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Attaque et Repli

Bel Aliad, la Cité des Épices, en la 63e année de Ptra le Glorieux

(–1744 du calendrier impérial)

Le vin de datte était sirupeux et beaucoup trop liquoreux. Akhmen-hotep fit la grimace en portant la coupe à ses lèvres et en avala malgré tout une autre gorgée. Dans la tente du roi, l’air était frais et aucun souffle ne se faisait sentir. Nul n’avait pris la peine d’allumer les lampes à huile et les braseros ne fonctionnaient pas. Seuls deux esclaves effrayés aux yeux écarquillés et agenouillés de part et d’autre de l’entrée de la tente accompagnaient le monarque.

La tente d’Akhmen-hotep faisait face à l’ouest, si bien que le clair de lune y entra lorsque le pan de lin fut relevé. Dehors, le camp était parfaitement calme et on n’y entendait que la lointaine musique des acolytes de Neru exécutant leur veille nocturne. Le roi leva les yeux vers la silhouette ronde qui apparut dans la lumière froide de la lune.

— Que souhaites-tu, mon frère ? demanda-t-il d’une voix rugueuse en raison de l’excès de vin.

Memnet ne répondit pas tout de suite et resta dans l’entrée pendant quelques instants pour laisser ses yeux s’ajuster à l’obscurité, puis il se traîna jusqu’au roi avant de s’asseoir sur une chaise. Il fit un geste et un esclave rampa jusqu’à lui pour lui tendre une coupe.

— J’avais envie de partager un verre, dit-il d’un air songeur avant de renifler l’odeur capiteuse des dattes et de faire la moue. Le vin n’est pas coupé ?

Akhmen-hotep but une autre gorgée.

— Je ne le bois pas pour son goût, répondit-il calmement.

Le grand hiérophante acquiesça, mais ne dit rien et trempa les lèvres dans le vin.

— Tu n’es pas responsable de ce qui s’est passé ; ce sont les aléas de la guerre.

— La guerre, grommela Akhmen-hotep comme s’il parlait à sa coupe. Ce n’est pas la guerre telle que nos aïeux la connaissaient. C’est… c’est absurde ! cria-t-il en vidant sa coupe d’un trait avant d’adresser un regard aux esclaves, qui se précipitèrent pour lui apporter un nouveau pot de vin. Et plus nous combattons, plus c’est absurde !

Il se tourna brusquement et l’esclave lui renversa du vin sur la main.

— Que nous arrive-t-il, mon frère ? demanda Akhmen-hotep dont le beau visage était profondément marqué par le désespoir. Les dieux nous ont-ils abandonnés ? Où que porte mon regard, je ne vois que mort et ruine, ajouta-t-il en baissant ses yeux tristes vers sa coupe pleine à ras bord. Parfois, j’ai l’impression que même en vainquant l’Usurpateur, nous ne nous libérerons jamais de sa corruption.

Memnet observa son verre pendant quelques secondes et but une autre gorgée.

— Peut-être n’est-ce pas là notre rôle, après tout, dit-il très calmement.

Le roi s’immobilisa.

— Que veux-tu dire ?

Memnet marqua un temps d’hésitation. Il avait l’air hagard et Akhmen-hotep réalisa comme il semblait dévasté depuis ce jour fatidique à Zédri. Le visage du prêtre avait tout l’air d’un masque maladroitement posé sur son crâne. Il prit une longue gorgée de vin et soupira.

— Rien n’est éternel, finit-il par dire. Et ce, quelles que soient nos croyances, ajouta-t-il en s’enfonçant dans sa chaise avant de se mettre à jouer avec sa coupe polie. Qui se souvient des noms des dieux que nous vénérions dans la jungle avant de nous installer dans les Terres Bénies ? Personne. Même les plus vieux parchemins de Mahrak n’en parlent pas, fit-il en levant les yeux vers le roi. Nous ont-ils abandonnés, ou les avons-nous abandonnés ?

Akhmen-hotep regarda son frère de travers.

