V
VERSAILLES TEND SES PIÈGES
À
presque seize ans,
Louis XV sort tout juste de l’enfance, en dépit d’une évidente
maturité. Élevé dans la plus grande rigueur religieuse, il ignorait
tout de la gent féminine avant son mariage avec Marie. Il le
soulignera beaucoup plus tard, en 1769, dans une lettre de
recommandations à son petit-fils l’infant de Parme, à l’occasion de
son mariage avec l’archiduchesse Marie-Amélie : « L’on
n’en avait pas usé de même avec moi pour l’instruction du
mariage. » Moins innocente à vingt-deux ans, la princesse
chargée de lui révéler les secrets de la femme n’était guère mieux
lotie car toute aussi prude. Mais elle est tombée en adoration
devant cet adolescent beau comme un dieu. En quelques jours, elle a
accepté sa froideur et sa timidité quasi maladive, deviné sa
difficulté à s’ouvrir aux autres et compris sa peine à accepter le
changement. Pour lui, elle va s’efforcer de devenir à la fois
l’amante, la servante et la grande soeur.
D’emblée, Louis XV y trouve son compte, car cette
épouse plus mûre remplace un peu sa mère, la grande absente de sa
vie ; il admire sa piété et se rassure en la découvrant
presque aussi timide que lui. Marie n’a pas la morgue d’une infante
ou d’une archiduchesse élevée pour le trône et sa modestie
craintive émeut le roi dès leurs premiers jours de vie commune.
Enfin, tous deux n’oublient pas que la seule raison de leur union
est d’assurer la pérennité de la dynastie. Bref, tout semble aller
pour le mieux dans le couple royal à l’heure de conclure le séjour
d’automne à Fontainebleau.
Le 1er décembre
1725, le froid est vif et la nuit tombée depuis longtemps quand le
cortège fait son entrée à Versailles. Mais toute la cour est
rassemblée pour apercevoir Marie Leszczyńska et guetter ses
réactions. Un moment exceptionnel et inédit pour plusieurs
générations, puisque le dernier accueil d’une reine de France
remontait à quarante-trois ans, quand Marie-Thérèse et
Louis XIV prirent possession du château ! Barbier ne
pouvait manquer l’événement : « La reine monta par
l’escalier des Ambassadeurs[1], qui était illuminé et éclairé avec
magnificence, aussi bien que toute l’enfilade des appartements et
de la galerie jusqu’à l’appartement de la reine. On peut juger de
l’effet que cela faisait. »
Impressionnée par les lieux, la jeune reine prend
aussitôt la direction de ses appartements. Installée dans la grande
chambre du premier étage qui donne sur le parterre Sud, où la
duchesse de Bourgogne accoucha de Louis XV et qui fut celle de
Marie-Thérèse , Marie songe aux conseils de son père. Stanislas a
raison sur bien des points et ses recommandations sont pleines de
sagesse. Mais si le roi de Pologne plaide avec brio pour la
noblesse des sentiments chrétiens, sa perception de la cour est
dépassée. Il est resté à sa vision de la France de Louis XIV,
ignorant l’influence jouée par la Régence sur les moeurs de
l’époque.
Les usages et l’étiquette
Pour l’heure, Marie doit conquérir le respect des
courtisans enclins aux critiques malveillantes. Car elle demeure
une créature de la maîtresse de Monsieur le Duc. Barbier se fait
l’écho de l’opinion : « Il [le roi] couche tous les jours
avec elle, mais cette princesse est obsédée par Madame de Prie. Il
ne lui est libre ni de parler à qui elle veut, ni d’écrire. Madame
de Prie entre à tous moments dans ses appartements pourvoir ce
qu’elle fait, et elle n’est maîtresse d’aucune grâce. » Dans
ses Mémoires, le marquis d’Argenson,
qui décoche des flèches empoisonnées à tout bout de champ, ironise
méchamment : « Ce fut elle qui fit la reine, comme je
ferai demain mon laquais valet de chambre. C’est pitié que
cela. » René-Louis d’Argenson n’aime pas Marie
Leszczyńska ; pourtant, cette petite phrase perfide prend un
autre sens lorsque l’on sait qu’il s’est ridiculisé en succombant
aux avances de Madame de Prie.
La rouée marquise est assidue auprès de la reine.
Elle l’entoure de prévenances, se rend indispensable, devient
chaque jour plus hardie au point de la rappeler à l’ordre ; et
si la reine n’acquiesce pas à ses désirs, elle la menace, lui
rappelant chaque fois la médiocrité de sa condition. Un matin,
Marie trouve sur sa table quelques vers assassins :
« Le renvoi de l’infante est la preuve
certaine
Qu’à rompre votre hymen on aura peu de
peine ;
Et nous aurons alors de meilleures raisons
Pour vous faire revoir vos choux et vos
dindons[2]. »
C’est la première fois depuis son arrivée en France
que Marie pleure. Elle devrait appliquer les conseils du roi
Stanislas en se confiant au roi. Mais elle n’ose pas !
