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Leia ne s’était pas encore remise de la tension qu’elle avait subie pendant sa mission diplomatique dans la forteresse de Durga, aggravée par une surprenante nouvelle : l’amiral Daala avait survécu et préparait un assaut contre la Nouvelle République.

Ils s’éloignaient de Nal Hutta en décrivant un arc afin de contourner la Lune des Contrebandiers pour se diriger vers la flotte d’Ackbar.

Yan, qui n’aurait plus à se soucier des questions d’étiquette, avait retrouvé sa tenue habituelle qui avait connu des jours meilleurs : chemise blanche, gilet noir, pantalon sombre.

C3PO n’avait pas cessé de l’assommer avec la liste de toutes les corvées qui l’attendaient à son retour sur Coruscant. Leia sombra dans une rêverie pénible. Les douces vibrations du vaisseau devinrent comme un massage électronique. Ses pensées dérivèrent. Son souffle se fit plus régulier...

Et soudain, une vrille venue d’ailleurs traversa son esprit. Elle frissonna et se redressa en un éclair, les yeux ouverts, le souffle court. La pensée revint, comme un projectile de glace.

Leia...

Leia !

— Luke ? souffla-t-elle.

C3PO, qui débitait toujours sa liste, s’aperçut enfin de son comportement.

— Maîtresse, vous allez bien ?...

Yan détourna la tête, l’air inquiet.

— Hé, Leia : que se passe-t-il ?

Elle ferma les paupières et crispa ses doigts sur son front. La voix résonnait toujours dans sa tête. Un appel de détresse qui se répétait sans fin.

Leia !

— C’est Luke ! dit-elle enfin. Il est en danger.

— Tu sais où il est ?

Yan n’ajouta rien : durant toutes ces années qu’ils avaient passées ensembles, jamais il n’avait demandé d’explications sur certains détails à son ami Jedi. Explications qui ne pouvait comprendre de toute façon. Même si les Jedi ne représentaient plus pour lui une « espèce de religion », il ne les comprenait toujours pas.

— Non, fit Leia. Je pense pouvoir le situer si je me concentre assez. Mais il faut que nous...

La voix lointaine de Luke s’estompait tout au fond de son esprit mais restait un appel permanent.

— Regarde ! s’écria Yan.

Ils approchaient de la flotte de la Nouvelle République et il pointait le doigt vers la forme monstrueuse de la frégate d’escorte Yavaris, de Wedge. La silhouette familière du Faucon Millenium y était amarrée.

— Chewie a dû revenir avec D2. (Yan se tourna vers Leia.) Nous allons rapporter tout ce que nous avons appris sur les Hutts. Après, nous prendrons tous les vaisseaux disponibles pour aller au secours de Luke. Sinon, nous repartirons avec le Faucon.

Elle se mordit la lèvre.

— D’accord. Je ne pense pas que même si toute la flotte intervenait, ça nous serait vraiment utile. Il faut agir très vite. Ackbar doit savoir ce que nous avons appris sur les activités des Impériaux. Il aura besoin de temps pour mettre sur pied une stratégie.

Lorsque la navette se présenta dans la baie du Yavaris, ils descendirent aussitôt, encadrés pas une escorte de la Nouvelle République. Avant que Yan retrouve ses marques, Chewie se jeta sur eux en grondant. Il serra Yan entre ses bras avec une telle force que Leia crut entendre un craquement d’os.

Wedge, haletant, les rejoignit.

— Yan ! Leia ! Je suis tellement heureux de vous revoir. Chewie et D2 ont trouvé quelque chose sur Nar Shaddaa, mais ils ont insisté pour vous attendre.

Chewbacca aboya quelques phrases aussi rapides qu’incompréhensibles.

D2 lui succéda dans un flot de gazouillis et de sifflotements,

— Hé, vous deux, une minute ! riposta Leia.

Yan leva les mains.

— Chewie, mon vieux, essaie de parler plus lentement ! Je ne comprends rien !

Il lui fallut quand même plusieurs minutes pour commencer à comprendre que le général d’Empire Sulamar travaillait avec les Hutts à la réalisation de leur superarme. Et avec l’amiral Daala qui avait réussi à réunifier les forces impériales pour une offensive majeure, la galaxie était sérieusement en péril.

Leia écoutait et pensait à Luke, envahie par l’anxiété. Mais elle avait des ordres à donner à la flotte avant de repartir.

— Général Antilles, allons retrouver l’amiral Ackbar. Il faut que nous définissions notre stratégie, mais Yan et moi devrons repartir dès que possible – mon frère Luke est en danger. Les choses se précipitent.

— Luke est danger ? s’inquiéta Wedge. Allons-y !

Ils retrouvèrent l’amiral Ackbar sous la forme d’une transmission holographique codée. Leia, nerveuse, pianotait sur la table : le message de Luke ne cessait de se répéter dans son esprit.

Il avait besoin d’elle. Il était pris au piège quelque part. Elle devait absolument lui porter secours.

