CHAPITRE XXI
Caaldra n’était pas retourné au Happer’s Way. Mais elle l’ignorait quand ils arrivèrent à l’appareil, et elle ne voulut pas prendre de risque inutile. Elle ordonna aux soldats de fouiller le cargo deux par deux et laissa l’éclaireur de garde en bas de la passerelle.
Elle retrouva son sac à l’endroit où elle l’avait laissé, apparemment intact. Mais ce n’était qu’une apparence. Caaldra s’était désintéressé de la majorité de ses affaires, mais il avait dû bien passer une heure à trafiquer ses grenades et son blaster pour s’amuser. Abandonnant ces objets derrière elle, elle enfila sa combinaison de combat noire et son manteau pour se protéger des yeux indiscrets et des senseurs, mais également du froid qui tombait. Enfin, elle mit son blaster K-14 sur sa hanche, son sabre laser à sa ceinture, et sortit.
Dix minutes après leur arrivée, ils étaient en route pour le palais du gouverneur.
— Connaissez-vous le chemin ? demanda Mara du siège arrière.
Elle avait fait exprès de s’asseoir là quand ils étaient repartis. Les soldats étaient deux par deux devant elle. Et l’éclaireur leur ouvrait la voie sur sa motojet.
— Nous avons téléchargé une carte, répondit le commandant d’unité, montrant l’écran. Elle nous indique la meilleure route.
— Excellent, dit Mara. (Elle prit son sabre laser et l’appuya sur le siège en face d’elle.) Nous avons quelques minutes. Racontez-moi votre histoire.
L’un des soldats se tourna à moitié vers elle.
— Pardon, Madame ?
Sa main droite se déplaçait vers son E-11.
Poussant un soupir, Mara alluma son sabre laser.
La lame magenta jaillit entre les deux paires de casques blancs.
— Ne touchez pas à vos armes, conseilla-t-elle, au cas où une lame à trente centimètres de leur cou ne suffirait pas. Nous commencerons par ce que vous répugniez tant à dire un peu plus tôt.
Les soldats de choc échangèrent des regards.
— Ah, vous êtes timides, fit-elle comme s’ils devisaient agréablement. Laissez-moi commencer. Vous et votre cargo – j’ai bien dit votre cargo, et non celui d’un associé – étiez sur Gepparin après l’attaque du Représailles contre la base des pirates. Je vous ai vus, posés sur le seul emplacement encore intact, alors que je sortais par la porte de secours du Commodore. Cela vous semble-t-il familier ?
— Oui, Madame, répondit leur chef. Mais nous n’avons pas participé à l’assaut.
— Je sais, répondit Mara. Sinon vous auriez déjà tenté de m’attaquer. Que faisiez-vous là-bas ?
— Nous traquions les BloodScars. Nous avions la preuve qu’ils rassemblaient d’autres organisations criminelles. Nous sommes allés sur Gepparin en espérant trouver qui finançait cette opération.
— Et l’avez-vous découvert ?
Il regarda son partenaire.
— Nous le pensons, oui.
— Bien. Moi aussi. Sous l’autorité de qui opérez-vous ?
— Eh bien, nous… commença-t-il.
— Ne vous inquiétez pas, j’ai toutes les autorisations, l’assura Mara. Je suis tout en haut de l’échelle. Et je crois comprendre que vous ne figurez sur aucune liste officielle ?
— Effectivement, répondit le commandant.
— Alors, quel est le nom de votre unité ?
Il hésita.
— Nous sommes connus comme la Main du Jugement.
Mara haussa un sourcil.
— Un peu poétique pour des soldats de choc, et bien trop pour le BSI.
— Nous l’avons choisi nous-mêmes.
— Et nous ne sommes pas autorisés à en dire plus, ajouta le commandant.
Mara réfléchit. Bien sûr, elle pouvait les forcer à parler. Mais le gouverneur Choard avait dû être alerté de sa présence, alors il serait dangereux pour elle de pénétrer seule sur sa propriété. Cette Main du Jugement ne l’avait pas attaquée quand elle était partie de Gepparin. Et ces hommes étaient venus à son aide quand l’AT-ST de Caaldra l’avait abattue.
Et puisque Vador et son 501e étaient obsédés par la capture de Leia Organa, elle ne trouverait pas d’alliés en qui elle pourrait avoir davantage confiance.
