Damon KNIGHT :
POUR SERVIR L’HOMME
Cette nouvelle qui commence – apparemment – presque comme la précédente est véritablement historique. Elle parut en français dans le premier numéro du premier Galaxie en 1953, et elle fit à ses premiers lecteurs (dont j’étais) l’effet d’un choc électrique. Elle résumait l’étrangeté, l’horreur et l’humour dont était capable un genre alors inconnu, la science-fiction. Elle annonçait, en fait, cette invasion littéraire.
LES Kanamites n’étaient pas jolis jolis, c’est vrai. Ils avaient quelque chose du cochon et quelque chose de l’homme, ce qui n’est pas une combinaison attirante. C’était un choc que de les voir pour la première fois, un handicap pour eux. Quand arrive des étoiles pour vous offrir un cadeau quelque chose qui a toute l’apparence d’un monstre, on aurait tendance à refuser.
Je ne sais pas à quoi nous espérions que ressembleraient des visiteurs interstellaires… ceux d’entre nous qui y pensaient, je veux dire. À des anges, peut-être, ou à quelque chose de trop étranger pour faire vraiment peur. Peut-être est-ce la raison pour laquelle nous avons été si horrifiés et dégoûtés quand ils ont atterri dans leurs vaisseaux immenses et que nous avons vu de quoi ils avaient l’air.
Les Kanamites étaient petits et très velus… des poils épais, hérissés, d’un brun gris, couvrant la totalité de leurs corps abominablement replets. Leur nez rappelait un groin, ils avaient de petits yeux et leurs mains épaisses ne comportaient que trois doigts. Ils portaient des harnais de cuir et des culottes courtes, le tout vert, mais je crois que les culottes étaient une concession à nos notions de décence publique. Les habits étaient à la mode du jour, avec des poches à fentes et une martingale dans le dos. En tout cas, les Kanamites avaient de l’humour.
Il y en avait trois à cette session de l’O.N.U. et, mon Dieu, je ne pourrais dire à quel point c’était bizarre de les voir au milieu d’une solennelle séance plénière… ces trois créatures porcines en harnais et culottes verts assises à la longue table devant le podium, entourées par l’arc compact des délégués de toutes les nations. Ils étaient assis dans une posture rigide, observant chaque conférencier poliment. Leurs oreilles plates retombaient pardessus les écouteurs. Plus tard, je pense, ils apprirent toutes les langues humaines, mais à cette époque, ils ne savaient que le français et l’anglais.
Ils semblaient bien à leur aise… et ceci, en plus de leur humour, est une chose qui me poussait à les apprécier. Je faisais partie de la minorité ; je ne pensais pas qu’ils cherchaient à nous posséder.
Le délégué de l’Argentine se leva et dit que son gouvernement était intéressé par la démonstration de l’énergie à bas prix que les Kanamites avaient faite lors de la session précédente, mais que le gouvernement argentin ne pourrait pas s’engager plus avant, en ce qui concernait sa politique future, sans un examen beaucoup plus approfondi.
C’est ce que disaient tous les délégués, mais je devais prêter toute mon attention au señor Valdes, parce qu’il avait tendance à postillonner et que sa diction était mauvaise. Je me tirai quand même de ma traduction, avec une ou deux hésitations momentanées seulement, puis je passai à la ligne polonais-anglais pour voir comment Gregori s’en sortait avec Janciewicz. Janciewicz était la croix que devait porter Gregori, tout comme Valdes était la mienne.
Janciewicz répéta les remarques précédentes avec quelques variantes idéologiques, puis le Secrétaire général donna la parole au délègue de la France, qui introduisit le docteur Denis Lévèque, le criminologiste, à la suite de quoi un amas d’équipement complique fut roulé dans la salle.
Le docteur Lévèque remarqua que la question qui hantait bien des esprits avait été exprimée de façon adéquate par le délégué de l’U.R.S.S. lors de la session précédente, quand il avait demandé : « Quel est le motif des Kanamites ? Quel est leur but en nous offrant des cadeaux sans précédents et en ne demandant rien en retour ?
