XII

Jamais je n'avais vu des blessures guérir à cette allure-là ! Faramineux ! Les champignons n'étaient pas encore totalement bleus, mais Thomas, s'il ne gambadait pas, pouvait tenir debout et s'appuyer sur sa jambe amochée.

Chaque soir, Gamal examinait attentivement les champignons pour juger de leur couleur exacte. Il les retirait des blessures, et les faisait baigner, un petit quart d'heure, dans un fond d'eau. Pendant ce temps, je nettoyais délicatement les plaies. Elles se refermaient déjà, en bourgeonnant. Un vrai miracle !

Je me demandais si ce guérisseur serait acclimatable. Pour en avoir, Frédéric donnerait volontiers une main ou un œil...

J'ai eu l'idée d'un échange, et j'ai questionné Gamal. Est-ce que ceux de la Démence disposaient d'un remède contre la Peste Bleue ? L'île le possédait. La Suisse aussi, depuis qu'on lui en avait fait cadeau.

Il a répondu :

- Oui. Depuis une quinzaine d'années. Un télépathe l'a volé à ceux de l'Aigle, qui venaient de le découvrir. Ca a beaucoup contribué à leur prospérité, et à la nôtre par la même occasion.

J'étais un peu estomaqué. Un remède contre la Peste Bleue ! Une sacrée chimère !

- Jusque-là, a dit Gamal, nous ne disposions que d'une plante, assez efficace, mais évidemment pas à cent pour cent... Mais il n'est pas nécessaire de marchander. Je ne vois pas pourquoi tu n'obtiendrais pas des guérisseurs pour ton île. En milieu méditerranéen, ils s'acclimateraient peut-être. Ce n'est pas certain. Les champignons sont extrêmement capricieux. Toutefois, nous pourrions faire des échanges commerciaux, à la mode d'autrefois. Dès que nous aurons remis les choses d'aplomb.

J'ai soupiré. Quand ci... quand ça... Toujours la même histoire de rêves pour demain. ..

- Ce ne sont pas des rêves, Gérald, a dit Gamal avec une dignité convaincue.

Et voilà ! Encore un coup. J'oubliais tout le temps cette sacrée télépathie.

On bavardait dans la Cuisine. Préparation du repas. J'épluchais des légumes, sans bien en voir la nécessité. Généralement, quand j'en mangeais - pas trop souvent - je les bouffais avec la peau. A moins qu'une bonne âme ne les ait préparés pour moi, comme Denise à Porquerolles.

Les coups frappés à la grande porte de la baraque nous ont fait sursauter. On avait de la visite.

Gamal a chuchoté :

- Va rejoindre Thomas. Ne faites pas de bruit. Rien à craindre. Un policier militaire qui apporte une convocation pour Erica. Je m'en occupe.

Il y a des moments où avoir un télépathe sous la main, c'est bien pratique. Être renseigné à l'avance, ça évite le mouron.

J'ai rejoint Thomas. Il avait quitté son divan, et était debout. Il s'appuyait sur la béquille que j'avais fabriquée pour lui. Le revolver était dans sa main.

Je l'ai rassuré, en parlant à voix prudente 

- Rien de grave. Un policier militaire qui apporte une convocation pour Erica. Il ne soupçonne rien. Gamal l'a sondé.

Porte qui s'ouvre, bourdonnement confus de voix, porte qui se referme.

Gamal est arrivé, avec un papier en main.

- Erica doit se présenter à la justice militaire demain. Le motif de la convocation n'est pas indiqué, mais c'est certainement à propos de ta fuite, Gérald. Erica était responsable de toi. J'ai dit qu'elle était absente, mais ça ne sera pas suffisant. Nous devons partir aujourd'hui même. Il y a deux problèmes. Le premier, c'est que vos signalements ont été diffusés par voie d'affichage. J'ai vu les affiches hier.

J'ai protesté :

- Et tu n'as rien dit ?

