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Enfin, au bout d'une course qui nous parut interminable, l'ascenseur s'immobilisa. Violemment.

Déséquilibré, je bousculai Lucy et lui demandai :

— Ça va ?

— Oui, oui, ça va ! Mais pourquoi la porte ne s'ouvre-t-elle pas ? demanda-t-elle d'une voix tremblante.

Impuissants, nous la fixions puis, sous le coup d'une impulsion, je criai :

— Porte ! Ouvre-toi !

La porte ne bougea pas.

— Nous sommes pris au piège ! murmura Lucy d'une voix si faible que je l'entendis à peine.

— Attends un peu ! C'est long, mais elle va bien finir par s'ouvrir !

J'essayai de me montrer courageux. Les secondes s'écoulèrent, oppressantes. Il n'y avait pas un bruit à l'extérieur de la cabine. Un silence de mort nous entourait.

— L'ascenseur a dû se casser et nous sommes piégés ici pour toujours ! Se mit à geindre Lucy. L'air commence déjà à me manquer !

— Mais non, ne panique pas ! Respire doucement : il y a de l'air en pagaille, ici !

Tout en parlant, je remarquai que, près des boutons indiquant les étages, il y avait un bouton sans le moindre chiffre. Je le pressai… et la porte s'ouvrit automatiquement !

— Tu vois ! Criai-je triomphalement. Il suffisait de réfléchir !

— Oui, mais où sommes-nous ?

Je me glissai à l'extérieur de la cabine. Il faisait très sombre. Il me sembla néanmoins distinguer de grandes machines disséminées çà et là.

— On ne peut être qu'au sous-sol.

Peu à peu, mes yeux s'habituèrent à l'obscurité. Je pus mieux voir ce qui nous entourait.

Entre toutes ces énormes machines circulaient un tas de tuyaux qui aboutissaient à une sorte de gigantesque chaudière.

— Allez, Jim ! Il faut remonter ! m'ordonna Lucy.

Je me reculai à l'intérieur de l'ascenseur et poussai le bouton indiquant « HALL ».

L'ascenseur ne bougea pas.

J'appuyai à nouveau plusieurs fois de suite : toujours rien !

Ma gorge se serra. Je n'avais aucune envie de m'éterniser ici.

Je tapai frénétiquement sur tous les boutons, et même sur celui marqué « URGENCE ».

Échec total !

— Sortons d'ici et changeons d'ascenseur ! proposa Lucy.

« Bonne idée », pensai-je.

Il y avait toute une rangée d'ascenseurs en haut, dans le hall. Il n'y avait qu'à sortir de celui-là et en appeler un autre qui descendrait nous chercher. Tenant Lucy par le bras, je m'engouffrai dans le couloir sombre. Aussitôt, la porte de notre ascenseur se referma derrière nous ! Comme s'il avait attendu que nous l'ayons quitté tous les deux.

De nouveau, mes yeux s'habituèrent à l'obscurité. Je vis que Lucy fixait le mur.

— Où sont les autres ? Lâcha-t-elle d'une voix plaintive.

Effectivement, sur les côtés, le mur était lisse et vide. L'unique ascenseur existant était celui que nous avions pris.

— Ils ne doivent pas descendre jusqu'ici ! Grognai-je tout en tâtant le mur afin de trouver le bouton nécessaire au rappel.

Mon cœur manqua un battement : pas le moindre bouton ! Ni à droite, ni à gauche ! Rien !

— Cette fois, on est cuits ! M'écriai-je, affolé. Il n'y a aucun moyen de sortir d'ici !