Le docteur poursuivit :
« À la demande de plusieurs délégués, et avec le plein accord de nos hôtes, les Kanamites, mes collègues et moi-même avons soumis les Kanamites à une succession de tests à l’aide de l’équipement que vous pouvez voir devant vous. Ces tests vont aujourd’hui être répétés. »
Un murmure courut dans la salle. Il y eut une fusillade de flashes, et une des caméras de télévision se déplaça pour cadrer le tableau de contrôle de l’équipement du médecin. Au même moment, le gigantesque écran de télévision, derrière le podium, s’illumina, et nous vîmes deux énormes cadrans dont les aiguilles pointaient sur le zéro, ainsi qu’une bande de papier enregistreur sur lequel reposait la pointe d’un style.
Les assistants du docteur assujettissaient des fils aux tempes d’un des Kanamites, enveloppaient un tube de caoutchouc recouvert de toile autour de son avant-bras et collaient quelque chose sur la paume de sa main droite.
Sur l’écran, nous vîmes le papier enregistreur se mettre en marche cependant que le style traçait une lente ligne en zigzag. Une des aiguilles se mit à sauter rythmiquement ; l’autre bondit et resta où elle était arrivée en oscillant un peu.
« Ce sont là les instruments classiques pour vérifier la véracité d’une déclaration, dit le docteur Lévèque. Notre premier objet, puisque la physiologie des Kanamites nous est inconnue, a été de déterminer s’ils réagissent ou non à ces tests comme le font les êtres humains. Nous répéterons maintenant une des nombreuses expériences qui ont été faites dans le but de le découvrir. »
Il désigna le premier cadran.
« Cet appareil enregistre les battements du cœur du sujet. Celui-ci montre la conductivité électrique de la peau de sa paume, une mesure de transpiration qui augmente sous la tension. Et ceci… »
Il désignait l’appareil muni d’un style.
« … ceci montre le dessin et l’intensité des ondes électriques émanant de son cerveau. On a montré, avec des sujets humains, que toutes ces lectures varient de façon marquante selon que le sujet dit ou non la vérité. »
Il saisit deux grands morceaux de carton, un rouge et l’autre noir. Le rouge était un carré d’environ un mètre de côté ; le noir un rectangle d’un mètre quinze de longueur. Il s’adressa au Kanama.
« Lequel est le plus long des deux ?
— Le rouge », dit le Kanama.
Les deux aiguilles bondirent brusquement, ainsi que la ligne du rouleau.
« Je répéterai ma question, dit le médecin. Lequel est le plus long des deux ?
— Le noir », dit la créature.
Cette fois-ci, les instruments gardèrent leur rythme normal.
« Comment êtes-vous venu sur cette planète ? demanda le docteur.
— À pied », répondit le Kanama.
À nouveau les instruments marquèrent le coup, et il y eut un frémissement contenu de rires dans la salle.
« Une nouvelle fois, dit le médecin. Comment êtes-vous venu sur cette planète ? »
— En astronef, dit le Kanama, et les instruments ne sursautèrent pas.
Le docteur fit de nouveau face aux délégués.
« Beaucoup d’expériences semblables ont été faites, dit-il, et mes collègues et moi-même sommes assurés que le mécanisme est efficace. À présent… »
Il se tourna vers le Kanama.
« … je demanderai à notre hôte distingué de répondre à la question posée lors de la dernière session par le délégué de l’U.R.S.S.… à savoir : quel est le motif qui pousse les Kanamites à faire de si grands dons aux gens de la Terre ? »
Le Kanama se leva. S’exprimant cette fois en anglais, il déclara :
« Sur ma planète, nous avons un proverbe : « Il y a plus de mystères dans une pierre que dans le crâne d’un philosophe. » Les motifs des êtres intelligents, bien qu’ils puissent quelquefois sembler obscurs, sont des choses toutes simples, comparées à la complexité de l’univers naturel. En conséquence, j’espère que les gens de la Terre me comprendront, et me croiront, lorsque je leur dirai que notre mission sur votre planète est simplement celle-ci : vous apporter la paix et l’abondance dont nous bénéficions nous-mêmes, et que nous avons par le passé apportées à d’autres races dans toute la galaxie. Lorsque votre monde ne connaîtra plus la faim, plus la guerre, plus les souffrances inutiles, ce sera là notre récompense. »
Et les aiguilles n’avaient pas bougé du tout.
