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DIX-HUIT

Ils s’enfonçaient toujours plus profondément dans les entrailles de Pavonis, à plus de neuf kilomètres de la surface, quand Uriel aperçut une source de lumière en dessous d’eux. Il ordonna aux Ultramarines de ralentir.

Il relâcha légèrement sa prise sur la poignée, la friction des dents contre les câbles d’acier déclenchant des étincelles. Les chiffres de son profondimètre défilèrent moins vite à mesure qu’ils approchaient de l’objectif. Il vit que les points lumineux étaient des globes éclairant l’entrée d’un tunnel.

Des gardes se trouvaient là, le nez en l’air, essayant de comprendre ce que pouvaient bien être ces étincelles qui se rapprochaient. Uriel ne leur en laissa pas le temps, car il relâcha la poignée et descendit les dix derniers mètres en chute libre.

Il s’écrasa de tout son poids sur un des soldats, qui mourut avant d’avoir compris ce qui lui arrivait, puis il roula au sol et commença à tirer de brèves rafales de pistolet bolter.

D’autres Ultramarines touchèrent terre peu après et prirent position à la base du puits de la mine, toutes armes dehors.

Quarante fantassins étaient stationnés là, à l’abri derrière des sacs de sable, leurs fusils braqués sur l’ascenseur. Ils ouvrirent le feu sur leurs assaillants avec leurs fusils laser et leurs mitrailleuses. Des jets de vapeur et de gaz toxiques jaillirent dans tous les sens et l’air devint rapidement irrespirable.

Uriel atteignit le premier poste de tir en trois pas et commença à frapper avec son épée tronçonneuse. Un soldat leva son fusil vers lui.

Uriel sectionna le canon puis décapita l’homme d’un revers, pris d’une incontrôlable soif de sang, un rictus de sauvagerie déformant ses traits. Il abattit ainsi dix hommes à coups de bolter et d’épée, jusqu’à ce qu’il ne se trouve plus d’ennemis à tuer. Pris par surprise, les soldats étaient impuissants face à la fureur des Space Marines et tous périrent en l’espace de quelques minutes.

Uriel se réjouissait du sang versé, mais son envie de carnage n’était pas satisfaite pour autant. Il poussa un hurlement inarticulé, s’imaginant en train d’abattre des centaines, des milliers de guerriers ennemis, voyant leurs cadavres éventrés, leurs entrailles offertes aux appétits des mouches et des charognards. Exécuter des prisonniers et boire leur sang était son seul désir et…

Uriel tomba soudain à genoux et jeta ses armes à terre. Il plaqua ses mains sur le visage, des images d’une indicible atrocité forçant les limites de son esprit. Il rugit de colère alors qu’il mobilisait toute sa discipline mentale pour contenir le torrent d’horreur qui se déversait en lui.

Il parvint graduellement à rendre ses pensées impénétrables et vit ses hommes l’imiter.

— Courage et honneur ! cria-t-il pour les exhorter à tenir bon. Vous êtes des Ultramarines ! Ces visions ne sont pas les vôtres, elles appartiennent à l’entité que nous venons tuer ! Combattez-les !

Un par un, ses hommes se relevèrent, choqués et confus par les horreurs qui les avaient assaillis.

Il envoya un bref message radio à Barzano et vit le mécanisme de l’ascenseur entrer en action alors que la cabine entamait sa descente.

Les escouades Pasanius et Dardino sécurisèrent le périmètre tandis que les hommes de Venasus inspectaient les corps à la recherche d’éventuels survivants. C’était inutile ; leur attaque s’était nourrie de désirs impies et l’adversaire avait fait les frais de leur fureur. Uriel était couvert de honte à la vue de cette boucherie, et savoir que leurs actes avaient été influencés par une puissance étrangère n’en diminuait pas la portée. Uriel était horrifié d’avoir découvert en eux cette capacité à se réjouir de la souffrance de ses ennemis.

Il secoua la tête et récita un mantra pour se ressaisir.

Maintenant qu’il avait le temps d’étudier son environnement, ses sens génétiquement améliorés perçurent le haut niveau de pollution de l’air. Plusieurs conduits d’échappement avaient été endommagés durant la fusillade, tant et si bien que les gaz toxiques, quoique simplement incommodants pour des Space Marines, finiraient par devenir dangereux pour de simples humains.

Le puits de la mine s’ouvrait sur quatre tunnels, un pour chacun des points cardinaux. Une angoisse sourde suintait de l’entrée de la galerie est. Uriel sentait l’horreur s’insinuer en lui, mais il parvint à se maîtriser.

Il n’avait pas encore oublié les images violentes de torture et de mutilation qui avaient failli le faire sombrer dans la folie quelques minutes auparavant. Même si Barzano ne lui avait pas parlé de l’être qui dormait au cœur de la montagne, Uriel aurait compris que c’était la route qu’il devait prendre.

