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Doucement, précautionneusement, je décollai le rabat de l'enveloppe, et j'en retirai le trésor. C'était l'édition hebdomadaire du Mutant Masqué. Je tenais la BD des deux mains, comme s'il s'était agi d'un trésor. Sur la couverture, on pouvait lire le titre, Mort dans les profondeurs, se découpant en grosses lettres rouges. Le dessin était vraiment extra. Il montrait un scaphandrier étranglé par les tentacules d'une pieuvre géante.

Fantastique. Totalement fantastique.

Le mutant Masqué est de loin ma revue préférée. Je la lis aussitôt que je la reçois, du premier mot au dernier. Je lis même les pages de publicité ! C'est la BD la mieux écrite et la mieux dessinée du monde entier, et le Mutant Masqué est certainement le plus puissant et le plus diabolique des méchants jamais créés. Il est terriblement dangereux, car il peut faire bouger ses molécules comme il le veut, c'est-à-dire qu'il peut prendre l'apparence de n'importe quoi de solide.

Sur la couverture, la pieuvre géante, c'était certainement lui, car il peut se changer en n'importe quel animal, ou même n'importe quel objet. Ce qui lui permet de toujours échapper à la Ligue des Vengeurs qui le poursuit sans relâche. Dans cette Ligue, il y a six super-héros, tous des mutants eux aussi. Ils ont d'énormes pouvoirs et sont les meilleurs au monde pour faire respecter la loi, mais ils n'arrivent jamais à capturer le Mutant Masqué. Même leur chef, l'Homme Éclair, n'est pas assez rapide pour l'attraper.

J'examinai attentivement la couverture pendant de longues minutes. Les tentacules qui étranglaient l'homme en scaphandre étaient vraiment très bien dessinés. À travers le hublot de son casque, on pouvait voir qu'il souffrait terriblement. Inouï !

Je m'affalai sur mon lit pour entamer ma lecture. Le scaphandrier était en fait un explorateur à la recherche de trésors engloutis. Il avait découvert, sans le savoir, une des bases secrètes sous-marines du Mutant Masqué, entièrement recouverte d'une paroi métallique. Je tournai la page.

Le Mutant Masqué s'approchait lentement et commençait à mélanger ses molécules. Il se changeait ainsi en une gigantesque et effrayante pieuvre, se préparant à l'attaque. Il y avait huit dessins décrivant les différentes étapes de sa transformation, puis venait une double page où la pieuvre enroulait ses tentacules visqueux autour du pauvre homme désarmé. Celui-ci se débattait comme un beau diable, mais les tentacules commençaient à le broyer, inexorablement.

J'allais tourner la page lorsque, soudain, quelque chose de froid et de fin s'enroula autour de mon cou et commença à m'étrangler.