CHAPITRE XX

— C’est de la folie ! s’écria Yan.

— C’est ce que j’ai dit, fit Quiller, debout près de lui. Mais LaRone n’a pas voulu m’écouter.

Regardant par le pare-brise fumé du speeder, Luke fronça les sourcils. Ils avaient raison. Cette sortie à sept était de la folie avec tous les soldats de choc de Vador, et le seigneur sith lui-même, dans la cité. Mais même si Chewbacca était resté à bord du Suwantek – non sans protester –, il savait que Yan et lui n’auraient pas pu sortir tout seuls du spatioport.

Désormais, ils étaient escortés par cinq Impériaux, l’un sur une motojet, ouvrant la marche, les quatre autres avec eux. La police locale n’y avait vu que du feu.

Évidemment, ils passeraient le véritable test quand ils croiseraient les hommes de Vador. À ses yeux, tous les soldats de choc se ressemblaient. Pourtant d’après leurs nouveaux alliés, ils savaient se distinguer entre eux. Alors si ceux du 501e réalisaient que LaRone et ses amis n’appartenaient pas à leur unité, ils se retrouveraient dans de sales draps.

Mais le 501e devait d’abord les repérer… et ils avaient un allié que même Vador ne pouvait prévoir.

Luke sentit la Force se manifester et dit :

— Tournez à gauche au prochain croisement.

LaRone hocha la tête et fit signe à Brightwater.

— Si seulement il y avait plus de circulation, maugréa Yan en regardant dehors. Tout le monde dîne au même moment par ici ou quoi ?

— Ils ne sont pas en train de manger, répondit Marcross. Ils se terrent chez eux.

— Des forces impériales ont atterri, ajouta Grave. Vous croyiez peut-être trouver les autochtones le long des rues pour les voir défiler ?

— Tournez ici, continua Luke.

— Comment savez-vous où ont été placées les patrouilles ? demanda Grave. J’ai piraté leur fréquence et malgré ça je n’arrive pas à prédire leurs déplacements.

— Vous perdez votre temps, lança Yan. Il va vous dire que c’est un truc de Jedi.

— C’est bien ce qui me fait flipper, contra Quiller. Ils ont disparu depuis des années !

— C’est encore loin ? demanda LaRone.

— Un ou deux pâtés de maisons, l’assura Luke.

Et si les soldats de choc étaient déjà là, ils devraient emmener Leia juste sous leur nez.

Un murmure effleura son esprit, et il sentit le danger.

— Stop ! s’écria-t-il. Vite !

L’instant suivant, il fut projeté contre sa ceinture, LaRone ayant freiné brutalement.

— Qu’y a-t-il ? demanda-t-il.

Des canons se firent entendre juste derrière eux. Luke se retourna sur son siège et vit un petit appareil, les moteurs en feu, descendre en spirale.

 

Le Happer’s Way reposait sur le permabéton fissuré quand Mara posa le Z-10. Elle mit les systèmes en stand-by et observa le cargo.

Caaldra s’était-il déjà enfui ?

Il n’y avait qu’un seul moyen de le savoir. Sabre laser à la main, elle baissa la rampe du Chercheur et sortit. Une fois dehors, elle étendit ses perceptions, au cas où il lui tendrait une embuscade, et commença à avancer.

Mara avait parcouru la moitié du chemin quand la soute du Happer’s Way explosa. La Force et ses réflexes la projetèrent au sol, et elle se retourna pour atterrir sur le dos plutôt que face contre terre. L’onde de choc passa sur elle, et sa peau encore tendre picota. Elle roula sur elle-même tandis que des débris commençaient à pleuvoir et bondit sur ses pieds, allumant son arme.

Et alors qu’elle faisait cela, la silhouette d’un AT-ST apparut au milieu de la fumée, dans l’ouverture en dents de scie. Le module de commande pivota vers elle, et les canons crachèrent de nouveau.

Mara plongea sur le côté, et la salve laissa deux cratères dans le permabéton déjà malade. Elle esquiva l’un des rayons et plaça sa lame sur la trajectoire de l’autre pour le renvoyer à sa source.

Cela faillit lui coûter cher. Elle n’avait jamais essayé d’arrêter un feu si puissant, et au lieu de le réfléchir, il lui arracha presque son sabre laser. Mara tint bon et courut se mettre à l’abri.

Elle réussit, mais tout juste, trouvant refuge derrière un camion si rouillé qu’il n’avait pas dû bouger depuis des lustres. L’AT-ST y perça deux trous alors qu’elle se ruait vers l’arrière du véhicule, plus large et qui offrait une meilleure protection.

Enfin, pas pour longtemps. Il y eut une courte pause, puis Mara entendit les articulations de l’AT-ST se mouvoir et le tout-terrain sortit de la soute. Balayant les alentours du regard, elle repéra deux routes de sortie possibles, selon l’angle d’attaque de Caaldra. Elle ne réussirait pas à semer un AT-ST en ligne droite, mais elle lui échapperait peut-être en zigzaguant entre des obstacles. Et si elle parvenait à se glisser sous ses canons, elle pourrait lui couper une patte.

Les bruits métalliques recommencèrent, sur sa droite.