- Sur le moment, ça n'avait pas d'importance. Maintenant, si. Pas pour toi, Gérald, les bruns aux yeux clairs sont légion dans ce pays. Ce n'est pas la même chose en ce qui concerne Thomas. Les visages asiatiques comme le sien sont inexistants. Pour le voyage, il devra être dissimulé. Deuxième problème : sa jambe. Il est impossible d'atteindre la Démence en voiture. Nous ne pourrons faire qu'une partie du trajet avec la jeep. Ensuite, nous devrons marcher. Pour Thomas, ce...

Thomas l'a interrompu :

- Ne t'inquiète pas de ça. Je marcherai. C'est loin, la Démence ?

- Pas très. Cent cinquante kilomètres, environ, dont nous pourrons faire les deux tiers en voiture.

Restait donc cinquante kilomètres. Risible, dans notre Optique. Question marche à pied, on était bien rodés. Même en tenant compte de la jambe abusée de Thomas, ça ne ferait jamais qu'une petite promenade.

- Tu te trompes, Gérald, a dit Gamal. Ces cinquante kilomètres, nous les ferons en partie dans la Frange, et en partie dans la Démence. Je crains bien que tu n'y voies pas du tout une promenade...

*

**

Facile et rapide, le voyage en bagnole. Et sans le plus petit pépin. En quittant la ville, on avait croisé une patrouille. Sans qu'elle prenne seulement la peine de nous regarder passer. Beaucoup trop confiants, les Cracheurs de Feu. Ca finirait par leur jouer un mauvais tour...

Thomas avait voyagé au fond de la jeep, sous une couverture. En rognant.

- Pas ma faute, tout de même, si je n'ai pas la gueule conforme au modèle voulu !

Pas très rigolo, évidemment, de devoir rester bien couvert par cette belle chaleur. Ciel très bleu, et soleil. Le Sirocco avait fini par foutre le camp. Faisait chaud quand même...

Au début du voyage, on avait circulé sur route. Pas bien longtemps. Les Cracheurs de Feu n'entretenaient que le strict minimum. Ensuite, on s'était baladés en pleine nature. Sur du terrain méchamment caillouteux ! La jeep rebondissait avec l'ardeur d'un cheval fou. Grosse séance de tape-cul. Tant mieux pour Thomas si les champignons maintenaient leur action anesthésiante. Sinon, il devait en voir de dures...

On a laissé jeep au cœur d'une forêt de cactus. Des cactus monstrueux ! Je n'en avais jamais vu d'aussi gros. Les figues de barbarie mûrissaient, passant du vert au jaune, et du jaune à l'orange. Oiseaux et insectes se disputaient la pulpe pourrissante des fruits tombés.

Thomas s'est extirpé de sa couverture, la gueule un peu rouge, et, à mon avis pas très contente malgré le masque d'impassibilité. Il était aussi trempé qu'au sortir d'un bain. Mais comme je l'étais presque autant que lui...

Ce salaud de Gamal avait exigé le port de pantalons longs, de chemises à manches allant jusqu'aux poignets, de foulards au cou, et pire, de godasses ! Godasses d'épaisse toile doublée, à grosses semelles, et tiges montantes. Fabriquées artisanalement, et assez confortables, mais j'avais quand même les pieds bien cuits.

D'après Gamal, la région abondait en bestioles piqueuses, souvent mortelles. Pas question de s'y promener la peau à l'air. Douce France, où étais-tu ?

Mon uniforme habituel de solitaire me manquait, Et mes lames ! Je n'avais qu'un couteau, celui de l'Arène. Thomas possédait le même, plus le revolver emprunté au garde défunt. Gamal avait emporté le pétard d'Erica. De quoi voir venir, mais j'étais quand même mal à l'aise. Un conditionnement enraciné me poussait à cette impression fâcheuse : une troupe de groupés s'embusquait derrière ces cactus, ils me tomberaient dessus pour avoir ma viande, et, par défaut de mes possibilités coutumières de défense, je finirais à la broche... Con comme la lune, mais ce genre de sensation, ça ne se commande pas.

