VII

Un camp d'esclaves. Un sale camp puant, infesté de parasites, ceint de grilles électrifiées, et fichtrement bien gardé.

J'en sortais chaque matin, sous surveillance, pour aller bosser. J'y rentrais le soir, totalement crevé. Comble de bonheur, je ne comprenais rien. Pas un mot. Résultat, les ordres s'accompagnaient de coups de cravache. J'en dégustais beaucoup plus souvent qu'à mon tour.

Mes geôliers ne cherchaient pas à m'exterminer, non, simplement à tirer de moi le maximum de travail, en échange du minimum de soins. La situation de l'âne : bosse, mange peu, et arrange-toi pour ne pas braire, tu nous casserais les oreilles.

En plus, j'avais perdu les copains. Alex, Thomas et Hans avaient disparu je ne savais où. J'imaginais assez bien une volonté de nous séparer, pour éviter d'éventuels complots.

Mes actuels compagnons de misère parlaient une autre langue que la mienne. Communication zéro. Au reste, même si on avait pu se comprendre... Ils étaient éteints, les pauvres mecs. Vidés, ressorts cassés, anéantis. Dans leur grisaille, ne surnageaient que deux soucis : éviter les coups, et avaler les écuelles de soupe quotidienne. Le reste... Est-ce qu'il leur arrivait encore de rêver, seulement ?

Je n'en étais pas encore là. Je devenais tout doucement enragé. La patience n'a jamais été mon point fort.

Première fois de ma vie que je me retrouvais dans la peau d'un esclave. Impossible de m'y faire. Je devenais un peu plus dingue chaque jour. Malheureusement, la question évasion ne s'arrangeait pas. Vraiment pas. J'avais beau guetter, seconde après seconde, l'occasion possible, rien ne se présentait.

Bon prophète, ce salaud de Thomas. Je ne savais pas comment il s'en tirait, mais moi, j'allais y laisser ma peau. Mathématique. Il y aurait un coup de cravache de trop, et j'exploserais. Encore heureux si j'y gagnais une balle dans le crâne.

A mon arrivée au camp, une huile qui parlait un français rocailleux m'avait gentiment expliqué ce qui attendait les esclaves indociles. On les passait "à la gelée". Entendez par là qu'ils étaient offerts bien vivants aux billes suceuses. La mort rongeante. Pas très rapide. J'aimais mieux l'autre.

Je bossais dans le bâtiment. Reconstruction en gros. Je creusais des trous, je transbahuter des pierres, je bouillais du ciment. Toutes besognes passionnantes. Sous mes fers, j'avais de belles entailles aux poignets et chevilles, ce qui facilitait grandement le boulot. Que l'ardeur au travail s'assoupisse un soupçon : Chlac ! ça cinglait un bon coup. Quand j'étais trop lent de la comprenette aussi. En prime, la fringale constante. Celle qui fait attendre l'heure de la soupe comme un noyé espère le bout de la planche. Manque de bol, ce n'est jamais assez consistant pour remplir l'estomac. Et l'attente recommence. La belle vie, quoi !

A l'occasion, en allant au boulot ou en en revenant, je croisais une équipe d'esclaves femelles. A tous les coups, ça me flanquait un gnon dans les viscères. Je les détaillais toutes, ces sanas, avidement. Ensuite, j'en avais pour des heures à imaginer Annie traînant des paquets de ferraille, et travaillant sous la cravache. Ca me rongeait. Et ça contenait, pour un peu plus longtemps, le besoin d'exploser. "Si tu crèves, imbécile, elle y restera à vie !"

La nuit, sous prétexte de voyages pipi jusqu'aux chiottes, je fouinais plus ou moins. Tout ce que j'y gagnais, c'était du manque de sommeil. Rien, rien, et rien. Pas la plus petite faille dans le piège, Le camp entier baignait dans la belle clarté des projecteurs, et la grille électrifiée bouclait le tout. Surveillance et rondes, en prime. Pour me tirer, il m'aurait fallu des ailes...

