IX

« II y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans tout ceci, songeait Morane avec une sourde obstination… Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond… » – et ce n'était pas seulement le fait que la seringue hypodermique n'eût contenu que de l'eau qui lui faisait penser cela : il y avait d'autres éléments que, pour le moment, il sentait plus d'instinct que par la raison. Pourquoi, par exemple, Miss Ylang-Ylang avait-elle avoué que le cadavre de Calle Chino n'était en réalité pas celui de Lewis Charles Nordam, alors qu'elle avait tout mis en œuvre, au départ, pour faire croire le contraire ? Pourquoi aussi le second Lewis Charles Nordam, qui se trouvait quelques instants plus tôt dans la pièce, avait-il refusé avant la piqûre bidon d'avouer qu'il était M. D. O., alors qu'il savait, suivant l'affirmation de Miss Ylang-Ylang elle-même, avoir parlé à plusieurs reprises lors de précédentes séances de narcose ? Et bien d'autres questions se bousculaient dans l'esprit du Français. Mais le temps lui manquait pour y mettre de l'ordre et tenter d'y trouver réponse.

Bob Morane, Jean, Bill Ballantine et Miss Ylang-Ylang s'étaient retrouvés seuls. Bob jugea qu'il était de bon ton de faire croire à l'Eurasienne qu'il n'avait rien remarqué d'étrange dans son comportement vis-à-vis de l'homme qu'on venait d'emmener, à savoir, Lewis Charles Nordam alias M. D. O….

— Eh bien ! voilà un fait acquis, Ylang-Ylang, dit-il. M. D. O. est en votre pouvoir et vous livre ses secrets, au compte-gouttes sans doute, car il faudra encore assurément bien d'autres séances de narcose pour qu'il vous dise tout ce qu'il sait – et il doit en savoir long… Mais je ne vois pas ce que nous venons faire dans toute cette histoire. Si vous nous gardez prisonniers ici, c'est courir un risque car nous pourrions trouver le moyen de prendre la poudre d'escampette en emportant votre M. D. O. sous le bras… 

— Je n'ai pas l'intention de vous garder prisonniers, dit Miss Ylang-Ylang. 

— Vous comptez nous tuer, sans doute ? dit narquoisement Ballantine, qui savait que ce serait assurément la dernière décision que prendrait la maîtresse de l'Organisation Smog, et cela en raison du sentiment qu'elle éprouvait pour Bob Morane, sentiment qui n'avait rien à voir avec l'amitié ou la haine. 

L'Écossais ne se trompait guère, car Ylang-Ylang avait secoué la tête.

— Je ne vous tuerai pas, affirma-t-elle, pas plus que je ne vous garderai davantage prisonniers ici. Vous seriez des captifs trop encombrants. Vous n'êtes pas de ceux-là qu'on enchaîne… 

— Si je comprends bien, fit encore Ballantine sur le même ton narquois, il ne vous reste plus qu'à nous rendre la liberté… 

— Oui, mais sous certaines conditions, que je vous ai exposées tout à l'heure, c'est-à-dire que vous vous engagiez à ne plus vous mêler des affaires du Smog… 

— Et si nous refusons ? demanda Morane. Vous seriez alors contrainte à nous supprimer, n'est-ce pas ? Je ne vois pas d'autre solution… 

— Il y en a une cependant… M. Ballantine et vous, Bob, seriez conduits dans un de nos repaires secrets pour y subir un traitement spécial capable de briser les volontés les mieux trempées… 

Le front soucieux, Morane s'était tourné vers Jean de Aguinaldo.

— Et elle ? interrogea-t-il. 

Les épaules de Miss Ylang-Ylang se soulevèrent et son visage se fit de marbre. Ses lèvres bougèrent à peine quand elle laissa tomber : 

— Je n'ai aucune raison de m'embarrasser de la señorita Aguinaldo et m'attirer tôt ou tard la vindicte de son père. Celui-ci ignore qu'elle est en mon pouvoir. Pour qu'il l'ignore à jamais, il n'y a qu'un seul moyen… 

Il y eut un silence. Puis Bob insista :

— La tuer, n'est-ce pas ? 

L'Eurasienne eut un léger signe de tête pour approuver :

— Oui, la tuer en effet… Plus vite cela sera fait, mieux cela sera. 

Instinctivement, Jean, qui se trouvait assise aux côtés de Morane, chercha la main de celui-ci comme pour quémander sa protection. Ce geste ne passa pas inaperçu à Miss Ylang-Ylang, dont les yeux lancèrent des éclairs. Elle répéta, avec cette fois une férocité cinglante dans la voix :

— Plus vite ce sera fait, mieux cela sera ! 

On eut l'impression que, soudain, Bill Ballantine explosait. Il se souleva à demi et son énorme poing frappa la lourde table-bureau avec une telle force que, pendant un instant, on put croire qu'elle allait se briser.