— Comme vous voulez, dit-elle. Mais peu importe qui vous donne vos ordres, vous êtes à moi pour les deux heures qui vont suivre.
— Oui, Madame, répondit leur chef.
— Bien. (Mara éteignit son sabre laser.) Quels sont vos matricules ?
— Nous préférons utiliser des noms. Ça va plus vite… dans le feu de l’action.
Mara lui donnait raison sur ce point. Mais l’armée avait toujours préféré les numéros.
— Eh bien, quels sont-ils ?
— Je m’appelle LaRone, répondit le chef, avant de montrer l’homme à sa droite. Lui, c’est Marcross. Derrière lui, il y a Grave. Et enfin, Quiller. L’éclaireur se nomme Brightwater.
— Appelez-moi Jade, dit Mara, utilisant la Force.
Elle n’avait jamais entendu parler de soldats de choc parcourant l’Empire sans toute une chaîne de commandement au-dessus d’eux. Mais c’était peut-être une idée de l’Empereur. Et dans ce cas, ils reconnaîtraient peut-être son nom.
Ils n’eurent aucune réaction. Apparemment, l’Empereur leur avait caché Mara et inversement.
— Madame ?
— Jade.
— Jade, corrigea LaRone. Puis-je vous demander quel est votre plan ?
— Je dois entrer, et vous allez m’y aider, expliqua-t-elle. C’est tout ce que vous devez savoir.
— Oui, Madame, répondit Grave.
— Attendez-vous à une certaine résistance, ajouta Mara.
À l’avant, Marcross coula un regard en biais à LaRone.
— Ne vous inquiétez pas. Nous sommes prêts.
La réception organisée à la hâte par le gouverneur Choard avait pris bien trop de temps à Disra. Mais les invités commençaient à partir, et il put enfin regagner son bureau. Il alluma les lumières, ferma à clé derrière lui et s’achemina vers sa table de travail.
Il avait fait trois pas quand il réalisa qu’il avait un visiteur.
— Pourquoi ne répondez-vous pas à votre comlink ? demanda Caaldra, levant les yeux de l’ordinateur de l’administrateur.
Disra sentit son cœur s’affoler. Que manigançait-il ?
— Le gouverneur a organisé une petite réception de dernière minute. Je devais y assister.
— Une réception ? répéta Caaldra. Maintenant ?
— La cité grouille de soldats de choc. C’est le seul moyen de calmer les citoyens de la première caste, répondit Disra. (Il se força à avancer – il avait caché un blaster sous son fauteuil.) Que faites-vous ici ?
Le visage de Caaldra se tordit en un semblant de sourire, et pour la première fois, Disra perçut la douleur que l’autre essayait de lui dissimuler.
— Je vous apporte vos AT-ST, bien entendu.
— Je voulais dire : que faites-vous dans mon bureau ? clarifia Disra.
Il vit alors la manche arrachée de Caaldra et le bandage de fortune autour de son avant-bras.
— Que s’est-il passé ?
— Un léger accident. J’ai dû faire exploser la soute du cargo. (Sa bouche se tordit.) Je suppose que vous n’en avez pas entendu parler ?
— Pas un mot depuis que vous m’avez tiré de la réception, plus tôt, pour vous aider à atterrir au palais, fit Disra, qui avait estimé plus important d’être vu à la stupide fête de Choard que de monitorer l’arrivée inopinée de son complice – et il avait visiblement eu tort. Racontez-moi.
— Notre agent impérial m’a filé entre les doigts, répondit Caaldra. Elle est ici, à Makrin City.
Un frisson glacé parcourut l’administrateur.
— Vous prétendiez avoir trafiqué le seul vaisseau disponible sur Gepparin.
— Pas assez, j’imagine. Elle s’est posée à Greencliff dix minutes après moi.
— Elle vous a suivi ici ?
Caaldra inclina la tête sur le côté.
— Si nous avons de la chance.
— Vous donnez à ce mot une drôle de définition, renifla Disra.
— Non, je détiens de nouvelles informations. Durant le vol de Gepparin, j’ai réussi à contacter l’un des membres d’équipage que je connais à bord du Représailles. Il semble que l’attaque sur la base n’ait rien eu à voir avec nous.
— Les Impériaux se désintéressent des pirates.
— Oui, donc ce n’était qu’une couverture. Et d’après les bruits qui courent, notre agent aurait vu quelque chose dans l’ordinateur du destroyer, un détail qu’elle n’était, pas censée découvrir. Et Ozzel l’aurait suivie jusqu’à Gepparin pour la faire taire.