Filer de jour, quand j'étais hors du trou ? Pas simple non plus. Il faudrait commencer par ratatiner les deux gardes affectés à la surveillance de mon équipe boulot. Pas infaisable, mais ensuite ? A poil et enchanté dans un secteur très peuplé, où uniformes et armes abondaient ? Le suicide plus ou moins garanti. Alors ? Patienter, Sainte patience ! Moi qui n'étais pas doué...

*

**

Un sale jour. Grand Pif et Ventre Mou talonnaient, furieusement actifs de la cravache. Une belle paire de charognes, les deux surveillants. Du genre persuadé qu'il n'y a jamais assez de merde tant qu'ils n'y ont pas ajouté la leur.

Ventre Mou bouffait trop. Trois ou quatre mentons, cinq ou six estomacs, un ventre gonflé de larve mûre, et des petits yeux de goret. Grand Pif le dépassait d'une bonne tête. Sec, celui-là, osseux rouquin, le nez imposant et l'œil rond de la chouette. Aussi sympathiques l'un que J'autre. Je les adorais. La bonne méthode : éviter leur regard et bosser avec la très grande ardeur dès qu'ils s'approchaient.

Ce jour-là, la paire était d'humeur difficile. Des aigreurs d'estomac, peut-être, ou des problèmes avec bobonne ? Ils en avaient après tout le monde et n'importe qui.

Je touillais du ciment. Sagesse maximum. Le vivant symbole du parfait bosseur, pas du tout syndiqué.

Ventre Mou, qui rôdait, a pris une petite giclée de ciment baladeur sur ses belles bottes luisantes. Tout à fait par hasard, et bien contre mon gré. Je n'étais quand même pas assez con pour exciter délibérément ce maniaque.

Ca a démarré dans la grande hystérie.

Ventre Mou tapissait, la bouche baveuse. Je m'attendris à voir les petits yeux de goret dégringoler comme une paire de billes. Je m'attendais aussi à prendre une belle raclée...

Je me courais. Pas ça. Je n'ai pas pigé de suite ce qu'il exigeait. J'avais enregistré un certain nombre de termes, bien obligé. Tous dans le genre : "fais ci, fais ça" et tous concernant le boulot. Là, c'était nettement plus compliqué,

A la longue, et à force de gestes expressifs, j'ai quand même fini par comprendre.

Ce qu'il voulait, le cher homme, c'était que je nettoie ses belles bottes souillées.

A genoux. Et à coups de langue.

Merde ! Ras le bol gigantesque ! J'en avais toléré pas mal. Ce coup, ça faisait trop. Ni ni, c'est fini. Continuer à vivre, tout le monde y tient, mais faudrait quand même pas acheter la survie trop cher.

J'ai cueilli Ventre Mou de ma chaîne, à la volée. En plein crâne. Il s'est effondré, pile dis le ciment frais. Justice immanente. Et il n'a plus bougé.

Grand Pif a mis juste un peu trop longtemps à réagir. Il en était encore à tenter de sortir son pétard quand je J'ai chopé à la trachée. Ca m'étonnerait qu'il ait beaucoup respiré après.

Examen rapide du terrain. Le chantier s'est figé. Les esclaves sont pétrifiés par la stupeur. D'autres surveillants, tout au fond, qui hurlent. Deux coups de pétard. Ca siffle bigrement près.

Je fonce, en zigzaguant. Les balles me couinent aux oreilles.

La grande cavale. J'ai enfilé une rue, au hasard. Bougrement chiantes, ces chaînes. Ca brinquebale, ça cogne, ça tire, et je dois sérieusement mesurer mes foulées. Quelques passants, trop ahuris pour intervenir. Grosse veine, aucun uniforme beige dans le lot. Mais derrière, pas tellement loin, ça hurle à la curée.

Je saute un mur, plonge dans un jardin. Une femme stupéfaite glapit à une fenêtre. Je passe le mur du fond.

Rue, mur, jardin, rue, mur, jardin, une dizaine de fois. Les gueulasses s'éloignent. Je mets toute la gomme possible.

