29 mai 1960

 

— Salaud.

Le coup de feu partit. La balle traversa le crâne de Sinclair. Le sang jaillit, bruine rouge et gluante qui éclaboussa le visage de l'assassin. Des fragments de cervelle jaillirent de l'autre côté de la tête. Le corps inanimé glissa du fauteuil sur le plancher.

Debout au-dessus du cadavre ensanglanté, l'assassin éprouva un étrange sentiment d'exultation.

Je l'ai tué. J'ai tué ce salaud. Il est mort. Je ne voulais pas le tuer, mais au fond il la méritait. Oh oui, il l'a bien cherché.

L'assassin scruta la pièce. La musique au-dehors était si assourdissante que les étudiants n'avaient pas dû entendre le coup de feu, ou alors ils avaient sûrement cru à l'explosion d'un pétard, voire à un pot d'échappement déficient. Néanmoins, le temps pressait. Il fallait faire vite.

Du calme. Pas de panique. Tu maîtrises la situation. Réfléchis.

L'assassin contempla la bouillie sanglante qui remplaçait maintenant la tête de l'homme qu'il avait tué.

J'ai bien fait de lui tirer dans la tête. Ça pourra passer pour un suicide. Tout le monde sait qu'il avait des problèmes. Ils n’iront pas chercher plus loin.

L'assassin alla verrouiller la porte du bureau, essuya le pistolet et le plaça dans la main du mort.

Ça y est. Terminé. Parfait. Personne n’ira me soupçonner. Je n'ai plus qu'à filer en douce avant l'arrivée de la police et...

L'assassin s'interrompit brusquement : une pensée troublante venait de lui traverser l'esprit.

Quelle était cette série télé déjà ? Ou était-ce un film ? Ou un roman ? Peu importe. C'était une situation similaire. Un homme découvert avec une balle dans la tête et un pistolet à la main. En apparence, suicidé. Sauf que le flic avait conclu à un assassinat. Mais comment ?

Claquement de doigts. L'assassin sourit.

Le flic a fait examiner la main de la victime à la recherche de traces de poudre, un truc comme ça. Il n'y avait rien. Aucune marque, en fait, prouvant que le type avait manié l'arme. Conclusion : il avait été assassiné.

La peur s'insinua dans l'esprit de l'assassin. Il retourna auprès du corps, leva ensemble la main et le pistolet et pressa le doigt de Sinclair sur la détente.

Le coup partit. La balle alla se loger dans le mur près de la bibliothèque.

Le soulagement se peignit sur le visage de l'assassin. Voilà, maintenant la main portait des traces de poudre. La police n'allait pas tarder. Après enquête, ils concluraient à l'une des deux versions possibles : après qu'il s'était tiré une balle dans la tête, le doigt de Sinclair, dans un dernier spasme, avait de nouveau appuyé sur la détente ; ou, la première fois, Sinclair s'était dégonflé et avait écarté l'arme de sa tête, puis il avait rassemblé son courage et s'était tué pour de bon.

L'assassin quitta le bureau et sortit par l'entrée de service sur la pelouse ensoleillée, convaincu que personne ne l'avait remarqué.

Erreur.

Derrière le canapé, une paire d'yeux effrayés avait tout vu. Mais l'assassin n'avait pas pensé à regarder là. Absorbé dans ses réflexions, il poursuivait son chemin.

Ça y est. J'ai tué ce salaud. Maintenant, je n 'ai plus le choix. Il n'y a qu'un moyen de réparer le mal, de tout remettre en ordre.

L'assassin déglutit.

Je dois tuer encore une fois.

Sans un adieu
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