CHAPITRE 8

Du sommet de la montagne, Élan Gris contemplait les plaines qui, par-delà le massif, s’étiraient à l’infini, ondulantes, frissonnantes. La neige qui s’était mise à tomber les occultait rapidement. Elles se recouvraient d’un manteau blanc qui se confondait à l’horizon avec le ciel.

Les flocons cinglaient le visage, le torse et les jambes d’Élan Gris. Il avait mis plus d’une journée à gagner le pied de la montagne, plus éloignée qu’il ne l’avait estimé. Il n’avait pas souffert du froid, réchauffé par sa marche, et il avait pu se désaltérer à l’eau pure et glacée d’une source. Il n’avait rien trouvé en revanche pour assouvir sa faim, de plus en plus dévorante. Il avait déterré des racines avec son coutelas, mais leur dureté et leur saveur amère l’avaient poussé à cracher les quelques fibres qu’il s’efforçait de mâcher. Malgré sa faiblesse et sa fatigue, il était parvenu à gravir les flancs abrupts de la montagne, s’accrochant aux rochers et aux buissons pour ne pas être avalé par la pente. De chaque côté de lui béaient des précipices insondables, des bouches avides qui guettaient le moindre de ses faux pas pour l’aspirer. Des branches épineuses semaient des écorchures sur sa peau encore tendre. Il était maintenant vidé de toute énergie. Un vieillard parvenu au bout de sa vie. Autrefois, les anciens qui ne s’estimaient plus assez vigoureux pour suivre le peuple se retiraient d’eux-mêmes pour mourir. L’acceptation de leur fin était une déclaration magnifique de leur amour de la vie. Les Blancs craignaient tellement la mort qu’ils cachaient leurs défunts dans des boîtes qu’ils mettaient ensuite en terre. Élan Gris allait sans doute mourir sur cette montagne. Une partie de lui l’acceptait avec une joie sincère, presque extatique, une autre se révoltait et ruait comme un animal pris au piège. Il se trouvait à la fois infiniment vieux et bien trop jeune pour rejoindre les plaines célestes. Mais son destin ne lui appartenait pas. Depuis toujours les siens avaient eu de l’existence une vision cyclique, conscients que cette terre qui les portait était rythmée par les saisons, par les rondes. Le début n’allait pas sans la fin, la vie n’allait pas sans la mort. Autrefois, le peuple suivait les migrations du grand gibier, ne prélevant des hardes que le strict nécessaire, utilisant chaque partie de l’animal, viande, peau, tendons, organes, os, laissant aux animaux de temps de croître et se multiplier. Que restait-il désormais au peuple à part la perspective d’une vie sans espoir à l’intérieur d’une réserve où rien d’autre ne poussait que les mauvaises herbes et les idées noires ? Il avait l’impression que les extrémités de ses membres étaient enchâssées dans des blocs de glace.

Une sensation de présence derrière lui l’entraîna à se retourner. D’abord il ne vit rien, aveuglé par les flocons ; il distingua ensuite une masse sombre quelques mètres plus loin. Il tira son coutelas de la ceinture de son pagne. La masse remua, s’avança dans sa direction. Il eut besoin encore de quelques instants pour se rendre compte qu’il s’agissait d’un ours, un énorme grizzly au pelage brun et aux yeux luisants qui grattait le sol enneigé de ses griffes puissantes en poussant des grondements sourds. La peur s’associa au froid pour figer Élan Gris. L’ours semblait agressif, proche de l’attaque. On n’en voyait presque plus dans les Mauvaises Terres, où il n’y avait pas suffisamment de nourriture pour eux. Ils s’aventuraient parfois la nuit près des baraquements de la réserve et fouillaient les poubelles à la recherche d’un reste de repas. Puis ils migraient vers les forêts du Grand Nord, près des rivières où frayaient les saumons. Leur nombre avait considérablement diminué : les Blancs du royaume du Nord les exterminaient pour le plaisir, parce que leur puissance et leur rapidité en faisaient des proies excitantes et que tout chasseur digne de ce nom se devait de poser devant l’objectif du photographe, le pied sur la dépouille de l’animal abattu et le fusil négligemment calé contre la hanche.

