CHAPITRE 4

En voiture, lorsque je rentrai chez moi le lendemain après le travail, les immeubles tremblotaient dans le crachin, le ciel était chargé et incertain. À cette même heure en été, il ferait encore jour pendant longtemps, mais maintenant les gens tiraient leurs rideaux, éteignaient les lumières. Chez moi, j’ôtai ma salopette, pris une douche rapide, restai trente secondes sous l’eau tiède avant de me sécher, d’enfiler un jean trop ample et un T-shirt à manches longues. Qu’est-ce que Brendan avait dit à propos de mon poids ? Je m’examinai dans la glace d’un œil critique. Je devrais peut-être faire du jogging. Tous les matins avant le boulot. Quelle horreur !

Le téléphone sonna au moment où je m’apprêtais à sortir pour rejoindre Laura.

— Miranda ?

— Ah, bonjour, maman !

— J’ai essayé de t’appeler plus tôt, mais ça ne répondait pas.

— Mon répondeur est saturé.

— Comment vas-tu ?

— Super.

— C’est bien vrai ?

Je n’étais pas décidée à lui faciliter la tâche.

— Je vais bien, maman. Juste un peu fatiguée. J’ai beaucoup de boulot avec l’absence de Bill. Comment tu vas ? Et papa ?

— J’ai parlé à Kerry. Elle dit que vous avez passé une agréable soirée.

— J’étais contente de la voir.

Je marquai une pause avant d’ajouter :

— Brendan aussi.

— Miranda, tu as été très chic. Ne va pas croire que nous n’apprécions pas les efforts que tu fais. J’aurais bien sûr préféré que tu nous en parles quand c’est arrivé. Ça me fait de la peine, Miranda, j’aimerais tant que tu te confies à moi quand tu es malheureuse.

— Je n’avais rien à dire. Vous vous faites des idées.

— Si ça peut te consoler, Kerry est métamorphosée. Tu as dû le remarquer, toi aussi. Elle n’est plus la même. Ça me fait plaisir. Mais ça m’inquiète en même temps.

— Tu veux dire que Brendan risque de la plaquer ?

— Oh, ne dis pas ça ! D’ailleurs, il a l’air de l’adorer, lui aussi.

Je gardai le silence une seconde de trop.

— Miranda ? interrogea-t-elle d’une voix dure. Tu n’es pas d’accord ?

— Ils m’ont paru tous les deux très heureux, assurai-je.

— Alors, ça va, c’est bien vrai ?

— Mais oui, maman, bon, je vais être en retard.

— Entendu, mais avant que tu files, on te voit ce week-end ? Que dirais-tu de dimanche midi ? On sera tous réunis.

— Tu veux dire, avec Brendan ?

— Avec Brendan et Kerry, oui.

Mon ventre se noua.

— Je ne suis pas sûre d’être libre.

— Je sais que c’est difficile pour toi, Miranda, mais je crois que c’est important.

— C’est pas difficile. Pas du tout. Je ne sais pas si je pourrais me dégager de mes obligations, c’est tout.

— Alors, samedi midi ? Ou même le soir si ça t’arrange. Tu seras vraiment absente tout le week-end ?

— D’accord pour dimanche, acquiesçai-je, vaincue.

— Ça sera très simple. Tu verras, tu seras à l’aise.

— Je sais, maman ! Je ne me bile pas. Pas le moins du monde. Vous vous faites tous des idées fausses.

— Tu pourrais venir accompagnée, si tu veux.

— Hein ?

— Avec quelqu’un. Si tu as quelqu’un…

— Je n’ai personne pour le moment.

— Oui, c’est vrai, il est peut-être encore un peu tôt.

— Il faut que je file, maman.

— Miranda ?

— Oui ?

— Oh, rien… C’est juste que… tu as toujours été celle qui avait de la chance. C’est au tour de Kerry. Ne te mets pas en travers de son chemin.

— Ne sois pas ridicule.

— S’il te plaît !

