Chapitre 8

— Yes ! me suis-je exclamée en faisant des moulinets avec mon bras.

Sous éclairage UV, les os longs ayant moins de cent ans peuvent devenir fluorescents. Cette luminescence jaune-vert diminue avec le temps, la zone morte progressant du centre vers l’extérieur, c’est-à-dire de la cavité contenant la mœlle vers la surface externe. Cent ans après la mort, ils n’émettent plus aucune fluorescence. Or ces petits chéris-là étincelaient comme une réclame au néon.

Première étape, mon cher Claudel !

Ayant remisé les fémurs dans leurs sachets respectifs, je suis partie à la recherche de mon patron.

Protégé par un tablier en plastique noué au cou et à la taille, LaManche découpait un cerveau en tranches dans le labo d’histologie. À mon entrée, il a relevé les yeux, son couteau à la main. Je lui ai expliqué ce que je venais de faire.

— Et alors ?

— Les surfaces découpées se sont mises à briller comme des novas.

— Indiquant ?

— La présence de constituants organiques.

LaManche a déposé son couteau sur la planche de liège.

— Il ne s’agit donc pas d’Amérindiennes des anciens temps.

— Ces filles sont mortes après 1900.

— C’est une certitude ?

— Une forte probabilité, ai-je reconnu sur un ton moins exalté.

— Le bâtiment en question a été construit vers le tournant du siècle.

Je n’ai pas répondu.

— Vous vous rappelez les restes retrouvés près de la cathédrale Marie-Reine-du-Monde ?

LaManche parlait du jour où il m’avait envoyée dans le bas de la ville étudier des « corps » découverts par une équipe de la voirie. Une kyrielle de pelleteuses mécaniques et de camions de décharge était regroupée près d’un trou énorme creusé dans le boulevard René-Lévesque. Des ossements s’alignaient le long du trottoir et jonchaient le fond du trou : crâne, côtes, fragments d’os longs. Mêlés à des morceaux d’êtres humains, il y avait aussi des planches de bois et des clous rouillés.

Facile : une sépulture avec des cercueils.

Déduction qui serait confirmée par les archéologues. Le terrain d’où la cathédrale surveille aujourd’hui les bouchons sur le boulevard René-Lévesque à l’heure de pointe avait été occupé par un cimetière, jusqu’à ce qu’une épidémie de choléra en oblige la fermeture, au milieu du XVIIIe siècle. L’équipe de la voirie était tombée sur des âmes oubliées lors de la délocalisation des sépultures.

— Vous pensez que ce bâtiment aurait été érigé au-dessus de tombes non répertoriées ? ai-je demandé. Je n’ai rien trouvé me laissant supposer que des cercueils aient été enterrés là.

Les Canadiens français sont des virtuoses de la gestuelle. Par toutes sortes de mouvements subtils des mains, des yeux, des épaules ou des lèvres, ils arrivent à exprimer un nombre infini de sous-entendus, allant du : « J’en conviens » à « Faites comme vous voudrez », en passant par : « Je ne suis pas d’accord... Ça m’est égal... Qu’est-ce que je peux y faire ?... Allez savoir... » ou bien « Non mais, quel imbécile ! »

En l’occurrence, LaManche avait haussé une épaule et levé les deux sourcils, me signifiant par là : « P’t-être ben qu’oui, p’t-être ben qu’non. » Je lui ai demandé :

— Vous avez parlé à M. Authier du test pour la datation ?

— Il reçoit des représentants de l’institut de médecine légale du Maroc. Je lui ai laissé un message le priant de me rappeler.

— Ce test demande pas mal de temps, ai-je insisté sans chercher à dissimuler mon agitation.

— Temperance...

LaManche est la seule personne de toute la planète à s’adresser à moi de cette façon. Dans sa bouche, mon prénom acquiert un petit ton guilleret et se met à rimer avec « sconce ».