Uriel se tenait maintenant devant l’entrée du tunnel. Il se forçait à ignorer les images de corps brûlés, de membres tranchés et de civilisations détruites qui cherchaient à consumer son esprit, car il savait que ces pensées n’étaient pas les siennes. La trace qu’elles laissaient sur son âme le répugnait, mais elles renforçaient également sa détermination à en détruire la source.

Malgré ces images morbides, il ne pouvait s’empêcher de ressentir une immense fierté à l’égard de ses hommes.

— Guerriers d’Ultramar, vous avez à nouveau prouvé votre bravoure et votre valeur. Nous allons bientôt affronter un adversaire plus ancien que l’Imperium, dont vous pouvez sentir l’hideuse présence. Vous devez résister aux pulsions qu’il cherche à implanter en vous. N’oubliez pas que vous êtes des Space Marines, les guerriers d’élite de l’Empereur, et que c’est notre devoir envers Lui et notre primarque qui nous donne force, courage et foi. Ce combat n’est pas terminé ; nous devons nous préparer pour l’épreuve finale, qui testera les limites de notre courage. N’oubliez pas que chaque homme compte. Chacun peut faire la différence.

Uriel leva son épée, dont la lame ensanglantée reflétait l’éclat des globes luminescents.

— Êtes-vous prêts à faire la différence ? Les Ultramarines rugirent comme un seul homme.

L’ascenseur à grande vitesse s’arrêta dans un crissement de freins au fond du puits. Uriel abaissa son épée au moment où Barzano en sortait. L’inquisiteur tituba et porta les mains à son front. Uriel imaginait ce qu’un empathe pouvait ressentir dans un tel endroit.

Barzano marcha d’un pas raide vers Uriel. Ses traits étaient clairement marqués par l’effort qu’il faisait pour repousser l’horreur de ce lieu.

— Par l’Empereur, vous sentez son pouvoir ? dit Barzano dans un murmure.

— Absolument, acquiesça Uriel. Mieux vaudrait ne pas s’attarder ici.

— C’est aussi ce que je pense, mon ami, rétorqua Barzano en regardant le tunnel est. Il activa son poignard énergétique et dégaina son pistolet.

— C’est le moment d’en finir, n’est-ce pas, Uriel ?

— En effet, l’heure est venue.

Combattant le pouvoir répugnant qui cherchait à broyer leur âme, les Ultramarines partirent en direction de la tombe du Nightbringer.

De longs doigts noirs terminés par des ongles empoussiérés, semblables aux pattes d’une gigantesque araignée, jaillirent pour attraper le couvercle du sarcophage. Le corps enroulé dans son suaire, le Nightbringer se leva de sa tombe. Kasimir de Valtos se releva, un sourire barrant ses lèvres alors que des pensées toutes plus abominables les unes que les autres se formaient dans son esprit. Ces images de sang, de mutilation, de souffrance et de mort étaient délicieuses.

Les soldats des forces de défense planétaire se tordaient de douleur à terre. Ils hurlaient et se labouraient le visage à mains nues pour tenter vainement de chasser ces visions d’horreur. Vendare Taloun s’évanouit et même les eldars noirs semblaient mal à l’aise devant la créature qui se révélait lentement à eux.

Kesharq serra le bras de Kasimir. Son visage était extatique.

— C’est merveilleux, souffla-t-il.

Kasimir de Valtos acquiesça. Le Nightbringer agrippa les côtés du sarcophage et se redressa lentement. Son énorme tête finit par émerger du tombeau et Kasimir de Valtos se retrouva face à la mort personnifiée.

Uriel luttait pour réprimer les pulsions violentes qui le tenaillaient. Il serra plus fort la poignée de son épée tronçonneuse. Au loin devant lui parvenaient des cris déchirants et il pressa le pas, se préparant pour une confrontation imminente. Barzano courait à ses côtés, le visage tendu.

Le tunnel descendait. La roche céda la place à des murs d’obsidienne polie. Les hurlements lui vrillaient le crâne et renforçait l’intellect malveillant qui essayait continuellement de le corrompre.

Il gagna une salle carrée comptant deux alcôves vides de chaque côté. Il sentit que la chambre qui se trouvait au-delà était la source du mal. L’air qui s’en échappait n’était que miasmes ténébreux.

Le temps n’était plus à la subtilité ; il leur fallait frapper vite et fort pour l’emporter.

Uriel chargea à l’intérieur de la pyramide du Nightbringer, pour y trouver le chaos absolu.

Les soldats des forces de défense planétaire convulsaient au sol et leurs visages étaient couverts de sang parce qu’ils s’étaient arrachés les yeux avec leurs propres ongles. Ceux qui étaient encore conscients se frappaient à mort avec les poings en sanglotant à cause des cauchemars qui les hantaient.

Un cercle de guerriers squelettiques en métal marchait inexorablement vers une énorme pierre noire qui semblait se dissoudre lentement. Autour de celle-ci se trouvait un groupe de guerriers eldars en armure lourde, qui protégeait le capitaine du vaisseau eldar qu’Uriel avait affronté autour de Caernus IV, ainsi que Kasimir de Valtos et une eldar à moitié nue.

