CHAPITRE 12

L’homme blanc faisait durer le plaisir. Élan Gris percevait régulièrement les halètements du chien à quelques mètres de lui, mais le chasseur ne semblait pas pressé, comme ces félins qui jouent un long moment avec leur proie avant de les déchiqueter. La traque se déroulait dans un terrain montagneux totalement désert. Pas une ferme, pas une cabane de trappeur, pas une réserve, pas un bivouac à l’horizon, seulement des sommets escarpés et blancs, des rochers torturés, des arbres figés par le gel, des aiguilles de glace, une neige épaisse, dense, collante. Élan Gris avait beau essayer de brouiller sa piste en utilisant des branchages ou en passant d’arbre en arbre afin de ne pas laisser de trace au sol, le chien le retrouvait sans cesse. La voix grave de son maître trouait régulièrement le silence de la forêt.

Élan Gris avait perdu toute notion d’espace et de temps. Il lui semblait seulement s’être éloigné du chemin de sa vision. L’obscurité se déployait autour de lui, même en plein jour. S’il ne retrouvait pas rapidement la piste qui menait au pays de la cité bâtie au bord de l’eau turquoise, les créatures maléfiques se jetteraient sur lui pour le dévorer. D’ailleurs, l’homme blanc et son chien semblaient eux-mêmes avoir été crachés par les ténèbres pour l’empêcher d’accomplir son destin. Par chance, le chasseur lui avait laissé le sac contenant les galettes de maïs et la viande de bœuf séchée. Il pouvait donc manger, sinon à sa faim, au moins en quantité suffisante pour conserver un minimum de forces. Il aurait pu cesser de fuir et affronter son poursuivant avec le poignard confié par son père, mais il n’avait que très peu de chances face à un fusil et à un molosse et, au moins pour l’instant, il préférait tenter de leur échapper.

Trois nuits s’étaient écoulées depuis le début de la chasse. Il dormait dans des endroits escarpés où le chien ne pouvait pas grimper et où il lui était facile de défendre sa position. Il se demandait pourquoi les hommes blancs enfermaient le peuple dans une réserve étouffante alors que d’immenses territoires demeuraient inhabités. Les siens auraient été plus heureux dans le cœur de cette montagne qu’à l’intérieur d’un espace clôturé et surveillé. Le gibier y était sans doute rare et les ressources maigres, mais la liberté aurait donné au peuple le goût de se battre, la force de survivre. Élan Gris ne comprenait pas le grand-père blanc à la tête couronnée : il se proclamait père de tous ses sujets et laissait une grande partie de son royaume abandonnée plutôt que de la confier à ceux qui en avaient besoin. Depuis qu’il s’était assis sur le trône du royaume du Nord, le peuple avait perdu les dernières libertés que l’ancien gouvernement de Washington lui avait concédées.

Les aboiements du chien le tirèrent de sa rêverie. Exténué, il s’était assis sur un tronc d’arbre couché pour manger une galette de maïs presque aussi dure que la glace. Il perçut la voix du chasseur qui exhortait l’animal. L’homme et le chien étaient de redoutables pisteurs. Élan Gris avait entendu parler de ces Blancs d’un royaume lointain qui retrouvaient n’importe quel homme dans n’importe quel endroit en se servant de l’un de ses cheveux ou de l’une de ses dents.

Il se releva, ajusta le sac sur son épaule et se dirigea aussi rapidement que possible vers la forêt où, du moins l’espérait-il, il lui serait plus facile de les semer.

« Cours, cours, l’Indien ! » ricana l’homme blanc.

Au rire du maître s’associa le jappement joyeux du chien. Le chasseur accordait moins de considération à Élan Gris qu’à son molosse. Dans sa tête, les Indiens avaient moins de valeur que les animaux, comme s’ils n’appartenaient pas à la grande famille des êtres humains. La majorité des Blancs pensaient comme lui. Leur religion affirmait pourtant que tous les hommes étaient frères. Ils adoraient un Dieu dont ils ne respectaient pas les commandements. Un pope était passé dans la réserve pour tenter d’enseigner la religion orthodoxe au peuple. Il était reparti découragé, grommelant que les sauvages se complaisaient dans leurs superstitions, incapables d’appréhender les mystères de la foi chrétienne. Le peuple vénérait pourtant le Grand Esprit, qui n’était que l’autre nom de son dieu.

