En ce temps-là, le duc, divisant son armée en deux corps, fit marcher l’un vers le duché de Luxembourg, et l’autre vers le marquisat de Namur
– C’est, dit Ulenspiegel, quelque militaire résolution à moi inconnue ; ce m’est tout un, allons vers Maestricht avec confiance.
Comme ils longeaient la Meuse près de la ville, Lamme vit Ulenspiegel regarder attentivement tous les bateaux qui voguaient sur le fleuve et s’arrêter devant l’un d’eux portant une sirène à la proue. Et cette sirène tenait un écusson où était marqué en lettres d’or sur fond de sable le signe J-H-S, qui est celui de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Ulenspiegel fit signe à Lamme de s’arrêter et se mit à chanter comme alouette joyeusement.
Un homme vint sur le bateau, chanta comme le coq, puis, sur un signe d’Ulenspiegel, qui brayait comme un âne et lui montrait le populaire assemblé sur le quai, se mit à braire comme un âne terriblement. Les deux baudets d’Ulenspiegel et de Lamme couchèrent les oreilles et chantèrent leur chanson de nature.
Des femmes passaient, des hommes aussi montant des chevaux de halage, et Ulenspiegel dit à Lamme :
– Ce batelier se gausse de nous et de nos montures. Si nous l’allions attaquer sur son bateau ?
– Qu’il vienne ici plutôt ? répondit Lamme.
Une femme alors parla et dit :
– Si vous ne voulez revenir les bras coupés, les reins cassés, le muffle en pièces, laissez braire à l’aise ce Stercke Pier.
– Hi han ! hi han ! hi han ! faisait le batelier.
– Laissez-le chanter, dit la commère, nous l’avons vu l’autre jour lever sur les épaules une charrette chargée de lourds tonneaux de bière, et arrêter une autre charrette traînée par un vigoureux cheval. Là, dit-elle en montrant l’auberge de la Blauwe Torren, la Tour Bleue, il a percé de son couteau, lancé à vingt pas, une planche de chêne de douze pouces d’épaisseur.
– Hi han ! hi han ! hi han ! faisait le batelier, tandis qu’un garçonnet de douze ans montait sur le pont du bateau et se mettait à braire pareillement.
Ulenspiegel répondit :
– Il ne nous chault de ton Pierre le Fort ! Si Stercke Pier qu’il soit, nous le sommes plus que lui, et voilà mon ami Lamme qui en mangerait deux de sa taille sans hoqueter.
– Que dis-tu, mon fils ? demanda Lamme.
– Ce qui est, répondit Ulenspiegel ; ne me contredis point par modestie. Oui, bonnes gens, commères et manouvriers, tantôt vous le verrez besogner des bras et réduire à néant ce fameux Stercke Pier.
– Tais-toi, dit Lamme.
– Ta force est connue, répondit Ulenspiegel, tu ne la pourrais cacher.
– Hi han ! faisait le batelier, hi han ! faisait le garçonnet.
Soudain Ulenspiegel chanta de nouveau comme une alouette bien mélodieusement. Et les hommes, les femmes et manouvriers, ravis d’aise, lui demandaient où il avait appris ce divin sifflement.
– En paradis, d’où je viens tout droit, répondit Ulenspiegel.
Puis parlant à l’homme qui ne cessait de braire et de le montrer du doigt par moquerie :
– Pourquoi restes-tu là, vaurien, sur ton bateau ? N’oses-tu point venir à terre te gausser de nous et de nos montures ?
– Ne l’oses-tu point ? disait Lamme.
– Hi han ! hi han ! faisait le batelier. Messires baudets baudoyant, montez sur mon bateau.
– Fais comme moi, dit tout bas Ulenspiegel à Lamme.
Et parlant au batelier :
– Si tu es le Stercke Pier, moi je suis Thyl Ulenspiegel. Et ces deux-là sont nos ânes Jef et Jan, qui savent mieux braire que toi, car c’est leur parler naturel. Quant à monter sur tes planches mal jointes, nous ne le voudrions point. Ton bateau est comme une cuvelle, chaque fois qu’une vaque le pousse il recule, et il ne saurait marcher que comme les crabes, de côté.
– Oui, comme les crabes ! disait Lamme.
Le batelier alors parlant à Lamme :
– Que marmonnes-tu là entre tes dents, bloc de lard ?
Lamme, entrant en rage, dit :
– Mauvais chrétien, qui me reproches mon infirmité, sache que mon lard est à moi et provient de ma bonne nourriture, tandis que toi, vieux clou rouillé, tu ne vécus que de vieux harengs saurs, de mèches de chandelles, de peaux de stockfisch, à en juger par ta viande maigre, que l’on voit passer à travers les trous de ton haut-de-chausses.
– Ils vont s’entrecogner raidement, disaient les hommes, femmes et manouvriers, réjouis et curieux.
