Il t’attend

Cette fin de février est particulièrement froide. Il pleut dehors. Il pleut dedans. Un mélange de larmes et de neige, qui colle aux vêtements et qui glace le sang. Et cette grisaille, cette grisaille.

Des jours entiers qu’elle n’a pas vu la couleur du soleil.

Ces jours-ci, plus d’une fois, Julie a eu envie de partir. De tout plaquer, de sauter du train en marche et de rejoindre le quai. Là où elle a laissé Lulu.

Envie de baisser les bras et donner tort au proverbe.

À quoi bon, de toute façon ? À quoi bon attendre encore un miracle ? Quel miracle d’ailleurs ?

Le seul vrai miracle serait de pouvoir revenir en arrière, rembobiner le film de sa vie, partir plus tard de cette petite maison en Bretagne et arriver un peu après, être pris dans d’interminables bouchons, mais pas dans cet effroyable accident.

Hélas, ça ne marche pas comme ça, la vie. La bobine est bloquée en position « Marche ». Pas de coupure au montage. Pas de montage du tout. Du direct irréversible.

 

S’ouvrir les veines ?

Prendre la direction d’un arbre un peu plus gros que les autres, au bord de la route ?

Avaler cinq boîtes de Doliprane ? Pourquoi pas sept, pour être sûre… ?

Elle réfléchit.

Allez, Julie, pense aux gens qui t’aiment !

Et puis il t’attend, tu sais ?

Il t’attend !

Il a tout son temps maintenant…