Élan Gris s’enfonça dans la forêt. Les branches des arbres ployaient jusqu’au sol. Des pics de glace se détachèrent et se plantèrent de chaque côté de lui. Un vent violent soufflait par rafales, chargé d’humidité, annonçant de nouvelles chutes de neige. Il s’aperçut que le chasseur et le chien avaient accéléré l’allure. Il en comprit la raison lorsque les premiers flocons tombèrent, si serrés qu’il ne voyait plus à trois mètres devant lui. Le blizzard qui s’apprêtait à déferler sur la montagne serait le meilleur allié d’Élan Gris, et ses poursuivants voulaient en finir avant d’être immobilisés par les éléments. Il retira son gant pour se saisir de son poignard. Le froid s’enroula autour de sa main comme une plante aux épines blessantes. Le vent gonflait son manteau de peau, l’empêchait d’avancer, le vidait de ses dernières forces. Il peinait à resserrer ses doigts sur le manche sculpté du poignard. L’homme et le chien haletaient quelques mètres derrière lui.

« Ça t’sert à rien de courir, le Peau-Rouge ! »

Les flocons lui cinglaient les yeux. Des tourbillons de neige se levaient devant lui et l’enveloppaient de leurs souffles glacés.

Le chien jaillit dans son dos et le percuta de ses deux pattes avant pour le déséquilibrer.

« Vas-y, mon Kirio ! T’as bien mérité de boire le sang de cette satanée face de Rouge ! »

Élan Gris tomba de tout son long sur la neige. Lourd et puissant, le chien gronda et glissa son museau sous le col de son manteau, cherchant la gorge. La vie parut soudain un fardeau douloureux à Élan Gris, qui fut sur le point de renoncer. Le souffle chaud du molosse lui effleurait le cou.

« Vas-y, mon doux Kirio, saigne-le ! »

Il songea soudain aux fiers guerriers du peuple vaincus et humiliés par les conquérants. Ils s’étaient battus en braves avant de céder devant la puissance et le nombre. Ils avaient affronté les canons armés de leurs seuls fusils et de leur indomptable courage. Comment l’accueilleraient-ils de l’autre côté s’il se présentait à eux sans avoir résisté, sans avoir combattu ? Il raffermit sa détermination et resserra sa prise sur le manche du poignard. Il laissa le chien, qui grognait déjà de satisfaction, s’approcher de sa gorge, puis il détendit brusquement le bras et frappa l’animal au flanc. La lame se ficha sous les côtes du molosse et s’enfonça jusqu’à la garde.

« Petit salopard ! » rugit le chasseur.

Le chien releva la tête, vacilla un moment sur ses pattes avant de s’affaisser sur le côté sans un gémissement. Son sang rougit la neige. Le chasseur se pencha sur lui et l’enlaça avec une grande douceur jusqu’à ce qu’il cesse d’être agité par les spasmes.

« Kirio… »

L’homme se releva. Toute la haine du monde semblait s’être concentrée dans ses yeux clairs. Il pointa son fusil sur Élan Gris.

« Tu vas crever, l’Indien ! Je veux que tu aies tout le temps de regretter ce que tu viens de faire à Kirio. C’était le meilleur chien que j’aie jamais eu. Je vais te coller une balle dans le ventre. Ton agonie sera longue. »

Élan Gris crut discerner des larmes sur les joues du chasseur en partie escamoté par les flocons. L’orifice sombre du fusil se perchait au-dessus de lui comme un œil maléfique.

