, une vraie vieille fille. Dans les quarante cinquante piges aux cerises.
— C’est beaucoup ça.
— Dame c’est pas ce qu’on appelle la première jeunesse.
— Et encore ?
— J’ose pas.
— Vas-y !
— C’est pas une vraie demoiselle.
— Qu’est-ce que tu veux dire ?
— Paraît qu’elle aimait un type et qu’il a été tué à la guerre.
— Laquelle ?
— Celle des monuments aux morts. Oh, c’est pas d’hier. Depuis, elle a pas voulu se marier.
— C’est plutôt une histoire triste, ça, dit Valentin.
— Faut reconnaître.
— Et comment est-elle ? Tu la connais de vue, toi ?
— Je pense bien. Je vais quelquefois lui acheter des petits trucs. Elle est marante, elle vous sort de ces bourdantes, vous croiriez jamais ça de la part d’une commerçante même pas mariée, des raides comme celles, à vous autres, les militaires. Moi je la trouve un peu sinoque, sauf vott respect, meussieu Brû.
— Pas grave ça. Mais de quoi elle a l’air ?
— Je vous l’ai déjà dit. Elle est plus très jeune.
Brû la regarda.
— Toi, tu es jeune, hein ?
— Naturellement que je suis jeune. Je peux montrer mon acte de naissance.
— Quand te marieras-tu, toi ?
— Quand les poules auront des dents.
— Y en a qui en ont.
— Tenez, meussieu Brû, avec des bien-bonnes comme celle-là, vous ferez la conquête de mademoiselle Ségovie. Mais faudra les poivrer un peu plus. Un autre vin blanc gommé, meussieu Brû ?
— Non, merci, je m’en vais.
— Vous en mettez du temps.
Brû sourit et se leva.
— Adieu, Didine. Je reviendrai encore.
— Ça se peut, meussieu Brû. Ça se peut.
Au coin de la rue Gambetta, il s’arrêta ne sachant que faire. Il avait l’intention d’aller dîner aux Gourmets Fameux, mais alors il fallait qu’il passe devant la mercerie en question. Indécis, il piétinait, fort malheureux. Ses vins blancs gommés ne lui avaient donné aucun courage. Finalement, il fit demi-tour. Le patron des Amis fumait sur le pas de sa porte ; il fit un signe de la main à Valentin qui lui répondit. Un peu plus loin, il y avait le restaurant du Belvédère Fleuri, mais Brû n’osa entrer à cause du prix probable. Les Routiers étaient bien bruyants ; il choisit le Bifteck Comme À Paris qui serait sans doute un peu cher, mais tant pis. Un jour comme aujourd’hui. Mais, au moment d’entrer, il recule et repart en sens inverse. Il passa de nouveau devant le café des Amis, dont le patron, toujours fumant, le regarde avec curiosité. Brû lui fait un signe de la main et le patron lui répond d’une voix forte :
— Va faire une belle soirée.
— Au poil, répond Valentin poliment.
Au coin de la rue Gambetta, il tourna dans le sens opposé à la mercerie, en rasant les pendantes saucisses de la charcuterie. D’un pas rapide, il descend vers l’arrêt du tram. Il ne dînerait pas. Puis il errait dans Bordeaux, traînant sans but ses grolles. À la nuit bien noire, il revint dans les faubourgs. Il arrive à quelques pas de la mercerie. Elle est fermée. Une lampe faible et jaunâtre permet de voir des cartons de boutons jetés plutôt qu’étalés, des disques de rubans empilés avec incertitude.
À droite, il y avait une bobine de fil blanc ; à gauche, une de noir. Çà et là, des objets divers : des aiguilles à tricoter, des pinces de pantalons, un petit tournevis pour machine à coudre, des jarretières, un foulard imprimé sur lequel on pouvait voir le Mont-Saint-Michel. Pouvant le voir, Valentin le vit et il pensa que c’était un endroit à avoir vu. De la France il ne connaissait que Roanne, Clermont-Ferrand, Marseille d’où l’on part pour Madagascar et Bordeaux où l’on en revient. Il n’avait aucun souvenir du Vésinet aux charmes duquel on l’avait arraché à l’âge de deux ans, et il le regrettait. Un jour, il deviendrait peut-être touriste. Alors, il irait voir quelques sites célèbres, et, naturellement, le champ de bataille d’Iéna.
Il recula de deux pas pour lire l’inscription. Il la lut sans difficulté ; elle se composait du simple et unique mot : « mercerie ». Sur la vitre de la porte, il déchiffra un nom : Ja Ségovie, suivi d’un paraphe. Qu’est-ce qu’il y a comme prénom féminin qui commence par un j et finisse par a ? Valentin n’en trouvait point.