Mara se dirigea vers la gauche, prête à ramper sous le camion et à ressortir de l’autre côté quand il se montrerait.

Mais cela n’arriva pas. En fait, il sembla à Mara que le monstre s’éloignait maintenant.

Alors elle comprit. Caaldra ne la poursuivait plus. Il se dirigeait vers la cité, à travers le spatioport. Les rues de cette partie de la ville étaient étroites mais droites, un avantage pour l’AT-ST.

Mara siffla entre ses dents. Ainsi Caaldra avait deviné son piège et refusé de mordre à l’hameçon.

Sans doute pensait-il pouvoir prendre un peu d’avance, voler un landspeeder et s’enfuir. Pourtant il avait tort. Après un dernier regard à l’AT-ST, elle courut vers le Z-10. Deux minutes plus tard, elle avait décollé en direction du sud.

Elle avait pensé que Caaldra essaierait de changer de direction dès qu’il serait hors de vue. Mais à part un petit groupe de constructions, les autres étaient trop basses pour lui fournir une couverture. Alors qu’elle survolait les autres appareils, elle le vit continuer sa route. Mara poussa les moteurs d’atmosphère à fond et lui donna la chasse.

Malheureusement, les immeubles ne protégeaient pas mieux le chasseur que sa proie. De plus, le Z-10 disposait, pour seul armement, d’un petit blaster maladroitement monté au milieu des senseurs. Si elle voulait avoir une chance, elle devait tirer une fois, à bout portant.

Et avec la vision à 360° que conférait l’AT-ST, la seule manière d’y parvenir, c’était de se mettre directement au-dessus. Mara monta vers les nuages et quand elle rattrapa le monstre, piqua sur lui.

Elle était en train de viser quand le canon léger fixé sur le module de commande de l’AT-ST pointa vers elle. Aussitôt, elle tira sur le manche, et vira sur la droite, sachant que l’arme ne pourrait rien contre elle de ce côté.

Mais les systèmes du Z-10 n’avaient pas été conçus pour ce genre de manœuvres. Elle fut trop lente d’une demi-seconde ; l’appareil se cabra quand ses moteurs reçurent un tir direct.

Elle allait s’écraser.

Mara lutta avec le Chercheur handicapé, réussissant à transformer ce qui aurait dû être un crash frontal en une longue glissade, les gémissements du métal contre le permabéton lui vrillant les tympans.

Et enfin, tout s’arrêta. La respiration laborieuse, elle tressaillit quand elle sentit une odeur de fumée et de carburant surchauffé. Elle quitta son siège et réalisa que la rampe avait été endommagée. Trois coups de sabre laser lui façonnèrent une sortie par le pare-brise en transparacier.

Elle était maintenant à trois pâtés de maisons de Caaldra. Se hissant prudemment hors de l’appareil, elle regarda vers le nord, s’attendant à le voir changer de direction – pour retourner au Happer’s Way ou gagner le palais, à l’ouest.

Mais l’AT-ST poursuivait sa route vers elle, ses blasters pivotant d’avant en arrière, telles des sentinelles montant la garde.

Apparemment, Caaldra avait décidé de se venger plutôt que de fuir.

 

Le Chercheur disparut derrière les immeubles, et une seconde plus tard, LaRone l’entendit percuter le sol et glisser.

— Il est à terre, dit-il, regardant autour de lui.

Au sud, il vit un landspeeder abandonné par ses soldats de choc qui s’étaient déployés dans les rues. Il ne repéra aucun autre véhicule ou personne. La zone était peut-être totalement déserte.

Excepté la Main du Jugement.

— Sortez, cracha-t-il à Luke, faisant demi-tour. Vous aussi, Solo. Allez chercher votre amie. Nous allons aider ce pilote.

Ni Luke ni Solo ne protestèrent. Une seconde plus tard, LaRone appuyait sur l’accélérateur pour gagner le site du crash, derrière Brightwater, sur sa motojet.

Ils tournèrent au coin d’une rue et se retrouvèrent devant la vision la plus incroyable. Les restes du cargo léger fumaient non loin de là et le pilote, une femme aux cheveux blond vénitien, en sortait.

Un AT-ST se dirigeait vers elle – vers eux – sur ses pattes raides.

— Que diable fait cet engin ici ? murmura Quiller.

— Brightwater, vérifie ça, ordonna LaRone, dirigeant leur véhicule vers l’appareil, une drôle d’impression au creux de l’estomac.

La femme ne pouvait être que l’amie de Luke et de Solo. Sinon pourquoi quelqu’un aurait-il déployé un AT-ST pour la poursuivre ? Et maintenant qu’elle avait été acculée et identifiée, les deux hommes seraient capturés eux aussi.

Marcross pensait manifestement la même chose.

— Nous ne devons pas nous en mêler, dit-il. Ils l’ont, ce n’est plus qu’une question de minutes.

— Et Solo et Luke ? demanda Grave. Nous ne pouvons pas les laisser se faire prendre !

— Nous n’avons pas le choix, répondit LaRone, serrant les dents.

Pourtant, ils devaient essayer. Il fit demi-tour pour retourner à l’endroit où il avait laissé les Rebelles, espérant qu’il n’était pas trop tard pour retourner au Suwantek. Brightwater se dirigeait toujours vers l’AT-ST.