— Vous plaisantez ! s’écria Disra, le regardant fixement. Qu’aurait-elle appris de si important ?
— Une opération du BSI à laquelle des soldats de choc participent, paraît-il. (Caaldra haussa un sourcil.) C’est la version officielle. Selon l’officieuse, ils auraient tué un BSI et déserté.
Disra ouvrit de grands yeux.
— Impossible. Ces hommes ne désertent pas.
— Avant, non, mais aujourd’hui, qui sait ? La pourriture gangrène d’abord le sommet et se répand, et le Centre Impérial est plus fétide qu’un égout. (Il agita la main.) D’où ces manifestations d’indépendance.
— Oui, merci, je sais, répondit l’administrateur, acide, l’esprit en ébullition – si l’agent était après eux… Attendez. Combien y a-t-il de déserteurs ?
— Bien, approuva Caaldra. Cinq. Exactement le même nombre que ceux qui ont débarrassé Ranklinge de Cav’Saran et de ses hommes.
Considérablement moins que les trois escouades dont les swoopers s’étaient plaints. Mais depuis quand pouvait-on faire confiance à ces gars-là ?
— C’est eux l’unité rebelle qui sévit à Shelsha ?
— La Main du Jugement, acquiesça l’autre. Comme c’est ironique. Nous nous sommes inquiétés d’un agent impérial secondé de ses soldats de choc, alors qu’elle les exécuterait elle-même si elle les croisait.
— C’est une pensée réconfortante, gronda Disra. Du moins me sentirais-je rassuré si elle ne se trouvait pas à notre porte.
Caaldra secoua la tête.
— Vous ne comprenez pas. Ce n’est pas elle qui a fait le lien entre nous et les BloodScars. Ce sont les soldats de choc.
Oui, réflexion faite, cela semblait raisonnable.
— Elle vous a suivi ici, rappela-t-il néanmoins.
— Elle sait seulement que j’ai retrouvé le Commodore sur Gepparin, répondit Caaldra. C’est aussi bien que cet idiot, à bord de l’Executor, ne m’ait pas laissé atterrir au palais finalement.
Disra soupira, soulagé. L’agent ne les pourchassait pas. Ce n’était qu’une coïncidence que Caaldra et lui avaient mal interprétée.
— Nous sommes saufs, donc.
— Probablement. Mais tenons-nous prêts à toute éventualité, au cas où elle aurait trouvé quelque chose dans les ruines de Gepparin.
L’administrateur frissonna. Il avait raison. Parce que si l’agent se montrait avant qu’il n’ait remis les enregistrements à Vador, il serait fini.
— Quand arrivera-t-elle ?
Caaldra haussa les épaules.
— Je lui ai laissé une petite diversion, mais j’ignore combien de temps ça l’occupera. (Il montra l’ordinateur.) J’ai augmenté le niveau de sécurité de vos défenses, mais je ne peux pas restructurer la configuration de la garde sans les codes adéquats.
— Je m’en occupe, dit Disra en lui signalant de lui céder la place. Mais cela l’arrêtera-t-il ?
— Pas si elle nous pourchasse, répondit Caaldra en obtempérant. Ce qui signifie que nous devons agir maintenant.
— Vous êtes devenu fou ? Déclarer notre indépendance alors que Vador et le 501e sont dans la cité ?
— Si nous nous y prenons bien, ils seront trop occupés pour se soucier de nous. J’ai ordonné aux pirates de se tenir prêts. Vous n’avez plus qu’à leur envoyer l’ordre.
Et en quelques heures, Shelsha serait englouti par le feu, la guerre et la mort. Les pirates attaqueraient et détruiraient les garnisons impériales, ils entreraient en possession des fabriques de matériel militaire, et leurs taupes prendraient des cités et des représentants officiels de l’Empire en otages. Ils proclameraient leur indépendance, et le Centre Impérial n’aurait plus qu’à réagir.
Et il serait impossible de revenir en arrière.
— Très bien, lâcha Disra en activant la console de communication. Mais il me faut un peu de temps pour passer tous ces appels. Assurez-vous que l’agent ne me trouve pas avant que ce soit fini.
— Aucun problème, affirma Caaldra en se retournant pour gagner la porte dérobée.
