CHAPITRE XII
Comprenant que. Blade n'avait aucune envie de partager son lit et reconnaissant que de toute façon le sexe ne lui avait guère donné d'influence sur lui, Cayla consentit à le laisser loger où il voudrait, quand ils rentrèrent finalement à Néral. Il n'avait pas encore le rang de Capitaine (mais elle comptait bien le faire nommer à temps pour la reprise des raids au printemps), aussi prit-il un appartement de trois pièces dans une des pensions de famille les plus luxueuses de la terrasse inférieure. Cayla lui rendait visite de temps en temps, pour boire du vin chaud et échafauder des projets d'avenir.
D'autres fois, Alixa venait à lui. La jeune aristocrate sensuelle avait souffert de dormir seule lorsque Cayla lui avait arraché Blade pour ses propres desseins et plaisir. Maintenant, sans perdre de temps en jalousie inutile après sa première crise de rage, elle revenait auprès de lui et se rendait dans son logement, chaque fois qu'elle pouvait trouver Brora, Tuabir ou l'un des marins les plus sûrs pour l'escorter dans les sombres et dangereuses ruelles de la ville.
Vint enfin une nuit au cœur de l'hiver. Blade entendit gratter à sa porte, descendit ouvrir et vit Alixa lui sourire, de sous son capuchon bleu, et derrière elle Brora, la mine soucieuse, ses yeux en éveil, du gel brillant sur ses cheveux et sa barbe. Blade prit la main tendue d'Alixa et la conduisit dans l'escalier. Brora les suivit à distance respectueuse, sa main jamais bien loin de la poignée de son sabre d'abordage.
Cette nuit-là, Alixa fut plus ardente, plus insatiable que jamais, gémissant et criant à chaque orgasme, et tellement stimulante chaque fois qu'elle sentait Blade s'affaiblir qu'il atteignit lui- même des sommets d'extase insoupçonnés. Enfin, épuisés, les membres emmêlés et trempés de sueur sur les draps froissés, haletants, ils s'accordèrent un peu de repos.
Le sommeil commençait à alourdir les paupières de Blade quand il entendit un claquement et un grincement au-dessus de sa tête. Quelqu'un descendait par la trappe du toit. Il tendit le bras hors du lit pour ramasser son épée par terre et sa dague dans la tige de sa botte, mais n'alluma pas la lanterne.
— Ne bouge pas, souffla-t-il à Alixa.
Des pas résonnèrent dans le grenier. Il entendit Brora dégainer et se placer devant la porte ; et puis la porte du grenier qui s'ouvrait en allant claquer contre le mur. Quelques instants plus tard, la porte de la chambre fut arrachée à ses gonds. Avant que le battant touche le plancher, Blade avait roulé du lit de l'autre côté, de manière à être invisible du seuil.