Un autre truc emmerdant m'est revenu en mémoire, et j'ai demandé à Gamal :

- Il y a de la gelée, par ici ?

- Non. La Démence ne lui convient pas. Nous n'avons jamais été envahis. Ceux de l'Aigle ont eu davantage de problèmes. Ils ont souffert de plusieurs vagues d'agression. Ils les ont anéanties aux lance-flammes, et depuis, ça ne s'est plus reproduit. Par contre, tout le sud de la Tunisie en regorge. Je me demande ce qu'elle y trouve à manger. La région est déserte.

Ca, qu'elle mange ou pas, je m'en foutais. Mon affection pour cette saloperie n'allait pas jusqu'à lui souhaiter longue vie. Et qu'elle soit absente du secteur me réjouissait grandement l'âme. Une emmerde de moins.

On se propulsait à travers du terrain incroyablement rocailleux, tout en creux et bosses. C'était vallonné, et ça grimpait un peu. Des arêtes rocheuses se découpaient sur l'horizon. Rien à voir, quand même, avec les neiges éternelles.

Sacré soleil ! Ca cuisait ferme. Je portais une musette en bandoulière. Bien gonflée. Provisions et flotte. J'avais coincé tant bien que mal deux couvertures en boudins sous le rabat. Encombrant. J'aurais préféré mon sac.

Gamal était équipé comme moi, à une couverture près.

Thomas ne portait rien. Il avait assez à faire avec sa béquille, le bonhomme. Il s'arrangeait pour suivre sans retarder le groupe, mais ce n'était pas trop simple ! J'espérais que cette béquille aurait la bonté de ne pas casser. Par moments, ça menaçait ! 

En bousculant un caillou du pied j'ai fait surgir le Dieu des scolopendres. Noir, grouillant de pattes, et gigantesque.

- Nous entrons dans la Frange, a dit Gamal. A partir de maintenant, je voudrais que vous m'acceptiez comme le chef de l'expédition. Si je donne un ordre, obéissez sans discuter. Immédiatement. Sinon, vous ne survivrez pas.

Ce qu'il proposait m'a semblé parfaitement logique. Il était sur son terrain, et pas nous. Donc, on ferait ce qu'il dirait de faire. Ca tombait sous le sens.

J'ai donné un accord verbal, sûrement pas nécessaire. De son côté, Thomas a répondu par un "O.K.!" placide.

 

J'ai trouvé le lézard très joli. Rouge-rose, maculé de jaune éclatant. Il miroitait au soleil, langue bardée, gorge palpitante. Un morceau de scintillante mosaïque, de la longueur d'une main, perché sur une grosse pierre.

- Faites un détour, a ordonné Gamal. Il saute !

On a contourné la bestiole, assez largement pour qu'elle ne soit pas dérangée.

- Il est mortel ? a demandé Thomas.

- Non. Mais sa morsure provoque une maladie de peau à peu près inguérissable. Il est capable de sauts fantastiques. Quand il est effrayé, il devient agressif. Il bondit, et il mord.

A cinquante mètres de là, deuxième alerte.

Le nuage dérivait vers nous, à hauteur d'homme. Un nuage de poussière orangée, étiré comme une écharpe, qui flottait en changeant de forme.

Gamal a crié :

- Couchez-vous ! A plat ventre ! Couvrez-vous le nez et la bouche ! Si le nuage descend sur nous, cessez de respirer, et tentez de le fuir.

Il a donné l'exemple, en plongeant au sol, et en remontant sur son nez le foulard qu'il portait au cou. Je l'ai imité. Thomas a pris un très léger retard. Sa jambe le ralentissait.

Le nuage est passé, lentement, interminablement. En ayant la bonté de ne pas descendre. La poussière orange tournoyait, parcourue de lents remous. Le soleil l'allumait de reflets éclatants.

Gamal a attendu un bon moment avant de se relever. Et comme toujours, il a répondu à la question que j'allais poser avant que j'ouvre la bouche.