« Toi et les tiens, vous êtes une engeance maudite ! Je trouve notre Tzaram bien trop faible avec vous ! Si ça ne tenait qu’à moi, il y a bien longtemps que vous auriez disparu de la surface de la terre. Si tu as un dieu, c’est le moment de lui faire une dernière prière. »

La prière, encore une idée de Blanc ! Comme s’il fallait supplier le Grand Esprit de dispenser ses faveurs alors que la vie tout entière était un présent, une grâce… Élan Gris eut une pensée pour sa mère Petite Louve, pour sa sœur Loutre Vive et pour son père, Ours Brun, un homme bon et vertueux dont il n’avait pas su apprécier la sagesse. Il ferma les yeux dans l’attente du coup de feu.

Un bruit retentit, mais pas une détonation, un grondement sourd suivi d’un cri étouffé et du froissement caractéristique d’un corps s’affalant dans la neige. Il rouvrit les yeux. Le chasseur était allongé quelques mètres plus loin. Il lui sembla également distinguer une masse sombre et mouvante derrière les rideaux serrés des flocons. Il attendit quelques secondes avant de se relever. Il était dans un état de faiblesse tel que ses jambes flageolèrent. La masse sombre avait disparu. Il s’approcha avec prudence du corps du chasseur et vit qu’il avait été égorgé avec une telle violence que sa tête s’était presque détachée de son tronc. Le sang était déjà gelé sur la neige et les vêtements du cadavre. Élan Gris se pencha sur lui pour examiner l’entaille. Un seul animal pouvait provoquer une telle blessure : l’ours. Il se redressa, fouilla le blizzard du regard, ne remarqua aucune forme, aucune ombre entre les flocons si épais et denses qu’ils semblaient agglutinés. Il comprit que le grizzly, son animal guide, était venu à son secours. Il demeura quelques instants abasourdi avant de se ressaisir et de le remercier intérieurement, puis il ramassa le fusil de l’homme blanc, récupéra les cartouches, les glissa dans son sac et se remit en chemin. Il lui fallait maintenant sortir de la tempête et retrouver la piste qui menait au pays de la cité radieuse au bord de l’étendue bleue.

 

Le blizzard dura deux jours. Élan Gris se réfugia dans une grotte peu profonde en attendant qu’il s’apaise. Impossible de s’orienter dans une telle tourmente. Au moins il était à l’abri du vent qui répandait un froid terrible, suffocant. Il se réchauffa en se recroquevillant sur lui-même et, malgré une sensation de faim jamais assouvie, mangea en s’obligeant à économiser ses provisions. Il plongea dans ses souvenirs pour tenter de briser un sentiment de solitude écrasant. Pourquoi sa vision l’envoyait-elle dans le pays du désert immaculé et de l’étendue bleue ? Est-ce que sa quête apporterait quelque chose à son peuple ? S’il avait simplement rêvé, le grizzly ne serait pas intervenu contre le chasseur.

La tempête se calma enfin. Il lui fallut, pour sortir de la grotte, déblayer la congère qui en avait obstrué l’entrée. La lumière du jour l’éblouit. Le ciel était d’un bleu étincelant, la neige scintillait sous les feux du grand frère soleil. Le vent avait cessé de souffler et la température était nettement plus supportable. Il marcha en laissant le soleil levant sur sa gauche. La traque l’avait éloigné de sa piste, il lui fallait refaire rapidement le chemin perdu. Progresser dans la neige fraîche était exténuant. Il s’y enfonçait à chaque pas jusqu’aux genoux.

