YAVIN 4


 

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Les dix-sept superdestroyers placés sous le commandement du vice-amiral Pellaeon émergèrent de l’hyperespace en parfaite formation, démontrant ainsi la précision et la volonté implacable des nouvelles forces impériales créées par Daala.

Sur la passerelle du Tempête de Feu – le superdestroyer que Daala elle-même avait eu sous son commandement pour châtier la trahison de Harrsk – Pellaeon observait le joyau vert de la lune-jungle dominée par la masse de Yavin, la géante gazeuse dont la formidable force pacifique semblait prendre les vaisseaux dans ses filets.

Pellaeon avait taillé sa moustache grise et s’était soigneusement coiffé avant de mettre sa casquette de vice-amiral. Il lissa son uniforme pour renforcer l’image qu’il voulait donner : celle d’un chef qui menait une flotte à la victoire.

Pellaeon repensait aux jours où il avait commandé le Chimæra sous les ordres du Grand Amiral Thrawn. À cette époque, ils avaient bien failli vaincre la Rébellion une fois pour toutes[6]. Avec l’amiral Daala à leur tête, cette chance se représentait – et il n’avait pas l’intention de la laisser passer.

— Insertion orbitale réussie, commandant, annonça l’officier de navigation.

Pellaeon était toujours aussi admiratif vis-à-vis des femmes qui occupaient des postes d’officier dans la nouvelle flotte de Daala : elles semblaient plus zélées que n’importe quel membre d’équipage.

— Aucun signe de défenses ? demanda-t-il.

La jungle paraissait trop paisible, trop vulnérable. Il s’étonnait qu’un monde aussi important pour la Rébellion fût dépourvu de systèmes de défense apparents.

— Rien que nous ayons détecté, amiral, répliqua l’officier tacticien d’un ton hésitant.

Apparemment, il avait les mêmes doutes que Pellaeon.

Pellaeon passa à la phase suivante.

— D’accord. Déployez le réseau de brouillage. Il faut que nous soyons en place et opérationnels avant que les sorciers Jedi puissent fournir un rapport détaillé à leurs armées.

Les superdestroyers dispersèrent des essaims de petits satellites-émetteurs qui se placèrent autour de la lune verte, formant une trame électromagnétique. Dans la minute qui suivit, ils confirmèrent leur position.

Pellaeon annonça sur le circuit de communication général de la flotte :

— Unités d’attaque, préparez-vous. Décollage dans cinq minutes. Les engins TAT et les véhicules d’assaut de jungle feront partie de la première vague. Les chasseurs Tie seront en couverture aérienne.

» Ce monde est peu peuplé et il ne nous prendra pas trop de temps. Cette victoire sur Yavin 4 aujourd’hui sera le premier vrai pas vers la renaissance d’un Empire neuf et plus fort.

Il coupa la communication et s’appuya contre la balustrade avec un sentiment de satisfaction : il commandait une opération qui avait toutes les chances de réussir, et non pas une dernière contre-attaque désespérée, condamnée d’avance.

Il ne s’attendait pas à une réelle résistance de la part des jeunes élèves Jedi.

 

 

Au centre du rassemblement, au cœur de l’espace, le superdestroyer Marteau de la Nuit se préparait à appareiller. L’amiral Daala consacra les ultimes instants à s’assurer que tout était en ordre parfait pour son assaut décisif.

Le vice-amiral Pellaeon devait en ce moment même attaquer la lune des Jedi et Daala se dit qu’elle aurait aimé être à ses côtés pour savourer la mort de chacun d’entre eux, la destruction de chaque immeuble, le ravage de la forêt – mais il n’était pas question de modifier ses plans. Elle savait qu’ils allaient porter un terrible coup psychologique aux Rebelles et que ce premier assaut devrait être écrasant.

Déjà, le colonel Cronus causait un maximum de dégâts avec ses frappes chirurgicales en divers points de la galaxie.

Mais l’écrasement de la lune-jungle de Yavin et du centre d’éducation des Jedi prendrait valeur de symbole. Daala sourit en imaginant les jeunes sorciers encore dépourvus de pouvoir balayés par l’armada de Pellaeon, leur désespoir lorsque les survivants contempleraient l’arrivée de son énorme hyperdestroyer. Pour eux, ce serait mourir une seconde fois. Pas d’espoir de renforts ni de secours, rien qu’un prodigieux vaisseau ennemi.

Elle ne laisserait derrière elle que des cendres. Et les cadavres des Jedi en guise d’avertissement pour tous ceux qui oseraient encore défier l’Empire.

Avant de lancer l’ordre d’assaut, elle fit rebaptiser son hyperdestroyer le Marteau du Chevalier, pour prouver son sens de l’humour aux Jedi avant l’ultime défaite de l’Alliance Rebelle.