Nelson
À la lumière d’un éclair, il aperçut la tornade. Elle déracinait les arbres plantés au bord de la route à moins de cent mètres devant lui. Elle arrachait même la route, faisant jaillir de gros morceaux d’asphalte dans le ciel. Quelque chose – un morceau de goudron ou une branche d’arbre – enfonça la toiture du van avec la force du pied d’un géant en colère. Une vitre vola en éclats, et la voiture fut entraînée sur la bande d’arrêt d’urgence avant d’être poussée jusqu’au milieu de la route.
Nelson n’avait pas peur, il était émerveillé. Le van se mit à pencher sur la gauche. Il sentit le véhicule pris dans une lutte acharnée entre le vent et la gravité. Finalement, la gravité l’emporta, la voiture demeurant un lourd objet terrestre sans se transformer en un projectile aéroporté de deux tonnes. Un instant plus tard, la tornade s’éloignait en déchirant le ciel d’une ligne irrégulière, en route pour aller empoisonner la vie d’un autre. Le grondement s’estompa et fit de nouveau place à une pluie torrentielle.
Nelson interpréta cet épisode comme son deuxième grand moment décisif. Le premier correspondant à la balle tranquillisante qui lui avait volé sa vie. Or, voilà qu’aujourd’hui sa vie venait d’être épargnée. Et valorisée, aussi. La capture de Lev Calder n’était pas un accident. Si Nelson n’avait jamais cru en la divine providence, il était ouvert à l’idée d’équité, pensant que la justice finissait toujours par triompher. Et elle lui rendrait visite très prochainement pour livrer Connor Lassiter entre ses mains patientes.