Au crépuscule, à bout de forces, il chercha un endroit pour passer la nuit. Il aperçut alors au-dessus des arbres et des rochers un panache de fumée blanche. Il y avait des gens plus loin, un feu, un abri, peut-être un repas chaud. Les probabilités étaient fortes pour que ce soient des Blancs, des trappeurs qui, au mieux, le prieraient de déguerpir, au pire lui tireraient dessus, mais il était irrésistiblement attiré par la fumée. Il parcourut encore deux bonnes lieues avant de percevoir une odeur de bois brûlé et de viande grillée. Il gravit une éminence rocheuse et s’allongea à son sommet pour observer la plaine en contrebas. La nuit tombante ensevelissait les formes dans les replis de ses voiles sombres. Un grand feu jetait ses lueurs flamboyantes sur un campement constitué d’une dizaine de tentes. Assis autour du foyer, des hommes, des femmes et des enfants regardaient danser les flammes, les yeux perdus dans le vague. Plusieurs poulets embrochés sur une branche taillée rôtissaient sur les braises. Sachant que les Blancs ne se déplaçaient jamais sans leurs véhicules à moteur, Élan Gris chercha des yeux le camion ou les voitures qui auraient pu les transporter dans le cœur de la montagne. Il n’en remarqua pas et en déduisit qu’ils allaient, comme lui, à pied. Une constatation qui le rassura : pour que ces Blancs décident de traverser la montagne à pied en plein hiver, il fallait qu’ils soient différents des autres. Bien qu’armés de fusils, ils semblaient pacifiques, accueillants. Les hommes fumaient la pipe pendant que les femmes vaquaient autour des tentes et que les enfants surveillaient la cuisson des poulets. Élan Gris décida de descendre de son poste d’observation et de les aborder. Que risquait-il ? Il contourna l’éminence et se dirigea vers eux d’un pas tranquille. L’odeur de la viande rôtie le faisait saliver. Un enfant le désigna en poussant un cri strident. Les hommes s’emparèrent aussitôt de leurs fusils. Il leva les bras pour leur signifier qu’il n’avait pas d’intentions agressives et continua d’avancer d’une allure paisible. Il s’arrêta à une dizaine de pas du feu. La chaleur des flammes lui léchait le visage et lui donnait l’impression de revivre.

« Qu’est-ce que tu fiches dans le coin, mon gars ? demanda le plus ancien du groupe

— Je… suis sorti de la réserve pour chasser et, à cause de la tempête, je me suis perdu. »

L’homme hocha la tête d’un air sceptique. Ses yeux clairs brillaient sous la broussaille grise de ses sourcils.

« Il n’y a pas de réserve sur des centaines de lieues à la ronde. Ça fait beaucoup de chemin pour quelqu’un qui s’est simplement perdu. »

Élan Gris opta pour la franchise.

« Je me suis évadé de la réserve et je cherche à joindre le pays du désert blanc et de la cité radieuse au bord de l’étendue bleue.

— Qu’est-ce que tu racontes ?

— Il veut sans doute parler du royaume de l’Arcanecout, intervint un homme plus jeune aux larges épaules. Le désert blanc, c’est le désert de sel de l’Utah, la ville, San Francisco, et l’étendue bleue, l’océan Pacifique.

— Pourquoi chercherais-tu à aller là-bas ? demanda l’ancien.

— C’est là-bas que me conduit ma vision.

— En quoi est-ce qu’un Indien serait intéressé par… »

Une femme âgée l’interrompit en frappant plusieurs coups sur un ustensile métallique.

« C’est un être humain par les commandements de Dieu. Pourquoi n’aurait-il pas droit au bonheur ? Ce garçon a l’air à bout de forces. Moi je dis qu’il nous est envoyé par le Seigneur et que nous devons l’accueillir comme un membre de notre famille. »

 