Et sans avertissement, les canons du véhicule tout-terrain pivotèrent et ouvrirent le feu.

L’attaque prit Brightwater par surprise et faillit lui coûter la vie. Il tourna vivement sa motojet quand la salve atteignit sa direction et tout le flanc droit de son engin. La manœuvre serrée ressembla davantage à la démarche titubante d’un alcoolique quand il mit les gaz. L’AT-ST tira de nouveau, le manquant de peu, avant de s’arrêter.

Mais il marchait toujours.

Brightwater rejoignit ses compagnons alors que LaRone arrêtait le speeder et sautait dehors, plaçant son E-11 en position défensive.

— Ne bougez plus ! cria-t-il à la rousse.

Elle était jeune, sûrement pas plus de vingt ans.

— Je suis un agent impérial ! rétorqua-t-elle. Niveau K-12. Code d’identification Hapspir Barrini. L’AT-ST est conduit par un criminel.

LaRone en resta bouche bée. Ses années d’entraînement prirent néanmoins le relais.

— Bien reçu, Madame. Vos ordres ?

— Appelez votre commandant et demandez-lui des renforts aériens.

LaRone tressaillit.

— En fait, nous ne faisons pas partie du…

— Appelez-les, c’est tout, coupa-t-elle.

— Impossible. L’AT-ST brouille les communications.

— Alors nous allons devoir nous débrouiller, déclara-t-elle, froidement. Vous, l’éclaireur, votre motojet est opérationnelle ?

— Suffisamment, Madame, répondit Brightwater, se tournant vers l’AT-ST.

LaRone vit que la jambe droite de son armure était cloquée.

— Contournez son flanc gauche pour attirer son attention sur vous. (Elle se tourna vers Grave.) Si le module de commande pivote pour le suivre avec ses canons avant, vous, le tireur, je veux que vous dégommiez le lance-grenades monté à droite.

— Compris, répondit-il, mettant son T-28 en position de tir.

— Si le module reste fixe, continua-t-elle, de nouveau à l’adresse de Brightwater, vous ferez une tentative contre son radiateur et ses vannes d’échappement. Le transmetteur se trouve également à l’arrière, alors si vous parveniez à vous en occuper aussi, nous pourrions appeler des renforts. Si le tireur ne manque pas le lance-grenades, vous ne risquerez pas grand-chose de l’autre côté. Mais méfiez-vous quand même de son laser léger.

— Je peux rester hors de portée, l’assura-t-il.

— Si le lance-grenades est toujours en place, vous vous retrouverez en première ligne, lui rappela la jeune femme. Si ça tourne mal, faites le tour du pâté de maisons pour nous rejoindre. Vous êtes notre seule force mobile, alors n’allez pas vous faire tuer bêtement.

LaRone fut surpris. C’était la première fois qu’il rencontrait un agent impérial qui se souciait de ses troupes.

— Et nous ? demanda Marcross.

— Tir de couverture pour détourner son attention, répondit-elle. Reculez au fur et à mesure qu’il avance et débrouillez-vous pour qu’il dépasse ce qui reste de mon appareil. Je l’attendrai là.

LaRone regarda Grave. Demeurer dans une carcasse en flammes sur le chemin d’un AT-ST était le plus sûr moyen de ne pas atteindre l’âge de la retraite.

— Madame, puis-je me permettre une suggestion…

— En position, ordonna-t-elle, avant d’aller s’accroupir derrière le Z-10. Attirez-le assez près, pour que je le terrasse.

Le terrasser ? LaRone fronça les sourcils, incrédule. Puis il vit le mince cylindre accroché à sa ceinture.

Un sabre laser.

Il étudia son jeune visage et un frisson lui parcourut l’échine. Un agent impérial, un sabre laser – les rumeurs étaient donc vraies !

Cette femme était la Main de l’Empereur.

— Vous avez vos ordres, soldats, dit-il.

 

Une douzaine de soldats de choc venaient d’apparaître un pâté de maisons plus loin quand Luke s’arrêta soudain.

— Quoi ? fit Yan.

— Rien, répondit-il. Nous y sommes.

Yan fronça les sourcils, regardant la porte, puis les menus à moitié effacés, peints sur la vitre. Un café ?

— Elle se cache ici ?

— Peut-être devrions-nous entrer, suggéra Luke, montrant les Impériaux de la tête.

Yan secoua la sienne. Sa Royale Classe, traînant dans ce genre d’endroits ? Tous ces trucs mystiques de Jedi avaient fini par faire péter les plombs de Luke !

Mais n’importe où valait mieux que de rester sur le chemin de la troupe qui arrivait. Il ouvrit la porte, entra…

… et s’arrêta net, incrédule. Elle était là, à l’autre bout de la salle crasseuse, et pas en train de siroter un verre à une table du fond, le visage dissimulé par un capuchon. Non, elle circulait adroitement entre les tables, pour servir les clients.

Sa Royale Perfection portait un tablier.

— Elle est là ! s’écria Luke.

— Oui, je l’ai vue, répondit Yan, jetant un coup d’œil alentour.