J'ai fini par aboutir dans une impasse. Une ruelle, déserte: odorante de jasmin. Le mur à franchir était gigantesque.

"Tu passes ou tu crèves, Gérald !"

Je suis passé, malgré l'entrave de mes chapes. Pas aisément, mais nécessité fait loi.

Une oasis de paix, délicieusement déserte. Végétation exubérante, intensément verte, entretenue par des jets d'eau bondissants. Beaucoup d'espace. Une maison se devinait à peine, très loin, derrière un rideau d'orangers. Fleurs, insectes, oiseaux. Un paradis pour fugitif. Ouais ! Combien de temps ?

Je me suis installé sous les branches retombantes d'un arbuste, histoire de réfléchir un peu.

"Qu'est-ce que tu vas faire, Gérald ? T'es dans le pétrin, mon bon. Ils vont te traquer comme un nuisible, avec acharnement. Et quand ils finiront par te coincer... Combien de temps avant qu'ils n'aient bouclé tout le quartier, et qu'ils n'entament les recherches ? Une heure ? Deux ?"

Juste sous mon nez, une mante religieuse accrochée à une feuille me regardait. Les énormes yeux bombés semblaient me retourner la question avec ironie.

Coincé, le Gérald. Foutralement coincé. Que faire ? Travail intensif des méninges. A la torture, les pauvres petites. Une idée, qui naît, et se précise peu à peu. "Cette maison, là-bas ? Habitée par une huile, sans doute. Le coin fait luxueux. Supposons que tu prennes un otage ? Ce qu'il te faut, dans l'immédiat, c'est de quoi faire sauter ces chattes, et des vêtements, pour devenir moins repérable à première vue. Après, on verra bien. Pas la première fois que tu te balaieras dans un secteur infesté de groupés qui veulent ta peau. Tu connais la musique. Un couteau ou deux ? Même modèle ordinaire, ça servirait bien."

L'idée mûrissait gentiment. Je me trouvais très bien, là, sous ces branches feuillues. Les jets d'eau entretenaient une délicieuse fraîcheur. J'aurais volontiers roupillé un brin. Jusqu'au soir, peut-être...

Je me suis secoué. Vraiment pas le moment de la détente. En avant marche pour la mise à exécution du plan. Premier objectif : la maison. Se rapprocher en douce pour examiner les lieux de plus près. "Et presse-toi un peu, bon Dieu ! La traque a déjà dû démarrer."

Je suis sorti de mon refuge pour me trouver nez à nez avec la sale gueule d'un revolver. Braqué bien ferme. Par une charmante petite main bleue.

Une nénette azurée, plus jolie que la précédente, mais tout aussi peau bleue.

J'ai enregistré d'un coup d'œil rapide les cheveux brun-roux, les yeux châtaigne, le nez busqué et la grande bouche, mais ce qui me passionnait, avant même l'étrangeté de cette peau céruléenne, c'était le foutu pétard. Un bon coup de tranchant sur le poignet de la ninette ? Est-ce qu'elle aurait le réflexe de tirer, ou d'ouvrir la main ? Elle me raterait, mais un revolver, c'est bruyant...

La belle a reculé de deux pas, avec un sourire d'ironie. Et exprimé en très bon français :

- N'essaye pas ! Je tirerais, et je ne te raterais pas ! Demi-tour ! Marche vers la maison !

Décidée, la dame, et rudement maligne. La fameuse intuition féminine, ou quoi ?

- Demi-tour ! Avance !

Le doigt bleuté pâlissait à la jointure, et j'ai obéi. Je n'en étais pas du tout à l'angoisse. A un moment quelconque, elle me laisserait une petite chance, et je J'aurais ! Mon otage, c'était comme si je le tenais déjà.

Je l'ai entendue glousser, derrière mon dos. Un petit friselis de rire, extrêmement moqueur. Qu'est-ce qui l'amusait tant, cette beauté bleue ?

- Toi, imbécile ! Tu n'as pas encore compris ? Je suis télépathe.