Prisonnière de sa propre timidité, elle se sent incapable de
vaincre celle du roi.
Marie Leszczyńska prend donc le parti d’afficher
une sérénité à toute épreuve, de se plier aux usages et d’apprendre
les subtilités de l’étiquette pour se mettre à l’abri des attaques
et continuer de séduire le roi. Avant son arrivée à Versailles,
elle a déjà eu un petit aperçu des règles que son époux applique
machinalement depuis son enfance et dont il entend faire respecter
les principes instaurés par son bisaïeul.
En quelques jours, Marie découvre la mécanique de
la cour, orchestrée autour de sept grands services : la
Chapelle, la Maison civile, la Chambre, les Bâtiments, la Maison
militaire avec la Prévôté de l’hôtel, l’Écurie et les Plaisirs. Ce
qui représente une véritable petite ville sans cesse en mouvement.
Elle apprend que, pour une même charge, il faut quatre titulaires
qui n’exercent leur service que pendant un « quartier »
de l’année[3] ; et
que bien des emplois se transmettent de génération en génération.
En peu de temps, Marie apprend le déroulement immuable des
événements quotidiens. Lundi, concert ; mardi, comédie
française ; mercredi, comédie italienne ; jeudi,
tragédie ; vendredi, jeux ; samedi, concert ;
dimanche, jeux.
La maison des intrigantes
Dans son initiation, elle devrait pouvoir compter
sur son entourage. Mais, là encore, elle a compris que ses espoirs
étaient vains. Pourtant, la maison de la reine est à peine moins
importante que celle du roi ; mais les charges y sont briguées
par des intrigantes qui se moquent bien de la personne qu’elles
vont servir. Elles ne sont là que pour leur intérêt, dans le grand
jeu que constitue la cour. Pire : dans le cas de Marie, Madame
de Prie a sûrement guidé le choix du duc de Bourbon. La plupart des
femmes de l’entourage royal sont donc à la solde du duo
manipulateur.
Au sommet de la hiérarchie, la surintendante n’est
autre que Mademoiselle de Clermont, la soeur de Monsieur le
Duc. En réalité, elle importe peu dans la vie quotidienne de Marie.
La personne essentielle est la dame d’honneur : du lever au
coucher, elle accompagne la reine, lui rappelle ses obligations,
corrige les éventuelles maladresses de protocole et lui évite tout
manquement à l’étiquette. Ses pouvoirs sont importants, puisqu’elle
peut ordonner et commander tout ce qu’elle juge nécessaire pour le
service royal ; elle peut même réprimander les femmes de
chambre. Cette charge très délicate est le plus souvent occupée par
une dame d’âge mûr, appartenant à la haute noblesse. Madame de Prie
aurait apprécié le rôle, mais sa définition l’exclut de facto. Prudent, Monsieur le Duc consulte
Monsieur de Villars et Monsieur de Fleury pour le choix final. Le
trio s’oriente vers la maréchale de Boufflers, âgée de
cinquante-cinq ans. Catherine Charlotte de Gramont a épousé le duc
Louis François de Boufflers en 1693, l’année de son élévation à la
dignité de maréchal. Retirée dans son hôtel parisien après la mort
de son époux, en 1711, elle n’est guère attirée par cette lourde
charge. Elle se fait prier pour l’accepter mais peut difficilement
refuser une mission royale ; elle finit donc par l’accepter à
contrecoeur. Madame de Boufflers n’appartient pas à la coterie
de Monsieur le Duc, mais son manque d’enthousiasme n’en fait pas
une alliée active de la reine.
L’entourage de Marie Leszczyńska ne se limite pas à
ces deux personnes. Parmi les proches, on trouve aussi une dame
d’atour qui veille sur l’imposante garde-robe de la reine. Elle
l’aide à s’habiller et à se changer, ce qui se produit plusieurs
fois par jour. Cette mission échoit à la comtesse de Mailly.
Douze dames du palais complètent l’entourage de la
reine. Six sont titrées : la maréchale de Villars, les
duchesses de Béthune, de Tallard, d’Épernon, la princesse de
Chalais et la comtesse d’Egmont . Les six autres ne le sont
pas : les marquises de Nesle, de Gontaut, de Matignon, de
Mérode, de Rupelmonde et de Prie. Elles assistent la dame
d’honneur, entourent la reine lors des cérémonies et l’accompagnent
dans ses déplacements. Elles servent par groupe et par quartiers
définis, à moins que la reine ne modifie leur tour.
À la cour, on jase de ces nominations. Comment
peut-on placer auprès de la jeune souveraine des dames à la
réputation aussi douteuse ? C’est toujours l’oeuvre de
Madame de Prie qui favorise la présence de libertines de la
Régence comme elle. Bien entendu, Marie Leszczyńska ignore tout du
passé de ces jeunes femmes dont elle admire la grâce et
l’assurance.