Élan Gris resserra sa prise sur le manche de son coutelas. Si le jour était venu de mourir, autant mener l’ultime combat, comme le guerrier qu’il aurait aimé devenir. Et puis il lui fallait bouger, chasser le gel qui emprisonnait peu à peu ses veines. Il leva le bras et fit les gestes de défi qu’il avait appris au cours des cérémonies d’initiation. L’ours se dressa à son tour et se dandina sur ses pattes postérieures. Il mesurait plus de deux mètres cinquante. La peur d’Élan Gris s’évanouit tout à coup, le froid déserta son corps. L’animal et lui exécutèrent une sorte de danse pendant un temps qu’il aurait été incapable d’évaluer. Il se sentait bien sur le tapis de neige qu’il foulait de ses pieds nus, en parfaite harmonie. Il ne regardait plus l’ours comme un adversaire, mais comme un compagnon d’ivresse et de jeu. Les rochers tourbillonnaient autour de lui, soulevés par les rafales de vent. Il dansa jusqu’à ce que la tête lui tourne. Ses hurlements de joie se mêlaient aux grondements du grizzly. La faim ne le tourmentait plus. Il eut l’impression à plusieurs reprises d’être arraché du sol et projeté dans les airs. Il volait au milieu des flocons, aussi léger qu’eux, se laissant porter par les rafales. Seule la montagne, aiguille minuscule en contrebas, émergeait de l’infinie blancheur. L’ours volait à ses côtés, des traînées de neige se détachaient de son pelage brun parcouru d’ondulations. Élan Gris continua de monter. La neige s’estompa ainsi que le vent. Il pénétra dans un monde uniquement formé de points lumineux qui émettaient des sons ravissants. Comme s’il se glissait dans le cœur aimant du grand frère soleil. Sans doute était-ce cela, la mort, cette sensation de légèreté infinie, ce plaisir indicible, absolu, qui se coulait par chaque pore de la peau ? Il flotta un long moment en apesanteur. L’ours avait disparu. Il ne voyait plus qu’une ligne étincelante qui s’étirait devant lui comme une route et dont il ne distinguait pas la fin. Elle traversait une zone obscure qui semblait abriter des créatures maléfiques. Il savait que, s’il s’éloignait de la ligne lumineuse, les créatures se jetteraient sur lui pour le dévorer et ne laisseraient rien de son corps. Il ne les distinguait pas, il ressentait leur présence, leurs mouvements dans les ténèbres. Un aigle aux ailes dorées vola au-dessus de lui comme pour lui indiquer la voie à suivre. Cette ligne, il en prit conscience tout à coup, était celle de son destin. Chaque fois qu’il s’en écarterait, des créatures jailliraient des ténèbres et tenteraient de le mettre en pièces. Elle se dirigeait vers le sud, franchissait une gigantesque chaîne montagneuse et se jetait au loin dans une immense étendue scintillante. Il survola une tache claire qui n’était pas de la neige, une étendue désertique, puis, plus loin, une cité bâtie sur des collines sur les rives d’une eau turquoise dont la splendeur l’émerveilla. Tout se brouilla tout à coup, il tomba à une vitesse vertigineuse, son hurlement se perdit dans le silence, il crut qu’il allait se rompre les os, ferma les yeux et perdit connaissance avant de reprendre contact avec la mère terre.

 

Il était étendu près d’un rocher. La neige atteignait une hauteur de cinquante centimètres. Elle ne l’avait pas recouvert parce qu’une masse chaude et palpitante le protégeait. Il reconnut l’odeur et le pelage du grizzly. Il reposait entre les pattes de l’énorme animal, qui respirait doucement. Il se demanda pourquoi l’ours n’était pas encore entré en hibernation. La douceur maladive de l’hiver sans doute. Les mouvements d’Élan Gris réveillèrent le grizzly, qui grogna, se releva en veillant à ne pas écraser son protégé, s’ébroua pour chasser la neige accumulée sur son échine et son flanc, et s’éloigna de sa démarche chaloupée entre les rochers. Il émit un ultime grondement avant de disparaître.

