VII

 

CHANSON POPULAIRE

SUR LA BATAILLE DE PAVIE

Hélas ! La Palice est mort,

Il est mort devant Pavie.

Hélas ! s’il n’estoit pas mort

Il seroit encore en vie.

Quand le Roy partit de France

A la malheur il partit ;

Il en partit le dimanche

Et le lundy il fut pris.

— Rens, rens-toy, roy de France,

Rens-toy donc, car tu es pris.

— Je ne suis point roy de France,

Vous ne savez qui je suis.

Je suis pauvre gentilhomme

Qui s’en va par le pays. —

Regardèrent à sa casaque,

Avisèrent trois fleurs de lys.

Regardèrent à son épée

Françoys ils virent escry

Ils le prirent et le menèrent

Droit au château de Madry.

Et le mirent dans une chambre

Qu’on ne voiroit jour ne nuit

Que par une petite fenestre

Qu’estoit au chevet du lict.

Regardant par la fenestre

Un courrier par là passit,

— Courrier qui porte lettre,

Que dit-on du Roy à Paris ?

— Par ma foy, mon gentilhomme,

On ne sait s’il est mort ou vif.

— Courrier qui porte lettre,

Retourne-t-en à Paris.

Et va-t-en dire à ma mère,

Va dire à Montmorency

Qu’on fasse battre monnoie

Aux quatre coins de Paris

S’il n’y a d’or en France,

Qu’on en prenne à Saint-Denis

Que le Dauphin en amène

Et mon petit fils Henry.

(Publ. par Le Roux de Lincy,

dans le tome II de son Recueil de chants historiques.)