— Vous commencez à vous impliquer beaucoup trop.

— Je ne crois pas qu’il s’agisse d’ossements anciens. Non, je n’en ai pas l’impression. Ils n’en ont pas du tout l’aspect. Ils ne correspondent absolument pas au site sur lequel ils ont été retrouvés. Je...

— Est-ce que ces filles sont mortes la semaine dernière ? m’a coupée LaManche en laissant retomber sa tête de bon chien de chasse patient.

— Non.

— Est-ce qu’il y a urgence ?

Je n’ai pas répondu.

Il est resté un si long moment à me regarder que j’ai cru qu’il pensait à autre chose. Puis il a soupiré :

— Faites-moi parvenir vos échantillons. Je rappellerai le Dr Authier.

— Merci.

Je me suis retenue pour ne pas me jeter à son cou.

— En attendant, le troisième squelette vous apportera peut-être des renseignements intéressants.

Sur cette allusion peu subtile, LaManche est retourné à son cerveau. Et moi, à ma salle n° 4, le cœur en fête.

En chemin vers le sous-sol, Lisa m’a arrêtée : le Dr Pelletier souhaitait avoir mon avis sur le type brûlé dans son wanabago, dont l’identification posait problème, car on n’avait ni dents, ni dentier, ni empreintes digitales susceptibles d’être utilisés. Je lui ai fait dire que je passerais le voir d’ici une demi-heure.

Ayant revêtu ma tenue de chirurgien, je me suis mise à la tâche sans perdre une seconde. J’ai découpé un tronçon de deux centimètres et demi de long dans la partie axiale de chaque fémur puis, munie de mon butin, je suis remontée en hâte dans mon bureau pour me connecter sur le site Internet d’un laboratoire de Floride que je savais capable d’exécuter les tests désirés. Ayant fait apparaître à l’écran la fiche technique de l’échantillon, j’ai rempli les cases requises et réclamé un test de spectrométrie par accélérateur de masse.

Retour au sous-sol mais, auparavant, un arrêt au département « Expéditions ». En envoi normal, ça prenait entre deux et quatre semaines ; en express, pas plus de six jours.

À un prix nettement plus élevé.

Au diable ! Si Authier traînait des pieds, je paierais de ma poche.

J’ai coché la case « Express » et cliqué sur la touche « Expédier ».

Après avoir rempli les formulaires de transfert de pièces à conviction, j’ai indiqué à Denis l’adresse où envoyer mes spécimens et l’ai prié de les empaqueter et de les faire partir par Fédéral Express immédiatement.

À présent, direction : la salle de Pelletier, toujours au sous-sol.

Je ne pouvais qu’être d’accord avec ses déductions : le cadavre sur la table portait des menottes et des résidus carbonisés de soutien-gorge Wonder Bra. Or le propriétaire du wanabago était un mâle blanc de soixante-quatre ans... OK, le monsieur était un pervers.

Sauf que les clichés radios faisaient apparaître un diaphragme au milieu du pelvis.

Ce n’est qu’en fin d’après-midi que nous avons enfin résolu la partie du problème qu’il nous revenait d’étudier.

La victime décédée dans l’incendie du wanabago était une femme blanche ayant foulé la terre pendant une période allant de trente-cinq à cinquante ans. Elle était édentée et avait des traces de fractures guéries sur le radius droit et les deux os du nez.

Cela ne nous disait pas où se trouvait M. Wanabago. Mais cette partie-là de l’enquête n’était pas de notre ressort. C’était aux détectives qu’il appartenait de la résoudre.

À quatre heures moins vingt, lavée et changée, je suis remontée dans mon bureau, attrapant au passage un Coke Diète et deux beignes au sucre.

Du seuil, j’ai vu que mon téléphone clignotait comme une enseigne de soldes chez K-mart. J’ai bondi et attrapé le combiné.

Anne. Son vol atterrissait à cinq heures vingt-cinq.