Élan Gris resta un moment immobile, engourdi par le froid, aveuglé par la blancheur, incapable de remettre de l’ordre dans ses pensées. Des nuages noirs et lourds filaient au-dessus de lui, le ventre plein des flocons qu’ils s’apprêtaient à déverser sur les plaines. Il prit conscience qu’il avait reçu la visite de son animal guide. Qu’il avait accompli la quête. Il n’était pas le guerrier rempli de certitudes et d’orgueil qu’il s’était plu à imaginer, mais un être humain en face de son destin, un brin d’herbe à la fois humble, unique et indispensable. Il éprouvait un respect infini pour les anciens et tous ceux qui avaient tracé la voie, les guerriers morts sur les champs de bataille, les hommes-médecine explorant les mondes ténébreux des entités maléfiques, les femmes ayant mis au monde les enfants… Chaque brin d’herbe, humble, unique, indispensable. Il comprit qu’il devait partir, quitter la réserve et suivre la ligne qui lui indiquait le sud, le pays de l’immensité blanche, du désert brûlant, de la cité bâtie près de l’eau turquoise. Il se releva, se frotta énergiquement pour rétablir sa circulation sanguine, puis, après avoir adressé un remerciement silencieux au grand frère ours, il commença à dévaler les pentes enneigées de la montagne.

 

« Que t’a montré la vision, mon fils ? »

Élan Gris s’arrêta de manger et releva la tête. Sa mère, Petite Louve, le fixait avec un mélange de fierté et d’anxiété. Elle se réjouissait de le revoir vivant après une épreuve d’où bon nombre de jeunes hommes n’étaient jamais revenus ; elle s’inquiétait de son air farouche, déterminé, comme s’il avait pris une décision qui allait désoler son cœur.

« Ma voie, père », répondit Élan Gris.

Il mangea une bouchée de haricots rouges mélangés avec un peu de viande hachée. Ours Brun le regarda sans dire un mot, les yeux brillants. La petite sœur d’Élan Gris, Loutre Vive, jouait un peu plus loin avec la vieille poupée de tissu que lui avait offerte sa tante.

Élan Gris avait effectué le trajet retour sans souffrir des privations, porté par sa vision, empli de la vigueur du grizzly, réchauffé par les rayons du soleil, poussé par le vent. Sa marche était légère, fluide, comme s’il ne pesait plus d’aucun poids sur cette terre parfois blessante. Il avait perdu toute notion du temps. Il avait été surpris, lorsqu’il avait poussé la porte du baraquement familial, d’entendre son père dire que sa quête avait duré plus de dix jours.

« Ma voie m’emmène loin d’ici, sur une autre terre. C’est là-bas qu’est ma place. »

Ours Brun fronça les sourcils ; Petite Louve étouffa un sanglot.

« Tu connais le sort réservé aux gens du peuple surpris en dehors de leur réserve ? »

Élan Gris acquiesça d’un hochement de tête.

« Emprisonnés. Ou traqués et tués par les Blancs qui aiment chasser l’être humain.

— Nous perdons notre protection hors de la réserve, approuva Ours Brun.

— Père, pour notre protection, l’homme blanc exige un prix trop exorbitant. Et si je m’éloigne de ma voie, j’en mourrai. Je dois franchir la grande montagne, puis traverser un immense désert pour atteindre la ville au bord de l’eau turquoise. Je ne sais pas encore pourquoi, mais ma place est là-bas.

— Tu partiras, mon fils, puisque ton animal guide t’a parlé. Et qu’on ne peut aller contre sa volonté. »

Petite Louve se détourna pour dissimuler ses larmes. Ours Brun se leva, la prit dans ses bras et la serra un long moment contre lui. Loutre Vive observa d’un air intrigué ses parents et son grand frère. Élan Gris acheva son repas, le cœur lourd et l’esprit en feu.