Ils appartenaient à un groupe religieux interdit par l’Église orthodoxe du royaume du Nord. Ils avaient suivi l’enseignement d’un prophète, appelé saint Jean de Boise, pour qui les rituels orthodoxes n’avaient plus aucun sens. C’était un iconoclaste, un homme qui n’accordait aucune valeur aux images, aux symboles, qui demandait à ses fidèles de s’engager sur le chemin de l’humilité et du cœur. Saint Jean de Boise avait été pendu sur la place de La Nouvelle Saint-Pétersbourg et ses fidèles contraints de réintégrer l’Église orthodoxe. Certaines communautés avaient refusé de se soumettre. Les unes s’étaient enfuies vers le Grand Nord, dans les immenses étendues vierges du Canada, d’autres avaient résisté et subi les assauts de l’armée du Tzaram, d’autres, enfin, comme celle qui avait invité Élan Gris à son repas, avaient décidé de gagner le royaume d’Arcanecout par les pistes escarpées et désertes des montagnes Rocheuses. Ils étaient partis avant qu’on ne vienne les arrêter et les déporter dans des camps de travail. Ils avaient emmené l’essentiel, des tentes pour se protéger du froid, des vivres en quantité suffisante, du moins l’espéraient-ils, des couvertures et des vêtements chauds, des fusils et des munitions. Ils avaient choisi de tenter la traversée en plein cœur de l’hiver : les blizzards clouaient au sol les avions de l’armée du Tzaram et aucune patrouille ne se serait risquée à se lancer à la poursuite des fuyards par ces grands froids. Ils avançaient avec une extrême lenteur, retardés par les enfants et leurs fardeaux. Les hommes portaient des sacs à dos qui pesaient plus de trente kilos, les femmes et les enfants les plus grands des charges d’une dizaine de kilos, ou encore les enfants les plus jeunes à califourchon sur leurs épaules. Les tempêtes les contraignaient à s’arrêter parfois pendant plusieurs jours. Ils déployaient alors leurs tentes à l’abri de surplombs rocheux ou d’arbres et y restaient calfeutrés sans pouvoir allumer de feu. Ils se réchauffaient en se serrant les uns contre les autres.

« Comment t’appelles-tu, mon garçon ? demanda Igor, le plus ancien du groupe.

— Élan Gris.

— Tu es de quel peuple ? »

Élan Gris finit de dévorer la cuisse de poulet encore chaude et savoureuse que lui avait servie Nadia, une jeune fille ravissante aux cheveux couleur d’herbes sèches à la fin de l’été et aux yeux d’un vert de jeune arbre au printemps. Le sourire qu’elle lui avait adressé l’avait troublé.

« Les Blancs nous appellent des Sioux, mais nous sommes des Lakotas », répondit-il après s’être essuyé les lèvres d’un revers de manche.

Il se sentit empli de fierté en prononçant ces mots. Il appartenait à un peuple d’êtres nobles et braves. Il lui sembla entrevoir les visages souriants de son père Ours Brun et de l’homme-médecine entre les branches figées. Oui, même si le grand-père blanc à la tête couronnée avait bouclé les siens dans une misérable réserve, il avait de la chance d’appartenir à un tel peuple.

« Qu’est-ce que tu vas faire en Arcanecout, Élan Gris ? demanda Oleg, un homme au crâne rasé et au cou plus épais qu’un tronc d’arbre.

— Je ne sais pas encore. Et vous ? »

Oleg se caressa la nuque du plat de la main.

« Il paraît que tout le monde est libre, là-bas. Personne ne nous empêchera de croire à notre façon. »

Tous blonds et dotés d’immenses yeux clairs, les enfants levaient des regards intrigués sur leur hôte. Les Indiens restant consignés dans les réserves, les occasions étaient rares d’en contempler un de près.

Igor désigna le fusil qui reposait sur la cuisse d’Élan Gris.

« Où as-tu pris cette arme, mon gars ? Les Indiens n’ont pas le droit d’en posséder une. »

— J’ai été pris en chasse par un homme blanc. Il est mort, et j’ai récupéré son fusil. »

Les sourcils d’Igor se froncèrent.

« Comment est-il mort ?

— Il a été tué par un grizzly.

— Et cet ours, pourquoi il n’hibernait pas et pourquoi ne s’en est-il pas pris à toi ? »

Élan Gris hésita.

« Il est différent des autres ours. Il ne m’aurait jamais attaqué.

— Tiens donc, et pourquoi ?

— C’est mon animal guide. »

Igor le fixa un petit moment d’un regard sceptique avant de tirer une bouffée de sa pipe.

« C’est ton histoire, après tout… »