Arthur Holliday, le spécialiste qui réaliserait le test au carbone 14. Il me demandait de le contacter avant d’envoyer les échantillons.

J’ai filé comme un dard au secrétariat, j’ai vérifié la montagne de courrier sortant. Fédéral Express n’était pas encore passé. J’ai récupéré mon paquet. Revenue dans mon bureau, j’ai appelé le laboratoire de Floride, me demandant quel pouvait être le problème.

— Tempe ? Bien, bien. Je vous ai contactée dès que j’ai reçu votre courriel. Vos échantillons d’os sont déjà partis ?

— Non, ils sont prêts, mais toujours ici. Il y a un problème ?

— Non, non. Pas du tout. Très bien, tout va bien. Bon. Écoutez, est-ce que vos inconnues ont des dents ?

— Oui.

— Bien, bien. En ce moment, voyez-vous, nous travaillons sur un projet, ici, et nous nous demandions si cela vous intéresserait d’apprendre des choses sur l’endroit où sont nés vos individus.

— Je n’y avais pas songé, mais oui, bien sûr. Ça pourrait être utile de le savoir. Vous avez un moyen de le découvrir ?

— Est-ce qu’il y a beaucoup d’infiltrations souterraines dans cette cave ?

— Non, c’est plutôt sec.

— Je ne peux rien promettre, mais nous obtenons de très bons résultats avec les analyses isotopiques au strontium. Si vous nous autorisez à stocker les résultats dans notre base de données, et vous vous engagez à nous contacter quand vos inconnues auront été identifiées, alors je serai heureux d’effectuer ce test expérimental gracieusement.

— Gratis ?!

— Oui, nous devons élargir notre base de références.

— De quoi avez-vous besoin au juste ?

Après m’avoir indiqué en détail quels spécimens d’os et de dents lui étaient nécessaires, il s’est lancé dans une longue explication. Ma pendule indiquait trois heures cinquante.

— Arthur, l’ai-je interrompu, vous pourrez m’expliquer ça quand nous discuterons des résultats ? Si je veux que mes spécimens partent aujourd’hui, il faut que j’aie extrait les dents de mes squelettes dans la demi-heure qui suit.

— Oui, oui. Naturellement. Nous en parlerons plus tard. Tempe, peut-être que ça ne donnera rien. Enfin, on ne sait jamais.

Redescendue à la morgue, j’ai découpé un autre segment du fémur de chaque squelette et remis les os à leur place anatomique. Ensuite, j’ai pris les trois mâchoires et je les ai photographiées avant d’en extraire les deuxièmes molaires droites. Par bonheur, j’avais déjà fait faire les radios des dents. Enfin, j’ai reconditionné mon colis et suis allée le déposer sur la pile du courrier à envoyer.

Vers quatre heures et demie, j’ai réintégré mon bureau.

Les pieds posés sur le rebord de la fenêtre, j’ai siroté mon Coke et grignoté mon premier beigne de la journée en me forçant à penser à autre chose qu’à ces malheureuses jeunes filles découvertes dans la cave d’une pizzeria.

Katy, ma fille.

Où en était-elle dans sa vie et que faisait-elle en ce moment ? Aucune idée. L’appeler ? J’ai regardé ma montre. Elle était sûrement sortie, en cours ou à la bibliothèque. Bien.

À tout croire, Katy ne séchait pas ses cours et semblait même avoir des projets pour après l’université. Je n’étais pas dans le secret des dieux. Visiblement, ma petite fille était entrée dans l’âge adulte. Est-ce que cela voulait dire que je ne ferais plus que de petites incursions dans sa vie privée ?

Cette pensée m’a fait sourire. Surtout, elle m’a ramenée à ces jeunes filles transformées en squelettes.

