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Je manquai de dégringoler de ma chaise, mais, très vite, je retrouvai mon calme.
Il ne s'agissait, en fait, que d'un grand dessin en couleurs représentant le Mutant Masqué, affiché sur un mur. Je m'approchai et l'examinai attentivement. Il avait été peint sur un carton très épais, ce qui lui donnait du relief. Sa longue cape s'enroulait autour de lui et, à travers son masque, ses yeux de démon semblaient vouloir me foudroyer.
À sa gauche, une table croulait sous un tas de papiers. Je plongeai la main dans ce fouillis et en tirai des croquis faits au crayon. Plusieurs représentaient le Mutant Masqué dans différentes attitudes. Certains le montraient alors qu'il se transformait en animal sauvage, d'autres en horrible créature extraterrestre.
Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Ce devait être ici que les bandes dessinées étaient réalisées.
J'étais tellement excité que j'en avais presque oublié Lucy.
Ainsi, cet immeuble était l'endroit où l'on créait ma BD préférée !
Je me calmai et réfléchis, soulagé. Il n'y avait donc aucune raison d'avoir peur. Je n'étais pas dans le repaire de la plus grande canaille de la planète. J'étais simplement dans le sous-sol de l'imprimerie. C'était là que les dessinateurs et les scénaristes travaillaient et c'était là qu'on imprimait leurs histoires. Alors, pourquoi s'effrayer ?
Je continuai à fouiller et trouvai dans un tiroir des maquettes de BD que j'avais achetées récemment. Puis, dans un autre, je dénichai des croquis que je ne connaissais pas. Tiroir après tiroir, je découvrais ces trésors inattendus et m'amusais comme un fou, lorsque, soudain, mes trouvailles ne me firent plus rire du tout. Je venais d'ouvrir une chemise et d'en sortir les illustrations qu'elle contenait.
Je les saisis et mes mains commencèrent à trembler :
— Mais… ce n'est pas possible ! Criai-je, stupéfait.
Je venais de reconnaître le garçon qui était dessiné sur ces feuilles.
C'était moi.