« Eh bien, dit l’inspecteur, Dieu me pardonne ! Mais c’est Vannier lui-même, en chair et en os... surtout en chair ! »

Julot était fou de rage contre François.

« Ce garçon ! grondait-il. Ce garçon !

— Les diamants sont-ils là, Vannier ? interrogea gaiement le brigadier. Allons, donne-les-moi »

Vannier était livide. Il ne broncha pas. Ce fut Mick qui se baissa et tira un sac de dessous le lit étroit.

« Les voici, les diamants, dit-il avec un sourire joyeux. Il doit y en avoir pas mal, le sac est d’un lourd » Pouvons-nous sortir d’ici maintenant, François ? »

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« Les voici, les diamants », dit-il avec un sourire joyeux.

Les gendarmes aidèrent les trois enfants à sortir de la chambre. Et avant qu’ils aient su ce qui leur arrivait, Vannier, Julot et Bertaud se retrouvèrent les menottes aux mains.

« Un très, très joli butin, dit le brigadier, toujours aimable, en examinant le contenu du sac. Qu’est-il arrivé à tes vêtements de prisonnier ? Tu as un beau complet sur toi... mais ce n’est pas celui que tu portais en prison.

— Je peux vous dire où sont ces vêtements », dit François. Tout le monde le regarda avec ébahissement, sauf Claude et Annie, qui avaient compris.

« Ils sont dans un puits près d’une cabane abandonnée, sur une route qui longe les bois de Guimillau, dit François. Je pourrai retrouver l’endroit. »

M. Bertaud considéra le garçon comme s’il ne pouvait en croire ses oreilles.

« Comment pouvez-vous savoir cela ? questionna-t-il d’un ton furieux.

— Je le sais, répliqua François. Et je sais aussi que vous lui avez donné d’autres vêtements et que vous êtes arrivé à la cabane dans votre voiture noire. J’ai tout vu !

— Vous voilà pris au piège, Bertaud », dit le brigadier d’un air satisfait. Puis, se tournant vers François : « C’est bien, mon garçon, vous feriez un bon détective. Je vous fais tous mes compliments. »

Bertaud écrasa sa cigarette sur le sol d’un coup de pied rageur. Certainement, c’est François qu’il aurait voulu écraser ainsi ! Ces enfants ! Si cet imbécile de Julot n’avait pas cherché à se venger de Richard, rien de tout cela ne serait arrivé. Vannier serait resté dans sa cachette, puis parti pour l’étranger, les diamants auraient été vendus, et lui, Bertaud, aurait fait une petite fortune. Et cette bande de gamins avait tout gâché !

« Y a-t-il d’autres personnes dans la maison ? demanda le brigadier, s’adressant à François. Vous qui avez l’air de tout savoir, vous devez savoir cela aussi.

— Oui, Margot et La Bosse, répondit François. Mais Margot a été très bonne pour nous, monsieur. Et c’est La Bosse qui la tient ici par la terreur.

— Je prends bonne note de ce que vous déclarez », dit le brigadier. Il s’adressa ensuite à ses hommes : « Fouillez la maison, et ramenez-moi La Bosse et Margot. Ils serviront en tout cas de témoins. Que deux d’entre vous restent ici. Nous, nous allons partir. »

Il fallut prendre la Renault et les deux voitures de patrouille pour emmener tout le monde à la gendarmerie. Les bicyclettes des enfants durent rester là, car il n’y avait pas assez de place dans les voitures.

« Rentrez-vous chez vous ce soir ? demanda le brigadier à François. Nous allons vous accompagner. Vos parents ne se sont-ils pas inquiétés ?

— Ils sont en voyage, expliqua François. Nous faisions une randonnée à bicyclette. Ils ne savent donc pas ce qui nous est arrivé. Et je me demande où nous allons passer la nuit. »

Mais un message attendait le brigadier. Ce message disait que Mme Quentin serait très heureuse que François et ses compagnons passent la nuit sous son toit. Elle avait hâte d’apprendre tous les détails de leurs extraordinaires aventures.

« Bon, dit François, la question est réglée. Nous allons chez Mme Quentin. D’ailleurs, je veux féliciter ce vieux Richard. Il a agi en héros, finalement !

— Il faudra que vous restiez dans le voisinage pendant quelques jours, dit le brigadier. Nous aurons besoin de vous pour nous donner tous les renseignements sur ces bandits. Vous nous avez rendu un fier service.

— Nous reviendrons ici, promit François. Et si vous pouviez faire prendre nos bicyclettes, nous vous en serions très reconnaissants, monsieur le brigadier. »

Richard attendait ses amis devant la porte, bien qu’il fût très tard dans la nuit. Propre et habillé de frais, il faisait contraste avec la petite troupe d’enfants sales, aux vêtements fripés, qu’il venait accueillir.

« Ce que j’aurais voulu être là au dernier moment ! s’écria-t-il. Le brigadier m’a renvoyé chez moi, j’étais furieux. Maman... papa... voici mes camarades. »

M. Quentin était juste de retour d’Amérique. Il serra la main de tous les enfants.

« Venez dîner, dit-il. Nous avons préparé un bon repas, pensant que vous seriez affamés.

— Dites-moi ce qui est arrivé, dites-le-moi tout de suite ! supplia Richard.

— Il faut d’abord que nous prenions un bain, dit François. Nous sommes dégoûtants. »

Ce fut un délice que de prendre un bain bien chaud et d’enfiler des vêtements propres. Claude eut droit à un short, et les autres enfants sourirent malicieusement en voyant que M. et Mme Quentin la prenaient pour un garçon. Claude sourit aussi, mais elle ne dit rien.

« J’étais furieux contre Richard quand j’ai appris ce qu’il avait fait, dit M. Quentin lorsqu’ils furent tous assis à table. J’ai eu honte de lui. »

Richard prit un air malheureux et jeta un coup d’œil suppliant à François.

« Oui, Richard a agi bêtement », dit François.

Richard parut encore plus malheureux. Rougissant, il baissa le nez vers la nappe.

« Mais, poursuivit François, il a bien réparé ses bêtises, monsieur. Il a offert de partir dans le coffre à bagages pour essayer d’aller avertir la police. Il fallait du courage, croyez-moi. Maintenant, j’ai une haute opinion de Richard. »

Il se pencha et donna à celui-ci une tape amicale. Les autres enfants l’imitèrent et Dagobert poussa un aboiement approbateur.

Richard avait rougi encore plus, mais cette fois, c’était de plaisir.

« Merci, dit-il gauchement.

— Tâche de continuer à te bien conduire, dit son père. Toute cette histoire aurait pu finir tragiquement.

— Mais elle s’est très bien terminée, dit Annie. Nous pouvons souffler de nouveau.

— Jusqu’à la prochaine fois, dit Mick en riant. Qu’est-ce que tu en penses, toi, mon vieux Dago ?

— Ouah ! fit Dagobert en frappant vigoureusement le sol de sa queue. Ouah ! »

 

 

FIN