Le silence avait envahi la salle quand ils y avaient pénétré et toutes les têtes s’étaient tournées vers eux. La tension était presque palpable. Personne ne semblait content de les voir.

— Eh bien ? demanda Luke, impatient.

Yan carra les épaules.

— En douceur, dit-il.

Tenant la main éloignée de son blaster l’air de rien, il commença à se frayer un chemin vers la princesse.

Presque aussitôt, deux Adariens en tenues de travail poussiéreuses se levèrent pour lui barrer le chemin.

— Nous sommes venus voir une amie, expliqua-t-il, écartant les mains.

— Yan ? appela Leia.

Il lorgna entre les Adariens et la regarda approcher avec une expression à la fois surprise et soulagée.

— Nous interrompons quelque chose, peut-être ? lança-t-il.

— Je suis si contente de vous voir, souffla-t-elle, puis elle fixa Luke. Tous les deux. Comment avez-vous su que j’avais des ennuis ? Peu importe – il faut quitter cet endroit.

— Sans blague, fit Yan. Il y a une porte de derrière ?

— Oui, par là, répondit Leia en lui prenant le bras.

Les deux Adariens s’écartèrent, et elle les guida jusqu’à la cuisine.

Une Mungra aux yeux orange attendait près de la sortie.

— Bon voyage, Leia Organa. Nous ne vous oublierons pas.

— Je ne vous oublierai pas non plus, Vicria, répondit-elle, inclinant la tête. Un jour, quand nous serons libres…

— … nous vous paierons un verre, acheva Yan pour elle.

Il la prit par les épaules et la poussa dehors. La ruelle était étroite et chichement éclairée, mais – pour le moment du moins – elle était déserte.

— Venez, ordonna-t-il, refermant la main sur son bras pour l’entraîner vers le nord.

— Yan, c’était grossier, protesta Leia. Ces gens m’ont aidée…

— Vous voulez rester plantée là quand Vador passera la porte ? coupa-t-il. Ça leur plairait sûrement d’entendre parler de bonnes manières durant l’interrogatoire. Venez, Chewie nous attend.

Ils avaient presque atteint le bout de la rue quand Luke lui attrapa l’épaule.

— Derrière nous – quelqu’un arrive, siffla-t-il.

Yan jeta un coup d’œil. À priori, rien en vue. Mais le petit avait eu raison trop souvent pour qu’il ignore l’avertissement.

— Par là, dit-il, tirant son blaster tout en poussant Leia derrière des poubelles.

Et il se glissa devant elle, pour être couvert tout en pouvant surveiller à droite et à gauche.

— Yan… commença Leia.

— Chut !

— Yan, vous m’écrasez, murmura-t-elle entre ses dents.

— Vous voulez peut-être que je me fasse tirer dessus ? contra-t-il.

Quelque chose approchait, et vite. Ils passèrent sous l’un des réverbères…

— Des éclaireurs, marmonna Yan, sentant son estomac se nouer.

Voilà donc comment ils opéraient : les fantassins passaient les bâtiments et les rues principales au peigne fin et les éclaireurs naviguaient dans les ruelles sur leurs motojets. Efficace.

Et Yan avait environ trente secondes pour trouver comment abattre ces deux-là.

Leia poussa contre son épaule.

— Restez tranquille, gronda-t-il, regardant autour de lui, cherchant l’inspiration.

Il n’y avait nulle part où se cacher.

Il allait donc devoir éliminer les Impériaux. Le problème, c’était qu’il n’imaginait pas l’un des soldats en train d’attendre sagement son tour pendant que Yan s’occupait de l’autre. Pourtant, il lui faudrait bien courir le risque.

Quelque part dans le lointain, des tirs de blaster retentirent. Serrant les dents, Yan leva le sien et visa le premier éclaireur.

Leia réussit au même moment à se dégager.

— Que croyez-vous être en train de faire ?

— Donnez-moi votre blaster, ordonna-t-elle, les yeux rivés sur les Impériaux.

— Écoutez, Votre…

Sans un mot, elle lui arracha l’arme de la main. Il essaya de la lui reprendre. Elle lui flanqua un coup de coude et la mit hors de sa portée. Il regarda Luke, mais le petit n’avait d’yeux que pour les soldats, le front barré d’un pli de concentration. Les coups de feu redoublèrent, et les éclaireurs s’entre-regardèrent.

Leia tira.

Mais pas sur eux, sur la façade de l’immeuble. Yan leva la tête et à sa grande surprise vit un morceau de gouttière pendre, au quatrième étage. Avec un craquement, il tomba, rebondit sur le pavement et frappa les Impériaux en pleine face.

Ils furent aussitôt désarçonnés de leurs machines, l’un tombant sur le dos, l’autre faisant un quart de tour sur lui-même avant de rejoindre son camarade. Leurs motojets s’arrêtèrent ; ni l’un ni l’autre ne remuèrent un cil.

— Allons-y, lança Leia, redonnant son blaster à Yan. Quel spatioport avez-vous dit, déjà ?

— Greencliff, répondit-il, jetant un dernier coup d’œil aux Impériaux et au tronçon de gouttière.

Un de ces jours, il faudrait qu’il lui demande comment elle avait réussi ce coup-là.

