11
Enfin, au bout d'une course qui nous parut interminable, l'ascenseur s'immobilisa. Violemment.
Déséquilibré, je bousculai Lucy et lui demandai :
— Ça va ?
— Oui, oui, ça va ! Mais pourquoi la porte ne s'ouvre-t-elle pas ? demanda-t-elle d'une voix tremblante.
Impuissants, nous la fixions puis, sous le coup d'une impulsion, je criai :
— Porte ! Ouvre-toi !
La porte ne bougea pas.
— Nous sommes pris au piège ! murmura Lucy d'une voix si faible que je l'entendis à peine.
— Attends un peu ! C'est long, mais elle va bien finir par s'ouvrir !
J'essayai de me montrer courageux. Les secondes s'écoulèrent, oppressantes. Il n'y avait pas un bruit à l'extérieur de la cabine. Un silence de mort nous entourait.
— L'ascenseur a dû se casser et nous sommes piégés ici pour toujours ! Se mit à geindre Lucy. L'air commence déjà à me manquer !
— Mais non, ne panique pas ! Respire doucement : il y a de l'air en pagaille, ici !
Tout en parlant, je remarquai que, près des boutons indiquant les étages, il y avait un bouton sans le moindre chiffre. Je le pressai… et la porte s'ouvrit automatiquement !
— Tu vois ! Criai-je triomphalement. Il suffisait de réfléchir !
— Oui, mais où sommes-nous ?
Je me glissai à l'extérieur de la cabine. Il faisait très sombre. Il me sembla néanmoins distinguer de grandes machines disséminées çà et là.
— On ne peut être qu'au sous-sol.
Peu à peu, mes yeux s'habituèrent à l'obscurité. Je pus mieux voir ce qui nous entourait.
Entre toutes ces énormes machines circulaient un tas de tuyaux qui aboutissaient à une sorte de gigantesque chaudière.
— Allez, Jim ! Il faut remonter ! m'ordonna Lucy.
Je me reculai à l'intérieur de l'ascenseur et poussai le bouton indiquant « HALL ».
L'ascenseur ne bougea pas.
J'appuyai à nouveau plusieurs fois de suite : toujours rien !
Ma gorge se serra. Je n'avais aucune envie de m'éterniser ici.
Je tapai frénétiquement sur tous les boutons, et même sur celui marqué « URGENCE ».
Échec total !
— Sortons d'ici et changeons d'ascenseur ! proposa Lucy.
« Bonne idée », pensai-je.
Il y avait toute une rangée d'ascenseurs en haut, dans le hall. Il n'y avait qu'à sortir de celui-là et en appeler un autre qui descendrait nous chercher. Tenant Lucy par le bras, je m'engouffrai dans le couloir sombre. Aussitôt, la porte de notre ascenseur se referma derrière nous ! Comme s'il avait attendu que nous l'ayons quitté tous les deux.
De nouveau, mes yeux s'habituèrent à l'obscurité. Je vis que Lucy fixait le mur.
— Où sont les autres ? Lâcha-t-elle d'une voix plaintive.
Effectivement, sur les côtés, le mur était lisse et vide. L'unique ascenseur existant était celui que nous avions pris.
— Ils ne doivent pas descendre jusqu'ici ! Grognai-je tout en tâtant le mur afin de trouver le bouton nécessaire au rappel.
Mon cœur manqua un battement : pas le moindre bouton ! Ni à droite, ni à gauche ! Rien !
— Cette fois, on est cuits ! M'écriai-je, affolé. Il n'y a aucun moyen de sortir d'ici !