Je l’imaginais agrippant le combiné d’une main crispée, je voyais son visage tendu, son éternelle mèche qui tombait sur l’œil.

— Tout ira bien, assurai-je, afin de couper court. Je te promets de ne rien faire pour me mettre en travers de son chemin. Maintenant, il faut vraiment que j’y aille. Je te verrai demain en passant prendre Troy.

— Merci, Miranda chérie, dit-elle avec presque des sanglots dans la voix. Merci.

 

*

*  *

 

— Je ne le connais pas, si ?

Nous étions assises en tailleur par terre, adossées au canapé, mangeant des pommes de terre au four. Laura avait ajouté de la crème fermentée, j’avais ouvert la mienne en deux et l’avais copieusement tartinée de beurre avant de la saupoudrer de fromage râpé. C’était reposant. Dehors, il faisait déjà nuit et il pleuvait.

— Non, ça n’a pas duré assez longtemps. Quand tu es partie à Barcelone, ça n’avait pas commencé, et quand tu es rentrée, c’était déjà fini.

— C’est toi qui as rompu ?

— Oui.

— Alors, pourquoi ça t’ennuie ?

— Ça ne m’ennuie pas, affirmai-je avant de réfléchir.

— Si, ça se voit.

Je pris mon temps avant de répondre.

— Si, d’accord. C’est parce que ça craint. Ça fait… incestueux. Et dire que maman et les autres croient que c’est moi qui me suis faite larguer ! Que j’ai un chagrin d’amour ! Ça me fout les boules !

— Oui, ça doit être énervant, mais d’un autre côté, c’est marrant.

— C’est pas marrant du tout ! Elle l’appelle « Bren ».

— Et alors ?

— Il m’appelle « Mime ».

— Ah, la famille ! fit Laura.

Elle s’essuya le menton.

— Mirrie ! Tu trouves que je réagis violemment ?

— Un peu.

— T’as raison, je prends ça trop à cœur.

J’avais fini ma pomme de terre, il ne restait que la peau croustillante. Je rajoutai du beurre et mordis dedans. Puis je bus une grande rasade de vin. Je n’avais pas envie de bouger ; il faisait bon, j’étais rassasiée et agréablement fatiguée ; dehors, le vent agitait les feuilles et les voitures fonçaient dans les flaques d’eau.

— Comment ça va avec Tony ? demandai-je au bout d’un moment.

— Oh, bien… J’imagine.

Je la regardai. Elle avait repoussé ses cheveux brillants derrière ses oreilles, ce qui lui donnait un air juvénile.

— Tu imagines ? Ça veut dire quoi ?

— Ça va. Tu sais, c’est juste que… des fois…

— Des fois ?

— Des fois, je me demande ce qui va se passer après.

Elle fit une moue et remplit nos verres.

— On est ensemble depuis trois ans. Est-ce qu’on continue comme ça ? Je crois que c’est ce que Tony aimerait, année après année, qu’on continue à être bien ensemble, comme si on était déjà mariés… sauf qu’on habite séparément. Ou alors, on vit ensemble… mais pour de vrai. On achète un appart. Un frigo. De la vaisselle. On range nos livres et nos CD côte à côte. Voilà. Sinon, qu’est-ce qu’on fait encore ensemble ? Il faut aller de l’avant, tu ne crois pas ?

— J’en sais rien. Je ne suis jamais restée avec un mec aussi longtemps.

— Tout est là. Tu mènes une vie pleine de drames et d’imprévus.

— Moi ?

— Les aventures, les ruptures.

— Et le vide.

— Oui, fit-elle. Mais je n’ai que vingt-six ans. Est-ce que cette façon de vivre est déjà derrière moi ? C’est ça ?

— Tu veux habiter avec lui ?

— Euh, des fois je me dis que ça serait…

On entendit du bruit dans la serrure et la porte s’ouvrit à la volée.

— Salut ! lança Tony d’un ton guilleret en laissant tomber son sac dans le couloir, ôtant à coups de pied ses chaussures avant de les envoyer valser contre les plinthes.