— Venez, répéta-t-elle avec impatience, lui attrapant le bras. Avant qu’ils s’aperçoivent de leur absence.

— Attendez, objecta Yan, lorgnant les deux véhicules.

C’était risqué – des civils sur des transports militaires attireraient forcément l’attention. Mais ils gagneraient du temps.

— Vous êtes déjà montée sur l’une de ces choses ?

— Non, répliqua-t-elle, prudente. Yan, je ne crois pas…

— Non, il a raison – nous pouvons le faire, coupa Luke, avant de grimper sur l’une des motojets.

— D’accord, dit Leia, toujours pas convaincue. Mais je conduis.

— Vous n’êtes même jamais montée dessus ! protesta Yan.

— Et vous ? riposta-t-elle.

— Eh bien, pas sur le modèle de l’armée, mais…

— Je conduis, conclut-elle. Vous aurez besoin de vos deux mains pour tirer, le cas échéant.

Il grimaça. C’était bien là la logique féminine !

Mais elle avait raison. Même si elle abattait des gouttières comme une pro, il restait meilleur tireur qu’elle, surtout en mouvement.

— Bien sûr, Votre Grandeur.

Ils prirent place sur la deuxième motojet, Leia sur le siège et Yan sur le coffre, derrière elle. Il lui passa un bras autour de la taille et sourit quand elle se tortilla un peu à son contact. Finalement, cet arrangement lui convenait.

Il fallut à la jeune femme et à Luke une minute pour se familiariser avec les commandes, et les vingt premiers mètres furent chaotiques. Puis ils réussirent à maîtriser leurs accélérations.

Apparemment, aucun autre éclaireur ne s’était encore aventuré aussi au nord. À moins qu’ils ne soient tous occupés ailleurs. Des combats avaient lieu non loin de l’endroit où LaRone les avait déposés.

Si les soldats de choc avaient des ennuis, il n’y pouvait rien pour l’instant. Quand Luke et Leia seraient à l’abri dans le Suwantek, peut-être iraient-ils leur prêter main-forte.

Ils avaient parcouru trois pâtés de maisons et Leia et Luke avaient enfin trouvé leur rythme quand quelque chose attira le regard de Yan. Cela volait juste au-dessus des toits…

— Stop ! aboya-t-il, serrant Leia plus fort. Luke !

— Qu’y a-t-il ? demanda la princesse.

— C’est notre vaisseau, dit Yan, montrant l’endroit où le Suwantek venait de disparaître.

— Quoi ? fit Luke, stupéfait. Où ?

— Chewie se dirige droit vers le champ de bataille.

— Mauvaise idée.

— Sans blague, feula Yan, attrapant son comlink et l’allumant d’un geste rageur.

Mais il n’en sortit que de la statique et il l’éteignit aussitôt.

— Ils brouillent tout, cracha-t-il, fourrant le comlink dans sa ceinture. Par là, ordonna-t-il, montrant un croisement. Nous devons l’arrêter.

— Bien sûr, répondit Leia, tournant sa motojet dans la direction indiquée.

Luke était déjà parti. LaRone et ses amis avaient des problèmes – il aurait parié une soute du Faucon là-dessus. Alors, naturellement, Chewie s’élançait à leur secours.

S’ils se sortaient de là vivants, il se promit que Chewie et lui auraient une longue, très longue conversation à ce sujet.

 

L’éclaireur repartit, son blaster crachant un feu nourri – mais inutile – sur l’AT-ST. Mara se recroquevilla un peu plus près de son petit cargo en flammes, clignant des yeux à cause de la fumée et croisant mentalement les doigts. Les canons du tout-terrain suivirent le soldat de choc, et un instant, elle crut que Caaldra allait tomber dans leur piège.

Mais non. Seul le laser léger se tourna vers lui et se mit à tirer. L’éclaireur contourna la salve, plongea entre les deux pattes et ressortit de l’autre côté. La tourelle pivota et le poursuivit de ses rayons, sans succès. Il fut bientôt hors de portée.

Le lance-grenades entra alors en action. La détonation fit exploser toutes les vitres à un pâté de maisons à la ronde et frappa Mara en pleine face. Elle plissa les paupières pour essayer de mieux voir à travers la fumée, et quand elle l’aperçut enfin, l’éclaireur plongeait dans une ruelle perpendiculaire. Sain et sauf – ou du moins encore assez valide pour retenter un passage.

Pendant ce temps, les autres soldats de choc n’étaient pas restés inactifs. Ils avaient bombardé les articulations, le pare-brise et les senseurs du monstre. Mais celui-ci avait été créé pour ce genre de combat et avait essuyé leur feu sans dommage. En fait, on aurait presque dit que Caaldra s’amusait. Au lieu de lancer l’AT-ST à pleine vitesse, il avait adopté un pas modéré comme pour les inviter à employer les pires armes qu’ils gardaient en réserve.

Elle perçut un mouvement et le chef de patrouille s’assit sur les talons à côté d’elle.

— Je vous ai ordonné de vous replier.

— Je devais vous parler, expliqua-t-il. Nous pensons avoir trouvé une solution pour l’abattre.

— Parlez.

— Son gyrostabilisateur est fixé entre le module et la plateforme des membres inférieurs. Si vous m’autorisez à placer mon tireur dans un immeuble sur son passage, il pourrait avoir un angle de tir.