– Hi han ! hi han ! faisait le batelier.
Lamme voulut descendre de son baudet pour ramasser des pierres et les jeter au batelier.
– Ne jette pas de pierres, dit Ulenspiegel
Le batelier parla à l’oreille du garçonnet hihannant à côté de lui sur le bateau. Celui-ci détacha un batelet des flancs du bateau et, à l’aide d’une gaffe qu’il maniait habilement, s’approcha de là rive. Quand il fut tout près, il dit, se tenant debout fièrement
– Mon baes vous demande si vous osez venir sur le bateau et engager la bataille avec lui par le poing et par le pied. Ces bonshommes et commères seront témoins.
– Nous le voulons, dit Ulenspiegel bien dignement.
– Nous acceptons le combat, dit Lamme avec grande fierté.
Il était midi, les manouvriers diguiers, paveurs, constructeurs de navires, leurs femmes munies de la pitance de leurs hommes, les enfants qui venaient voir leurs pères se restaurer de fèves ou de viande bouillie, tous riaient, battaient des mains à l’idée d’une bataille prochaine, espérant avec gaieté que l’un ou l’autre des combattants aurait la tête cassée, ou tomberait en pièces dans la rivière pour leur réjouissement.
– Mon fils, disait Lamme tout bas, il va nous jeter à l’eau.
– Laisse-toi jeter, disait Ulenspiegel.
– Le gros homme a peur, disait la foule des manouvriers.
Lamme, toujours assis sur son âne, se retourna sur eux et les regarda avec colère, mais ils le huèrent.
– Allons sur le bateau, dit Lamme, ils verront si j’ai peur.
À ces mots il fut hué de nouveau, et Ulenspiegel dit :
– Allons sur le bateau.
Etant descendus de leurs ânes, ils jetèrent les brides au garçonnet, lequel caressait les baudets amicalement et les menait ou il voyait des chardons.
Puis Ulenspiegel prit la gaffe, fit entrer Lamme dans le batelet, cingla vers le bateau, où, à l’aide d’une corde, il monta précédé de Lamme, suant et soufflant.
Quand il fut sur le pont de la barque, Ulenspiegel se baissa comme s’il voulait lacer ses bottines, et dit quelques mots au batelier, lequel sourit et regarda Lamme. Puis il vociféra contre lui mille injures, l’appelant vaurien, bouffi de graisse criminelle, graine de prison, pap-eter, mangeur de bouillie, et lui disant : « Grosse baleine, combien de tonnes d’huile donnes-tu quand on te saigne ? »
Tout soudain, sans répondre, Lamme se lança sur lui comme un bœuf furieux, le terrassa, le frappa de toute sa force, mais ne lui faisait pas grand mal à cause de la grasse faiblesse de ses bras. Le batelier, tout en faisant semblant de résister, se laissait faire, et Ulenspiegel disait : « Ce vaurien payera à boire. »
Les hommes, femmes et manouvriers, qui de la rive regardaient la bataille, disaient : « Qui eût cru que ce gros homme fût si impétueux ? »
Et ils battaient des mains tandis que Lamme frappait comme un sourd. Mais le batelier ne prenait d’autres soins que de préserver son visage. Soudain, Lamme fut vu, le genou sur la poitrine du Stercke Pier, le tenant d’une main à la gorge et levant l’autre pour frapper.
– Crie grâce, disait-il furieux ! ou je te fais passer à travers les planches de ta cuvelle !
Le batelier toussant pour montrer qu’il ne savait crier, demanda grâce de la main.
Alors Lamme fut vu relever généreusement son ennemi, qui bientôt se trouva debout, et, tournant le dos aux spectateurs, tira la langue à Ulenspiegel, lequel éclatait de rire de voir Lamme, secouant fièrement la plume de son béret, marcher en grand triomphe sur le bateau.
Et les hommes, femmes, garçonnets et fillettes, qui-étaient sur la rive, applaudissaient de leur mieux, disant : « Vive le vainqueur du Stercke Pier ! C’est un homme de fer. Vîtes-vous comme il le dauba du poing et comme d’un coup de tête, il le renversa sur le dos ? Voici qu’ils vont boire maintenant pour faire la paix. Le Stercke Pier monte de la cale avec du vin et des saucissons. »
De fait, le Stercke Pier était monté avec deux hanaps et une grande pinte de vin blanc de Meuse. Et Lamme et lui avaient fait la paix. Et Lamme, tout joyeux à cause de son triomphe, à cause du vin et des saucissons, lui demandait, en lui montrant une cheminée de fer qui dégageait une fumée noire et épaisse, quelles étaient les fricassées qu’il faisait dans la cale.
– Cuisine de guerre, répondit le Stercke Pier en souriant.