Du côté des hommes, le recrutement est moins
tendancieux. Il y a le marquis de Nangis , chevalier
d’honneur ; et le comte de Tessé , premier écuyer. Et il ne
faut pas oublier le marquis de Breteuil, chancelier de la
reine ; le marquis de Villacerf, premier maître d’hôtel ;
Monsieur Pâris-Duverney , secrétaire des commandements et
conseiller de Madame de Prie ; ou encore Monsieur
Bernard, surintendant des Finances, qui n’est autre que le fils du
fameux banquier Samuel Bernard.
Certaines personnes viennent de l’entourage direct
de Louis XV : l’avocat Philippe Lambert, « chargé
d’instruction » du roi, désormais intendant de la reine ;
le mathématicien Chevallier, nouveau secrétaire de son
Conseil ; Marie-Madeleine Mercier, ancienne nourrice du roi,
promue première femme de chambre de la reine ; ou encore
l’incontournable Monsieur de Fleury, nommé grand aumônier de la
reine. La charge de premier aumônier est occupée par l’évêque de
Châlons, Nicolas de Saulx-Tavannes. Il est assisté d’un aumônier
ordinaire, l’abbé de Fontenay, et de quatre aumôniers de
quartier ; ainsi que de l’abbé Le Rouge, chapelain ordinaire,
et de quatre chapelains de quartier. Quant au chevalier de
Vauchoux, il devient écuyer de la reine, en remerciement des
services rendus.
La Maison de la reine, c’est aussi plusieurs
centaines de personnes qui assurent, en coulisse, le bon
fonctionnement de la monarchie : du chauffe-cire au
portemanteau ordinaire, en passant par les médecins, apothicaires,
panetiers, maîtres queux, valets, lavandiers et femmes de
chambre.
Messe, chasse et lansquenet…
Le lendemain de l’arrivée de la reine à Versailles
correspond au premier dimanche de l’Avent. C’est l’occasion pour
elle d’assister à la messe solennelle chantée par la musique du
roi, avant de recevoir les compliments des missionnaires de la
congrégation des Lazaristes. Le 3 décembre, jour de Grand
Appartement, fruits, confitures et glaces sont servis pendant le
concert dans le salon de Vénus. Le jeu a lieu dans la salle du
Trône, où le roi et la reine prennent couleur à la partie de
lansquenet, le jeu de cartes prisé du roi[4] ; puis Louis XV reconduit Marie à
son appartement pour y souper au grand couvert. Sitôt achevé, il
quitte la reine pour se livrer aux cérémonies du grand et petit
coucher dans la chambre de Louis XIV. Place ensuite aux heures
d’intimité : rhabillé et escorté de Bachelier, son premier
valet de chambre, le roi retourne chez la reine ; mais il
reviendra dans ses appartements avant la fin de la nuit, comme le
veut l’étiquette.
Les jours suivants, pendant que Louis XV chasse le
lièvre à Marly ou le sanglier à Saint-Germain, Marie découvre le
parc, la Ménagerie, se promène à Trianon, à Meudon et se rend à
Saint-Cyr visiter la maison royale de Saint-Louis et assister aux
offices. Le 11 décembre, elle est présente au Te Deum chanté dans l’église royale Notre-Dame de
Versailles, en l’honneur de son mariage ; le soir, les
comédiens français jouent Le Mariage
forcé de Molière et Britannicus
de Racine. Un autre jour, elle se rend dans l’appartement de
Mademoiselle de Clermont pour voir une troupe de seigneurs et
de dames de la cour jouer pour elle Le
Misanthrope et la comédie du Florentin.
Découvrant que la reine est une excellente amazone
qui monte à cheval avec grâce et assurance, Louis XV l’entraîne dès
les jours suivants dans des chasses éprouvantes. Infatigable, Marie
suit dans la même journée les équipages du roi, de Monsieur le Duc
et du prince de Conti. Et lorsque retentit « la fanfare de la
reine » composée par Monsieur de Dampierre à son intention,
les courtisans rassemblés à l’orée du bois comprennent que la
petite Polonaise est en passe de conquérir sa place à la
cour.