 

Il partit deux jours plus tard, après avoir rendu une visite à Tonnerre Grondant. Sur les trois compagnons de quête d’Élan Gris, deux étaient rentrés le premier jour et le troisième avait disparu.

« La vision ne vient qu’aux cœurs sincères, murmura l’homme-médecine avec tristesse. Ils sont de moins en moins nombreux. Le peuple est corrompu.

— C’est parce qu’il est misérable, dit Élan Gris.

— Nous ne pouvons accuser l’homme blanc de toutes nos misères. Nous sommes des êtres humains et nous ne savons plus défricher nos chemins.

— Mon père Ours Brun dit que chaque brin d’herbe de la prairie est unique et indispensable.

— Ton père est un homme bon et sage. Il a raison : ce que chacun d’entre nous fait, Blancs et gens du peuple, influe sur l’ensemble des êtres vivants. Mais si chacun suivait son chemin véritable, alors les êtres vivants seraient en parfaite harmonie. Sois déterminé et prudent, mon fils. »

Élan Gris s’inclina respectueusement devant l’homme-médecine et posa le front sur ses mains. Il alla ensuite saluer ses parents et sa petite sœur. Son père lui offrit un poignard dont il avait lui-même sculpté le manche et sa mère, refoulant ses larmes, lui donna un sac de peau empli de galettes de maïs et de viande de bœuf séchée. Il étreignit un long moment Loutre Vive. Une voix lui souffla qu’il la reverrait un jour ; elle serait alors une belle jeune femme qui attirerait les regards des guerriers. La fillette lui sourit. Elle ne prenait pas conscience que le départ de son grand frère était définitif. Lorsqu’il relâcha son étreinte, elle retourna tranquillement jouer avec sa poupée. Il embrassa sa mère, dont les larmes mouillèrent son cou, il mit le sac en bandoulière, puis, contenant son envie de pleurer, il sortit du baraquement, suivi de son père.

Ours Brun l’accompagna jusqu’aux grilles électrifiées dressées tout autour de la réserve et soutenues par des poteaux de béton répartis tous les vingt mètres. D’une hauteur de quinze mètres, elles émettaient un grésillement menaçant et permanent. Un simple contact avec les pointes métalliques suffisait à électrocuter un homme. Les guerriers avaient creusé des tunnels qui permettaient de sortir sans dommage de la réserve et d’aller chasser sur des terres plus giboyeuses. C’est devant l’entrée d’un de ces passages souterrains qu’Élan Gris prit congé de son père.

« Quoi qu’il se passe, mon fils, je te soutiens par la pensée et je suis fier de toi.

— Je suis aussi fier de toi, père. Pourras-tu un jour me pardonner les paroles qui t’ont blessé ?

— Elles sont déjà pardonnées. Que le Grand Esprit soit avec toi. »

Ours Brun posa sa main sur l’épaule de son fils. Élan Gris n’oublierait jamais la chaleur intense qui se dégageait de la paume de son père ; il pourrait puiser à loisir dans cette chaleur, dans cette énergie, lorsqu’il serait assailli par les doutes ou cerné par le découragement.

 