— Qui sait ? C’était un autre âge et nous n’avons plus rien à voir avec le peuple que nous étions jadis.

— C’est bien là où je veux en venir, rétorque le grand prêtre. Tu te demandes si les dieux nous ont abandonnés, mais peut-être serait-il plus sain de se demander si nous ne nous sommes pas éloignés d’eux. En fin de compte, Nagash annonce peut-être le début d’un nouvel âge.

— Comment peux-tu dire une chose pareille ? grogna Akhmen-hotep. Venant de ta part !

Memnet resta impassible devant le ton péremptoire du roi.

— Le rôle du prêtre est avant tout de faire des sacrifices et de prélever la dîme, mais nous sommes également porteurs de vérités profondes. C’est là la charge que les dieux nous ont confiée, dit-il en posant les yeux sur les ombres du sol. Et ces vérités ne sont pas toujours agréables à entendre.

Akhmen-hotep y réfléchit en se perdant dans les profondeurs de sa coupe. Le désespoir le rongeait et il avait le visage livide. Puis, lentement mais sûrement, il parut regagner son assurance. Son visage se durcit et une mine déterminée s’y dessina.

— Je vais te dire ce que je pense, fit-il doucement. Je crois que la vérité dépend de ce que nous en faisons. Dans le cas contraire, pourquoi aurions-nous besoin de rois ?

Il porta sa coupe aux lèvres et la vida d’un trait avant de la lever au niveau des yeux. Il serra le poing et broya lentement l’objet en métal.

— Rien n’est prédestiné tant que nous avons le courage de combattre pour nos croyances, reprit-il en jetant le bout de métal au sol. Nous renverserons l’Usurpateur et enverrons son âme en enfer. Nous rétablirons la justice sur ces terres, car je suis le roi et ordonne qu’il en soit ainsi !

Memnet releva la tête et observa le roi pendant un long moment. Ses yeux n’étaient plus que deux billes noires, abyssales et insondables, et une esquisse de sourire apparut sur son visage.

— Je n’en attendais pas moins de ta part, mon frère.

Le roi fit mine de répondre, mais des bruits l’en dissuadèrent. Il s’immobilisa et écouta plus attentivement. Memnet pencha alors la tête pour en faire de même.

— Quelqu’un crie, dit-il.

— Plusieurs personnes, ajouta le roi d’un air pensif. Peut-être est-ce Pakh-amn qui revient au camp en compagnie de ses hommes. Ils ont passé la soirée à tenter d’éteindre les incendies.

Le grand hiérophante observa la lie qui tapissait le fond de son verre.

— Surveille-le de très près, mon frère. Il devient un peu plus dangereux avec chaque jour qui passe.

Akhmen-hotep secoua la tête comme s’il pensait le contraire.

— Pakh-amn est jeune et orgueilleux, c’est certain, mais dangereux ?

Il repensa cependant à l’altercation qui les avait opposés peu avant la bataille. Poursuivons, tant que vous vivrez…

— Il a regagné une partie du respect qu’il avait perdu à Zédri, dit le grand prêtre. Ses cavaliers l’ont même acclamé une fois la bataille terminée.

— Et qu’y a-t-il de mal à cela ? demanda le roi, qui ressentait maintenant une certaine inquiétude.

— Le Maître des Chevaux a clairement prétendu qu’il s’opposait à la guerre contre l’Usurpateur, fit le grand hiérophante. Qui sait ce qu’il fera s’il a trop d’influence sur l’armée.

Les cris étaient encore loin, mais ils semblaient se rapprocher. Le roi ne put résister.

— Que souhaites-tu que je fasse, mon frère ? demanda-t-il en posant la main sur la garde de son épée. Pakh-amn m’a servi loyalement au combat aujourd’hui. Je n’ai aucune raison de le soupçonner de quoi que ce soit.

— Et tu n’en auras aucune s’il est malin, souligna Memnet. Surveille-le de très près, c’est tout ce que je te demande.