— Vous êtes une monstrueuse créature de l'enfer, Ylang-Ylang, gronda le colosse. Le commandant vous a toujours défendue, mais moi je le répète encore : vous êtes une monstrueuse créature de l'enfer ! Si vous n'étiez pas une femme, je vous briserais la nuque comme à une malfaisante volaille que vous êtes ! 

L'insulte ne parut pas toucher l'Eurasienne. Elle se contenta de sourire.

— J'ai toujours su que vous étiez un gentleman, monsieur Ballantine, fit-elle calmement, et que vous connaissiez le proverbe affirmant qu'on ne frappe pas une femme, même avec une rose… 

— Sauf, gronda encore Bill, s'il s'agit d'une harpie de votre espèce, et si la rosé est en fer forgé… 

Pendant un moment, on put penser que le géant allait se précipiter sur Miss Ylang-Ylang qui, d'ailleurs, ne marquait aucune peur. C'était une experte au jiu-jitsu et au karaté – Bob Morane en avait déjà fait l'expérience à plusieurs reprises – et, s'il était probable qu'elle ne pourrait vaincre la prodigieuse masse de muscles et d'os que représentait l'Écossais, elle serait néanmoins capable de se défendre.

La main de fer de Bob Morane s'était refermée sur le bras de son ami et l'avait tiré en arrière, pour le forcer à se rasseoir.

— Menacer Jean ne vous servirait à rien, Ylang-Ylang. Bill et moi faisons corps avec elle. Si vous voulez faire attenter à sa vie, nous la défendrons, quitte à périr nous-mêmes. De cette façon, malgré vous, vous serez contrainte de nous tuer… 

Les coins de la bouche de Miss Ylang-Ylang s'affaissèrent en une moue méprisante.

— Ainsi, Bob, dit-elle, vous seriez prêt à risquer votre vie pour cette poulette maigrichonne ? 

À ce mot de « poulette maigrichonne », Jean poussa un cri de colère. Elle arracha sa main de celle de Morane et, sans que ce dernier ait eu le temps de la retenir, elle bondit en avant, sauta par-dessus la table et, toutes griffes dehors, se précipita sur Miss Ylang-Ylang. Celle-ci, surprise par cette soudaine attaque, n'eut pas le temps de se dérober. Sous le choc, la chaise de l'Eurasienne bascula en arrière et les deux femmes roulèrent sur le sol. Presque en même temps, elles furent debout, se faisant face, prêtes à se mesurer en un combat singulier.

Ce fut dans un réflexe que Morane cria :

— Non, Jean ! Vous n'avez aucune chance ! 

Il savait que Miss Ylang-Ylang était capable, de ses seules mains, de tuer la jeune fille et, en l'affrontant, celle-ci venait de lui offrir la chance de mettre elle-même sa menace à exécution.

Les attentions furent heureusement détournées par un bruit venant du couloir : des pas lourds accompagnés d'autres, plus légers, et aussi quelques cris parmi lesquels des vociférations lancées par une voix qui n'était inconnue d'aucun des occupants de la pièce. Presque aussitôt, la porte vibra sous une violente poussée, fut presque arrachée, et s'ouvrit avec violence, comme enfoncée par un énorme boulet de canon.

L'homme qui se propulsa dans la pièce faisait en effet bien songer à un énorme projectile avec sa masse ronde, et aussi la force avec laquelle il s'était projeté en avant. Cet homme n'était autre que Roman Orgonetz. Celui-ci ne payait guère de mine avec ses vêtements, déjà peu seyants d'habitude, que son bain forcé avait changés en loques. Son visage et ses mains étaient tachés de boue et il roulait des yeux fous tandis que ses dents aurifiées derrière les lèvres tordues par un rictus, faisaient songer à une balafre ouverte dans une chair jaune. 

L'Homme-aux-Dents-d'Or s'adressa aussitôt, sans ménagement, à Miss Ylang-Ylang en hurlant :

— Vous êtes là à discuter calmement avec nos ennemis alors qu'ils m'ont humilié, bafoué !… Regardez dans quel état ils m'ont mis !… Surtout ce sac à whisky… 

De tout son poids, il se précipita sur Ballantine. Mais, bien que cela pût paraître impossible, le géant arrêta net l'énorme masse humaine lancée sur lui et, d'un effort, la projeta en arrière. Déséquilibré, Orgonetz tenta d'éviter la chute mais ses jambes courtes, malgré leur épaisseur, le trahirent et il roula sur le sol avec un bruit d'outre qui s'écrase. Il tenta de se redresser ; ses talons glissèrent sur le pavement et il retomba. Nouvel essai. Nouvel échec. À la quatrième tentative enfin, il parvint à se remettre debout. Sa rage s'était encore accrue et, à présent, son visage bouffi tournait au violet.