Patatras ! Et grande illumination à retardement. Imbécile, oui, et j'aurais dû piger plus vite, dès la première dame bleue. Lecture de pensées. Ca n'existe pas ? D'accord, mais les femmes à peau d'azur qui ne sont pas pesteuses, ça n'existe pas non plus... Une mutation ?

- Exact. Je suis née d'une femme qui avait eu la peste pendant sa grossesse, et en avait guéri. Le phénomène s'est reproduit quelques fois. Uniquement chez des femmes. Nous sommes nées bleues, et télépathie. Ce qui offre quelques avantages, comme tu le vois. Je m'ennuyais. J'ai ouvert mon esprit pour capter au hasard, et je suis tombée sur toi, qui calculait fiévreusement sous ton arbuste. Amusant, non ?

Amusant, mon cul ! J'étais retombé dans la mouscaille. Parce que pour l'avoir, la nana, il faudrait s'y prendre de bonne heure ! Est-ce qu'on peut s'arrêter de penser ?

- Non. On ne peut pas.

Elle me bassinait, la charmante. Marre, d'être lu à livre ouvert ! Autant clamer dans un portevoix ce qui me passait par la tête. J'ai commencé à compter, en dessinant bien chaque chiffre. Un, deux, trois, quatre, cinq... Qu'elle s'occupe avec ça.

Malheureusement, ça n'a pas duré. Vrai, c'on ne peut pas s'arrêter de penser. Je suis reparti malgré moi dans la captation. J'étais cuit, ce coup. La belle bleue me livrerait à la meute... Autant affronter le pétard quand même...

On arrivait sur la maison.

- Entre, a ordonné la dame. Et ne sois pas stupide ! Pour le moment, je n'ai pas l'intention de te livrer. Je crois même que je vais mettre fin à la chasse.

Ah oui ? Pourquoi ça ? Et comment ?

- Parce que j'ai des plans pour toi. Et parce que j'en ai le pouvoir. Être télépathe, cela procure quelques privilèges. En fait, mes sœurs et moi dirigeons plus ou moins ce pays.

Très vraisemblable, évidemment. Lire les pensées, ça devait fournir un sacré atout dans la course au pouvoir... "Des plans pour toi." De quelles sortes ? ça me plairait ? 

- Est-ce que tu as le choix ? a demandé la belle, d'un ton moqueur.

Remarquable logique. Je n'avais pas le choix. Ce ne serait pas pire, de toute façon, que de passer "à la gelée" pour le meurtre des deux gardiens.

*

**

Le bain, je l'ai grandement savouré. D'autant plus qu'il m'a débarrassé de mes parasites, avec l'aide d'un liquide aimablement fourni par ma belle hôtesse. La crasse, ça se supporte, mais la vermine, ça gratte.

J'étais béat, Je n'avais plus mes chaînes. Un type à chignon, muet comme le froid tombeau, m'en avait libéré à grands coups de masse sur les rivets. Rien que ça, c'était le paradis.

La suite, je commençais m'en foutre. Jouis de l'heure présente, demain est un autre jour.

Les fers m'avaient laissé de belles marques aux poignets et chevilles. Les zébrures de cravache étaient bien nettes aussi. Pas tellement frais, le Gérald, dans la glace. Trop maigre, la gueule creusées la peau malsaine malgré le hâle, le gris du regard un peu fiévreux... Bast ! ça s'arrangerait.

J'ai enfilé un short, et une chemise à manches courtes. Grosse toile bleue, analogue à la beige dans la fabrication artisanale, mais qui semblait, celle-là, réservée aux civils. Les chaussures, je les ai laissées. Pas besoin. J'ai des plantes en vieux cuir.

J'avais une belle fringale, et j'ai cherché Dame Bleue, en espérant qu'elle ne rechignerait pas à mettre le comble à ses bontés en me nourrissant.

La maison était luxueuse, très vaste, agréablement fraîche, dépourvue de mouches et ultrasilencieuse. Jusqu'ici, je n'avais pas vu d'autres habitants que Dame Bleue, et Froid Tombeau, qui me semblait entrer dans la peau du domestique à tout faire, dévoué jusqu'à la mort. La Dame s'adressait à lui en arabe, mais il ne répondait jamais. Muet de naissance, ou silencieux de nature ?