Sur un ton badin, Voltaire confie alors à Madame de
Bernières ; « La reine fait très bonne mine, bien que sa
mine ne soit point du tout jolie. » Pour le comte de Kaunitz,
ambassadeur d’Autriche, « la reine n’a jamais été belle, avec
de la physionomie et de la grâce dans sa taille. Elle avait de quoi
plaire, si elle n’eût été destinée à un roi de seize ans, beau
alors comme l’Amour. Il n’y eut qu’une voix en France pour
désapprouver sa figure. Elle s’en aperçut et eut le bon esprit d’en
plaisanter la première ; le jour de ses noces, s’approchant
d’une glace : “On ne se plaindra pas, dit-elle, que la mariée
soit trop belle.” »
Louis XV, lui, trouve Marie à son goût. Il la
compare à la reine Blanche de Castille, mère de saint Louis ;
et chaque fois qu’un courtisan lui montre une jolie femme de la
cour, il répond : « Je trouve la reine encore plus
belle. »
La première tempête se prépare
Pendant que Versailles se réjouit, le royaume
souffre. Malgré les fêtes qui célèbrent l’heureuse union dans toute
la France, le pays se porte mal. Au lendemain de la chute de Law,
la remise en ordre des finances et de l’économie progresse
lentement. Plusieurs mois de mauvais temps ont décimé les récoltes,
le prix du pain a triplé, le mécontentement se généralise. La
rumeur transforme la disette en complot pour affamer le peuple et
Paris finit par se soulever malgré la répression policière. En deux
années de gouvernement, Monsieur le Duc n’a suscité que déception
et colère. Fleury, qui assiste à tous les Conseils et à tous les
entretiens du roi avec son ministre, a bien mis en garde
Louis XV contre la politique hasardeuse de son cousin, mais le
roi hésite à s’en séparer. Car il n’aime vraiment pas le
changement… De son côté, Monsieur le Duc ne supporte plus la
présence de l’évêque aux côtés du roi. Il rêve de s’en débarrasser
avec l’aide de Madame de Prie.
Depuis son installation à Versailles, Marie a eu
vent des rumeurs, mais sans les interpréter. Toujours intimidée par
son royal époux, elle se risque pourtant à lui demander son
sentiment sur les hommes de son entourage :
« Comment aimez-vous Monsieur de
Fleury ?
— Beaucoup, répond le roi.
— Et Monsieur le Duc ?
— Assez. »
Louis XV rechigne aux confidences. Même avec son
épouse, il demeure sibyllin et Marie n’obtient rien qui puisse
l’aider à comprendre les raisons de la guerre intestine qui se
profile. Si elle écoute son coeur, elle doit une pleine
reconnaissance au duc de Bourbon, artisan de son mariage royal.
D’autant qu’elle ignore tout de l’aspect sordide des négociations
qui l’ont conduite dans le lit du roi et ne sait rien du passé peu
recommandable du duc et de la marquise. En revanche, elle se sent
très peu en confiance avec Monsieur de Fleury. Certes, il s’est
abstenu de toute critique mais ne l’a pas accueillie avec
enthousiasme. La reine ignore que le vieil évêque réprouve en
silence cette mésalliance dont il connaît les motifs secrets
et, surtout, se sent menacé. À soixante-douze ans, il craint que sa
position privilégiée auprès de son élève ne vole en éclats le jour
où il y aura entente entre la reine et le duc de Bourbon. Or, il
est convaincu de l’imminence de cette collusion. Et comme il sait
que le roi aime Marie, il en conclut que la reine aura, tôt ou
tard, un ascendant sur lui. Pour parer à une disgrâce qu’il croit
inévitable, le prélat ne voit qu’une solution : se débarrasser
de Monsieur le Duc !
Piégée par le duc de Bourbon
Fleury n’aura pas le temps de mettre son plan à
exécution, le duc de Bourbon ayant lui-même dégainé l’épée qui va
l’abattre. À force d’insistance, il convainc la reine d’attirer
Louis XV dans sa chambre pour lui ménager un tête-à-tête. Le soir
du 18 décembre 1725, elle envoie son chevalier d’honneur, le
marquis de Nangis , prier le roi de passer la voir. Louis XV quitte
la compagnie de Fleury et trouve Monsieur le Duc chez Marie.
Aussitôt, la reine se lève pour sortir, mais le duc la retient tout
en quêtant l’assentiment du roi. Se sentant prise au piège, Marie
tente de se dégager de la conversation. Trop tard ! Monsieur
le Duc a déjà entrepris de lire une missive du cardinal de Polignac
proférant des accusations à l’encontre de Fleury. Visiblement
agacé, Louis XV reste silencieux. Le duc de Bourbon se hasarde à
lui demander ce qu’il pense de cette lettre :
« Rien !
— Votre Majesté ne donne-t-elle aucun
ordre ?
— Que les choses demeurent comme elles
sont.
— J’ai donc eu le malheur de déplaire à Votre
Majesté ?
— Oui.
— Votre Majesté n’a plus de bontés pour
moi ?
— Non.
— Monsieur de Fleury a, seul, la confiance de
Votre Majesté ?
— Oui. »
Aussitôt, le duc de Bourbon se jette aux pieds du
roi et lui demande pardon entre deux sanglots. « Je vous
pardonne », répond sèchement le roi en quittant la pièce sans
un regard vers Marie, atterrée.