Il peinait par endroits à s’arracher de la neige molle. Les rayons du grand frère soleil donnaient de l’éclat au bleu du ciel. Les plaines s’étendaient à l’infini devant lui, hérissées de bosquets d’arbres décharnés. Pour s’orienter, il suivait les conseils de Tonnerre Grondant : le matin, le soleil était sur sa gauche puis, après son zénith, il basculait sur sa droite. Le chemin s’ouvrait au milieu, perpendiculaire à la ligne tracée par le lever et le coucher de l’astre flamboyant. Si le ciel se couvrait, il lui faudrait évidemment se fier à d’autres repères. Il ne savait pas déchiffrer les signes inscrits sur les panneaux posés par les Blancs. Le vent lui donnerait peut-être des indications : froid et sec, il descendait du nord, doux et humide, il provenait de l’ouest, doux et sec, il montait du sud. Il s’appliquait à manger le plus lentement possible les galettes de maïs et la viande séchée fournies par sa mère. Pour étancher sa soif, il s’abreuvait aux sources qui dégringolaient des rochers ou il glissait dans sa bouche des poignées de neige qui fondaient lentement dans sa gorge. Nulle trace de vie aux alentours, ni humaine ni animale. Les terres étaient ici trop arides pour que les Blancs y installent leurs fermes, leur bétail et leurs clôtures. De temps à autre, il grimpait sur une éminence et scrutait l’horizon : pas un panache de fumée ne montait au-dessus des ondulations blanches. Seuls des tourbillons soulevés par le vent brisaient par instants l’uniformité immaculée et figée.

Il marcha jusqu’à ce que le jour décline et que la fatigue le contraigne à se reposer. Il se mit en quête d’un endroit relativement protégé où dormir. Le vent de plus en plus violent semblait annoncer l’arrivée prochaine d’un blizzard. Il trouva ce qu’il cherchait dans le cœur d’un petit massif rocheux : un refuge formé par deux rochers plats appuyés l’un sur l’autre. Il s’y glissa et, en dépit de l’étroitesse de l’abri, parvint à étaler sur lui la couverture de laine ajoutée dans le sac par sa mère. Son estomac réclamait encore de la nourriture, mais il estima qu’il n’avait pas besoin d’énergie pour dormir, qu’il valait mieux attendre le matin pour manger. Il s’endormit assez rapidement malgré la dureté du sol. Le grizzly vint lui rendre visite pendant son sommeil, grondant désespérément, comme s’il tentait de le prévenir d’un danger.

Une pression soutenue sur son pied le réveilla. La lumière de l’aube caressait les flancs grenus des rochers.

« Sors de là ou je te colle une balle dans la jambe ! »

Il hésita, puis, comprenant qu’il n’avait pas le choix, il rampa hors de l’abri. Ébloui par la clarté, il discerna deux silhouettes devant lui, celle d’un homme et celle d’un chien.

« Qu’est-ce que tu fous là, le Peau-Rouge ? Y a pas de réserve ici. »

L’homme braquait un fusil sur lui. Grand, large d’épaules, vêtu d’un manteau de peau, il portait une toque de fourrure d’où s’échappaient des mèches de ses cheveux clairs, presque blancs. De minuscules cristaux de glace criblaient sa moustache clairsemée. Ses yeux avaient la couleur du ciel matinal, d’un bleu très pâle tirant sur l’argenté. Dressé sur ses quatre pattes, le poil hérissé, le chien grondait en sourdine.

« Je me suis perdu », bredouilla Élan Gris.

L’homme eut un sourire qui découvrit ses dents longues et bombées.

« C’est ça ! Et moi je suis le Tzaram du royaume du Nord ! »

De l’extrémité du canon de son fusil, l’homme frappa sèchement le tibia d’Élan Gris.

« Moi, je dis que t’es seulement un salopard d’Indien qui a foutu le camp de sa réserve et qui veut aller voir ailleurs si la neige est plus blanche ! C’est mon brave Kirio qui a flairé ta piste. J’ai d’abord cru que c’était du gros gibier. C’est devenu tellement rare, maintenant, le gibier… »

Le chien ponctua les paroles de son maître d’une série d’aboiements stridents.

« La paix, mon tout beau. J’ai le choix, l’Indien : soit je te ramène aux autorités, et tu finiras sans doute pendu, soit… » – des braises vives embrasèrent les yeux de l’homme – « … je te donne une petite chance : comme y a plus de gibier et que j’ai une énorme envie de chasser, je te laisse partir et je lance mon chien à tes trousses dans, disons, une petite heure… »

Sans quitter Élan Gris des yeux, l’homme s’accroupit pour caresser son chien.

« Et toi, le Peau-Rouge, qu’est-ce que tu choisis ? »