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Angus était d’humeur massacrante et, au vu des circonstances, ça tombait plutôt bien. Depuis quand ça sait conduire, les zombies ? Les attaques successives et particulièrement brutales de ces créatures maléfiques qui tentaient de lui arracher des bouchées de sa propre chair l’agaçaient considérablement, mais se faire voler sa caisse, merde, ça, ça le foutait en rogne. Vraiment en rogne.

Il avait buté six morts-vivants, et en avait allongé un certain nombre qui avaient tenté de lui sauter dessus. Pourtant, ils ne cessaient de revenir à l’attaque. Quand ils ne s’arrachaient pas au sol, ils accouraient au loin (à une vitesse surprenante) dans sa direction. Angus se dit que, dans son malheur, il avait tout de même la chance de se trouver à côté des deux cadavres des vigiles. Ces deux cons, c’était du fast-food pour zombies.

Il devait bien y avoir une vingtaine de créatures de cauchemar vautrées sur les deux corps, à présent lourdement mutilés, et Angus avait conscience que, lorsqu’il ne resterait plus rien de ces pauvres cons, les choses allaient vraiment se compliquer pour lui.

Il tira dans les poitrines respectives de deux morts-vivants, et se précipita vers l’autoroute. Écartant de puissants coups de pied les mains qui surgissaient du sol pour l’attraper, il arriva bien vite en lieu sûr, sur l’asphalte. S’il courait en plein milieu de la route, il pouvait raisonnablement espérer que rien ne surgirait de terre pour l’entraîner. Certains de ces enfoirés de zombies avaient beau avoir une force inimaginable, Angus doutait fortement qu’aucun d’entre eux fût assez fort pour traverser la couche de gravats, la couche de béton et la couche d’asphalte qui composaient l’autoroute.

Il courut donc au beau milieu de la chaussée en direction de l’hôtel, avec tout un tas de zombies à sa poursuite. Les plus rapides parvenaient à le rattraper. Leur exploit était dûment récompensé par un coup de crosse de pistolet en pleine face ou une balle dans la poitrine. Angus avait assez de munitions pour tuer une centaine de morts-vivants. Ce qui l’emmerdait surtout, c’était d’avoir à recharger constamment ses pistolets.

Au bout de quelques minutes de course, il remarqua que les zombies se mirent à garder leurs distances, à environ 10 mètres de lui. Putain ! Ces enculés étaient vraiment plus malins que ce que les films de zombies l’avaient amené à croire. Selon ses déductions, ils s’économisaient en attendant qu’il arrive au bout de ses forces. Un Angus exténué et essoufflé ferait une proie bien plus facile à neutraliser, et ces salopards semblaient bien conscients de la chose.

C’est alors que la chance lui sourit enfin. Un véhicule apparut au bout de l’autoroute, dans son dos. Il vit d’abord la route qui s’étendait devant lui s’illuminer dans les faisceaux des phares de la voiture. Il regarda par-dessus son épaule et aperçut une Coccinelle qui roulait au beau milieu de la route, dispersant les morts-vivants qui bondissaient à gauche et à droite pour l’éviter.

Angus devait absolument s’assurer que le conducteur du véhicule ne le prenne pas pour un zombie, et consente du coup à le prendre en stop. Aussi, malgré la fatigue qui commençait à lui ronger les jambes, il tapa un sprint à s’en faire exploser les poumons. Il parvint à prendre 10 mètres d’avance supplémentaires sur le gros de la meute, et lorsque la Coccinelle finit de séparer celle-ci en deux, Angus se mit à agiter frénétiquement les bras pour inviter le conducteur à s’arrêter.

La voiture ralentit en passant à côté de lui. La vitre du conducteur s’abaissa, et le visage terrifié d’une femme d’une quarantaine d’années apparut. C’était une blonde permanentée, avec du rouge à lèvres étalé partout sur la figure, sans doute pour avoir tenté de se refaire une beauté tout en traversant le peloton de zombies. C’était l’excuse parfaite pour qu’Angus la prenne instantanément en grippe. Il avait besoin d’une bagnole pour retourner à l’hôtel, mais la pauvre conne hystérique incluse dans le pack était tout à fait superflue.

Elle lui lança un regard désespéré : « Qu’est-ce qui se passe, ici ? » lui demanda-t-elle d’une voix de petite fille effrayée. Les morts-vivants étaient sur le point de les rattraper.

Angus braqua l’un de ses revolvers sur son visage et fit feu. La balle lui perfora le front, la tuant net. Elle s’écroula sur le siège passager, et la voiture avança au pas. Sans cesser de courir, Angus tendit le bras et ouvrit la porte du conducteur de l’intérieur. Alternant pas de jogging et petits bonds, il parvint à pousser le cadavre, et sauta derrière le volant. Atterrissant maladroitement sur son siège, il referma aussitôt la porte et jeta un coup d’œil au rétroviseur latéral. Les morts-vivants étaient toujours après lui, et la tête du peloton était quasiment à hauteur du pare-chocs arrière. Angus écrasa la pédale de l’accélérateur et la Coccinelle prit de la vitesse.

« Hasta la vista, bande de cons ! » hurla-t-il par la vitre ouverte.

Il prit consciencieusement de l’avance durant une minute, au bout de laquelle il s’arrêta pour jeter la morte sur l’autoroute. Ça occuperait toujours un peu ces enfoirés de zombies.

Angus avait du pain sur la planche. Il était à présent dans une colère plus que noire, déterminé plus que jamais à exterminer Sanchez, Elvis, Julius, Powell, tous les zombies de ce foutu désert, et toute personne qui s’aviserait de lui casser les couilles. D’une façon ou d’une autre, il rentrerait chez lui avec un bon paquet de fric et quelques nouvelles victimes à son actif.

Et son CD de Tom Jones.

Le cimetière du diable
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