La scène a duré deux heures pendant lesquelles
Fleury, qui a vu Monsieur le Duc entrer chez la reine, se présente
à son tour à sa porte. Bien entendu, le duc a donné des ordres pour
lui refuser l’entrée. L’évêque n’en attendait pas moins ! Il
utilise alors une tactique qui lui a déjà réussi en 1722 : son
carrosse préparé en hâte, il quitte Versailles en laissant au roi
une lettre respectueuse et tendre, dans laquelle il constate que
« ses services lui paraissant désormais inutiles », il le
supplie « de lui laisser finir ses jours dans la retraite et
préparer son salut auprès des sulpiciens d’Issy ».
Entre-temps, Louis XV s’est retiré dans ses
appartements, irrité par la manoeuvre du duc de Bourbon et
terriblement blessé par l’attitude de Marie qu’il croit complice. À
peine s’est-il éclipsé qu’il reçoit le message de Fleury. C’est le
coup de grâce ! Sans imaginer un instant que l’évêque a monté,
lui aussi, une manoeuvre politique, le roi se croit définitivement
privé de son mentor, de son véritable bras droit, du seul homme
digne de sa confiance. Effondré, il s’enferme, se lamente et pleure
toute la nuit.
Le lendemain, le duc de Mortemart, alors premier
gentilhomme de la chambre, s’enquiert des raisons de cet immense
chagrin royal. Sa réaction sort le roi de son apathie :
« Sire ! N’êtes-vous pas le maître ? Ordonnez à
Monsieur le Duc d’envoyer chercher sur-le-champ Monsieur de
Fleury. » Le duc de Bourbon s’exécute, la rage au ventre, et
Fleury reprend sa place auprès du roi comme si rien ne s’était
passé…
Le duc a perdu, Fleury a gagné, mais la vraie
victime de cette manipulation s’appelle Marie Leszczyńska.
Catastrophée, consciente de sa terrible maladresse, elle voudrait
s’expliquer avec le roi. Hélas, elle en est incapable. La reine se
révèle couarde et n’a pas le courage d’affronter le regard glacial
de ce jeune homme de seize ans qui se croit bafoué ; quant à
lui, la rancoeur exacerbe sa timidité et l’empêche de faire le
premier pas. Résultat : les deux époux s’enferrent dans une
pesante situation de non-dits, d’autant plus détestable qu’elle
s’installe quatre mois seulement après leur mariage ! Marie
n’ose pas même révéler l’ampleur du désastre à Stanislas. Elle se
contente de quelques mots faussement rassurants dans une lettre.
Pour le roi de Pologne qui ne peut comprendre la réalité de la
situation, c’est « une bonne leçon » que vient de
recevoir sa fille. Et il conclut avec son
optimisme habituel : « Le roi continue et augmente
son amour pour la reine ; voilà ce qui est de sûr et de
consolant. »
Dans l’oeil du cyclone
Puis la vie reprend, chacun s’efforçant de cacher
ses détresses. Mais Marie se sent encore plus seule dans cet
univers d’intrigues qu’elle vient d’égratigner avant même d’avoir
eu le temps de le connaître. D’autant qu’on a incité Madame de
Prie à s’éloigner de la cour, de même que Pâris-Duverney , tous
deux victimes de la tourmente soulevée par Monsieur le Duc. Pour
tout réconfort, Marie ne peut désormais s’appuyer que sur son
discret confesseur polonais, l’abbé Labiszewski, qui lui recommande
la piété.
La veille de Noël, elle assiste à la cérémonie au
cours de laquelle son époux, arborant le collier de l’ordre du
Saint-Esprit, se livre au toucher des écrouelles après avoir reçu
la communion des mains du grand aumônier. Les souverains sont dans
leur tribune pour entendre les trois messes de minuit. Puis le roi
prend place dans le choeur pour la grand-messe, célébrée par
l’évêque de La Rochelle.
Selon la tradition, le 1er janvier, princes et princesses du sang
complimentent le roi et la reine. Dans la matinée, les chevaliers
de l’ordre du Saint-Esprit, drapés dans leurs longs manteaux brodés
de flammes, se rendent en procession à la chapelle. Ils précèdent
le roi, grand maître de l’ordre. De la tribune, la reine suit la
cérémonie. Elle est particulièrement émue, ce 1er janvier 1726, car Louis XV doit
remettre le collier au comte Michel Tarlo , cousin germain de la
reine Catherine Opalinska et compagnon de la première heure de
Stanislas.
Le lendemain du Jour de l’An, Louis XV s’installe à
Marly avec une cour réduite à cent vingt personnes. Marie trouve un
certain charme à cette demeure royale, malgré les cheminées qui
fument et l’eau qui gèle dans les cuviers. Le roi vient souvent
chasser à Marly. Il traque avec la même ardeur cerfs, sangliers et
lapins. Il s’enivre aussi de longues promenades en traîneau, le
dernier divertissement à la mode. Frileuse, Marie se couvre de
fourrures à la manière de son pays, rapidement imitée par les dames
de sa suite ; si bien que l’on se croirait à la cour d’Auguste
le Fort.