Le délégué de l’Ukraine sauta sur ses pieds et demanda à avoir la parole, mais il était tard et le Secrétaire général suspendit la séance.
Je rencontrai Gregori en quittant la salle. Son visage était rouge d’excitation.
« Qui a eu l’idée de ce cirque ? demanda-t-il.
— Les tests m’ont paru authentiques, lui dis-je.
— Un cirque ! dit-il avec véhémence. Une farce de second ordre ! S’ils étaient authentiques, Peter, pourquoi aurait-on étouffé le débat ?
— On aura sûrement tout le temps d’en discuter demain.
— Demain, le docteur et ses instruments seront repartis pour Paris. Des tas de choses peuvent arriver avant demain. Au nom de la logique, mon vieux, qui ferait confiance à une chose qui a l’air d’avoir dévoré un bébé ? »
J’étais légèrement excédé. Je dis : « Es-tu sûr de n’être pas plus inquiet de leur politique que de leur apparence ?
— Bah », dit-il en s’en allant.
Le lendemain, des rapports parvinrent de laboratoires un peu partout dans le monde, où l’énergie des Kanamites était testée. Ils étaient follement enthousiastes. Moi, je ne connais rien à ces choses, mais il semblait que ces petites boîtes de métal pouvaient donner plus d’énergie électrique qu’une pile atomique, pour presque rien et presque éternellement. Et on ajoutait qu’elles étaient si bon marché à manufacturer que n’importe qui au monde pourrait en posséder une. Au début de l’après-midi, il y avait des rapports selon lesquels dix-sept pays s’étaient déjà lancés dans la construction d’usines pour les fabriquer.
Le jour suivant, les Kanamites se présentèrent avec les plans ainsi que des spécimens d’un machin qui accroîtrait la fertilité de n’importe quelle terre arable de 60 à 100 p. 100. Ce machin accélérait la formation de nitrates dans le sol, ou quelque chose de ce genre. Il n’y avait plus dans les journaux que des histoires sur les Kanamites. Le surlendemain, ils lâchèrent leur bombe.
« Vous avez à présent, potentiellement, de l’énergie sans limite et des provisions accrues de nourriture », dit l’un d’entre eux.
Il montra de sa main à trois doigts un instrument qui reposait sur une table devant lui.
« Nous vous offrons un troisième présent, qui est au moins aussi important que les deux premiers. »
Il invita les hommes de la télévision à rouler leurs caméras pour un gros plan. Puis il saisit une grande feuille de carton recouverte de dessins et de lettres anglaises. Nous la vîmes sur le grand écran, derrière le podium ; c’était nettement lisible.
« On nous informe que cette émission est relayée dans votre monde entier, dit le Kanama. J’aimerais que tous ceux qui disposent d’un équipement pour prendre des photographies d’un écran de télévision l’utilisent à présent. »
Le Secrétaire général se pencha en avant et posa une brève question, mais le Kanama l’ignora.
« Cet appareil, dit-il, engendre un champ dans lequel aucun explosif, de quelque nature qu’il soit, ne peut détoner. »
Il y eut un silence incompréhensif.
Le Kanama reprit :
« On ne peut désormais plus le supprimer. Si une nation le possède, toutes doivent l’avoir. »
Et comme personne ne semblait comprendre, il expliqua brutalement :
« Il n’y aura plus de guerres. »
C’était la plus grande nouvelle du millénaire, et elle était parfaitement vraie. Il se trouva que les explosions dont le Kanama avait parlé comprenaient celles de l’essence et du Diesel. Ils avaient tout bonnement rendu impossible à qui que ce soit de monter ou d’équiper une armée moderne.