- Ce sont les spores d'un champignon géant, qui fait plus d'un mètre de haut, et qui a la forme d'un entonnoir. Quand il arrive à maturité, il se retourne comme un doigt de gant, avec un bruit qui s'entend de loin. Les spores de plusieurs champignons s'agglomèrent, et errent à l'aventure. Si on a le malheur d'en respirer, ils se fixent dans les poumons, et tentent d'y germer. La victime étouffe.

Eh bien, eh bien ! Fichtrement défendue, la Démence. Je commençais à comprendre pourquoi les Cracheurs de Feu s'abstenaient de l'investir. Heureusement qu'on disposait d'un guide compétent.

Des serpents venimeux. Des insectes dito. Des champignons qu'il ne fallait même pas frôler, parce qu'ils exsudaient un suc vénéneux...

Un bizarre cactus bleu sombre, renflé, couvert de verrues violacées. A contourner très prudemment. Il dégageait des vapeurs irritantes pour les yeux.

Ca s'additionnait, au fi1 des heures, et on perdait un temps fou. On ne couvrait pas un kilomètre sans l'allonger du double en tours et détours.

J'avais eu bonne mine, avec mon petit air supérieur à propos des cinquante kilomètres. Le nez dans son caca, le Gérald.

Vers la fin de l'après-midi, Thomas a commencé à donner des sites de fatigue. Loin d'être évidents, mais je le connais bien. Gamal aurait pu se laisser prendre à la feinte, mais la télépathie le renseignait très bien. Il a décidé la halte.

Avant d'établir le camp nocturne, il a fouillé tout le terrain, minutieusement, et a fini par le déclarer convenable. On pouvait dormir là.

On s'est installés. Je me suis occupé du pansement de Thomas. Gamal a retiré les champignons, les a auscultés, et les a déclarés suffisamment bleus pour être presque mûrs. On ne les remettrait pas.

Moi, je ne voyais pas la moindre différence. Ca faisait plusieurs jours que je les trouvais foutrement bleus. A la place de Thomas, j'aurais gueulé pour qu'on arrête les frais.

On a mangé, bu, et bouffé des figues de barbarie pour le dessert. Gamal savait éplucher ces quintessences épineuses sans même s'égratigner les doigts. Je ne m'y serais pas risqué. Les épines sont fines, cassantes comme du verre, et je ne pigeais pas comment il tapotait ces trucs sans avoir les mains transformées en pelotes d'épingles.

A l'heure dodo, Gamal nous a recommandé de nous emmailloter dans nos couvertures sans rien laisser dépasser. Même pas la tête. 

- Et si je la rejette en dormant ? a demandé Thomas.

- Tâche de ne pas le faire, a répondu Gamal, glacé. Bon nombre d'insectes nocturnes sont liqueurs, et souvent dangereux.

Vous avez déjà essayé de dormir bien emballé dans une couverture quand il fait une chaleur tuante ? Bon. Passons. A la longue, j'ai fini par roupiller quand même. Et le subconscient a dû veiller. Je n'ai pas ouvert involontairement le paquet pendant mon sommeil.

Au réveil, je me suis dégagé très précautionneusement de la couverture, comme le spécialiste me l'avait recommandé la veille. Une grosse bestiole bourdonnante et furieuse s'est envolée. Et quand, toujours sur les conseils du spécialiste, j'ai secoué ma musette, j'ai fait dégringoler un joli scorpion bleu acier. Moins gros que celui d'Erica, mais bien assez impressionnant quand même.

*

**

On commençait à voir des touffes d'herbes, et quelques arbres, principalement des chênes-lièges. Ca me surprenait. Parce que les arbres, dans ce pays, c'était foutrement rare, en dehors des zones artificiellement irriguées.

- Depuis la guerre, a expliqué Gamal, un microclimat s'est installé dans la Démence. Nous avons d'assez fréquents orages. La végétation a poussé.