Pourquoi n’avait-on retrouvé aucune pièce de vêtement avec elles ? Qu’est-ce qui pouvait expliquer que trois filles soient enterrées nues dans une cave ? Est-ce que je serais passée à côté d’un indice sans le voir ? Peut-être que j’aurais dû employer un tamis plus fin. Le propriétaire de la pizzeria avait-il ramassé autre chose que ces boutons ?

Une gorgée de Coke Diète. Volte-face dans mes pensées : Anne.

Hier, au téléphone, elle avait une drôle d’intonation. Pourquoi cette visite impromptue ?

Au deuxième beigne, mes réflexions sont reparties à fond sur ces trois filles.

Si elles étaient mortes en même temps, pourquoi le troisième squelette était-il le seul à présenter de l’adipocire ? D’accord, il était empaqueté. Mais pourquoi uniquement cette fille-là ?

Pas d’idée sur la question. Passons à un autre sujet.

Le chandail aperçu dans la vitrine d’Ogilvy. Le vilain bruit que faisait ma voiture. La drôle de tache marron sur mon épaule droite.

À la dernière bouchée, les squelettes se sont réimposés.

Ils étaient enterrés à moins de quinze centimètres de profondeur. Pourquoi si près de la surface ? En général, les Amérindiens creusaient des tombes beaucoup plus profondes. Idem pour les colons des temps anciens.

Est-ce qu’Arthur pourrait vraiment m’indiquer où était née chacune de ces filles ? Qu’est-ce que ça m’apporterait de le savoir ? Le test indiquerait-il qu’elles étaient nées ici, dans la région de Montréal ?

LaManche avait peut-être raison de trouver que je m’impliquais trop. J’étais irritable, sur la défensive. Je ne dormais pas bien. J’avais même rêvé de l’affaire.

Mes pensées se sont engagées dans une autre ruelle.

Mon travail et mon mécontentement du moment. Mon problème avec Ryan viendrait-il de là ? Est-ce que je ne risquais pas de mettre le feu aux poudres en transférant sur lui mon anxiété et ma frustration ? De signer moi-même la fin de notre relation ?

Ryan...

La sonnerie du téléphone a retenti comme si un électron libre échappé de cette synapse l’avait déclenchée. J’ai pivoté et saisi le récepteur, manquant de peu de renverser ma canette.

— Dr Brennan ?

Suzanne. Pour m’informer qu’un détective était en chemin vers mon bureau.

Claudel, forcément. Juste ce dont j’avais besoin.

Sauf que ce n’était pas lui, mais Ryan.

Un Ryan croisement de Pierce Brosnan et du type de la pub Adidas, avec son mètre quatre-vingt-dix enveloppé dans une veste en tweed, une chemise rouille et un pantalon kaki.

Il a hoché la tête en me découvrant un Coke Diète à la main, des grains de sucre éparpillés sur le sous-main devant moi.

— Cette femme est un tourbillon de contradictions.

— Que veux-tu, j’ai des goûts éclectiques.

— Des goûts qui feront perdre la tête à ton pancréas.

— C’est le mien, j’en fais ce que je veux.

Ryan m’a jeté un regard surpris.

— Je te prends au mauvais moment, Bouton d’or ?

— J’attendais quelqu’un d’autre... Trésor.

— Je m’entends souvent dire ça, ces temps-ci.

— Trésor ?

— Que je ne suis pas celui que tu attendais.

— Je pensais à quelqu’un censé me donner des renseignements sur une certaine affaire.

— Une fois de plus, je fais voler en éclats des espoirs dont j’ignorais tout.

— Tu parles comme Winston Churchill, ai-je dit en me renversant contre le dossier de mon siège.

— C’est un non-sens, et je ne l’admettrai pas !

— A pour la grammaire, D moins pour la clarté de l’exposé !

J’ai entrepris de récolter des grains de sucre avec le bout de mon doigt.

— C’est également une citation de ce cher Winston ?

— Tu continues ?

— Comment ça va, avec Claudel ?