Nous aurions pu, bien entendu, en revenir à l’arc et à la flèche, mais cela n’aurait pas satisfait les militaires. De plus, il n’y aurait pas eu de raison pour faire la guerre. Chaque nation aurait bientôt tout ce qu’il lui fallait.
Nul ne pensa plus jamais aux expériences de détecteur de mensonge, ni ne demanda aux Kanamites ce qu’était leur politique. Gregori fut renvoyé ; il n’avait rien trouvé qui prouve ce qu’il soupçonnait.
Je quittai mon travail à l’O.N.U. quelques mois plus tard, parce que je prévoyais que l’organisation allait mourir de toute manière. Les travaux de l’O.N.U. augmentaient pour le moment, mais au bout d’une année environ il ne lui resterait plus rien à faire. Chaque nation terrestre était sur la voie de se suffire entièrement à elle-même ; il n’y aurait plus beaucoup de cas où un arbitrage serait nécessaire.
J’acceptai une situation de traducteur à l’Ambassade kanamite, et c’est là que je tombai de nouveau sur Gregori. Je fus heureux de le revoir, mais je ne pus imaginer ce qu’il faisait là.
« Je te croyais dans l’opposition, dis-je. Ne me raconte pas que tu es convaincu de la bonne foi des Kanamites. »
Il me regarda d’un air honteux.
« Ils ne sont en tout cas pas ce qu’ils semblent être », dit-il.
C’était la plus grande concession qu’il pouvait décemment faire, et je l’invitai au salon de l’Ambassade pour boire un verre. C’était un endroit très intime, et il me fit des confidences dès le deuxième daiquiri.
« Ils me fascinent, dit-il. Je les hais d’instinct, toujours – ceci n’a pas changé – mais je peux faire la part des choses. Tu avais raison, évidemment ; ils ne nous veulent que du bien. Mais sais-tu, poursuivit-il en se penchant-par-dessus la table, qu’il n’a jamais été répondu à la question du délégué soviétique ? »
Je crains bien d’avoir ricané.
« Non, réellement, dit-il. Ils nous ont dit ce qu’ils voulaient faire… « vous apporter la paix et l’abondance dont nous bénéficions nous-mêmes », mais ils n’ont pas dit pourquoi.
— Pourquoi les missionnaires…
— Au diable les missionnaires ! dit-il, furieux. Les missionnaires ont un motif religieux. Si ces créatures ont une religion, elles ne l’ont pas mentionnée une seule fois. Qui plus est, on ne nous a pas envoyé un groupe missionnaire ; on a envoyé une délégation diplomatique… un groupe représente la volonté et la politique de leur population entière. À présent, qu’est-ce que peuvent gagner les Kanami tes, en tant que peuple ou nation, à notre bien-être ? »
Je lançai :
« La culture de…
— La culture des choux ! Non, c’est quelque chose de plus évident que ça, quelque chose d’obscur qui appartient à leur psychologie et pas à la nôtre. Mais fais-moi confiance, Peter, il n’existe rien qui ressemble à l’altruisme complètement désintéressé. D’une façon ou d’une autre, ils ont quelque chose à gagner.
— Et c’est pour ça que tu étais là, dis-je. Pour tenter de trouver ce que c’est.
— Tout juste. Je voulais faire partie d’un de ces groupes d’échange pour dix ans sur leur planète mère, mais je n’ai pas pu ; le quota était atteint une semaine après leur annonce. Ce que je fais est le mieux possible, après ça. J’apprends leur langue, et tu sais que la langue reflète les postulats de base des gens qui l’utilisent. Je maîtrise déjà pas mal le langage parlé. Il n’est pas difficile, en réalité, et il y a des indices là-dedans. Certaines expressions idiomatiques sont très semblables à celles de l’anglais. Je suis sûr de trouver la réponse à la fin.
— Bonne chance », dis-je en retournant à mon travail.