Il n’accorda qu’un regard à cette scène car son attention fut très vite accaparée par l’immense créature qui se libérait lentement de sa prison millénaire. Vêtue d’une robe pourrissante, elle se leva de sa tombe, la pierre de son sarcophage se transformant peu à peu en un suaire tourbillonnant.

La roche se désintégra ainsi pour former les ténèbres qui dissimulaient le corps de la créature, jusqu’à ce qu’il ne reste du sarcophage que le socle, sur lequel était fixée la dernière pièce posée par de Valtos.

Uriel avait devant lui un visage pourrissant, émacié, au milieu duquel luisaient deux globes purulents. Ces yeux étaient habités par la folie et une soif incontrôlable de souffrance. Sa silhouette était dissimulée par une robe de ténèbres vivantes d’où émergeaient deux bras putréfiés enroulés dans des bandages. L’un se terminait par une serre incrustée de poussière tandis que l’autre se finissait par une immense faux noire.

L’entité se redressa, dominant de très loin tous les mortels. Les tourbillons noirs qui dansaient à ses pieds s’enroulaient autour de ceux qui étaient trop lents pour les éviter.

Ainsi, deux guerriers eldars furent capturés par le suaire, qui les souleva du sol. Le monstre les frappa de sa faux, tranchant indifféremment armures et corps. Les deux victimes retombèrent au sol totalement desséchées, drainées de leur force vitale.

Les eldars battirent en retraite lorsque le nuage eut emporté un autre des leurs pour l’offrir en sacrifice à l’entité affamée. Les guerriers de métal armés de sceptres de cuivre rejoignirent leur maître, leurs visages parfaitement immobiles et dénués d’émotions.

— De Valtos ! cria Barzano. Par l’Empereur, vous vous rendez compte de ce que vous avez fait ?

Kasimir hurlait de triomphe tandis que les vastes énergies du Nightbringer enflaient et emplissaient son esprit de merveilles inouïes. Les eldars se replièrent vers les Ultramarines, prêts à combattre tout ce qui les empêcherait de fuir ce cauchemar.

Malheureusement pour eux, le Nightbringer était assoiffé d’âmes. Un battement profond résonna dans toute la chambre alors que les guerriers de métal tournaient leur attention vers les intrus.

Uriel tressaillit de dégoût à la vue des squelettes qui avançaient vers eux et les Ultramarines braquèrent leurs armes à l’unisson. Il effectua un roulé-boulé pour rejoindre le guerrier le plus proche, qu’il frappa de son épée tronçonneuse. Il lui sectionna les deux jambes et la créature s’effondra au moment même où ses congénères ouvrirent le feu.

Uriel vit avec horreur le sergent Venasus trembler sous un impact invisible. Son armure fut arrachée couche après couche et sa chair suivit rapidement. Le sergent tomba à genoux alors que sa musculature était exposée à l’air libre puis se désintégra à son tour, jusqu’à ce que seuls ses ossements restent.

Un autre Ultramarine connut le même sort, écorché vif par les squelettes de métal. Des mains griffues agrippèrent Uriel et il se retourna pour découvrir que sa première victime venait de se redresser, ses jambes finissant de se réparer sous ses yeux.

Il frappa à nouveau avec son épée et tira une rafale de bolter dans la cage thoracique de cette chose. Le guerrier retomba, mais cette fois Uriel le tailla en pièces à coups de botte, de crainte que la machine ne se régénère encore. Le chaos régnait sans partage autour de lui.

Les Space Marines se battaient contre les squelettes mécaniques, et presque tous étaient en train de prendre le dessus, les mitraillant sans pitié avec leurs bolters. Le sergent Learchus était en train d’en détruire un à mains nues en lui fracassant méthodiquement le crâne contre le sol.

Mais plusieurs créatures se relevèrent une nouvelle fois, ignorant des blessures qui auraient été fatales à tout autre être vivant. Barzano, qui combattait aux côtés d’Uriel, détruisit beaucoup de ces machines malveillantes avec son poignard énergétique, mais il faiblissait. Son visage était couleur de cendre et ses mouvements ralentissaient : ses blessures le faisaient à nouveau souffrir.

Les circonstances avaient voulu qu’il combatte côte à côte avec des eldars noirs, mais Uriel ne se fiait pas à eux comme il se fiait à l’inquisiteur, et il se tenait prêt à se retourner contre eux à la seconde où les êtres artificiels seraient enfin éliminés. Leur seigneur à l’armure de jade tuait avec une grâce infinie, sa hache décrivant une véritable danse macabre. Chaque coup qu’il portait mettait à terre une machine, et chaque guerrier qui mordait la poussière arrachait une plainte aiguë au vortex d’ombre qui trônait au centre de la chambre mortuaire. Cela dit, pour Uriel, ces cris trahissaient plus de l’amusement que du déplaisir.

