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Je hurlai en fermant les yeux. Je m'attendais à partir en miettes, mais je ne sentis rien. J'ouvris les yeux : j'étais toujours sur la deuxième marche et toujours en une seule pièce.
— Il ne devait pas être branché, dit l'Homme Éclair calmement. Tu as de la chance mon garçon ! Continuons ! Allons au-devant de notre destinée !
Moi, je n'en pouvais plus. La sueur me dégoulinait le long du visage. Je n'avais aucune envie de le suivre dans cet escalier si sombre, mais que faire d'autre ? Arrivé en haut, il poussa une lourde porte en bois massif et me fit entrer dans une pièce extraordinaire. C'était le bureau le plus luxueux que j'aie jamais vu. La moquette aux longs poils était si épaisse que je m'y enfonçai presque jusqu'aux chevilles. Des rideaux de soie bleue pendaient devant d'immenses fenêtres par lesquelles on avait une vue superbe sur toute la ville. Un lustre de cristal étincelait de tous ses feux. Des chaises et des fauteuils recouverts de velours étaient rangés autour de tables en bois précieux. Un mur était parsemé d'une multitude d'écrans vidéo, tandis que les autres s'ornaient de magnifiques tableaux. Un petit bureau plaqué or occupait le centre de la pièce, et la grande chaise derrière lui ressemblait à un trône.
— Oh ! Là ! Là !
Je ne pouvais retenir mon admiration.
— Oui, il ne se refuse rien, ce bandit ! Mais son temps est compté à présent ! commenta l'Homme Éclair.
— Mais comment… ?
— Eh bien, je vais courir de plus en plus vite autour de lui, jusqu'à provoquer un cyclone qui le balayera. La première fois, il n'a pu me capturer que parce qu'il m'avait assommé par-derrière. Mais je ne me laisserai plus surprendre !
Tout à coup, le même rire effrayant que j'avais déjà entendu éclata près de nous.
Je vis le petit bureau commencer à bouger, à changer d'apparence. Son éclat doré sembla s'élever, tourbillonner et une silhouette humaine prit forme à sa place.
Le Mutant Masqué se tenait là, debout devant nous. Ses yeux coléreux paraissaient vouloir nous transpercer. Il était plus grand que dans ma bande dessinée et avait l'air encore plus puissant, plus effrayant. Il s'adressa en premier à l'Homme Éclair.
— Comment oses-tu entrer dans mon bureau privé ?
L'Homme Éclair ne semblait pas impressionné.
— Tu peux dire au revoir à toutes ces splendeurs !
— Je vais plutôt TE dire ADIEU, grinça le Mutant Masqué, mais auparavant, regarde comment je vais détruire ce garçon ! Lentement, il se tourna vers moi.