NAL HUTTA
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À bord de la frégate d’escorte Yavaris, le général Wedge Antilles, qui effectuait son quart de nuit, était à la fois calme et vigilant dans son siège de commandement. Malgré l’alerte jaune, le Yavaris était d’une tranquillité trompeuse. L’équipage vaquait à ses tâches routinières avec son habituelle efficacité. Les panneaux-brilleurs étaient atténués et les bruits discrets. Mais la tension persistait.
Le statut d’alerte était établi depuis le début de la journée. Ils n’avaient rien entendu, n’avaient eu aucun écho d’un assaut impérial, aucun rapport de Crix Madine – et ils commençaient à être nerveux.
Qwi Xux se glissa sur la passerelle et ses longs doigts bleus lui effleurèrent l’épaule. Il tressaillit avant de lui prendre la main. Il se tourna pour fixer ses yeux d’un indigo profond.
— Toi non plus, tu n’arrives pas à dormir ?
Elle secoua la tête dans le scintillement d’opaline de ses longs cheveux.
— Cette attente est trop éprouvante.
Wedge acquiesça :
— Je déteste la guerre, mais en des instants pareils, j’aimerais que quelque chose se passe.
Et il se passa quelque chose.
Et même plusieurs choses en même temps.
Le signal de détresse de Crix Madine leur parvint en urgence prioritaire, sur un faisceau de fréquence centré sur la flotte de la Nouvelle République. D’autres signaux se déclenchèrent alors sur la console de communication et le Yavaris passa automatiquement en alerte rouge. L’émetteur-implant de Madine ne leur donnait aucun détail, rien que le code de détresse répété.
Wedge savait que le général Madine, Commandant Suprême des Renseignements Alliés, n’avait pu le déclencher que dans des circonstances critiques.
— Il faut qu’on aille le sortir de là, dit Wedge.
Qwi se raidit et ses yeux se firent plus grands encore. Il sentit ses doigts se crisper.
— Ça signifie qu’il a trouvé la superarme des Hutts. Il faut la détruire avant qu’elle ne soit opérationnelle. Nous ne pouvons permettre aux Hutts ou à l’Empire de se servir d’une arme comme celles que j’avais mises au point.
— Tu as raison.
L’amiral Ackbar apparut sur un moniteur. Il était à bord de son superdestroyers Mon Calamari, en uniforme blanc, ses mains-nageoires levées en un geste d’appréhension.
— Ceci pourrait bien être le signal d’une offensive général.
— Oui, amiral. Devons-nous déployer la flotte ? Nous pourrions nous diriger vers la source du signal de Madine à pleine vitesse. Nous ignorons dans quelle situation il se trouve exactement...
Avant même qu’il ait achevé sa phrase, un autre message d’alerte à spectre large apparut sur les écrans. Il avait préemption sur toutes les communications holonet de la Nouvelle République.
— Ici Kyp Durron. J’ai un message urgent pour les forces armées de la Nouvelle République !
Wedge tressaillit, les dents serrées. Qwi s’était encore roidie.
Kyp Durron s’était détourné du Côté Sombre pour servir les Jedi, et Qwi avait su lui pardonner – mais le Chevalier Jedi éveillait toujours le doute en eux.
Kyp transmit son message :
— Mon collègue le Chevalier Jedi Dorsk 81 et moi-même avons pénétré dans les Systèmes du Noyau. Nous avons rencontré une force d’assaut impériale très importante prête à appareiller dans les heures qui viennent. Sous le commandement de l’amiral Daala. Je répète : l’amiral Daala n’est pas morte comme nous le pensions.
» Leur cible principale serait Yavin 4. Daala compte détruire tous les nouveaux Chevalier Jedi. Dorsk 81 et moi-même sommes en route pour l’académie pour participer au combat. Nous requérons toute assistance possible.
— Nous voilà donc face à deux assauts simultanés, déclara Ackbar. Dans la Ceinture d’Astéroïdes de Hoth et sur Yavin 4. Ils doivent compter à cent pour cent sur l’effet de surprise.
— Nous connaissons leurs plans à présent. Est-ce que nous ne devrions pas nous séparer ? suggéra Wedge.
Ackbar grommela :
— Ce message a été expédié à l’ensemble de la flotte de la Nouvelle République. Nous pouvons peut-être espérer des renforts – mais je crois effectivement que nous devrions diviser nos forces dès maintenant. Je doute qu’aucune de ces deux attaques soit un simulacre. Je vais prendre le commandement du Voyageur Galactique et gagner Yavin 4. Vous, vous allez au secours du général Madine. Nous ne pouvons ignorer la menace des Hutts.
— Compris, amiral.
Ackbar inclina la tête.
— Il faut que je place l’ensemble de la flotte en statut de combat. Ceci n’est qu’un commencement.
— Ne vous inquiétez pas : nous allons sortir Madine et son équipe de là-bas, dit Wedge. Et nous en profiterons pour essayer de détruire cette superarme des Hutts.
L’ensemble de l’équipage fut réveillé d’urgence et tous les ponts du Yavaris s’illuminèrent. Les hommes se ruaient dans les coursives.
Pendant toutes les manœuvres, la flotte était restée discrète. Mais, à présent, les vaisseaux n’avaient plus à feindre et la Nouvelle République ne tenait plus compte des observations hutts.
Les deux formations établirent chacune son vecteur et se séparèrent.
Ackbar et ses unités plongèrent dans l’hyperespace tandis que Wedge Antilles lançait le Yavaris à pleine vitesse en direction de la Ceinture d’Astéroïdes de Hoth, droit sur le signal de détresse de Madine.