Les excrents mordaient sans répit les guerriers mécaniques en comptant sur le poids du nombre pour prendre l’avantage. Les armes des extraterrestres décimaient les créatures décérébrées, mais elles ne cessaient d’attaquer, protégeant leur maître coûte que coûte.

Uriel se battait comme jamais. Il frappait de taille, tirait et tuait avec une perfection qu’il n’aurait jamais cru posséder. Ses réflexes acérés lui permettaient d’éviter des coups mortels avec une aisance déconcertante. Il parait les coups de griffe et brisait les crânes en quelques mouvements fluides.

Les derniers guerriers artificiels furent ainsi taillés en pièces, leurs carcasses jonchant la salle. Uriel s’arrêta pou reprendre son souffle. Il avait été blessé par un tir ennemi qui avait désintégré une partie de son armure, ainsi que la chair en dessous. Sa tête était rouge de sang coagulé, de même que son armure à l’endroit où les griffes des êtres de métal s’y étaient enfoncées.

Un calme étrange s’abattit sur la chambre mortuaire alors que les Marines et les eldars se faisaient face. Le Nightbringer était demeuré immobile au-
dessus du socle de son sarcophage, dont il ne restait que l’élément en forme de croix, qui brûlait d’un feu surnaturel.

Barzano rejoignit Uriel. Sa respiration était irrégulière et sa blessure au bras s’était rouverte. Le sang coulait à travers son pansement en peau synthétique.

Kasimir de Valtos se tenait debout, exultant, dans l’ombre ondoyante du Nightbringer. Il pointa les Ultramarines.

— Détruisez-les, hurla-t-il, je vous l’ordonne !

Uriel ne savait pas si ces mots s’adressaient aux eldars ou à l’entité et ses gardes du corps silencieux, mais ce sont les eldars qui obéirent. Leur chef se dirigea droit sur lui, la hache levée.

Les Ultramarines chargèrent à leur rencontre en rugissant et le tombeau résonna à nouveau du fracas des armes.

Uriel bloqua un coup de taille et fit un pas en avant pour donner un coup de poing dans le heaume du xenos. Son adversaire plongea et planta l’extrémité pointue du manche de sa hache dans le ventre d’Uriel, dont il perfora l’armure.

Uriel suffoqua de douleur, mais il parvint à mettre son adversaire à terre en lui enfonçant le pommeau de son épée dans le dos. Il retourna ensuite l’arme et voulut enfoncer la lame hurlante dans le corps du seigneur eldar noir, mais celui-ci n’était déjà plus là.

Kesharq s’était rétabli d’un bond et visait déjà la tête du capitaine Space Marine avec sa hache. Des étincelles jaillirent lorsque Barzano para le coup avec son poignard et Uriel profita de cette diversion pour frapper la tête de Kesharq avec son épée.

Le seigneur eldar vit le coup arriver et tourna la tête pour l’éviter. Les dents de la tronçonneuse lui arrachèrent son casque et accrochèrent la peau lâche de son visage, qu’elles arrachèrent dans une gerbe de sang.

Kesharq hurla de douleur quand son visage défiguré fut ainsi révélé. Il recula en titubant puis reprit son équilibre juste à temps pour parer le revers de Barzano, avant d’enfoncer la lame de sa hache dans le torse de l’inquisiteur.

Le coup brisa net la cage thoracique de Barzano et la lame ressortit juste au-dessus de sa hanche en un arc sanglant. L’inquisiteur lâcha son poignard et s’effondra, mortellement touché.

Uriel poussa un cri de rage et frappa l’extraterrestre dans le dos. Kesharq se retourna pour éviter le coup et piégea l’épée entre les lames de sa hache, qu’il lui arracha des mains d’une torsion du poignet. Avant qu’il ne puisse lui porter un revers fatal, Uriel plongea en avant et ramassa l’arme de l’inquisiteur juste à temps pour détourner un coup censé le décapiter.

Kesharq revint à la charge mais, cette fois encore, Uriel bloqua son coup avec la lame étincelante de Barzano.

Kesharq se montrait plus prudent maintenant. Son visage était particulièrement hideux, on pouvait voir les muscles à vif se contracter régulièrement. Il cracha du sang et repartit à l’attaque, hache levée pour le coup de grâce.

Au lieu de reculer, Uriel plongea et bloqua le manche de la hache avec l’avant-bras. L’armure céda sous la force de l’impact. Il grogna et se plaça à l’intérieur de la garde de son adversaire pour attraper ses bras. Son corps s’écrasa contre le sien et Uriel partit à la renverse.

Emporté par son élan, Kesharq passa au-dessus d’Uriel et alla s’écraser au sol sur le dos. Uriel retourna le manche du poignard et plongea la lame de toutes ses forces dans le plastron de l’eldar noir, lui transperçant le cœur. Le seigneur eldar eut un spasme. Un sang épais s’écoula de sa bouche quand Uriel tourna la lame dans la plaie et l’enfonça dans son corps encore et encore.