L’un des grands plaisirs de Marly, c’est le jeu,
encore mieux qu’à Versailles ! Tous les jours, à sept heures
du soir, la cour se retrouve dans le grand salon pour la partie de
lansquenet quotidienne ; à neuf heures, le roi soupe avec la
reine à son grand couvert ; puis à onze heures, les parties
reprennent jusqu’au coucher des souverains. La reine adore le jeu,
surtout le cavagnole[5] qu’elle préfère au lansquenet. Dès ses
premières semaines à la cour, elle s’y plonge avec délectation pour
oublier ses soucis. Et perd beaucoup d’argent : parfois
plusieurs dizaines de milliers de livres en une seule soirée !
À chaque échec, Marie jure de ne plus s’y laisser prendre. Promesse
qu’elle ne tiendra jamais…
La reine se fait un ennemi
À l’occasion du séjour à Marly, la reine ose se
confier au maréchal de Villars dont l’attitude paternelle la
rassure. La froideur du roi, raison des larmes de la reine, sera
l’unique sujet de leur conversation. Dans ses Mémoires, le maréchal résume les conseils qu’il lui
donne : « Il la conjure de cacher sa passion ;
d’ailleurs, il est plus heureux pour elle que le roi ne soit pas
porté à la tendresse et à la vivacité puisque, en cas de passion,
la froideur naturelle est moins cruelle que l’infidélité, qui est
fort à craindre dans un roi beau comme le jour et qui sera lorgné
de tous les beaux yeux de la cour… » Le vieux maréchal ne fait
que semer le doute dans l’esprit de la reine, mais il lui donne un
bon conseil : avoir une explication avec Monsieur de
Fleury.
Huit jours après, Marie s’entretient avec le
prélat. Et commet une nouvelle maladresse en affichant la plus
grande franchise, alors que Fleury cache ses sentiments derrière
une onctuosité respectueuse. Elle le braque d’emblée en vantant le
rôle essentiel de Monsieur le Duc envers elle ; et le supplie
de lui obtenir des audiences privées avec le roi qui ne lui parle
plus. Fleury est agacé. Sur un ton faussement conciliant, il
reconnaît comprendre les raisons de son attachement… mais refuse
d’accéder à sa requête !
Quelques jours plus tard, la reine revient à
nouveau à la charge, dans l’espoir de fléchir l’évêque en faveur de
Madame de Prie et de Pâris-Duverney , écartés de Versailles.
Sa plaidoirie ne fait qu’irriter davantage Fleury.
Villars, informé, lui conseille la prudence :
surtout ne pas se mettre à dos le vieux précepteur du roi !
Marie ne l’écoute pas. Convaincue de son bon droit, elle revient à
la charge pour la troisième fois. Cette fois, elle se heurte à un
véritable mur. Quand elle parle de reconnaissance, Fleury répond
par l’intérêt de l’État. Alors, à bout d’arguments, elle
explose : « Mais comment me résoudre à éloigner des
personnes dont l’un, secrétaire de mes commandements, demande des
juges sur ce qu’on lui reproche, et l’autre que l’on approfondisse
les torts qu’on lui donne ? Pour moi, la disgrâce de ces
gens-là, dont je suis contente, me fera de la peine. »
Puis la reine en vient à l’objet fondamental de ses
tourments : la froideur du roi. Nouvelle maladresse d’une
longue série. Ravi de ces confidences qui alimentent son jeu, le
vieux manipulateur l’écoute avec un sourire de satisfaction… tout
en affirmant, bien entendu, qu’il n’est pour rien dans cette triste
situation !
Apprenant de la reine l’échec de sa démarche,
Villars lui conseille de ménager le vieux prélat. Trop tard :
par ses erreurs et son entêtement à défendre une cause perdue, elle
s’est attirée la rancoeur de Fleury qui ne lui pardonnera jamais
son mauvais choix.
L’heure des sanctions
Pendant ce temps, l’idée d’une éviction du duc de
Bourbon fait son chemin. Entre les manigances et les multiples
erreurs politiques de son premier ministre, Louis XV a fini
par se convaincre de la nécessité de s’en séparer. Le roi n’aime
guère les bouleversements mais la coupe est pleine. Après plusieurs
mois d’interrogations, il se décide lors d’un séjour au château de
Rambouillet, chez sa grand-tante la comtesse de Toulouse[6] dont il apprécie la compagnie
et les invités. L’exécution du plan est fixée au
11 juin 1726. Ce jour-là, Louis XV s’apprête à partir
pour Rambouillet et convie sur un ton enjoué son premier ministre à
l’y rejoindre : « Mon cousin, venez de bonne heure, je
vous attendrai pour jouer et ne commencerai pas sans vous. »
Vers sept heures du soir, Monsieur le Duc se prépare à partir quand
le duc de Charost, capitaine des gardes, lui remet un
billet au nom du roi : « Mon cousin, je vous
ordonne, sous peine de désobéissance, de vous rendre à Chantilly et
d’y demeurer jusqu’à nouvel ordre. » Le comte de Maurepas, à
l’époque jeune secrétaire d’État, entre aussitôt chez lui pour
poser les scellés. Monsieur le Duc quitte Versailles dans son
carrosse, comme pour rejoindre le roi ; et quand l’équipage
est à bonne distance du château, il commande à ses gens de le
conduire à Chantilly.
