Chapitre V : L’artiste a détrôné le philosophe.

 

« L’imagination est la reine du vrai, et le possible est une des provinces du vrai. Elle est positivement apparentée avec l’infini. »

Charles Baudelaire,

Salon de 1859.

 

 

L’idéologie capitaliste romantique permet de répondre sans ambages aux questions sur l’art posées aux bacs de philosophie ces dernières années, toutes sections confondues. Dans l’ordre chronologique :

 

Que vaudrait la vie humaine sans art ? (1993) : rien.

Qu’est-ce qui distingue une œuvre d’art d’un objet quelconque ? (1993) : rien.

L’art n’est-il qu’illusion ? (1994) : oui.

L’œuvre de l’artiste peut-elle se passer du public ? (1994) : certainement.

L’art fait-il réfléchir ou fait-il rêver ? (1994) : rêver.

L’art est-il évasion hors du monde ? (1994) : oui, oh oui !

Suffit-il d’être doué pour être artiste ? (1995) : il suffit d’être.

Le plaisir est-il l’origine et la fin de l’art ? (1995) : oui. Et la jouissance si possible.

Peut-on dire : « La vie n’est pas belle, les images de la vie sont belles » ? (1995) : les images de la vie sont la vie.

En quoi le sentiment artistique se distingue-t-il du sentiment religieux ? (1995) : en rien, la démocratie artiste étant le culte de soi.

L’art nous détourne-t-il de la réalité ? (1996) : oui.

Qui est artiste ? (1996) : tout le monde.

L’homme est-il naturellement artiste ? (1997) : précisément.

S’il y a une beauté naturelle, rend-elle l’art inutile ? (1997) : tout est naturel, surtout l’artifice utile.

L’art peut-il nous affranchir de l’ordre du temps ? (1997) : oui. L’art est un antirides.

Un artiste doit-il être original ? (1997) : bof.

Quelles compétences faut-il pour apprécier une œuvre d’art ? (1998) : aucune.

Tout le monde est-il artiste ? (1998) : puisqu’on vous le dit.

Juge-t-on du beau ou le perçoit-on ? (1999) : on l’imagine.

Pourquoi s’intéresse-t-on aux œuvres d’art ? (2000) : pour devenir artiste.

L’art peut-il être un refuge ? (2000) : ou une maison de repos.