Des hurlements et des cris de guerre se faisaient entendre tout autour de lui, mais il n’y prêta pas attention. Tout ce qui l’intéressait était la forme extatique de Kasimir de Valtos au centre de la salle.

Il retira le poignard du cadavre de Kesharq et s’avança vers la cause de tous ces malheurs.

Kasimir de Valtos observait la bataille qui faisait rage tout autour de lui avec un plaisir non dissimulé. La vue d’autant de sang versé était un véritable délice, quant aux images de mort qui défilaient dans sa tête, c’était une révélation. Un tel massacre ! Il savourait l’idée que ce qu’il voyait n’était qu’un aperçu des ravages que le Nightbringer pouvait causer.

Celui-ci était encore faible, sa substance ne s’était pas entièrement reconstituée. Mais il était déjà très puissant. De Valtos ne savait pas si c’était la proximité de la créature qui lui conférait cette connaissance, ou s’il partageait un lien mystérieux avec elle. Peut-être le reconnaissait-elle comme un esprit frère. En tout cas, l’entité n’éprouvait pas envers lui l’hostilité qu’elle avait eue à son réveil à l’égard des eldars.

La femme eldar se tenait derrière de Valtos. Il sentait avec délice la peur qui émanait d’elle. Elle tomba à genoux, sa peau craquelée et fripée par la force qui la drainait de son énergie vitale. Elle parvint à crier une fois avant que toute son énergie ne soit absorbée par le Nightbringer.

Était-ce là le début de sa transformation en immortel ? se demanda de Valtos. Était-ce le premier des nouveaux pouvoirs qu’il allait acquérir ?

Le déchaînement de violence était enivrant, la haine et l’agressivité combinées des protagonistes étaient des mets succulents, qui le renforçaient à chaque minute. Il était ravi de se voir offrir un tel festin après avoir été forcé de se sustenter d’énergies pâles et froides pendant des millions d’années.

Kasimir de Valtos interrompit ses pensées. Des millions d’années ? Où était-il allé chercher ça ? Il se rendit soudain compte que les sensations qui déferlaient en lui, la peur, la colère, la terreur, ne lui appartenaient pas, qu’elles venaient de l’entité qui se tenait devant lui. La rage l’envahit quand il comprit enfin qu’il n’avait été rien de plus qu’un canal pour les émotions que cet être avait oubliées au fil des siècles passés dans ce tombeau.

Comme s’il avait soudain lu ses pensées, le Nightbringer se tourna lentement pour lui faire face, ses yeux purulents sondant son âme pour atteindre le cœur de ce qui faisait de lui un humain.

Mais Kasimir de Valtos s’était préparé à devenir un dieu immortel. Son esprit était obsédé par ce seul désir lorsque cette créature plus ancienne que le temps, l’enveloppa dans les ténèbres.

— Rends-moi comme toi ! Je t’ai libéré ! J’exige l’immortalité. C’est mon droit ! glapit de Valtos. Les yeux du Nightbringer le fixèrent.

Il se sentit prisonnier du vide de son regard, un abîme plus terrifiant que tout ce qu’il pouvait imaginer. Il vit l’aube d’une race extraterrestre, les horreurs qu’ils perpétraient, la souffrance qu’ils infligeaient à la galaxie, et le battement de cils que représentait l’histoire de l’humanité à côté de la leur.

Il tomba à genoux, terrassé par l’insignifiance de son existence au regard de l’incompréhensible magnitude de la conscience de l’extraterrestre. Sa santé mentale, déjà fragile, fut annihilée par cette révélation. L’être qu’il avait en face de lui avait dompté des étoiles et exterminé des civilisations avant même que la race humaine ne jaillisse du limon primordial. Comment pourrait-il avoir besoin de lui ?

— Je t’en prie… implora-t-il. Je veux vivre pour toujours !

Le Nightbringer referma ses griffes sur la tête de Kasimir de Valtos, et il hurla de terreur à son contact. Sa peau se détacha des os tandis que l’entité se nourrissait de son énergie.

La faux plongea vers son cou.

De Valtos connut un moment d’horreur totale lorsqu’il sentit sa propre mort se répandre en lui et se rendit compte que celle-ci n’était rien face à l’appétit du monstre, qu’elle n’était donnée que pour le plaisir de tuer.

Sa tête quitta son corps.

Le Nightbringer relâcha le corps de Kasimir de Valtos, qui alla s’écraser au sol mollement. Puis, avec une lenteur infinie, il tourna son attention vers le métal luisant placé au centre de son sarcophage, et passa ses doigts sur l’étrange symbole.

Et dans l’espace, un vaisseau spatial en forme de croissant de lune commença à s’extraire du royaume d’ombres où il avait résidé pendant soixante millions d’années, pour répondre à l’appel de son maître.

Uriel avait observé les derniers instants de Kasimir de Valtos. Sa mort importait peu, l’enjeu était bien plus important que toute notion de vengeance. Il devait trouver un moyen de détruire cette créature, ou de la bannir. Ou tout du moins de se dresser contre elle.