La foule des manouvriers, des femmes et des enfants s’étant dispersée pour retourner au travail ou au logis, le bruit courut bientôt de bouche en bouche qu’un gros homme, monté sur un âne et accompagné d’un petit pèlerin, monté également sur un âne, était plus fort que Samson et qu’il fallait se garder de l’offenser.
Lamme buvait et regardait le batelier victorieusement.
Celui-ci dit soudain :
– Vos baudets s’ennuient là-bas.
Puis, amenant le bateau contre le quai, il descendit à terre, prit un des ânes par les pieds de devant et les pieds de derrière, et le portant comme Jésus portait l’agneau, le déposa sur le pont du bateau. Puis, en ayant fait de même de l’autre sans souffler, il dit :
– Buvons.
Le garçonnet sauta sur le pont.
Et ils burent. Lamme ébahi ne savait plus si c’était lui-même, natif de Damme, qui avait battu cet homme robuste, et il n’osait plus le regarder qu’à la dérobée, sans aucun triomphe, craignant qu’il ne lui prît envie de le prendre comme il avait fait des baudets et de le jeter tout vif dans la Meuse, par rancune de sa défaite
Mais le batelier, souriant, l’invita gaiement à boire encore, et Lamme se remit de sa frayeur et le regarda derechef avec une assurance victorieuse.
Et le batelier et Ulenspiegel riaient.
Dans l’entre-temps, les baudets, ébahis de se trouver sur un plancher qui n’était point celui des vaches, avaient baissé la tête, couché les oreilles, et de peur n’osaient boire. Le batelier leur alla quérir un des picotins d’avoine qu’il donnait aux chevaux qui halaient sa barque, après l’avoir acheté lui-même, afin de n’être point volé par les conducteurs sur le prix du fourrage.
Quand les baudets virent le picotin, ils marmonnèrent les patenôtres de gueule en regardant le pont du bateau mélancoliquement et n’y osant, de peur de glisser, bouger du sabot.
Sur ce, le batelier dit à Lamme et à Ulenspiegel :
– Allons à la cuisine.
– Cuisine de guerre, dit Lamme inquiet.
– Cuisine de guerre, mais tu peux y descendre sans crainte mon vainqueur.
– Je n’ai point de crainte et je te suis, dit Lamme.
Le garçonnet se mit au gouvernail.
En descendant ils virent partout des sacs de grains, de fèves de pois, de carottes et autres légumes.
Le batelier leur dit alors en ouvrant la porte d’une petite forge.
– Puisque vous êtes des hommes au cœur vaillant qui connaissez le cri de l’alouette, l’oiseau des libres, et le clairon guerrier du coq, et le braire de l’âne, le doux travailleur, je veux vous montrer ma cuisine de guerre. Cette petite forge, vous la trouverez dans la plupart des bateaux de Meuse. Nul ne la peut suspecter, car elle sert à remettre en état les ferrures des navires ; mais ce que tous ne possèdent point, ce sont les beaux légumes contenus en ces placards.
Alors, écartant quelques pierres qui couvraient le fond de la cale, il leva quelques planches, en tira un beau faisceau de canons d’arquebuses, et le levant, comme il l’eût fait d’une plume, il le remit à sa place, puis il leur montra des fers de lances, des hallebardes, des lames d’épées, des sachets de balles et de poudre.
– Vive le Gueux ! dit-il ; ici sont les fèves et la sauce, les crosses sont les gigots, les salades ce sont les fers de hallebardes, et ces canons d’arquebuse sont des jarrets de bœuf pour la soupe de liberté. Vive le Gueux ! Où me faut-il porter cette nourriture ? demanda-t-il à Ulenspiegel.
Ulenspiegel répondit :
– À Nimègue où tu entreras avec ton bateau plus chargé encore de vrais légumes, à toi apportés par des paysans, que tu prendras à Etsen, à Stephansweert et à Ruremonde. Et ceux-là aussi chanteront comme l’alouette, oiseau des libres, tu répondras par le clairon guerrier du coq. Tu iras chez le docteur Pontus, demeurant près du Nieuwe-Waal ; tu lui diras que tu viens en ville avec des légumes, mais que tu crains la sécheresse. Pendant que les paysans iront au marché vendre les légumes trop cher pour qu’on les achète, il te dira ce qu’il faut faire de tes armes. Je pense toutefois qu’il ordonnera de passer, non sans péril, par le Wahal, la Meuse ou le Rhin, échangeant les légumes contre des filets à vendre, pour vaquer avec les bateaux de pêche d’Harlingen, où sont beaucoup de matelots connaissant le chant de l’alouette ; longer la côte par les Waden, gagner le Lauwer-Zee, échanger les filets contre du fer et du plomb, donner des costumes de Marken, de Vlieland ou d’Ameland à tes paysans, te tenir un peu sur les côtes, pêchant et salant ton poisson pour le garder et non pour le vendre, car boire frais et guerroyer salé est chose légitime.