Au même moment, Monsieur de Fleury se présente chez
la reine pour lui remettre un billet du roi : « Je vous
prie, Madame, et, s’il le faut, je vous l’ordonne, d’ajouter foi à
tout ce que l’ancien évêque de Fréjus vous dira de ma part, comme
si c’était moi-même. » Signé : Louis.
La teneur du billet est digne d’une lettre de
cachet. De la conversation qui a suivi avec le vieux prélat, la
reine ne parlera jamais. Même Villars n’obtiendra aucune
confidence : « Elle lisait ces lignes froides et
cruelles, racontera plus tard le maréchal, avec des sanglots qui
marquaient bien sa passion pour le roi. » Marie est
bouleversée. Comment cet époux de seize ans peut-il être aussi dur
avec elle ? L’aime-t-il vraiment pour agir de la sorte ?
Les paroles de réconfort de Villars ont peut-être séché les larmes
de la reine, mais elles n’ont pas calmé ses craintes.
Fleury devient maître du jeu
L’éviction du duc de Bourbon et de ses acolytes a
été si rondement menée que la cour l’apprend avec retard. Bourbon
est déjà à Chantilly, Pâris-Duverney à la Bastille, ses frères
exilés en province, et Madame de Prie[7] recluse dans son château de Courbépine, en
Normandie. « Monsieur de Fréjus a accoutumé de bonne heure son
élève à dissimuler », constate Barbier, oubliant que cette
méthode a déjà fait ses preuves sous Louis XIV et le Régent.
Mais il précise aussi que « le peuple a été si content de ce
changement, qu’on a été obligé d’empêcher qu’il ne fît des feux de
joie dans les rues ».
Le dimanche 16 juin, Louis XV réunit le
Conseil d’En-haut pour annoncer qu’il prend les rênes du
gouvernement, préférant se passer de premier ministre :
« […] À l’égard des grâces que j’aurai à faire, ce sera à moi
que l’on en parlera et j’en ferai remettre les mémoires à mon garde
des Sceaux, à mes secrétaires d’État et au contrôleur général de
mes Finances, chacun suivant leur département. Je leur fixerai des
heures pour un travail particulier, auquel l’ancien évêque de
Fréjus assistera toujours [...] »
On voit dans ce texte contradictoire qu’en dépit de
la suppression de la charge de principal ministre de l’État,
celle-ci est quand même confiée à Fleury. Or, il est déjà ministre
d’État, ce qui revient à lui conférer les pouvoirs d’une charge
inexistante. Bien que maladroite, la démarche répond au besoin du
jeune roi d’avoir un homme de confiance auprès de lui, pour
l’assister dans l’exercice du pouvoir. À sa manière, il tente de
reconstituer le soutien protecteur créé en son temps par Philippe
d’Orléans.
Il y a une seconde raison, évoquée par Michel
Antoine dans sa biographie de Louis XV, inhérente à l’âge du prélat
– soixante-treize ans – et à sa santé fragile :
« Un premier ministre officiellement institué était par là
même tenu de signer après le roi une multitude de papiers et de
documents financiers, astreinte grande consommatrice de peines et
de temps. En 1726, Fleury avait conscience d’être un vieillard et
entendait consacrer toutes ses ressources intellectuelles et
physiques à ses tâches politiques. » Louis XV lui en saura gré
en le coiffant de la barrette de cardinal, le 5 novembre
1726.
Prête à tout pour l’amour du roi
La position de Fleury auprès du roi complique la
situation de la reine qui se range aux conseils de Villars. Il lui
suggère d’amadouer le prélat en lui demandant sans cesse conseil.
Dès lors débute un échange de lettres portant sur des affaires le
plus souvent anodines : questions d’étiquette, problèmes
d’intendance, autorisations de promenades… Pour Marie, ces
démarches sont humiliantes. Mais elle se comporte en élève docile
et soumise, exactement comme l’avait espéré Madame de Prie.
Prête à tous les sacrifices pour retrouver la confiance de son
époux, elle multiplie les flatteries innocentes à l’égard de
Fleury, s’intéresse à sa santé et l’appelle « mon chérissime
ami ». Mais ces lettres sonnent faux. La reine et le mentor du
roi se jouent une comédie empreinte de déférence et d’humilité
chrétienne, alors qu’ils se détestent.