Les gardiens d’albâtre avancèrent pour l’intercepter, mais Uriel ne s’en laissa pas compter. Pasanius, Learchus et Dardino se joignirent à lui pour attaquer l’entité. Les sceptres des deux premiers guerriers émirent une énergie couleur d’émeraude. Uriel bloqua le premier faisceau avec son poignard et esquiva le second. Pasanius cribla un des gardiens de bolts, qui arrachèrent des fragments ivoire de son corps, puis Learchus lui transperça le ventre avec son épée tronçonneuse. Le guerrier riposta en projetant au loin les deux sergents d’un revers de son sceptre ardent.

Dardino trancha ses jambes d’un coup d’épée énergétique pendant qu’Uriel se jetait les pieds en avant sur le second. Ses bottes touchèrent au but, mais c’était comme frapper un mur. Au lieu de tomber, la silhouette blanche légèrement déséquilibrée frappa Uriel avec son sceptre de cuivre. Le capitaine Space Marine eut tout juste le temps de lever son poignard pour parer le coup, dont l’onde de choc se répercuta jusqu’à son épaule. Uriel se releva en enfonçant le poignard dans l’entrejambe du guerrier. La créature mécanique tomba, sa jambe tranchée au niveau de la hanche. Uriel plongea à nouveau pour éviter le coup d’un autre guerrier au visage impassible.

Pasanius se leva et vida le chargeur de son bolter sur les deux guerriers survivants. L’un d’eux tomba dans une avalanche de fragments ivoire. Le dernier gardien recula au moment où Learchus lui bondissait dessus pour le décapiter d’un coup d’épée. La main griffue de son maître s’interposa et terrassa Learchus d’un seul coup. Le sergent grogna de douleur et lutta pour se relever.

Uriel, Pasanius et Dardino faisaient maintenant face au Nightbringer. Ils sentaient des torrents de terreur les submerger, mais ils tinrent bon.

Uriel n’éprouvait que du mépris pour l’énorme extraterrestre. Sa cape de ténèbres agitée par un vent fantomatique flottait autour de lui, et deux flammes d’un jaune maladif luisaient à l’endroit où aurait dû se trouver son visage.

Le Nightbringer frappa avec sa faux, à une vitesse phénoménale. Le sergent Dardino émit un grognement, de surprise davantage que de douleur, lorsque ses jambes et son torse se détachèrent pour s’effondrer dans un flot de sang.

Pasanius tira. Ses bolts se frayèrent un chemin ardent dans la nuit impénétrable du suaire. Les échos d’un rire spectral répondirent à sa rafale. La faux frappa à nouveau et coupa l’arme de Pasanius en deux. Le revers lui coupa le bras juste en dessous du coude.

Uriel mit à profit cette diversion pour attaquer le Nightbringer au corps à corps et enfonça le poignard dans le nuage de ténèbres. Il hurla au contact glacial de l’entité, qui enroula sa substance autour de son bras.

Les griffes de la chose s’abattirent sur lui et s’enfoncèrent dans sa poitrine, perforant un poumon et déchirant un de ses cœurs. Il partit à la renverse et atterrit sur le couvercle du sarcophage. Le fragment de métal enflammé laissa son empreinte dans son paquetage dorsal. Une souffrance insoutenable partit de sa poitrine, s’étendant jusqu’à son bras avant de gagner chacun de ses nerfs. Il grogna et tenta immédiatement de se relever alors que le Nightbringer s’affairait à massacrer ses hommes.

L’inquisiteur Barzano fut empli de fierté en voyant Uriel et ses hommes se dresser contre le Nightbringer, malgré leurs maigres chances de l’emporter. Il commença à se traîner vers le sarcophage alors même que la vie le quittait. Il sentait les puissantes énergies qui parcouraient la chambre, les visions cauchemardesques que suscitait la présence du Nightbringer, et quelque chose d’autre…

Un cri silencieux d’une incroyable pureté résonnait dans les profondeurs de l’espace, appelant le vaisseau perdu. Le métal vivant dont il était fait ne pouvait résister à l’invocation, et revenait peu à peu du royaume où il avait été exilé toutes ces années.

L’appel était si puissant que Barzano pouvait presque voir les vagues qui émanaient de la tombe du C’tan. Ou plutôt, qui émanait du talisman de métal enfoncé dans le couvercle du sarcophage.

Il était à bout de force, mais il continua à se traîner au sol. Il gémit de désespoir en voyant Pasanius tomber, et enfin lorsque Uriel fut projeté à travers la crypte, la poitrine perforée par les griffes du Nightbringer.

Barzano sentait ses dernières forces le quitter, mais il s’accrocha furieusement à la vie. Il vit Uriel se relever péniblement, et comprit instantanément qu’il ne lui restait qu’une seule chance.