— Orgonetz ! hurla Miss Ylang-Ylang. Je vous ordonne d'arrêter. C'est moi qui commande ici… 

*

Il y avait eu un instant d'immobilité sur tous les occupants de la pièce, comme si, brusquement, l'air s'était comprimé, les empêchant de bouger. Pourtant, on sentait qu'à tout moment quelque chose allait se déclencher. Miss Ylang-Ylang le comprit car elle hurla encore à l'adresse de l'Homme-aux-Dents-d'Or :

— Orgonetz, arrêtez ! 

Car c'était vers elle que le gros homme se tournait à présent, cherchant sur qui se venger de son humiliation, comme s'il la rendait responsable.

— Arrêtez, Orgonetz ! lança encore l'Eurasienne. Mais tout était inutile pour tenter de faire entendre raison à l'Homme-aux-Dents-d'Or. Soudain, comme une montagne qui s'écroule, il roula vers la jeune femme. Rapidement, celle-ci fit un pas en avant et, du bout de la main droite tendue, lui porta un shi-hon-nuki-té au plexus solaire. 

Il fallait néanmoins autre chose pour arrêter l'énorme masse de chair. Le souffle coupé, le gros homme n'en continua pas moins à avancer sur l'Eurasienne, en un mouvement presque automatique, comme s'il voulait l'écraser sous sa masse. Ylang-Ylang ne pouvait résister à un tel assaut. Elle porta un nouvel atémi, à la face cette fois, du gros homme. Puis, écrasée sous la masse de l'assaillant, elle roula sur le sol. À cet instant, sept Malais firent irruption dans la pièce. Quatre d'entre eux, qui n'étaient pas armés, se précipitèrent vers Orgonetz pour tenter de le maîtriser. Les trois autres, qui portaient des mitraillettes, s'étaient immobilisés aussitôt qu'ils étaient entrés dans la salle.

Il n'était guère aisé d'immobiliser un adversaire à demi fou de colère et possédant le poids et la force de l'Homme-aux-Dents-d'Or. Pris aux bras et aux jambes, il secouait ses adversaires, envoyant de temps à autre l'un d'eux rouler à l'autre bout de la pièce. Mais le Malais se redressait aussitôt pour revenir à la charge.

Les porteurs de mitraillettes, distraits par le combat, avaient détourné leur attention des prisonniers. Déjà, d'un bref coup d'œil, Bob Morane et Bill Ballantine s'étaient concertés. Il ne leur fallait pas autre chose pour se comprendre. Si rapides que l'œil eût été incapable de suivre leurs mouvements, ils bondirent. Deux des porteurs de mitraillettes s'écroulèrent, fracassés par les poings de l'Écossais. Le troisième poussa un rugissement de douleur et laissa tomber son arme, le poignet brisé par l'atémi que Morane venait de lui porter du tranchant de la main.

Enchaînant directement sur leur attaque, les deux amis avaient récupéré deux des mitraillettes qu'ils braquèrent respectivement sur le groupe formé par les Malais, Orgonetz et Miss Ylang-Ylang, et sur la porte, au cas où de nouveaux adversaires surviendraient. 

— Assez rigolé ! lança férocement Morane. 

L'action du Français et de son compagnon n'était pas passée inaperçue. À présent, l'avertissement qui venait d'être lancé coupa court à l'agressivité des combattants, qui s'immobilisèrent.

Toute colère semblait avoir abandonné Orgonetz. Il demeurait immobile, dominant d'une demi-tête les Malais, immobiles eux aussi, qui l'entouraient. Et, visiblement, il se demandait s'il allait ou non se précipiter sur Morane et Bill.

— Je vous conseille de ne pas broncher, Orgonetz, lança Bob, sinon je me verrai obligé de faire autant de trous dans votre bedaine qu'il y a de balles dans cette mitraillette… 

Le gros homme dut comprendre que Morane n'était pas d'humeur à plaisanter et il se tint immobile.

Du menton, Morane désigna la troisième mitraillette, demeurée sur le sol, à Jean.

— Prenez cette arme, petite fille, dit-il. Quand elle eut obéi, il lança à l'adresse des gens du Smog : 

— Tous à plat ventre. Vous également, Ylang-Ylang… 

À contrecœur, les cinq hommes et la jeune femme obéirent. Alors, lentement, Bob, Bill et Jean reculèrent vers la porte. Quand ses compagnons furent dans le couloir, Bob s'accroupit et lâcha une brève rafale de mitraillette à cinquante centimètres parallèlement au sol afin d'inciter Miss Ylang-Ylang, Orgonetz et leurs complices à la modération. Ensuite, il rejoignit ses amis dans le couloir et souffla :

— Filons… Avant longtemps, cette maison va ressembler à un véritable panier de crabes… 

Ils se mirent à courir tous trois en direction de la porte principale du bâtiment. Comme ils traversaient le grand hall, ils distinguèrent une forme humaine près de l'escalier monumental menant aux étages. Mais elle disparut aussitôt dans un coin d'ombre, sans qu'on pût dire avec certitude où elle était passée.