Je suis tombé pile sur lui dans un couloir. Il semblait m'attendre, et a fait un signe pour que je le suive. Je l'ai suivi.

Dame Bleue s'alanguissait sur une chaise longue, dans une vaste pièce aux volets mi-clos. Elle sirotant un frais liquide, qui embuant son verre. Plutôt jolie fille, malgré la bouche un peu trop grande, et la courbure accentuée du nez. Le corps emplissait agréablement une longue robe de toile, brodée à l'encolure et aux ourlets. Quel âge ? Trente, trente-cinq, pas plus.

- Merci, Gérald, j'en ai trente-neuf.

Voix très ironique.

Et merde ! Vraiment pas facile de se rappeler que penser équivalait à parler. A noter qu'elle ne m'avait pas demandé mon nom. Elle l'avait pêché, tout droit dans mon cigare, à un moment quelconque. Fatigante, cette inquisition permanente.

J'ouvrais la bouche pour signaler ma fringale. La réponse est venue avant la question, bien sûr.

- Le déjeuner sera servi dans une demi-heure.

Crac ! comme ça. Pas maintenant, ou dans une heure. Une demi-heure, point à la ligne. Et le ton sec disait assez qu'il n'était pas question de modifier les habitudes pour moi.

- Je crois qu'il vaudrait milieux établir de suite les bases de nos rapports, Gérald. Tu es ici parce que je le veux bien. J'ai tout pouvoir sur toi, et je peux décider de ton destin d'un claquement de doigts. Tu feras ce que je te dirai de faire ! A chaque instant ! Tâche de t'en souvenir !

La pensée, c'est rapide. Celle-là, j'ai essayé de la camoufler, mais ça a surnagé quand même, un peu trop longtemps. Je m'étals vu en train de la tordre le cou.

Le pistolet était déjà dans sa main. Elle riait.

- Tu crois vraiment que tu pourrais y arriver ?

Non, certainement pas. Foutue télépathe !

Voix très suave :

- Pas foutue télépathe, Gérald ! Dame Erica, pour toi. Et tu me vouvoieras. Je te pardonnerai un certain nombre de pensées irrespectueuses, mais pas trop ! Si tu n'apprends pas à être bien sage, tu le regretteras !

*

**

J'ai passé une partie de la nuit à cogiter. En espérant la charmante endormie. Elle ne pouvait quand même pas capter en permanence, non ?

Je ne savais pas trop que décider. Foutre le camp de suite, en vitesse, ou voir venir ? Qu'est-ce qu'elle me voulait, la toute belle ? Elle n'en avait pas encore soufflé mot. "Des plans pour toi." Lesquels ?

D'un autre côté, me tirer relancerait la meute à mes trousses. Et dans un pays où vivaient des télépathes... Pas tellement simple de rester dans la clandestinité. Il suffirait d'un hasard. Comme celui qui avait amené Erica à me cueillir. Ou celui qui nous avait valu, sans aucun doute, d'être repérés dans notre cave au premier jour de J'expédition, par une cavalière bleue. Je me souvenais du clop clop des sabots. Une promeneuse, qui avait capté mes pensées au passage, et propulsé ensuite Fine Moustache et son équipe droit sur notre refuge.

Que je sois en cavale, et les hasards de ce genre, ça pourrait fort bien se renouveler... Alors ? Attendre ? La nénette n'était pas buvable, d'accord, mais plus fréquentable quand même que Ventre Mou ou Grand Pif. Sans parler des conditions de vie. Je n'étais plus enchaîné, ni condamné aux travaux forcés. Et j'avais été fort bien nourri. Je gagnais nettement au change.

En plus, la toute mignonne, elle se classait dans les huiles. Si on arrivait à s'entendre, je pourrais peut-être aider les copains.

Qu'est-ce qu'ils devenaient ? Hans ? Thomas ? Alex ?

Et Annie ?