14.

Dolores

Alors que les avions de la Seconde Guerre mondiale jouissaient du privilège de faire partie des collections permanentes des musées, les avions à voilure fixe de la guerre de Corée avaient été pour la plupart délaissés. Lors de ce premier conflit à se distinguer par son usage intensif des hélicoptères, ces derniers leur avaient volé la vedette.

L’un de ces bombardiers oubliés se trouvait deux rangées plus loin de l’allée principale. L’Amiral l’avait installé là, et, bien que Connor ait déplacé plusieurs avions autour, Dolores, de son surnom, n’avait jamais bougé depuis. Sa porte était équipée d’une serrure dont seul Connor détenait la clé, qu’il portait autour du cou comme un enfant.

Dolores était l’arsenal. Elle renfermait des armes auxquelles des adolescents perturbés ne devaient, en aucun cas, avoir accès. À moins, bien évidemment, qu’ils ne portent un uniforme. L’idée que le Cimetière devrait un jour se défendre comme le ghetto de Varsovie avait plané au-dessus de la tête de l’Amiral et ne quittait désormais plus celle de Connor. Il ne se passait pas une journée sans qu’il y pense, pas un jour sans qu’il palpe cette clé telle une croix autour de son cou. Ce jour-là, néanmoins, il gagna Dolores pour une toute autre raison : pour défendre le Cimetière non pas d’une attaque, mais d’une infiltration. Pour y récupérer un pistolet et son chargeur.