— Les Hutts sont en train de construire leur arme absolue avec l’aide de l’Empire, commença-t-elle. Et notre vieille amie l’amiral Daala a rassemblé une flotte pour nous attaquer. Tout ça se passe sous notre nez.

Son regard alla du visage carré de Wedge Antilles à Ackbar : le Calamarien avait une expression indéchiffrable.

— Je veux que toutes nos équipes soient en alerte jaune à partir de maintenant. Assurez-vous que toutes soient prêtes pour un déploiement, quel que soit l’endroit où les Impériaux pourraient frapper. (Elle se tourna vers Antilles.) Mais nous ne devons rien laisser filtrer. C’est notre unique avantage : ils ignorent que nous savons ce qu’ils préparent. Ils sont certainement conscients que nous soupçonnons quelque chose, puisque nous sommes venus farfouiller chez eux... Mais ils se disent sans doute que nous n’avons rien trouvé. Et vous devez poursuivre les manœuvres comme auparavant.

»  Quant à moi, avec Yan et Chewie, je vais aller à la rescousse de Luke. Nous ne pouvons laisser croire aux Hutts que quoi que ce soit ait pu changer. Attendez le rapport du général Madine et agissez en conséquence si je ne suis pas de retour – je vous fais confiance à tous. À présent, il faut que je retrouve mon frère.

Yan la prit par la main et ils coururent vers le Faucon.

Leia se sangla dans son siège, l’air concentré : l’appel de Luke commençait à s’affaiblir. Mais il lui avait appris à affiner sa Force : même si elle ne pouvait donner à l’ordinateur de bord les coordonnées précises de Luke, elle était capable de déterminer la direction approximative. Et quand ils approchèrent du but, elle parvint à préciser la position de Luke.

Le yacht leur apparut comme une épave dérivant à la lisière de la ceinture d’astéroïdes. D2 glapit dès qu’il l’eut détecté et Chewbacca modifia le cap du Faucon.

Ils lancèrent le faisceau tracteur et prirent le yacht en remorque avant de connecter les deux sas. Yan, Leia et Chewbacca pénétrèrent dans l’épave enténébrée. Leia avait déjà remarqué des marques inquiétantes sur la coque, qui n’avaient pu être faites par des astéroïdes mais semblaient dues à de longues griffes acérées.

Elle s’interrogeait : qu’est-ce que Luke était allé faire dans le système de Hoth ? Lorsqu’ils avaient quitté Coruscant, Luke lui avait dit qu’il partait avec Callista pour un voyage romantique vers la source cométaire de la Corporation Mulako. Leur programme avait vraisemblablement subi certaines modifications.

Yan s’avança au-delà du sas et leur demanda de mettre leur masque respiratoire.

— Il n’y a presque plus la moindre trace d’atmosphère. Et il fait terriblement froid. On se croirait sur Kessel.

— Ils sont à bout d’énergie, dit Leia en s’avançant dans la cabine. Et les systèmes vitaux sont presque inopérants.

— Les moteurs ne répondent plus, confirma Yan.

— Pourtant, je sens toujours Luke, dit Leia. Ça n’est plus qu’un murmure, mais il est là.

Ils découvrirent les deux corps inanimés dans la chambre du fond : Luke était comme une statue et Callista s’était rivée à lui dans sa combinaison rapiécée. Luke avait les lèvres et les cils couverts de givre et la peau cireuse.

Quand ils la soulevèrent, Callista poussa un gémissement douloureux.

— Sa combinaison n’est presque plus étanche, dit Yan. Emmenez-les au Faucon. Chewie, tu te charges de Luke. Leia et moi, on s’occupe de Callista.

Ils larguèrent bientôt les amarres, abandonnant le yacht naufragé au courant incessant des astéroïdes.

Callista fut la première à se réveiller. Dès qu’elle fut dans des vêtements chauds et eut pris quelques tasses de thé, elle insista pour aider l’équipe qui ramenait Luke à la vie. Dans sa transe profonde, il avait pompé sur ses réserves pour se maintenir sur le seuil fantomatique de la mort quand le soutien vital avait cessé de fonctionner. Ce n’est que par la force de sa volonté que son cœur avait continué à battre et que les molécules d’oxygène avaient circulé dans ses poumons. Avant quelques heures, il aurait succombé.

Callista lui épongea le front et le cou en chuchotant à Leia :

— J’étais là, à le regarder s’affaiblir. Je le serrais mais je ne pouvais pas le sentir contre moi. Toutes ces choses que je lui ai dites...

Tout à coup, Luke ouvrit les yeux avec une inspiration profonde. La couleur revint à ses joues.

— Nous en sommes sortis ? demanda-t-il d’une voix rauque.

Callista le serra contre elle. Leia, Yan et Chewbacca se rapprochèrent, bouleversés.

— Oui, Luke, tu es en sécurité, dit Leia. Nous te ramenons à l’académie Jedi où tu pourras récupérer.