Akhmen-hotep regarda son frère de travers.

— Nous avons déjà bien du mal à nous prémunir des intrigues du Blasphémateur, et voici que tu remets en cause l’honneur de mes nobles.

Avant que Memnet ne puisse répondre, le roi ramassa son épée posée sur une table et sortit rapidement de la tente. Au prix d’un gros effort, il tenta de chasser de son esprit les observations de son frère et se précipita dans la direction des voix, encadré par quatre ushabti qui montaient la garde devant sa tente.

Les cris portaient loin dans la nuit et venaient de l’ouest du campement. Akhmen-hotep accéléra le pas en entendant l’alarme qui se propageait entre les tentes de l’Ost de Bronze. Des hommes apparaissaient dans la nuit, l’arme à la main et leur armure à moitié enfilée. Un mouvement sur la droite attira l’attention du roi. Il vit alors deux acolytes de Neru avançant tant bien que mal en portant l’un des leurs. Leur tenue cérémonielle était tachée de sang et le roi se mit à courir en marmonnant une malédiction.

Alors qu’il se rapprochait de l’orée du camp, Akhmen-hotep commença à croiser la route d’hommes paniqués qui couraient dans l’autre sens. Leur pagne était couvert de poussière et de suie, et ils étaient livides de peur. Ils ne réalisèrent même pas que le roi se trouvait parmi eux et passèrent près de lui tels un vol d’oiseaux apeurés, fuyant vers l’est aussi vite que possible.

Cinq minutes plus tard, le roi arriva enfin à la limite du camp tentaculaire, et il tomba sur une véritable scène de chaos et de désordre. Un noble à cheval hurlait des ordres et tentait de garder le contrôle de sa monture effrayée, alors qu’un groupe de guerriers ouvrait les portes de l’enclos où l’on avait enfermé les prisonniers barbares. Un deuxième enclos, conçu à l’intention des Compagnies de la Cité de Bel Aliad, était déjà ouvert et les prisonniers se déversaient dans la plaine dans la plus grande confusion.

Akhmen-hotep courut jusqu’au cavalier et réalisa au dernier moment qu’il s’agissait de Pakh-amn.

— Que se passe-t-il ? cria-t-il au Maître des Chevaux.

Pakh-amn se tourna en selle et écarquilla les yeux face à l’arrivée soudaine du roi.

— Ils arrivent ! dit-il d’une voix rauque.

— Quoi ? demanda le roi en regardant tout autour de lui pour tenter de comprendre. Qui arrive ?

Le jeune noble contempla la foule de prisonniers dispersés et poussa un juron. Puis, il se pencha jusqu’à n’être plus qu’à quelques centimètres du roi.

— Qui donc d’après vous ? siffla-t-il. La population de Bel Aliad s’est soulevée, mon seigneur. Elle s’en est pris à nous pendant que nous quittions la ville et a tué un tiers de mes hommes. Les autres ont couru jusqu’au camp, mais nous n’avons pas beaucoup de temps devant nous. Par ailleurs, les morts laissés sur le champ de bataille se relèvent et s’approchent à l’heure même où nous parlons.

Akhmen-hotep sentit son sang se figer.

— Mais il n’y avait aucun sorcier en ville, rétorqua-t-il d’un air impuissant. Suhedir al-Khazem nous l’a juré.

— Si vous ne me croyez pas, rendez-vous aux portes de la ville pour vous faire une idée du carnage, gronda Pakh-amn. Des vieillards éventrés, des mères égorgées et des enfants écrasés sont sortis des ruelles et ont déchiqueté mes hommes à mains nues !

Devant le ton velléitaire du jeune noble, le roi se ressaisit.

— Quand bien même, nous avons les sceaux. Les prêtres de Neru…

— Sont morts ou agonisants, le coupa Pakh-amn. Ils sont tombés dans une embuscade il y a quelques dizaines de minutes, lors de leur ronde. Nous avons entendu des chevaux filer au nord, sans doute des archers légers montés. Et aussi sacrés soient-ils, les sceaux de Neru n’ont aucun pouvoir contre les flèches.