Il entra dans la pièce, les cheveux trempés collés sur son front, les joues rouges.

— Tiens, salut, Miranda ! Ça va ?

Il se courba pour embrasser Laura, elle lui caressa la joue et lui sourit. Ils avaient l’air de bien s’entendre.

 

*

*  *

 

Il attendait devant la porte et tandis que je me garais, il traversa le jardin en courant. Il ne pouvait me faire signe à cause de l’énorme sac en plastique qu’il tenait dans une main et le sac à dos dans l’autre, mais son visage pâle resplendissait, il souriait et me disait quelque chose que je ne pouvais entendre. Il trébucha sur le sentier, faillit tomber. Son sac à dos lui fouettait les jambes, mais il souriait toujours en articulant je ne sais quoi. Il est parfois plus douloureux de voir Troy heureux que déprimé.

— Salut ! dit-il en ouvrant la portière.

Il escalada le siège, son corps anguleux s’emmêlant avec ses sacs.

— Comment ça va ?

— Bien, assura-t-il. Super. Vraiment super.

En attachant sa ceinture, il l’enroula aussi autour des sacs.

— Je commence à apprendre la guitare. Tu te souviens de ta vieille guitare ? Figure-toi que je l’ai retrouvée dans le débarras. Elle est un peu nase, mais ça change pas grand-chose pour l’instant. À part ça, j’ai eu envie de nous faire un superdîner, t’es d’accord ? J’ai apporté la bouffe. T’avais d’autres projets ?

— Non, répondis-je. Pas de projets. Qu’est-ce qu’on mangera ?

— Des profiteroles salées en entrée. J’ai vu la recette dans le bouquin de maman, il paraît que c’est vachement simple. Je n’ai rien à mettre dedans, mais j’imagine que tu as du fromage. Ou du thon. Tu dois bien avoir une boîte de thon quelque part, même toi ? Ensuite des kebabs. Faut d’abord que je les fasse mariner, ça va peut-être prendre du temps. Je commencerai en arrivant. J’ai pas pensé au dessert. T’en veux vraiment ? Je me suis dit qu’on pouvait juste manger l’entrée et les kebabs, ça suffit. Je pourrais faire un gâteau de riz. Ah, merde, on mange déjà du riz avec les kebabs, ça ferait trop.

— Pas de dessert, consentis-je.

J’imaginais déjà le souk !

Tous les jeudis, je vois Troy. C’est un accord entre nous depuis deux ans, quand il a eu quinze ans, et les ennuis qui vont avec. Je passe le prendre chez mes parents après le travail et je le reconduis le soir, ou il dort sur mon canapé-lit. Parfois, on va au cinéma ou au concert. De temps en temps, il rencontre mes amis. Jeudi dernier, je l’ai emmené au pub avec Laura et Tony et deux autres copains, mais il était d’humeur léthargique, et, après sa première gorgée de bière, il s’est endormi, la tête sur la table. Parfois d’une timidité maladive, parfois je-m’en-foutiste, il ouvre un livre en plein milieu d’une conversation, ou s’en va quand l’envie lui en prend.

Le plus souvent, on va chez moi et on fait des trucs ensemble. Ces derniers temps, il s’était mis à la cuisine, avec des résultats contrastés. Il s’emballe vite et se lasse tout aussi rapidement. Il a eu sa phase de jeux de patience. Il devait y arriver, sinon ça n’allait pas. S’il réussissait, c’était bon signe, mais ça se produisait rarement. L’été dernier, il avait découvert les puzzles ; il en avait rapporté un qui s’appelait : Le puzzle le plus difficile du monde. Des milliers de pièces minuscules imprimées des deux côtés. Et on ne connaissait le motif du tableau qu’une fois le puzzle terminé. Je n’ai pas pu utiliser ma table pendant des semaines à cause des pièces éparpillées partout mais une fois le contour achevé, une scène de rue avait émergé au centre. Un jour, il en a eu marre.