Uriel hurla de rage en voyant le Nightbringer décimer ses hommes sans le moindre effort. Ils savaient qu’ils n’avaient aucune chance contre l’entité, mais ils refusaient de céder. Pasanius se battait avec sa main valide, ne cessant de frapper le C’tan alors qu’il traversait la chambre mortuaire pour massacrer les Space Marines. Quoique sonné, Learchus ne cessait d’enjoindre les Ultramarines à tenir bon.

Des bruits atroces résonnèrent dans toute la salle, semblables à des vagues se brisant contre une falaise. Uriel se rendit compte en frissonnant qu’il s’agissait là du rire de la créature, qui se réjouissait du carnage et du sang versé.

La colère raviva sa combativité et il se releva, un grognement mêlant douleur et rage s’échappant de ses lèvres. Il ramassa son poignard et s’avança vers le monstre en titubant mais s’arrêta alors qu’une pensée étrangère envahit son esprit. L’espace d’un instant, il crut que la présence infernale du Nightbringer avait trouvé la faille dans ses défenses mentales.

Mais ses pensées étaient familières, bienveillantes, humaines.

Uriel se retourna et vit l’inquisiteur Barzano qui le regardait fixement, le front couvert de sueur et les veines de son cou saillant comme des cordes.

Le métal, Uriel, le métal ! Le métal…

La pensée quitta son esprit aussi vite qu’elle était apparue, mais Uriel avait compris que l’inquisiteur avait accompli un ultime effort pour s’assurer qu’il serait entendu. À lui de faire en sorte que cet effort n’était pas vain.

Il s’agenouilla à côté du couvercle du sarcophage. Le métal brillait d’une lueur aveuglante et il sentait la chaleur qu’il dégageait au travers des trous dans son armure. Que pouvait-il faire ? Tirer sur le métal, le poignarder ? Les cris de douleur de ses hommes qui lui parvenaient lui firent prendre une décision.

Il enfonça la lame du poignard énergétique entre la plaque et l’icône pour l’en déloger. Il perçut un changement dans les énergies qui emplissaient la chambre mortuaire et leva les yeux pour voir la silhouette enténébrée
dominant les Ultramarines, deux frères de bataille empalés sur ses griffes.

Il appuya plus fort et sentit la lame du poignard ployer légèrement. Il n’avait pas la force nécessaire pour l’icône.

Le Nightbringer jeta de côté les dépouilles de ses dernières victimes et se retourna. Uriel sentit sa fureur, son indignation à l’idée que cette proie puisse se mêler de ses affaires.

L’esprit de l’extraterrestre entra en contact avec le sien, habité par cette colère qui avait mis fin à l’existence de nombreuses étoiles. Uriel le laissa faire, laissa sa rage se déverser dans son corps et le fortifier.

Sa propre haine à l’égard de l’entité se mêla à cette fureur et il utilisa ce pouvoir pour arracher l’icône avec toute la force de sa colère.

Le morceau de métal tomba sur le sol de la chambre funéraire. Le Nightbringer rugit comme un animal blessé lorsque le lien avec le vaisseau tueur fut rompu, le renvoyant à nouveau dans l’Immaterium. Uriel se saisit du fragment de métal et commença à reculer. Il se saisit d’une grenade au moment où Pasanius se jeta sur la créature.

Celle-ci le repoussa sans mal d’un coup de griffe, mais l’attaque du sergent vétéran lui avait donné le temps dont il avait besoin. Lorsque le Nightbringer se dirigea vers lui, il brandit l’icône pour montrer à l’entité ce qu’il y avait fixé.

Uriel doutait que le Nightbringer sache ce que pouvait être une bombe à fusion, mais il savait qu’il comprendrait ce qu’elle pouvait faire.

L’entité se redressa de toute sa taille, les bras tendus, fixant Uriel de ses yeux malveillants.

Uriel lui rit au visage. Il sentait le pouvoir terrifiant de l’extraterrestre faire pression sur son crâne. Des visions de mort l’envahirent, mais elles n’étaient rien pour un guerrier de l’Empereur. Il sentit la consternation de la créature face à sa résistance.

Les ténèbres de son suaire s’avancèrent vers Uriel, mais celui-ci plaça sa main libre sur le détonateur. Il sourit, malgré la douleur et les images qui le hantaient.

— Tu es rapide, murmura Uriel, mais pas assez.

Le Nightbringer flottait devant lui, interdit, pliant et dépliant sa main griffue au rythme de son cœur. Son pouvoir, sa colère étaient palpables, mais Uriel ressentait autre chose derrière.

Le malaise ? Le doute ?

Le lien qu’ils avaient brièvement partagé avait donné à Uriel un aperçu de la nature de cette créature. Il savait qu’en dépit du carnage qu’il avait initié, il n’avait pas encore récupéré tous ses pouvoirs. Il était encore faible et devait se nourrir, mais Uriel savait aussi que sa puissance grandissait à chaque seconde.

Il n’aurait jamais d’autre chance de le vaincre.