Je revis souvent Gregori à partir de là, et il me tint au courant de ses progrès. Il était tout excité un mois environ après notre première rencontre ; il disait qu’il s’était procuré un livre des Kanamites et était en train de le déchiffrer. Ils écrivaient avec des idéogrammes pires que ceux des Chinois, mais il était déterminé à aller au fond, même si cela devait lui prendre dix ans. Il voulait mon aide.
En fait, j’étais intéressé malgré moi, car je savais que ce serait un long travail. Nous passâmes plusieurs soirées ensemble, à travailler à partir des bulletins kanamites affichés et d’autres textes du même genre, et à l’aide du dictionnaire anglais-kanamite extrêmement succinct qu’ils avaient publié à l’usage des employés. Ma conscience me reprochait le livre volé, mais peu à peu je m’absorbai dans le problème. Les langues sont mon domaine, après tout. Je ne pouvais m’empêcher d’être fasciné.
Nous avons pu traduire le titre en quelques semaines. C’était Pour servir l’homme, de toute évidence un manuel qu’on donnait aux nouveaux membres de l’Ambassade kanamite. Il arrivait de nouveaux Kanamites tout le temps maintenant, une cargaison par mois environ ; ils ouvraient toutes sortes de laboratoires de recherches, de cliniques, etc. S’il restait quelqu’un sur Terre, à part Gregori, pour se défier encore de ces gens, ce devait être quelque part en plein Tibet.
Il était ahurissant de voir les changements qui avaient été apportés en moins d’une année. Il n’y avait plus d’armée sur pied, plus de disette, plus de chômage. Quand on prenait un journal, ce n’était plus BOMBES H EN ORBITE qui explosait au regard ; les nouvelles étaient toujours bonnes. C’était difficile de s’y faire. Les Kanamites travaillaient sur la biochimie humaine, et on savait dans les milieux touchant l’Ambassade qu’ils étaient près d’annoncer des méthodes pour rendre notre espèce plus grande, plus forte et plus saine – une race de surhommes, pratiquement – et qu’ils avaient un traitement éventuel pour les maladies cardiaques et le cancer.
Je ne vis pas Gregori d’une quinzaine après que nous en eûmes fini avec le titre du livre ; j’avais pris des vacances tardives au Canada. Quand je revins, je fus frappé par un changement dans son attitude.
« Qu’est-ce qui ne va pas, Gregori ? demandai-je. Tu as l’air d’un vrai démon.
— Descends au salon. »
Je l’accompagnai, et il avala un scotch sec comme s’il en avait besoin.
« Allons, mon vieux, qu’est-ce qu’il se passe ? le pressai-je.
— Les Kanamites m’ont inscrit sur la liste des passagers pour le prochain astronef d’échange, dit-il. Toi aussi, sinon je ne t’aurais pas parlé.
— Eh bien, dis-je, mais…
— Ce ne sont pas des altruistes. »
J’essayai de le raisonner. Je montrai qu’ils avaient fait de la Terre un paradis, en comparaison de ce qu’il y avait auparavant. Il ne fit que secouer la tête.
Alors, je demandai :
« Dis-moi, qu’as-tu trouvé sur ces tests de détecteur de mensonge ?
— Une farce, répondit-il sans s’échauffer. Je l’ai dit à l’époque, idiot. Ils disaient la vérité, pourtant, sur ce qu’on leur demandait.
— Et le livre ? demandai-je, excédé. Qu’en est-il… Pour servir l’homme ? Ils ne l’ont pas écrit à notre intention. C’est là ce qu’ils nous veulent. Comment expliques-tu cela ?
— J’ai lu le premier paragraphe de ce livre, dit-il. Pourquoi crois-tu que je n’ai pas dormi depuis une semaine ?
« Alors ? » dis-je.
Il eut un sourire curieux, un peu contraint.
« C’est un livre de cuisine », dit-il.
Traduit par Pierre VERSINS.
To serve man.
© Damon Knight, 1950.
© Librairie Générale Française, 1980, pour la traduction.