De nombreux passages des lettres de Marie sont des
messages passionnés qui s’adressent indirectement au roi. Il est
vraisemblable que Fleury ne les a jamais transmis à son élève. De
plus, ces propos enflammés ne sont pas dignes d’une reine de France
dont on attend une réserve de bon aloi quand elle s’adresse
officiellement à un ministre. Mais Marie éprouve une passion
aveuglante pour Louis XV, au point d’oublier qu’elle n’est plus une
petite princesse polonaise. « On n’a jamais aimé comme je
l’aime », confie-t-elle à Stanislas qui ne se rend pas compte
de la situation. En revanche, s’il ignore tout des petites
humiliations que Fleury inflige à sa fille, il sait que le roi
l’honore toutes les nuits. Et, pour lui, c’est
l’essentiel !
L’avenir des Bourbons d’abord !
L’optimisme de Stanislas est fondé, car le roi
continue d’être attiré par sa reine, en dépit des troubles qui
marquent les débuts de leur couple à Versailles. S’il demeure
incapable de franchir la barrière des non-dits et révèle chaque
jour à son épouse un caractère particulièrement difficile, il
l’aime sincèrement. Et surtout, Louis XV n’oublie jamais la
mission qu’ils doivent remplir ensemble : donner des héritiers
à la France ! C’est peut-être ce qu’il a voulu exprimer en
accrochant deux tableaux presque jumeaux dans ses appartements,
courant 1726. Le premier représente sa mère, la duchesse de
Bourgogne : une branche de fleurs d’oranger dans la main
gauche, elle prend la pose sur une terrasse bordée de
verdure ; un page enturbanné à la turque soutient la queue de
son manteau fleurdelisé et un amour potelé se tourne vers elle avec
une corbeille de fleurs. Il a été peint en 1709 par Jean-Baptiste
Santerre , à la demande de Louis XIV. Le second tableau est
une réplique du précédent, à l’exception de l’amour qui porte cette
fois une couronne royale sur un coussin orné de fleurs de lis.
Peint par François Stiémart [8] en 1726, il immortalise Marie
Leszczyńska.
La présence de ces deux tableaux chez le roi n’est
pas due au hasard : désormais entré dans la vie adulte, Louis
XV associe à son épouse une mère qu’il vénère mais n’a jamais
connue. C’est, à sa manière, une marque de confiance essentielle
envers Marie Leszczyńska qui porte maintenant tous les espoirs des
Bourbons.
1-
L’escalier des Ambassadeurs a été démoli par Louis
XV pour édifier l’appartement de sa fille, Madame Adélaïde .
4-
Jeu de cartes (et d’argent) introduit par les
lansquenets, mercenaires allemands servant en France aux
xve et xvie siècles. En
vogue jusqu’au xixe siècle, on pourrait le comparer au moderne
poker. Il était particulièrement apprécié à la cour, où les paris
allaient bon train. Même Louis XV, moins joueur que la reine, lui
consacrait de longues soirées.
5-
Marie Leszczyńska adore le cavagnole (ou cavagnol),
jeu de pur hasard comparable au traditionnel loto. Chaque joueur
dispose d’un tableau à cinq cases et doit tirer les numéros qui y
figurent d’un petit panier, le cavagnol. La reine y jouera toute sa
vie, pariant régulièrement de fortes sommes… qu’elle perdra le plus
souvent ! Ces dettes de jeu la mettront à plusieurs reprises
en position délicate face au roi et à son père, contraints de
l’aider à les rembourser.
6-
Marie-Victoire-Sophie de Noailles (1688-1766),
veuve depuis 1712 de Louis de Pardaillan d’Antin, marquis de
Gondrin, a épousé en secondes noces Louis-Alexandre de
Bourbon, comte de Toulouse, fils légitimé de Louis XIV et
amiral de France. Mère du duc de Penthièvre , elle est la
grand-tante de Louis XV, par la main gauche.
7-
Privée de la cour et de ses intrigues, Madame de
Prie a survécu un an à l’exil, sombrant dans une dépression qui la
poussera au suicide.
8-
Garde des tableaux du roi, copiste de talent et
protégé du duc d’Antin, directeur général des Bâtiments du roi,
François Stiémart (1680-1740) a souvent utilisé cette pratique,
courante à l’époque, qui consiste à réutiliser plusieurs portraits
plus ou moins anciens, en copiant les fonds, les attitudes, les
poses, et en les adaptant pour créer une image nouvelle. D’après
Xavier Salmon, conservateur au Musée national des châteaux de
Versailles et de Trianon, l’effigie de la reine Marie Leszczyńska
résulte, pour l’attitude, de la combinaison du portrait de Santerre
; et, pour le visage, de l’un des premiers portraits de la
jeune Polonaise peint par Jean-Baptiste Van Loo, entre 1725 et
1726. Dans le même esprit, Stiémart peindra ensuite un portrait de
La reine Marie Leszczyńska assise avec les
attributs royaux, qui ressemble beaucoup à celui de
La Princesse Palatine, sorti en 1713 de
l’atelier de Hyacinthe Rigaud. L’ambiance est la même ;
l’artiste n’a fait qu’inverser la posture de son modèle
royal.