— À quoi ça sert, finalement ? me demanda-t-il. On bosse des heures et des heures, et quand c’est fini, on casse tout et on range les pièces dans la boîte.

Il avait travaillé dessus un temps incalculable, sans jamais pouvoir le terminer et l’objet de son obsession se trouvait maintenant dans sa boîte sous mon lit.

Quand est-ce que ça avait mal tourné ? C’était la question que ma mère se posait, surtout quand Troy se murait dans le silence, quand il boudait dans sa chambre, grognon, abattu. Il était doté d’une intelligence parfois déroutante, vertigineuse, parlait dès un an, lisait à trois, éblouissait les profs par ses aptitudes, frimait devant les amis de mes parents, paradait dans les réunions, croulait sous les prix d’excellence, écrivait des articles pour les journaux locaux, sautait des classes, se retrouvait avec des enfants de deux ans ses aînés qui le dominaient de près de cinquante centimètres car il ne grandissait pas. Il était fluet, les genoux cagneux, les oreilles décollées.

Il se faisait chahuter. On ne se contentait pas de le bousculer à la récréation ou de se moquer de lui parce qu’il était bûcheur. Il était systématiquement harcelé par une bande, exclu par les autres. Les petits durs le surnommaient « Troy Boy », l’enfermaient dans les toilettes de l’école, l’attachaient à un arbre, derrière l’abri à bicyclettes, jetaient ses livres dans la boue, les piétinaient, se passaient des mots en classe où on le traitait de chochotte et de pédé. On le rouait de coups, on le coursait après l’école. Il n’en parlait à personne – et à cette époque Kerry et moi, plus âgées, vivions dans un autre monde. Il ne se plaignait ni auprès des profs, ni auprès des parents, qui le trouvaient juste plus calme, et différent des autres enfants de sa classe. Il bossait encore plus dur et avait adopté une attitude légèrement pédante et sarcastique, qui, bien sûr, contribuait à son isolement.

Finalement, à treize ans, on convoqua mes parents chez le directeur parce qu’on l’avait surpris en train de jeter des pétards sur ses camarades à la récréation. Fou de rage, il pleurait sans discontinuer, et repoussait quiconque l’approchait, comme si les séquelles de huit années de brutalité débordaient d’un coup. Il écopa d’une semaine de renvoi, pendant laquelle il craqua et « avoua » tout à maman, qui fonça à l’école faire un scandale. On convoqua les responsables chez le dirlo, qui distribua des colles. Mais comment faire comprendre à des enfants qu’ils doivent accepter leur petit camarade et en faire leur ami, surtout quand ce camarade est comme mon frère, timide, farouche, socialement inadapté, handicapé par son intelligence un peu trop singulière ? Et comment réparer les fondations sapées ? Avec des maisons, on peut tout démolir et rebâtir. Pas avec les êtres humains.

À cette époque, j’avais quitté le lycée. Je n’ai compris la gravité de la situation qu’au moment du certificat de fin d’études de Troy. Peut-être ne voulais-je pas comprendre. Tout le monde était persuadé qu’il allait réussir brillamment. Il prétendait que ça s’était bien passé, mais restait vague. On s’aperçut qu’il ne s’était pas rendu à l’examen. Il avait erré dans le parc, près de l’école, jetant du pain aux canards, contemplant les saletés accumulées sur les bords de l’étang, regardant sa montre. Quand mes parents l’apprirent, le ciel leur tomba sur la tête. Je me souviens d’un après-midi que j’avais passée chez eux : ma mère ne cessait de pleurer et de lui demander ce qu’elle avait fait de mal, si elle avait été une si mauvaise mère, et Troy restait assis, muet, mais affichait une expression de triomphe et de honte mêlés qui me terrifia. La psy déclara que c’était sa façon d’appeler au secours. Quelques mois plus tard, elle nous expliqua que quand Troy s’était tailladé les veines – une dizaine de coupures peu profondes – il cherchait seulement à attirer notre attention. Et quand il restait au lit certains matins – c’était aussi un appel à l’aide.