Face à ces mauvaises nouvelles, le roi serra les dents, en se souvenant notamment des trois acolytes blessés dont il avait croisé la route quelques minutes plus tôt. Il prit quelques secondes pour réfléchir à la situation et son cœur manqua de s’arrêter lorsqu’il réalisa que les mâchoires d’un piège mortel venaient de se renfermer sur lui. La bataille de la veille n’était qu’un prélude destiné à épuiser ses hommes et à gonfler le nombre de ses ennemis. Le roi prit une profonde inspiration.

— Riche idée que tu as eue de libérer les prisonniers, lança-t-il finalement.

Pakh-amn montra les dents.

— Si les dieux sont avec nous, ces démons s’en prendront d’abord à eux, ce qui nous laissera le temps de filer, siffla-t-il.

Cette tactique délibérée prit le roi à contre-pied.

— L’armée reste entre Bel Aliad et le camp. Peut-être pourrons-nous trouver de quoi armer les Compagnies de la Cité…

S’oubliant totalement, Pakh-amn jeta un regard noir au roi.

— Êtes-vous devenu fou ? fit-il d’un ton sec. Même si nous avions le temps de rassembler l’armée, les hommes sont épuisés et les chevaux éreintés. Sans compter que les morts ne vont pas prendre la peine de se constituer en compagnies pour nous affronter à la régulière. Ils vont contourner nos flancs et nous tomber dessus comme un essaim de guêpes.

— Dans ce cas, que me suggères-tu, Maître des Chevaux ? gronda Akhmen-hotep d’un air menaçant.

Devant le ton qu’employait le roi, Pakh-amn cligna des paupières, réalisant sans doute qu’il dépassait les bornes.

— Nous devons fuir, répondit-il à mi-voix. Et tout de suite, pendant qu’il en est encore temps. Il faut rassembler les Bhagarites et voir si nous pouvons semer nos poursuivants dans les dunes.

Le roi afficha une mine dégoûtée, mais il savait pertinemment que le jeune noble était la voix du bon sens. En livrant bataille, il risquait d’être décimé par l’ennemi. La simple idée de fuir lui était insupportable, mais ils avaient rempli leur mission et leur devoir envers leurs alliés. Désormais, ils étaient libres de rentrer chez eux.

À gauche du roi, des barbares se mirent à crier dans leur langue gutturale en désignant l’ouest. Akhmen-hotep s’écarta alors de Pakh-amn et regarda dans la direction indiquée.

Au début, il eut l’impression que la plaine accidentée se ridait légèrement telle l’onde à la surface d’une rivière, mais il ajusta sa vue à la lueur de Neru et aperçut de nombreuses silhouettes. Une véritable marée silencieuse de corps ambulants avançait tant bien que mal vers le camp. Certains cadavres portaient une hache ou une lance, alors que d’autres comptaient de toute évidence déchiqueter leurs proies à mains nues et à coups de dents. Les premiers éléments de cette horde se situaient à un kilomètre et demi environ et progressaient à un rythme assez lent. Akhmen-hotep sentait déjà la faim qui tenaillait ces carcasses privées de conscience et il fut parcouru d’un frisson glacé.

Les membres des Compagnies de la Cité virent eux aussi les morts-vivants. Certains allèrent même jusqu’à les appeler en pensant qu’il s’agissait des leurs qui venaient acquitter leur rançon.

D’ici quelques minutes allait débuter un véritable carnage et la panique se répandrait dans le camp comme une nuée de criquets. S’il voulait avoir une chance de s’échapper, le roi devait agir maintenant. La mort dans l’âme, il se tourna vers Pakh-amn.

— Réveille tes cavaliers. Vous constituerez l’arrière-garde pendant que nous tenterons de nous replier.