Disra le regarda partir, étouffant son désir de tirer son blaster et de l’abattre. Car il n’osait pas. Il devait réunir les enregistrements pour Vador, et il ne se faisait aucune illusion – les gardes ne réussiraient pas à le protéger de l’agent. Seul Caaldra le pouvait.
— Au fait, appela-t-il. Sait-on où est la Main du Jugement ?
Caaldra secoua la tête.
— Ces types doivent être allés jouer les héros quelque part. Ne vous inquiétez pas. Le dernier indice nous reliant aux BloodScars est parti en fumée sur Gepparin.
— Espérons-le, marmonna Disra, éteignant la com.
Il n’enverrait aucun message aux pirates ce soir. Pas s’il pouvait l’éviter.
Il cliqua sur ses compilations d’enregistrements. Ironique, avait dit Caaldra. Il n’avait pas idée ! Disra le manipulait depuis deux ans déjà. Et voilà que tout à coup, l’avenir de Disra reposait sur les épaules de Caaldra, sur sa capacité à intercepter et tuer un agent impérial.
Disra espérait qu’il était aussi bon qu’il le prétendait.
Ils étaient encore à cinq pâtés de maisons du palais quand LaRone nota la présence de gardes déguisés.
— Je crois en avoir déjà vu au moins un autre, répondit Grave quand il partagea ses soupçons. Mais rien de sûr.
— C’en était un, confirma Jade. Je l’ai lu dans ses yeux.
— J’ignorais que les gouverneurs se protégeaient ainsi, observa Quiller.
— D’habitude, ils ne sont pas aussi bien gardés. Quelqu’un au palais n’a pas la conscience tranquille.
— Que fait-on ? demanda Grave alors qu’ils dépassaient une autre silhouette.
— Rien. La cité grouille de soldats de choc, alors vous passerez inaperçus.
— Il nous faudra plus qu’une armure blanche pour entrer, insista le pilote.
— C’est bien pour ça que nous n’emprunterons pas la porte, répondit Jade. Le gouverneur s’est offert une grande propriété. Nous traverserons les jardins à couvert.
— Le mur d’enceinte doit être piégé, commenta Grave.
— Ça ne posera pas problème, l’assura-t-elle.
Marcross s’agita un peu.
— Nous pouvons utiliser la sortie de secours du gouverneur, proposa-t-il.
LaRone le regarda, surpris.
— Il a une sortie de secours ?
— Tous les gouverneurs et moffs en ont une, fit Jade d’un ton méprisant. Comment le savez-vous, Marcross ?
— J’ai grandi à Makrin City. Adolescent, je traînais avec le fils de Choard, Crayg. Elle se situe au nord-est, débouchant dans Farfarn District. Un pan de mur se dérobe.
— Et Choard vous laissait l’utiliser ? s’enquit Quiller.
— Je ne crois pas qu’il l’ait jamais su. C’est loin de la porte principale. À cet endroit, il y a surtout des fontaines et des bassins, et le sol est dallé, pour ne pas laisser d’empreinte. Crayg se glissait dehors la nuit, pour visiter les clubs et les cantinas.
— Comment déjouiez-vous les alarmes ? s’enquit Jade.
— Il n’y en a pas, expliqua Marcross. Je crois que Choard a toujours craint que ses gardes ne se retournent contre lui, alors il leur a caché cette porte. Elle est fermée à clé.
— Aucun problème. Allons jeter un coup d’œil.
Le plastron de Marcross se souleva sur un soupir.
— À droite au prochain croisement.
Il les guida hors de la route principale et sur un terrain un peu marécageux. Les rues étaient étroites et suivaient les méandres des ruisseaux. LaRone remarqua que les maisons étaient construites à un mètre du sol. Le quartier était manifestement inondable.
— Ici, dit Marcross, montrant du doigt. Là où le mur s’incline vers ceux des maisons.
LaRone lâcha l’accélérateur et le speeder s’arrêta.
— Pas très sécurisé, commenta Quiller. Avec des ennemis assez intelligents pour encercler la propriété, il tomberait directement dans leurs bras.
— Il y a un chasseur prêt à décoller dans cette maison, ajouta Marcross, indiquant une bâtisse décrépite. Et en cas de besoin, il existe un tunnel reliant le jardin à celle-ci. Mais je n’ai jamais vu ni l’un ni l’autre.
— Nous n’allons pas passer par là, de toute manière, ajouta Jade.
— Alors pourquoi m’avez-vous demandé de vous conduire ici ? s’étonna-t-il.
