18
Le lendemain, je me dépêchai de prendre le bus. Il faisait très froid. Tout semblait de glace : le sol et le ciel. Je me demandai si je rencontrerais à nouveau Lucy. J'avais hâte de lui raconter ce que j'avais découvert dans ma BD de la veille, et de lui dire que je comptais bien retourner dans cet étrange immeuble.
Viendrait-elle avec moi ?
Sans doute pas. Elle avait eu trop peur la première fois, et ne voudrait certainement pas recommencer. Lucy n'était pas dans le bus. J'effectuai le trajet perdu dans mes pensées. La BD n'avait pas menti pour le rideau d'invisibilité, pourquoi mentirait-elle pour le reste ?
Je descendis du bus à l'arrêt que je connaissais bien maintenant. Le terrain semblait toujours aussi vide, mais je savais qu'il n'en était rien. J'étais sûr que l'immeuble rouge et noir s'élevait là, à l'abri de tous les regards.
Ma bouche s'asséchait, la peur commençait à faire son effet. J'essayai de me calmer. Je pris mon courage à deux mains et avançai. Un pas, puis un autre…
Soudain, l'immeuble m'apparut, impressionnant de par le mystère qui l'entourait… Je poussai la porte d'entrée et pénétrai dans le hall rouge et jaune. L'endroit était toujours aussi désert. Je toussai un peu bruyamment, mais personne ne se manifesta. Je m'avançai alors vers l'ascenseur sans rencontrer âme qui vive. Où pouvaient-ils tous être ? C'était pourtant le milieu de l'après-midi. Comment était-il possible que cet immeuble soit toujours vide ? J'hésitai avant d'appuyer sur le bouton d'appel. Je regrettai de plus en plus de ne pas avoir Lucy près de moi. Au moins, on aurait été deux à avoir peur !
« Bon ! J'y vais ! »
Je tendis le doigt en avant lorsque, soudain, un rire terrifiant éclata dans le hall : un rire froid et mauvais. Juste à mes côtés.