Pakh-amn dévisagea le roi pendant un long moment, ses yeux noirs cachés dans l’ombre. Finalement, il acquiesça d’un signe de la tête et lança son cheval au galop. Le roi regarda le Maître des Chevaux s’enfoncer dans le camp et se mit à donner des ordres à ses gardes du corps.

— Réveillez les officiers des différentes compagnies sur-le-champ. Dites-leur de réunir leurs troupes et de rassembler un maximum de matériel. Nous partons dans quinze minutes.

Les ushabti le saluèrent rapidement et filèrent dans l’obscurité. Akhmen-hotep regarda tout autour de lui et réalisa que les mercenaires avaient déjà pris la fuite vers le sud. Les guerriers de Bel Aliad se dirigeaient quant à eux vers l’ouest en faisant signe aux silhouettes de la horde qu’ils reconnaissaient vaguement.

Mortifié, Akhmen-hotep adressa une courte prière à Usirian, afin que leur âme trouve leur chemin jusqu’à l’au-delà, puis il fit volte-face et se rendit au centre du camp.

Les morts déambulant de Bel Aliad furent particulièrement méthodiques dans leur besogne. Ils s’emparèrent de leurs concitoyens, les jetèrent au sol et les frappèrent à coups de lance, du moins quand ils ne les mordaient pas à la gorge. Les guerriers des Compagnies de la Cité fuirent en tous sens, mais la bataille de la journée les avait épuisés, sans compter l’effroi de voir les monstres sanguinaires qu’étaient devenus femmes et enfants. Certains tentèrent de lutter en vain face à la marée de cadavres animés, et d’autres essayèrent de profiter du relief accidenté pour se cacher derrière les rochers ou sous le sable, jusqu’à ce que des mains viennent finalement se refermer sur leur gorge. D’autres encore demandèrent pitié à ceux qu’ils reconnaissaient parmi la horde, mais le résultat fut le même. Les hommes mouraient, lentement et dans d’atroces souffrances, puis ils se relevaient quelques minutes plus tard pour se joindre à la traque.

Lorsque les soldats des Compagnies de la Cité furent totalement décimés, les morts-vivants ratissèrent la plaine à la recherche des nordiques à la peau claire. Les imposants barbares poussèrent moult jurons et firent appel à leurs divinités païennes, écrasant des crânes tout en brisant des membres, mais les dents de leurs adversaires finirent là encore par se refermer sur leur gorge. Malgré leurs efforts et leur vaillance, la horde les prit aussi.

Les derniers à perdre la vie furent les fiers souverains de la cité. Ils sortirent du camp désert de l’Ost de Bronze et trouvèrent leurs sujets qui les attendaient dans la plaine. Dans un silence religieux, les morts de Bel Aliad encerclèrent les princes. Suhedir al-Khazem fut dévoré vivant par ses trois filles et n’eut même pas la force de crier en sentant leurs doigts s’enfoncer dans son abdomen pour en arracher les entrailles.

Pendant ce temps, l’Ost de Bronze de Ka-Sabar prit la fuite dans le désert, les soldats épuisés n’emportant que ce qu’ils avaient eu le temps de mettre dans leur sac. Ils avançaient en silence, jetant des regards apeurés vers leurs tentes abandonnées, se demandant quand les premières meutes de cadavres animés trouveraient leur trace.

Assis sur son cheval pourrissant, Arkhan le Noir surveillait la retraite de l’armée depuis le sommet d’une dune, au nord, et un sourire se dessina sur son visage. Pendant un instant, juste avant que les morts atteignent le camp ennemi, il avait craint qu’Akhmen-hotep ne livre bataille, ce qui aurait sérieusement compliqué les plans de son maître. Heureusement, le roi condamné avait choisi de foncer tête baissée dans le piège.

L’immortel attendit avec une patience infinie que les derniers guerriers ennemis disparaissent de l’autre côté des dunes de sable, puis il poussa sa monture de l’avant dans un craquement de vieux cuir et d’os. Aussitôt, son escadron de cavaliers squelettes lui emboîta le pas en produisant des bruits sinistres alors que la lune décroissait dans le ciel.