Il s'en préparait un, d'orage, ou je me trompais fort. La lumière solaire devenait diffuse, et la chaleur s'était exaspérée. De grosses mouches couleur d'ambre dansaient autour de nous. Elles piquaient, les garces ! J'avais déjà quelques belles cloques. Pas dangereux, d'après Gamal. Ca gratterait, voilà tout.

Thomas béquillait. Pas la grande bonne humeur. Il dévidait des jurons. Entre sa patte folle et les mouches, il était très occupé.

- Est-ce que tu pourrais forcer un peu l'a1lure, Thomas ? a demandé Gamal. Un orage se prépare, et il faudrait que nous franchissions la faille avant. Il y a un oued. Pendant les orages, il se réveille de façon très spectaculaire. Nous ne pourrions plus passer. Et je ne parle pas du risque d'être surpris par la ruée de l'eau.

Thomas a accéléré sans se plaindre.

J'ai demandé s'il voulait un coup de main. Non, il ne voulait pas. Il m'a envoyé paître d'une voix exquisément douce, ce qui me révélait un maximum de rogne intérieure. Curieux. Moi, quand je rage, j'explose. Ça me paraît plus logique.

J'ai questionné Gamal sur la faille. Qu'est-ce que c'était ?

- Un ravin, qui borne la Démence. Nous y serons bientôt.

Pas si bientôt que ça, mais on y est arrivés quand même.

La coupure tranchait net dans du roc. Une coulée de pierres bousculées s'étirait au fond. A sec pour le moment, l'oued. Pas un atome de flotte. Mais le passage occasionnel de l'eau s'avouait par deux haies touffues de lauriers-roses.

Large, la faille. Pas très haute, mais trop haute quand même pour Thomas.

Je n'avais pas demandé le pourquoi du rouleau de corde que Gamal transportait. La corde, pour moi, ça fait partie du matériel survie. On l'a utilisée pour faire descendre Thomas, avec précaution. Il a atterri dans les lauriers-roses, et y a presque disparu.

- Écarte-toi, a conseillé Gamal. Il peut y avoir des habitants dangereux, dans ces lauriers.

Thomas a récupéré sa béquille, et il est allé attendre plus loin.

Je suis descendu par mes propres moyens, de même que Gamal. Très simple, Rien à voir avec l'alpinisme.

Remontée de l'autre côté, puis récupération de Thomas. Il n'était pas enchanté de se faire transbahuter comme un colis, le copain. Sa voix coulait comme du miel. Du miel gelé. Je le comprenais, quand même. Un solitaire, ça aime bien se débrouiller seul, et ne dépendre de personne.

Je croyais en avoir déjà vu pas mal dans la Frange, Je me courais. A mesure qu'on pénétrait plus avant dans la Démence, l'allure ralentissait. En rapport direct avec la multiplication des alertes. Attention à ci ! Attention à ça !

Exemple : une demi-douzaine de scarabées, d'un joli bleu-vert. Ronds, et apparentés par la taille à de petites tortues. Allure paisible, et apparemment inoffensive. Tu parles Charles ! Et un détour, un, pour ne pas déranger ces Messieurs. Quand ils sont mécontents, ils projettent à bonne distance des gouttelettes de liquide qui provoquent une fièvre tenace.

Exemple deux : une plante de très grande taille, assez analogue d'aspect à un chardon géant. Jolie teinte rose-jaune, et odeur miellée. A éviter. Celle-là explose, et bombarde le passant imprudent de minces aiguilles empoisonnées.

Exemple trois : un tronc d'arbre mort occupé par une colonie bourdonnante et ailée. Des bestioles taille frelon, couleur de sang frais.

- Attention, dit Gamal. Vous les trouvez très belles, très gentilles, vous les aimez beaucoup, vous n'avez aucune intention de nuire, vous ne faites que passer. Juste passer. Elles captent l'hostilité. Elles nous piqueraient à mort.

Et je passe, en émettant des flots de tendresse. Du moins, je l'espère...

Des insectes télépathie ! Un comble !