— Ça par exemple ! s'était exclamé Ballantine. J'ai eu l'impression que c'était le Lewis Charles Nordam de tout à l'heure ! 

— En effet, approuva Bob, c'était bien Lewis Charles Nordam – ou du moins quelqu'un qui lui ressemblait diantrement –, et en liberté encore. 

Mais ils avaient autre chose à faire pour l'instant qu'essayer d'élucider ce nouveau mystère. Ils avaient débouché sur le perron et dévalaient déjà les marches à flanc de butte. Comme ils allaient atteindre la base de celle-ci, Morane se retourna, averti autant par son instinct que par le bruit ténu d'une arme qu'on armait. Il aperçut au haut des marches un des complices européens de Miss Ylang-Ylang qui les ajustait de sa carabine. En hâte, il lâcha une courte rafale de mitraillette et l'homme disparut sans que Bob pût savoir s'il l'avait atteint ou si, tout simplement, il se mettait à l'abri. Quelques secondes plus tard, les trois fuyards avaient traversé la clairière pour se perdre dans la jungle. Derrière eux, quelques coups de feu claquèrent mais sans doute leur tirait-on dessus au jugé, dissimulés qu'ils étaient par la végétation, et les projectiles se perdirent.

Jean en tête, ils couraient à présent en direction de la crique où tout à l'heure ils avaient laissé le canot dont Bill avait saboté le dispositif de télécommande. Ce canot était pour le moment leur seule chance de salut et ils n'avaient qu'un espoir : qu'il fût demeuré sur place. 

Ils atteignirent le sommet de l'éboulis sans que rien n'indiquât que la poursuite eût commencé, ou tout au moins que l'ennemi fut sur le point de les rejoindre. En bas, le canot était toujours là, à l'amarre. Un autre se trouvait à proximité : sans doute celui qui avait amené Orgonetz.

— Descendez les premiers, fit Morane à l'adresse de Jean et de l'Écossais. Toi, Bill, tu mettras le moteur en marche… Je resterai ici pour retarder nos poursuivants s'ils se présentent… 

Jean et Bill se mirent à descendre le long de l'éboulis tandis que Bob se tapissait parmi la broussaille, de façon à pouvoir couvrir en enfilade l'étroit sentier jusqu'à l'endroit où celui-ci accomplissait un premier coude.

Quelques minutes s'écoulèrent, puis il sembla à Morane percevoir un bruit de branchages froissés devant lui. Bientôt ces bruits se précisèrent, et il songea :

— Les voilà… 

Rapidement, il pointa le canon de son arme dans la direction d'où venaient le bruit et tira une rafale. L'écho des coups de feu s'était à peine éteint qu'il perçut plusieurs bruits de chute dans les broussailles. Ensuite, ce fut le silence total et il songea encore « J'en ai peut-être touché plusieurs, à moins qu'ils ne se soient tout simplement jetés à plat ventre… De toute façon ils doivent se tenir dans l'expectative, car je ne les entends plus… »

Derrière lui, il perçut le ronflement du moteur lancé par Bill qui se mettait à tourner. À reculons, toujours dissimulé par les broussailles, il gagna le rebord de la falaise, lâcha une nouvelle rafale de mitraillette pour se mettre, tout de suite après, à dévaler l'éboulis à tombeau ouvert, sautant de rocher en rocher, à la façon d'un cabri, risquant à tout moment de perdre l'équilibre ou de provoquer un éboulement. Mais il était agile comme une panthère et toucha le fond de la crique sans encombre. En quelques bonds, il fut dans le canot et cria :

— Démarre, Bill !… 

L'embarcation bondit sur l'eau. Au passage, Morane visa rapidement le second canot et tira plusieurs balles dans le réservoir. Il y eut une explosion sourde et une haute gerbe de flammes monta.

— Bien joué, commandant ! cria Ballantine. Ainsi, ils ne pourront se lancer immédiatement à notre poursuite. 

— Décidément, Bill, jeta narquoisement Bob, tu devines les moindres de mes intentions… 

Le canot avait gagné le large. Le Français se tourna vers Jean de Aguinaldo assise sur la banquette arrière.

— Eh bien ! petite fille, voilà un mauvais moment de passé mais pour vous, cela ne fait que commencer ! Vous allez devoir affronter le paternel… 

Elle se mit à rire et fit joyeusement :

— Le paternel !… Quand je lui raconterai ce qui nous est arrivé, il n'aura qu'un regret, c'est de ne pas avoir été de la partie. À longueur de journée, il ne cesse de regretter le bon vieux temps…