— Changez de ton, soldat, l’avertit la jeune femme. Les conspirateurs emprunteront probablement cette porte, et je ne veux pas me frotter à eux avant que nous soyons prêts. Là, ce sera parfait.
LaRone s’arrêta entre les deux arbres.
— Sortez tous, ordonna Jade. Je veux un périmètre.
Elle s’avança vers la muraille, son sabre laser à la main.
Dès que Brightwater les eut rejoints, LaRone leur commanda d’exécuter une formation en carré.
— Que faisons-nous ? demanda l’éclaireur.
— Je réfléchis, répondit LaRone, regardant Jade du coin de l’œil.
Elle écoutait, l’oreille appuyée contre la construction.
— Nous allons entrer silencieusement et sans tuer personne, dit Jade. Avez-vous entendu parler du gaz cryseefa ?
— C’est un poison acide, répondit Brightwater. Très corrosif et mortel pour toute créature respirant de l’oxygène.
— Excellent. Ils en ont placé une bouteille ici… (elle montra du plat de la main)… ici et ici…
— Prêtes à tuer quiconque essaierait de forcer le passage, murmura LaRone, écœuré.
— Et tous ceux qui se trouveraient à cinquante mètres à la ronde, confirma Jade. Une arme efficace, qui n’épargne personne.
— Et vous pouvez dire avec exactitude où sont les bouteilles ?
— Les murs collectent la chaleur pendant le jour, expliqua-t-elle, allumant son sabre laser. La pierre et le métal produisent des sons différents quand ils refroidissent. Vous devriez reculer.
Pas un ne bougea. Levant sa lame horizontalement, elle l’enfonça dans le mur, dans lequel elle découpa un cercle. Quand elle eut fini, elle referma son arme.
— Voulez-vous que nous nous en occupions ? demanda LaRone.
— Inutile, répondit-elle.
Elle inspira et leva une main. Il y eut un bruit de pierre contre de la pierre, et le cylindre sortit. Marcross s’avança pour le récupérer.
Jade le remercia d’un hochement de la tête, puis elle recommença plus loin. Cinq minutes plus tard, six cylindres gisaient sur le sol.
— C’est fini ? demanda LaRone.
— Pour le moment, répondit Jade, se retournant pour leur faire face. Comprenez-moi bien, une fois à l’intérieur, nous serons en territoire ennemi. Si nous pouvons passer sans tuer de gardes, parfait. Mais dans le cas contraire, n’hésitez pas.
— Compris, rétorqua LaRone.
Une minute plus tard, Jade leur avait taillé une ouverture dans la partie sûre du mur d’enceinte.
— Commandant, déployez vos hommes, dit-elle.
LaRone acquiesça.
— Brightwater, tu feras le tour jusqu’à la porte. Je veux savoir combien de gardes risquent de troubler la fête. Grave, Quiller, sur les flancs. Marcross en tête. Tu conduiras Jade et l’introduiras dans le palais. Je fermerai la marche. Nous reformerons l’unité dès que Marcross nous donnera le feu vert. Grave, file un coup de main à Brightwater.
Ils firent entrer la motojet, puis l’éclaireur remonta dessus et partit sur la gauche, disparaissant très vite dans la végétation. Grave et Quiller se mirent en route, puis Marcross.
LaRone voulut les suivre…
— Un instant, Commandant, murmura Jade, lui posant une main sur le bras. Il vaut toujours mieux que le second soit au courant de la mission.
— Oui, Madame, répondit-il, le cœur battant.
— Notre cible est le gouverneur Choard. Il a commis un acte de haute trahison envers l’Empire en conspirant avec des pirates pour s’emparer de cargaisons militaires et en envoyant le Représailles sur Gepparin pour me tuer. Pour l’un comme pour l’autre de ces crimes, il mérite la peine de mort.
— Bien reçu.
LaRone nageait en plein surréalisme. C’était une chose d’être assis dans l’espace et de parler de repaires de pirates et de devoir à accomplir. C’en était une autre de se tenir devant le palais d’un gouverneur impérial et d’assister à son exécution de sang-froid.
— Alors allons-y, dit Jade.
Elle passa son sabre dans sa main gauche et tira son blaster de la droite. Puis elle entra.
Défendre l’Empire et ses citoyens… S’assurant qu’il avait bien retiré la sécurité de son E-11. LaRone lui emboîta le pas.