Mara regarda la rue – oui, plusieurs bâtiments feraient l’affaire. Néanmoins le tireur n’aurait pas droit à l’erreur. S’il ratait son coup, l’AT-ST les pulvériserait, lui et la construction.

Mais ces hommes le savaient, bien sûr.

— Dites-lui de se préparer, répondit Mara. Espérons que nous n’aurons pas à l’utiliser.

— Bien.

Il s’apprêtait à piquer un sprint quand quelque chose rugit au-dessus de leurs têtes. L’AT-ST tira à pleine puissance, et par réflexe, Mara baissa la tête sans quitter l’intrus des yeux. Vador avait-il envoyé quelqu’un voir ce qui se passait ?

Mais il ne s’agissait pas d’un transport militaire. En fait, ce n’était même pas un véhicule impérial mais une sorte de cargo dont les lignes étaient rendues floues par la fumée et l’obscurité. Elle le vit faire demi-tour et revenir, ralentissant sur ses turbolifts pour observer la scène invraisemblable dans la rue.

— Faites-le partir ! ordonna Mara.

— Les communications sont toujours brouillées, lui rappela-t-il.

— Je sais ! cracha Mara. Faites-lui des signes… n’importe quoi !

— Je vais essayer, concéda-t-il en levant la main.

Au même instant, il y eut plusieurs tirs de blaster derrière l’AT-ST.

 

Luke freina au coin de la rue et Leia s’arrêta derrière lui. Yan sauta en bas de la motojet et courut voir ce qui se passait. Blaster au poing, il jeta un coup d’œil à la scène.

Un AT-ST impérial se dressait à moins d’un pâté de maisons et leur tourna le dos. Il marchait vers la carcasse du petit cargo qu’ils avaient vu s’écraser. À travers les nuages de fumée, il aperçut une silhouette, debout, apparemment inconsciente de la présence du monstre de métal. Derrière, d’autres tiraient sur le tout-terrain.

Et volant au-dessus, il y avait Chewbacca, dans le Suwantek de LaRone qui semblait vouloir rentrer dans l’AT-ST.

— Je suppose qu’ils sont plus sérieux que je ne le pensais, dit Leia, près de lui.

— Oh, pensez donc, répondit Yan, réfléchissant vite.

Si seulement il pouvait dire à Chewie de décamper ! Mais pas avec le brouillage…

Il regarda l’AT-ST, la séparation entre le module et les pattes. S’il avait bonne mémoire, c’était là que se situaient les antennes, dont celles qui produisaient les parasites.

Cela valait le coup d’essayer.

Il aligna son blaster et tira.

 

— Faites-lui des signes…, ordonna la Main de l’Empereur. N’importe quoi !

— Je vais essayer, répondit LaRone en se levant.

Ne tirez pas, supplia-t-il mentalement en agitant les bras à l’intention de Chewbacca.

Avec les améliorations que le BSI avait effectuées sur le Suwantek, si le Wookie faisait feu, l’AT-ST exploserait en milliers de bouts de métal.

Malheureusement, les lasers découperaient aussi le blindage des cellules à haute intensité. Et celles-ci transformeraient le tout-terrain en une boule de feu qui emporterait les soldats, la plupart des bâtiments alentour et le Suwantek.

Mais Chewbacca devait savoir cela. Il ne semblait pas avoir activé les canons du cargo. LaRone lui adressa de grands signes de nouveau, essayant de lui faire comprendre de décamper.

Puis, inexplicablement, le brouillage disparut.

— La com est rétablie, annonça-t-il à l’agent impérial.

— Quelqu’un a détruit le brouilleur de l’AT-ST, expliqua-t-elle. Dites au vaisseau de partir.

LaRone hocha la tête et régla son comlink sur leur fréquence privée.

— Chewbacca, ici LaRone, murmura-t-il. Partez. Nous maîtrisons la situation.

Malgré ses efforts de discrétion, elle l’avait entendu.

— Vous connaissez ce pilote ?

— C’est l’un de nos associés, improvisa LaRone. Je lui demande de retourner au spatioport.

— Bien… non, attendez ! s’exclama la jeune femme, regardant l’AT-ST avec une expression intense. Quel genre de blindage a cet appareil ?

— Raisonnablement résistant, répondit-il, en s’interrogeant sur les plans de la jeune femme.

À la minute où le Suwantek participerait à la bataille, elle comprendrait qu’il avait été trafiqué. Il lui en faudrait dix de plus pour les coller en détention. Et une heure plus tard, le BSI s’occuperait de leur cas.

— Bien, parce qu’il va devoir subir le feu encore un peu, dit la Main de l’Empereur. Voici comment nous allons procéder…

 

— LaRone veut que tu fasses quoi ? fit Yan, regardant le Suwantek se tourner vers l’ouest comme pour regagner Greencliff. C’est de la folie !

Chewbacca feula une réponse.

— Oui, et il est fou, lui aussi, gronda Yan.

— Que fait-il ? demanda Luke.

— Qui est LaRone ? s’enquit Leia.

— Nous ne le connaissons pas vraiment, répondit Yan sombrement. Et il veut que Chewie joue les appâts.

