Los Angeles, 1990
La jeune femme écrasa la pédale de frein et les pneus crissèrent, d ans le virage. La radio hurlait un air de rock endiablé et elle ravala un éclat de rire proche de l'hystérie. « Ecoutez le grand souffle du passé », avait déclaré le disc- jockey, au moment de laisser exploser les accords du vieux tube. Il ne croyait pas si bien dire. La jeune femme songea que c'était son passé à elle qui gueulait dans les haut-parleurs de la voiture.
Elle bifurqua dans le parking du département d e police, mit à courir, jetant d es regards affolés de tous côtés coupa le contact et se jeta dehors, frissonnante malgré la chaleur de cette fin de soirée. Un peu plus tôt, il avait plu et un voile de brume montait du pavé encore mouillé. Elle se mit à courir, jetant des regards affolés à tous côté.
L'obscurité. Elle avait presque oublié que l'obscurité celait des choses affreuses. Elle poussa une lourde porte et fut aveuglée par les lumières fluorescentes. Elle courait toujours, trop terrifiée pour s'arrêter. Il fallait à tout prix que quelqu'un l'écoute. N'importe qui.
Son cœur cognant dans sa poitrine, elle traversa un couloir. Des téléphones sonnaient; des voix s'élevaient, posant des questions, protestant ou se plaignant. Un homme poussa une bordée de jurons. Et tout à coup, elle vit une porte vitrée, avec des lettres peintes en noir : Homicide. Ravalant un sanglot elle pénétra dans le bureau.
Un homme était renversé dans u n fauteuil, les pieds posés sur une main courante usée, un combiné de téléphone coincé entre l’oreille et l’épaule. Il portait un gobelet de plastique à ses lèvres.
- Je vous en prie, aider-moi ! s’écria-t-elle en se faisant tomber sur la chaise en face. Quelqu’un cherche à me tuer.