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Notes éditoriales :

En raison des répercussions inattendues que l’expédition des Valhallas contre les renégats xenoïstes devait avoir, il me paraît sage d’insérer, une fois de plus, quelques témoignages provenant d’autres sources. Cain, comme nous pouvions nous y attendre, n’a pas grand-chose à dire à ce sujet, son attention étant retenue ailleurs.

Le premier texte est extrait du rapport d’opérations du major Rupurt Broklaw, écrit en 593.931 M41, peu après la conclusion victorieuse de l’engagement.

Après que le bombardement préliminaire eut cessé, les deux pelotons d’infanterie débarquèrent de leurs Chimères dispersées autour de la zone occupée par les rebelles, en accord avec le schéma de déploiement préalablement établi. Le troisième peloton, soutenu par le premier escadron de Sentinelles, sur le flanc gauche et le cinquième peloton, épaulé par le second escadron, sur l’aile droite, ce qui laissait le troisième escadron en réserve auprès du commandement de compagnie.

La résistance était faible, comme nous l’avions prévu, et le cinquième peloton contourna le flanc ennemi sans grande difficulté, à part quelques échanges de tirs nourris avec des survivants du bombardement bien retranchés. Le Lieutenant Faril appela les Sentinelles en renfort de ses deux escouades engagées, ce qui fit intervenir notre escadron de réserve. La Sentinelle lance-flammes de chaque groupe nettoyait les tranchées avec facilité, une fois son chemin d’approche dégagé par les tirs croisés des multilaser des deux autres.

Sur la gauche, les choses ne se passèrent pas tout à fait aussi bien. La quatrième escouade du troisième peloton fut immobilisée sous le feu croisé de deux unités ennemies. La Sentinelle lance-flammes envoyée en soutien fut mise hors-service par un missile antichar, ce qui obligea les deux autres marcheurs à adopter une position défensive qui atténua fortement l’efficacité de leur tir.

À ce moment, le lieutenant Sulla débloqua la situation en menant son escouade de commandement dans un assaut de flanc contre l’une des positions ennemies, pendant que la seconde escouade, sous le commandement du sergent Lustig attaquait l’autre. Que cela soit dû à la chance ou à une parfaite estimation tactique, les deux neutralisèrent leurs objectifs presque simultanément, ce qui permit aux Sentinelles encore opérationnelles de se remettre en position et débloqua l’avance de la quatrième escouade.

Je n’arrive toujours pas à trancher si l’action du lieutenant Sulla fut audacieuse ou franchement téméraire. Il est, par contre, excessivement clair qu’elle fut efficace !

Extrait de : Comme le Phénix Naît des Flammes, la Fondation du 597e, par le général Jenit Sulla (retraitée), 097 M42.

Malgré la certitude du commissaire Cain que la résistance serait faible, ce qui d’ailleurs devait s’avérer le cas, je ressentais une certaine appréhension lorsque le tir de barrage cessa et que le major Broklaw nous donna l’ordre d’avancer. Non à la perspective du combat lui-même, la misérable poignée de rebelles qui nous faisait face semblait une bien piètre opposition après les hordes tyranides que nous avions défaites sur Corania quelques mois auparavant, mais à l’idée que mon premier test en tant qu’officier allait avoir lieu. Et le fait que le plus célèbre héros du segmentum m’avait investie de sa confiance ajoutait un fardeau que je me sentais bien mal préparée à affronter.

Tout se passa bien dans un premier temps et les escouades de mon peloton avancèrent rapidement au contact. Mes lecteurs imagineront facilement la frustration que je ressentais, assise dans ma Chimère de commandement, à l’écoute des vox-transmissions, dépendante des rapports de mes subordonnés pour obtenir une analyse tactique globale car, jusqu’à ma promotion involontaire, j’aurais été avec eux, face-à-face avec les ennemis de l’Empereur, comme un vrai soldat. Mon impatience augmenta lorsqu’il devint clair qu’une de mes escouades, des femmes aux côtés desquelles j’avais combattu et des hommes que je commençais à connaître et apprécier, était clouée sur place, accumulant les pertes et incapable d’avancer. Comme les Sentinelles qui auraient dû aller les soulager se trouvaient elles-mêmes en difficulté, je ne pus le supporter plus longtemps malgré les admonestations du commissaire appelant à la prudence. Surtout que, connaissant sa réputation, j’étais certaine qu’il n’aurait pas hésité à se mettre lui-même en danger pour le bien de ses camarades, s’il s’était trouvé dans la même situation.

Appelant mes soldats à ma suite, je transférai le canal de commandement sur mon oreillette de vox-transmission et sautai par la rampe arrière, impatiente de me joindre au combat.

La vue qui s’offrit à moi m’arrêta un instant. Les bâtiments élégants et les avenues par lesquelles nous avions traversé la ville n’étaient plus, remplacés par des piles de décombres parmi lesquelles de vagues traces de leurs formes originales pouvaient encore se deviner. Un épais nuage de poussière et de fumée couvrait tout, réduisant la claire lueur du soleil d’après midi à un gris fade et, pendant un instant, je ne pus retenir l’étincelle de regret qui gonfla spontanément dans ma poitrine. Aussi pervertie par les xenos soit-elle, cette architecture avait été indéniablement pleine d’élégance.

Je n’eus toutefois pas beaucoup de temps pour l’introspection : le claquement des fusils laser me rappela brutalement le péril imminent qui menaçait mes soldats et, au cri de « Pour l’Empereur ! », je menai mes quatre vaillants compagnons à la rescousse. Une étude rapide de l’écran tactique dans la Chimère m’avait montrée que j’avais une escouade non-engagée suffisamment proche de la plus éloignée des positions ennemies pour la prendre de flanc avec une forte probabilité de succès et, après quelques instructions rapides au sergent qui la dirigeait, ceci devait s’avérer un bon choix. Ce qui nous laissait la responsabilité de l’unité ennemie la plus proche.

Nous les prîmes complètement par surprise, quelques grenades à fragmentation explosèrent parmi eux en créant de gros dégâts et une énorme confusion, puis nous chargeâmes pour expédier les survivants au pistolet et à l’épée tronçonneuse. Des lâches, tous, comme tous ceux qui s’opposent à l’Empereur, ils reculèrent et s’enfuirent, s’exposant de ce fait au feu vengeur des escouades qu’ils avaient tenues en respect et qui n’étaient que trop heureuses de leur rendre la monnaie de leur pièce. Je suis fière de dire que, des hommes sous mon commandement, un seul fut blessé, un impact de laser le frappa à la jambe pendant notre charge, tandis qu’aucun des traîtres ne survécut.

[D’où nous pouvons déduire que, quelles que soient ses capacités militaires, Sulla n’a rien d’un écrivain !]