— Pour un AT-ST ? s’écria Leia, stupéfaite.

— Ne vous inquiétez pas, ce navire est plus solide qu’il n’y paraît. Ce n’est pas le problème. Il n’y a plus de brouillage, et dans peu de temps cet endroit va grouiller d’Impériaux.

— Ne devrions-nous pas partir ? demanda Luke.

— Où ? rétorqua Yan. Au spatioport faire du shopping ? Parce que notre transport est là-haut !

— Qu’est-il arrivé au Faucon ? fit Leia.

— Le voilà, dit Luke avant que Yan n’ait pu répondre.

Le Suwantek pivota derrière les soldats de choc, puis il accéléra et chargea l’AT-ST.

 

Mara était assise à l’arrière de la motojet, observant d’une ruelle, quand elle entendit la réponse étouffée de l’éclaireur dans son comlink. Elle compta silencieusement les secondes, s’accrochant à ses épaules…

Quand elle arriva à zéro, son chauffeur mit les gaz et ils partirent.

Mara plissa les yeux pour les protéger du vent, se tenant fermement au plastron du soldat. Devant et légèrement sur la droite, l’AT-ST était toujours en mouvement. Mais les constructions lui cachaient le cargo et sa future victime.

La motojet arrivait au bout de la ruelle. Elle vit le cargo passer comme une flèche, montant pour prendre de l’altitude. Par-dessus le rugissement de ses moteurs, elle entendit les canons de l’AT-ST. Puis l’un des pieds de ce dernier se posa sur le permabéton juste devant eux.

La motojet jaillit hors de la ruelle…

Et Mara comprit que leur plan avait réussi. Caaldra s’était arrêté quand l’intrus était passé au-dessus et avait levé ses canons aussi haut que possible. Réponse logique à une attaque aérienne. Plus précisément, c’était ce que le bandit avait fait quand le cargo était passé pour la première fois.

Il semblait avoir oublié qu’avec tout son armement tourné vers le ciel, il devenait vulnérable à une attaque au sol. Démontrant une grande maîtrise de sa motojet, l’éclaireur traversa le chemin devant l’AT-ST, à quelques centimètres de ses pattes.

Et lorsqu’ils arrivèrent à sa hauteur, Mara sauta.

Ses mains se refermèrent à la base des canons, et grâce à son élan, elle tourna autour et atterrit, accroupie, sur la base. Puis un autre bond l’amena au-dessus du module de commande.

S’agrippant d’une main à la poignée de l’écoutille, pour ne pas perdre l’équilibre, elle sortit son sabre laser et l’alluma. Puis elle le fit passer de biais dans le blindage, et à travers les deux sièges du cockpit.

Il ne se passa rien.

Un instant, elle resta agenouillée, l’esprit figé, tandis que le tout-terrain continuait sa course. Impossible… le poste de pilotage d’un AT-ST était presque aussi exigu que celui d’un chasseur TIE. Elle ne pouvait pas avoir manqué Caaldra.

À moins qu’il ne se soit jamais trouvé à l’intérieur.

Et soudain tout devint clair. Jurant entre ses dents, elle se leva, cassa la serrure d’un coup de sabre et, éteignant son arme, ouvrit la porte.

Le cockpit était vide.

Elle se laissa tomber à l’intérieur et s’assit. Les indicateurs de pilotage automatique et de mode sentinelle brillaient joyeusement, en vert. Fronçant les sourcils, Mara les éteignit. Les mouvements cessèrent ; l’AT-ST s’arrêta et ses canons se replièrent sur eux-mêmes.

Pendant une minute, Mara resta sans bouger, foudroyant les contrôles du regard. Elle se sentait terriblement idiote. L’ordinateur d’un AT-ST pouvait aisément assurer ses déplacements dans une rue, et son mode sentinelle traquer et tirer sur tout ce qui approchait sans pilote. Caaldra s’était simplement contenté d’aller assez lentement pour que Mara pense qu’elle avait une chance de l’arrêter, avant de s’évanouir dans la nuit.

L’Empereur serait furieux et Vador ne lui laisserait pas oublier cette bévue.

Elle inspira profondément, écartant ses images de son esprit. Ni l’un ni l’autre n’avaient besoin de savoir, parce qu’elle n’avait pas encore échoué. L’ordinateur de l’AT-ST était assez sophistiqué pour arpenter une rue, mais pas pour sortir d’une soute et traverser un spatioport.

Et Mara savait où trouver Caaldra.

 

Les ordres et les rapports passés sur la fréquence générale avaient appris à LaRone que les soldats de choc dans les alentours avaient abandonné leurs recherches pour se rendre sur les lieux de la bataille. Mais malgré cela, il fut surpris par la vitesse à laquelle la rue se remplit d’impériaux. Certains se dirigèrent vers l’AT-ST, désormais immobile, et d’autres vers le Suwantek, posé à un pâté de maisons au nord, le flanc pressé contre les bâtiments et le nez pointé vers le tout-terrain.

La majorité venait vers LaRone et ses hommes.

L’un de leurs commandants les regarda tour à tour, puis il s’arrêta sur LaRone et ordonna :

— Identifiez-vous et faites votre rapport.