– Adoncques, buvons, dit le batelier.
Et ils montèrent sur le pont.
Mais Lamme, brassant mélancolie :
– Monsieur le batelier, dit-il soudainement, vous avez ici, en votre forge un petit feu si brillant que pour sûr on y ferait cuire le plus suave des hochepots. Mon gosier est altéré de soupe.
– Je te vais rafraîchir, dit l’homme.
Et bientôt il lui servit une soupe grasse, où il avait bouilli une grosse tranche de jambon salé.
Quand Lamme en eût avalé quelques cuillerées, il dit au batelier :
– La gorge me pèle, la langue me brûle ; ce n’est point là du hochepot.
Boire frais et guerroyer salé, c’était écrit, dit Ulenspiegel.
Le batelier remplit donc les hanaps, et dit :
– Je bois à l’alouette, oiseau de liberté.
Ulenspiegel dit :
– Je bois au coq, claironnant la guerre.
Lamme dit :
– Je bois à ma femme ; qu’elle n’ait jamais soif, la bonne aimée.
– Tu iras Jusqu’à Emden, par la mer du Nord, dit Ulenspiegel au batelier. Emden nous est un refuge.
– La mer est grande, dit le batelier
– Grande pour la bataille, dit Ulenspiegel
– Dieu est avec nous, dit le batelier.
– Qui donc est contre nous ? repartit Ulenspiegel.
– Quand partez-vous ? dit-il
– Tout de suite, répondit Ulenspiegel.
– Bon voyage et vent arrière. Voici de la poudre et des balles.
Et, les baisant, il les conduisit, après avoir porté comme des agnelets sur son cou et ses épaules les deux baudets.
Ulenspiegel et Lamme les ayant montés, ils partirent pour Liége.
– Mon fils, dit Lamme, tandis qu’ils cheminaient, comment cet homme si fort s’est-il laissé dauber par moi si cruellement ?
– Afin, dit Ulenspiegel, que partout où nous irons la terreur te précède. Ce nous sera une meilleure escorte que vingt landsknechts. Qui osera désormais attaquer Lamme, le puissant, le victorieux ; Lamme le taureau sans pareil, qui terrassa d’un coup de tête, au vu et au su d’un chacun, le Stercke Pier, Pierre le Fort, qui porte les baudets comme des agneaux et lève d’une épaule toute une charrette de tonneaux de bière ? Chacun te connaît ici déjà, tu es Lamme le redoutable, Lamme l’invincible, et je marche à l’ombre de ta protection. Chacun te connaîtra sur la route que nous allons parcourir, nul ne t’osera regarder de mauvais œil, et vu le grand courage des hommes, tu ne trouveras partout sur ton chemin que bonnetades, salutations, hommages et vénérations adressées à la force de ton poing redoutable.
– Tu parles bien, mon fils, dit Lamme, se redressant sur sa selle.
– Et je dis vrai, repartit Ulenspiegel. Vois-tu ces faces curieuses aux premières maisons de ce village ? On se montre du doigt Lamme, l’horrifique vainqueur. Vois-tu ces hommes qui te regardent avec envie et ces couards chétifs qui ôtent leurs couvre-chefs. ? Réponds à leur salut, Lamme, mon mignon ; ne dédaigne point le faible populaire. Vois, les enfants savent ton nom et le répètent avec crainte.
Et Lamme passait fièrement, saluant à droite et à gauche comme un roi. Et la nouvelle de sa vaillance le suivit de bourg en bourg de ville en ville, jusques à Liége, Chocquier, la Neuville, Vesin et Namur, qu’ils évitèrent à cause des trois prédicants.
Ils marchèrent ainsi longtemps, suivant les rivières, fleuves et canaux. Et partout au chant de l’alouette répondit le chant du coq. Et partout pour l’œuvre de liberté l’on fondait, battait et fourbissait les armes qui partaient sur des navires longeant les côtes.
Et elles passaient aux péages dans des tonneaux, dans des caisses, dans des paniers.
Et il se trouvait toujours de bonnes gens pour les recevoir et les cacher en lieu sûr, avec la poudre et les balles, jusques à l’heure de Dieu.
Et Lamme cheminant avec Ulenspiegel, toujours précédé de sa réputation victorieuse, commença de croire lui-même à sa grande force, et devenant fier et belliqueux, il se laissa croître le poil. Et Ulenspiegel le nomma Lamme le Lion.
Mais Lamme ne demeura point constant en ce dessein à cause des chatouillements de la pousse, le quatrième jour. Et il fit passer le rasoir sur sa face victorieuse, laquelle apparut de nouveau a Ulenspiegel ronde et pleine comme un soleil allumé au feu des bonnes nourritures.
Ce fut ainsi qu’ils vinrent à Stockem.