Adossé au chambranle, Ryan se tenait les bras croisés, une cheville posée sur l’autre. Comme d’habitude, mes yeux ont été happés par les siens sans que je puisse lutter contre. J’ai beau connaître par cœur le bleu intense de son regard, il me désarçonne toujours.

— Claudel fonctionne avec une quantité minimale de cellules cérébrales. Le peu qu’il en a est obligé de se concentrer pour empêcher que la transmission de courriels se rompe entre les unes et les autres.

— Et, en ce moment, il y a des grésillements sur la ligne ?

— Je ne lui ai pas parlé aujourd’hui. En fait, j’attends avec intérêt de voir sa réaction quand je lui aurai fait part de certaine chose.

J’ai léché le sucre sur mon doigt et suis repartie à la pêche sur mon sous-main.

— Tu veux bien dire à ton trésor de quoi il s’agit ?

— LaManche a autorisé la dépense pour un test spécial que je lui demandais.

— Sans passer par Authier ?

J’ai hoché la tête.

— Mais quel coquin, ce LaManche ! Quel test ?

— Au carbone 14.

— Comme pour les momies et les mammouths ?

J’ai fait à Ryan un résumé de mes explications à LaManche, mais sans lui parler de l’analyse isotopique au strontium. Trop incertain.

— Dans combien de temps, les résultats ?

— Moins d’une semaine si tout va bien. LaManche m’a suggéré de passer au troisième squelette. En gros, il me dit de ne pas me focaliser sur le temps écoulé depuis la mort, pour l’instant.

— Ce n’est pas un mauvais conseil.

— C’est frustrant.

— La frustration va de pair avec le boulot.

Le téléavertisseur de Ryan a retenti. Il a jeté un coup d’œil au numéro et a renfoncé son machin dans l’étui à sa ceinture.

— Ce qui est sûr, ai-je repris, c’est que ces filles ne sont pas mortes la semaine dernière, ni même le mois dernier. N’empêche, ça m’embête de laisser passer le temps sans rien faire. J’ai un mauvais pressentiment.

— Pourquoi ?

J’ai raconté à Ryan le coup de téléphone de Mme Gallant-Ballant-Talent.

— Qu’est-ce qu’elle a dit exactement ?

— Qu’elle savait ce qui s’était passé dans cet immeuble.

— Quoi donc ?

— La conversation n’est pas allée jusque-là.

— Peut-être qu’elle est à côté de la plaque.

— Possible.

— Tu dis qu’elle t’a paru vieille ?

— Oui.

— Il se peut que...

— J’y ai pensé, Ryan. Mais admettons qu’elle ait toute sa tête et sache quelque chose...

— Elle rappellera.

— Elle ne l’a pas fait.

— Tu as fait rechercher son appel ?

— Oui.

— Tu veux que je voie si je trouve quelque chose ?

— Je peux me débrouiller.

— En quoi une vieille dame peut-elle représenter une menace ?

— En tout cas, elle est au courant de notre petite partie de plaisir dans la cave. Et Dieu sait combien de gens peuvent l’être aussi. Tu as lu l’article. Les journalistes sont comme des chats après un chariot de poissons.

— Que sais-tu sur cet immeuble, mis à part qu’il est vieux ?

— Qu’on y a retrouvé trois filles enterrées dans la cave.

— Tu peux être vraiment chiante, Brennan !

— Je sais.

— Tu dînes avec moi, ce soir ?

— Je suis prise.

Un silence assourdissant a flotté à travers le bureau. Trente secondes. Toute une minute. Ryan a décroisé les pieds et s’est écarté du mur. Ses yeux bleus de glace se sont plantés dans les miens. Il n’y avait pas de gaieté dans son regard.

— Il faut que nous parlions.

— Oui, ai-je répondu.

Mais en le regardant disparaître de l’autre côté de la porte, j’ai pensé en moi-même : Adios, cowboy.