— L’AT-ST a été volé, répondit-il, montrant l’engin du doigt. Mes hommes et moi avons reçu l’ordre d’aider à l’arrêter.

— Et qui vous en a donné l’ordre ?

— Moi, lâcha une voix calme au-dessus d’eux.

LaRone leva les yeux et vit la Main de l’Empereur se hisser agilement hors du cockpit de l’AT-ST, son sabre laser caché dans sa ceinture.

— Et vous êtes ? demanda le commandant.

— Un agent impérial, répondit la jeune femme en se laissant tomber près d’eux. Code de reconnaissance Hapspir Barrini.

L’autre sembla se redresser.

— Oui, Madame, dit-il d’un ton soudain formel. Le seigneur Vador nous a prévenus de votre présence à Makrin City. (Il montra LaRone.) Et ces hommes sont avec vous ?

— Pour le moment. Pourquoi ?

— J’ai besoin du nom de leur unité pour mon rapport.

— J’ignore le nom de leur unité, lança la Main. Et je m’en fiche. (Elle se tourna vers LaRone.) Remerciez le pilote du cargo et dites-lui de retourner au spatioport. Vous, éclaireur, votre motojet est-elle toujours opérationnelle ?

— Oui, Madame, l’assura Brightwater.

— Alors préparez-vous à partir. Vous autres, dans le speeder.

— Un instant, Madame, la retint le commandant, un peu agacé. (On disait Vador plutôt à cheval sur la procédure.) Nous devons inspecter le cargo. Il ne peut pas partir comme ça.

— Vous le fouillerez au spatioport, répondit la Main de l’Empereur. Je ne veux pas qu’il reste au milieu de la rue.

— Madame…

— Vous avez vos ordres, Commandant, coupa-t-elle. Commandant ? fit-elle à l’adresse de LaRone.

LaRone sentit ses intestins se nouer. La Main n’avait peut-être pas remarqué, car elle était alors dans l’AT-ST, mais quand Chewbacca s’était posé, il avait baissé la rampe à l’entrée d’une ruelle. À cette distance, LaRone n’avait vu personne monter à bord, mais il y avait fort à parier que Luke, Solo et leur mystérieuse amie étaient maintenant à bord. Et si le 501e les trouvait…

Mais il ne pouvait rien faire, sinon obéir aux ordres.

— Pilote, vous avez l’autorisation de retourner à Greencliff. Merci pour votre aide.

Il se raidit, se demandant si le Wookie allait grogner une réponse assez forte pour que les autres l’entendent. Mais…

— Bien reçu, dit la voix de Solo. Si vous avez encore besoin de nous, vous savez où nous trouver.

Sur ces mots, le Suwantek décolla, tourna à 180 degrés et partit vers le spatioport.

— Il reste à notre disposition en cas de besoin.

— Bien, lâcha la Main de l’Empereur. Dans le speeder, maintenant.

— Quand il aura identifié son unité, dit le commandant, avançant d’un pas pour barrer la route à LaRone.

Ses bras changèrent de position, amenant son E-11 au niveau de sa cuisse et le pointant sur LaRone.

LaRone grimaça. Ainsi, c’est comme ça que tout s’achève, pensa-t-il. Pas au cours d’une glorieuse bataille contre quelque ennemi de l’Empire, mais dans la honte.

Tout cela pour un appareil qu’il avait vu s’écraser et un pilote en détresse.

 

À sa grande surprise, la Main de l’Empereur s’interposa entre lui et l’arme.

— Ils sont avec moi, expliqua-t-elle calmement, mais d’une voix glaciale. Ils sont chargés de m’accompagner. Ils sont mes assistants et n’ont pas d’autre désignation. Et leur autorisation vient de moi. Avez-vous d’autres questions ?

— Madame…

— J’ai dit : avez-vous d’autres questions ?

Il soupira.

— Non, Madame, répondit-il, ramenant son blaster en travers de sa poitrine.

— Bien. Le seigneur Vador m’a demandé de ne pas entraver vos recherches. Vous devriez vous y remettre.

— Oui, Madame.

Après un dernier coup d’œil à LaRone, il s’éloigna enfin.

La jeune femme le regarda, puis se tourna vers LaRone.

— Au speeder, lâcha-t-elle, acide. Premier arrêt, le spatioport.

Une minute plus tard, ils se dirigeaient vers le nord.

— Où dans le spatioport, Madame ? demanda-t-il.

— Un cargo du nom de Happer’s Way. C’est de là que venait l’AT-ST.

— Vous pensez que le voleur y est retourné ?

— Possible, mais j’en doute. Je veux surtout m’assurer qu’il ne peut pas s’en servir pour s’enfuir. Et aussi récupérer quelques objets que j’ai laissés à bord.

LaRone fronça les sourcils. Elle avait des affaires dans l’appareil du voleur ?

— Je vois, commenta-t-il, souhaitant que ce soit vrai.

— Ensuite, nous irons au palais du gouverneur, continua-t-elle.

LaRone se raidit.

— Le palais ?

— Oui, cela vous pose un problème ?

Il coula un regard à Marcross, assis à côté de lui.

— Non, Madame. Mon unité est à votre service.

— Oui, répondit-elle doucement. Je sais.