— L’air est saturé de gaz inflammables, dit Uriel d’un ton ferme. Si je fais exploser cet engin, tu seras enseveli sous dix kilomètres de roche. Je ne sais pas ce que tu es, ni d’où tu viens, mais je sais ceci : tu n’es pas assez puissant pour y survivre. Tu imagines, passer soixante millions d’années supplémentaires piégé dans les entrailles de ce monde, sans pouvoir te nourrir ? Tu périras. Est-ce ce que tu veux ? Si tu peux lire dans mes pensées, tu sais que je n’hésiterai pas à tous nous détruire plutôt que de te laisser avoir le vaisseau.

La pression sur son esprit s’intensifia. Uriel le laissa s’introduire dans ses pensées pour qu’il perçoive sa détermination. Ses griffes se levèrent puis retombèrent aussitôt, son suaire battait furieusement l’air alors qu’il laissait exploser sa rage. Les murs du tombeau se fissurèrent et la terre rouge de Pavonis s’infiltra dans le tombeau.

Le voile de ténèbres forma une spirale autour de la silhouette du Nightbringer, tourbillonnant avec la force d’une tornade. Le vortex entraîna les débris des gardiens dans sa révolution.

Uriel vit les yeux du Nightbringer disparaître, avalés par la pénombre de ses robes. Un sifflement emplit la chambre funéraire lorsque la tempête s’éleva dans les airs jusqu’au plafond, qui explosa en un millier de fragments.

Il était parti.

Uriel baissa le bras. Son esprit lui paraissait soudain aussi clair qu’un jour d’été sans le poids oppressant de la conscience du Nightbringer. Il sourit malgré lui, incapable de se retenir. Il n’avait aucun désir de sourire, mais la clarté soudaine de ses pensées, libérées de toute vision de torture et de meurtre, l’y contraignait.

Il reposa le métal, dont la surface était froide et inerte, et alla auprès d’Ario Barzano, qui gisait dans une mare de sang. Il s’agenouilla à côté pour voir s’il vivait encore et faillit rire en sentant un pouls faible et fuyant.

— Allez chercher l’apothicaire !

Barzano ouvrit les yeux et sourit. Ses sens empathiques étaient eux aussi libérés de l’influence du Nightbringer.

— Il est parti ? demanda-t-il dans une quinte de toux.

— Oui, acquiesça Uriel. Vous l’avez retenu juste assez longtemps.

— Non, Uriel. Je n’ai fait qu’indiquer la voie. Vous l’avez repoussé tout seul.

Barzano tressaillit.

— Beau travail, je suis fier de vous tous. Vous… Il fut interrompu par un nouvel accès de toux. Il eut un spasme et le sang coula à nouveau de sa blessure.

— Apothicaire ! cria à nouveau Uriel

— Le gouverneur… dit faiblement Barzano. Prenez soin d’elle. Elle vous fait confiance. Elle vous écoutera… Les autres aussi… Elle aura besoin de votre soutien, de vos conseils… Faites cela pour moi, Uriel.

— Vous pouvez me faire confiance, Ario.

L’inquisiteur Ario Barzano acquiesça, puis ferma les yeux et mourut paisiblement dans les bras d’Uriel.

Une fois leurs morts récupérés, les Ultramarines quittèrent la chambre du Nightbringer. En dehors des Space Marines, Vendare Taloun était le seul survivant du massacre. Il avait sombré dans l’inconscience et échappé ainsi à l’influence de l’entité, qui avait rendu les soldats fous. Uriel conduisit personnellement le traître jusqu’à l’ascenseur sous la menace de son arme. Cette précaution était superflue, car Taloun était un homme brisé. Le Space Marine était contrarié à l’idée d’avoir donné un masque respiratoire à son prisonnier, mais il ne voulait pas qu’il succombe aux émanations et échappe à la justice de l’Empereur.

Uriel emporta également l’élément métallique qu’il avait décroché du sarcophage. Sa surface était intacte, en dépit des violents coups de couteau qu’il lui avait administrés. Elle serait envoyée sur Macragge pour être enfermée à jamais dans les cryptes les plus profondes du chapitre.

Lorsque ses hommes atteignirent l’ascenseur par lequel Barzano était arrivé, Uriel confia Taloun à un Pasanius blafard et leur demanda d’attendre.

Il revint sur ses pas, se remémorant avec tristesse les visages des guerriers qu’il avait perdus au cours de cette mission, tout en sachant que leur sacrifice n’avait pas été vain.

Se tenant seul dans le tombeau de l’extraterrestre, il vit que la terre se déversait lentement dans la chambre funéraire par les fissures du plafond. Bientôt, ce lieu impie serait inaccessible, mais cela ne suffisait pas.

Il s’agenouilla et posa plusieurs bombes à fusion à l’endroit exact où il avait retiré le fragment de métal et régla les détonateurs.

Et comme il l’avait promis au Nightbringer, cet endroit serait à jamais enseveli sous dix kilomètres de roche.

Uriel se retourna et quitta le tombeau d’un pas las.