Il ne retourna pas à l’école. Il eut droit à un professeur particulier et à davantage de séances chez la psy. Il se rendait trois fois par semaine chez une femme dotée de diplômes longs comme le bras pour parler de ses problèmes. Chaque fois que je lui demandais ce qui se passait pendant les séances de trois quarts d’heure, il ricanait : « La plupart du temps, je dors. Je m’allonge sur le divan, je ferme les yeux, et une voix me réveille pour m’annoncer que la séance est terminée. »

 

*

*  *

 

— Comment ça va ? demandai-je en préparant le thé pendant qu’il découpait les poivrons rouges en lamelles.

La cuisine était déjà sens dessus dessous. Le riz bouillonnait dans la casserole, le couvercle sautillait et l’eau débordait. Des coquilles d’œufs jonchaient la table. Des bols et des cuillères s’entassaient dans l’évier. De la farine était répandue sur le linoléum, comme après une légère chute de neige.

— Tu as remarqué, observa-t-il, que les gens me demandent toujours comment je vais d’un ton calculé, diplomate, prudent ?

— Désolée, m’excusai-je.

— J’en ai ras le bol qu’on parle de moi. Et toi, comment ça va ?

— O.K.

— Non, tu dois me dire pour de vrai. C’est le marché. Je te dis comment je vais, tu me dis comment tu vas.

— En réalité, O.K., c’est le mot exact. Il n’y a pas grand-chose à ajouter.

Il acquiesça.

— Brendan va m’apprendre à pêcher.

— Je ne savais pas que tu aimais ça.

— Moi non plus. J’ai jamais essayé. Mais il m’a proposé d’aller à la mer où un de ses amis possède un bateau et pêche des maquereaux pour les revendre. Il prétend qu’il suffit de les sortir de l’eau, les uns après les autres, et de les faire cuire aussitôt sur le feu.

— Ça donne envie.

— Il garantit que, même s’il pleut, c’est sympa d’être dans un bateau à attendre que ça morde.

— Tu le vois souvent, alors ?

— Je l’ai vu une ou deux fois.

— Tu l’aimes bien ?

— Oui. Mais je ne l’imagine pas avec toi.

— Pourquoi ?

— C’est pas ton style.

— Qu’est-ce que c’est mon style ?

— T’es plutôt chat que chien.

— Je ne sais pas de quoi tu parles.

— Il ressemble plus à un chien qu’à un chat, tu ne crois pas ? Impatient, avide qu’on le remarque. Les chats sont plus indépendants, plus distants.

— Ça veut dire que je suis indépendante et distante ?

— Non, pas avec moi. Avec les gens que tu ne connais pas bien.

— Et toi, tu te situes où ?

— Je suis une loutre, répondit-il aussitôt.

— Ah, tu y as réellement réfléchi !

— Et maman est un kangourou.

— Un kangourou ?

— Et elle ne se remet pas qu’on ne soit plus dans sa poche. Sauf que des fois, je me tire en rampant par-dessus.

— Et papa ?

— Brendan aussi a fait une dépression, tu sais.

Il se mit à embrocher alternativement des morceaux de poivron et d’agneau.

— Ah bon ? J’ignorais.

— Il n’en parle à personne. Mais il me l’a dit parce qu’il voulait me faire comprendre que la souffrance est parfois un fléau, parfois un cadeau, et qu’on peut toujours s’arranger pour qu’elle tourne du bon côté.

— Il a dit ça ?

— Oui. Il est un peu hippy, tu sais.

— Je vais me chercher une bière, annonçai-je.

— Papa est un canard.

— Non, je ne crois pas.

— Les canards sont pas mal. C’est des optimistes.

— Et Kerry ?

— Que dirais-tu d’une gazelle ?

— Brendan t’a-t-il parlé de moi ? demandai-je d’un ton le plus désinvolte possible.

— Il dit qu’il t’a fait souffrir.

— Ah !

— C’est vrai ?

— Non.